Texte intégral
Chers Camarades, notre congrès est une mauvaise nouvelle pour M. Raffarin. Il nous portait disparus, Chers Camarades, nous sommes au rendez-vous, et il nous espérait divisés, nous sommes rassemblés. Il nous prétendait sans identité, sans projet, sans leader, nous avons fait le choix, sans équivoque, du socialisme réformiste et celui de la rénovation autour de François Hollande. Oui, Chers Camarades, cette semaine est bien dure pour le Premier ministre. Le conservatisme compassionnel dont il est devenu l'officiant se heurte brutalement à la défiance du pays.
Depuis un an, M. Raffarin se présente comme le défenseur de la France d'en bas, et lui impose tous les sacrifices de ses errements économiques. Il proclame le rétablissement de l'autorité de l'Etat et le réduit à la mendicité. Il nous chante la France des proximités et trône superbement dans une communication d'apparence : la pente est raide, mais la route est droite, Dieu est un mystère, ce n'est pas une investiture. Mais ce qui n'est pas un mystère, Chers Camarades, c'est la politique de M. Raffarin, c'est bien une politique de droite, et c'est un véritable Waterloo économique et social.
Le Premier ministre et son gouvernement ont dilapidé la croissance et le budget tout en favorisant les plus riches. Le Premier ministre, M. Raffarin, a vidé les caisses de la Sécurité sociale, il a détruit la politique de l'emploi, il a dépouillé l'éducation, la recherche et tout le service public, et il présente maintenant la note aux Français, notamment aux plus modestes, aux salariés sous la forme d'un plan d'austérité, qui n'ose pas dire son nom, mais qui est quand même une régression sociale terrible pour les Français les plus modestes.
Chers Camarades, cette politique-là bien de droite vient de rencontrer, son 13 mai, les millions de Français qui se lèvent contre sa réforme des retraites, eh bien ils ne défendent pas des privilèges. Les vrais privilèges, la rente, le patrimoine, le portefeuille boursier sont eux bien soigneusement épargnés par M. Raffarin. Ce que les ouvriers, ce que les employés, ce que les cadres ne supportent plus, c'est d'être pris pour des naïfs à qui l'on veut faire croire que travailler plus longtemps pour toucher une retraite plus faible est un progrès social ; c'est de constater ce que les millions de manifestants ont dit, c'est que les efforts pèsent toujours sur les mêmes : les salariés, les retraités, les fonctionnaires, les assurés sociaux ; c'est de savoir tout simplement qu'on ne les écoute pas et qu'on ne les comprend pas.
Chers Camarades, nous devons dire, dès le début de ce congrès, la philosophie même du projet de retraite du gouvernement, c'est cette philosophie-là que nous contestons car sa seule base, c'est l'allongement de la durée de cotisations et la baisse des pensions avec le refus de stopper la réforme Balladur de 1993. Il ne peut qu'accroître les inégalités sociales, et surtout ne garantit pas pour l'avenir le système de retraite par répartition, ce projet que nous n'acceptons pas n'est rien d'autre qu'un marché de dupes.
Alors, oui, je vous le dis, les parlementaires socialistes à l'Assemblée comme au Sénat sont prêts à mener la plus opiniâtre des batailles car il existe une alternative. Oui, nous devons le dire, une autre réforme est possible, une réforme qui préserve la retraite à 60 ans à taux plein, qui garantit le niveau des pensions, qui prend en compte la pénibilité des métiers, qui reconnaît la longueur des carrières. Une réforme qui repose sur un financement juste et efficace par une augmentation des cotisations, un prélèvement sur l'ensemble des revenus du patrimoine et du capital, ainsi qu'une politique volontariste de création d'emplois.
Voilà les bases du pacte de solidarité entre les générations que nous proposons, que nous devons proposer, nous les socialistes.
C'est pourquoi, chers Camarades, je souhaite que notre congrès nous donne un mandat clair, qu'il donne aux parlementaires socialistes un mandat fort en votant une résolution pour mener cette bataille avec vous devant les Français.
Et ce mandat, que nous demandons au congrès, il vaut aussi pour protéger la Sécurité sociale de la réforme Mattéi, qui est préparée pour la rentrée, et qui vise à assurer la participation des assurances privées et de mettre en place une Sécurité sociale à deux vitesses.
Mais ce mandat que nous vous demandons, il vaut aussi pour l'Education nationale, il faut pour M. Ferry. Après la suppression des emplois-jeunes, après la suppression des surveillants et des crédits pédagogiques, mais aussi la remise en cause des retraites pour les fonctionnaires de l'Education nationale, voilà la décentralisation forcée des personnels du système éducatif. Nous demandons clairement le retrait de ces projets du gouvernement et de M. Ferry.
Et en ce sens, nous devons apporter, en terminant ce congrès, mais cela dès le premier jour, notre solidarité avec les syndicats d'enseignants et les personnels de l'Éducation nationale qui se mettent aujourd'hui en mouvement.
Chers Camarades, les contre-réformes de M. Raffarin sont à l'opposé de nos convictions et elles n'ont qu'un but : imposer à la France un modèle dont notre pays ne veut pas, un modèle hyper libéral, qui ne peut conduire qu'à l'aggravation de la fracture sociale.
Mes chers Camarades, vous en êtes tous conscients, notre congrès a une immense responsabilité, il est le point de départ d'une renaissance. Et ce message s'adresse d'abord à François Hollande, à toi François. Les socialistes t'ont témoigné leur confiance parce qu'ils voient en toi l'homme du rassemblement. Ils te suivront si tu as l'audace de dessiner un autre chemin de la continuité. Je sais que tu ne les décevras pas, cher François, mais tu peux compter aussi sur nous. Bien plus qu'une reconduction, le mandat que t'ont confié les militants est un impératif :
- promouvoir aux responsabilités des hommes et des femmes représentatifs de la diversité de notre pays ;
- construire un parti populaire qui parle à toutes les sociétés et qui soit en dialogue permanent avec le mouvement social ;
- fédérer la gauche, non pas sur l'addition des différences, mais sur la base d'un véritable pacte de solidarité et de projets.
Cette dynamique, tu le sais bien, François, ne prendra sa source que dans un profond renouvellement intellectuel et politique. La crise de notre modèle républicain est profonde, et les échecs de M. Raffarin ne peuvent pas être à eux seuls le viatique de nos futurs succès.
Ayons la lucidité de reconnaître que notre pensée s'est asséchée. Nous peinons à exprimer une vision de la France, de son identité, de son rôle, mais aussi de ses contradictions ou de ses blocages.
Notre réflexion paraît entravée par des tabous sur des questions essentielles : la précarité du travail, le malaise de l'école, la panne de l'intégration, l'émiettement communautaire ou corporatiste, le développement des insécurités, et d'abord des insécurités sociales. Mais cette panne, elle est collective, c'est toute la gauche, en France et en Europe, qui est tétanisée par l'érosion de son modèle social et politique. L'urgence est de redonner un sens et un contenu à la sociale-démocratie. Mais pour cela, il faut ouvrir les portes et les fenêtres, nous reconnecter au réel.
Par exemple, quand, à l'Assemblée nationale, aux groupes parlementaires, nous ouvrons le débat sur le voile islamique à l'école, ce n'est pas pour céder à la gesticulation de M. Sarkozy, c'est pour aborder des questions qui nous préoccupent en les regardant en face, qui sont des questions centrales et qui tourmentent notre pays : l'avenir de la laïcité, l'intégration, la discrimination, les rapports difficiles entre l'Islam et la République.
Nous avons des différences entre nous, c'est vrai, mais, chers Camarades, nous avons une conviction indéracinable. Si nous touchons aux lois laïques de 1905, comme l'envisage une partie de la droite, nous ouvrirons la dernière digue qui retient encore les communautaristes dans notre pays. Non, chers Camarades, la laïcité n'est pas négociable !
Cet exemple nous rappelle que le projet social-démocrate ne se limite pas à la distribution de prestations et de nouveaux droits, même s'ils sont essentiels. Mais le projet de la sociale-démocratie est porteur de valeurs et d'une ambition à la fois nationale, européenne et internationaliste.
Parlons clair : si nous voulons une autre mondialisation, si nous voulons porter un modèle de civilisation fondé sur la régulation, la solidarité et la sécurité collective, il va bien nous falloir réussir à créer un rapport de forces mondial. Nous y parviendrons, certainement pas en nous enfermant dans notre exception politique. L'Europe fédérale que nous voulons, elle passe par un programme commun avec nos camarades de la sociale-démocratie européenne.
Ne nous voilons pas la face : bâtir un gouvernement économique, une défense et une diplomatie commune imposera des compromis et une discipline. Mais la contrepartie que nous devons obtenir, c'est que nos conceptions de l'Etat et des systèmes de protection sociale, des services publics, de la laïcité soient reconnus, car nous pensons, nous les socialistes, et nous devons l'affirmer clairement, que l'Europe n'est pas la négation de la République et de notre identité, mais elle peut, elle doit être son prolongement. Et dans beaucoup de domaines, il nous faut réapprendre à penser contre soi-même et à défricher des voies inédites.
Le plus sûr moyen de faire évoluer un système, disait un théoricien de la sociale-démocratie allemande, ce n'est pas de briser sa force, mais c'est de retourner cette force à notre avantage. Chers Camarades, à cette étape de notre histoire du Parti socialiste français, nous en sommes bien là : utiliser la force de la mondialisation qui produit plus de richesses, mais aussi d'inégalités que le monde n'ait jamais connues. Pour créer de l'emploi, inventer de nouvelles solidarités, la Sécurité sociale du travail, la formation des salariés tout au long de leur carrière, la participation des salariés à la gestion des entreprises sont beaucoup plus qu'une réponse au chômage, elles sont la matrice d'un compromis historique entre l'État, l'entreprise et les salariés.
Voilà, chers Camarades, et j'en conclus pour vous dire que nous avons l'absolu devoir de réussir notre rénovation. Le Parti socialiste aujourd'hui, plus que jamais, porte les espoirs de toute la gauche. Et s'il veut incarner l'alternative, il ne peut plus se contenter d'être une couveuse d'élus ou l'écurie d'un candidat présidentiel. C'est par les idées et par l'action militante qu'il renaîtra. Je suis convaincu qu'il peut, qu'il doit redevenir le parti de toute la société, le parti du peuple tout entier.
Mais donnons ce signe dès aujourd'hui, de Dijon, prouvons-le, et disons au pays, chers Camarades, et il l'attend, que la gauche est bien de retour, alors tout sera possible, mais cela dépend de nous.
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 19 mai 2003)
Depuis un an, M. Raffarin se présente comme le défenseur de la France d'en bas, et lui impose tous les sacrifices de ses errements économiques. Il proclame le rétablissement de l'autorité de l'Etat et le réduit à la mendicité. Il nous chante la France des proximités et trône superbement dans une communication d'apparence : la pente est raide, mais la route est droite, Dieu est un mystère, ce n'est pas une investiture. Mais ce qui n'est pas un mystère, Chers Camarades, c'est la politique de M. Raffarin, c'est bien une politique de droite, et c'est un véritable Waterloo économique et social.
Le Premier ministre et son gouvernement ont dilapidé la croissance et le budget tout en favorisant les plus riches. Le Premier ministre, M. Raffarin, a vidé les caisses de la Sécurité sociale, il a détruit la politique de l'emploi, il a dépouillé l'éducation, la recherche et tout le service public, et il présente maintenant la note aux Français, notamment aux plus modestes, aux salariés sous la forme d'un plan d'austérité, qui n'ose pas dire son nom, mais qui est quand même une régression sociale terrible pour les Français les plus modestes.
Chers Camarades, cette politique-là bien de droite vient de rencontrer, son 13 mai, les millions de Français qui se lèvent contre sa réforme des retraites, eh bien ils ne défendent pas des privilèges. Les vrais privilèges, la rente, le patrimoine, le portefeuille boursier sont eux bien soigneusement épargnés par M. Raffarin. Ce que les ouvriers, ce que les employés, ce que les cadres ne supportent plus, c'est d'être pris pour des naïfs à qui l'on veut faire croire que travailler plus longtemps pour toucher une retraite plus faible est un progrès social ; c'est de constater ce que les millions de manifestants ont dit, c'est que les efforts pèsent toujours sur les mêmes : les salariés, les retraités, les fonctionnaires, les assurés sociaux ; c'est de savoir tout simplement qu'on ne les écoute pas et qu'on ne les comprend pas.
Chers Camarades, nous devons dire, dès le début de ce congrès, la philosophie même du projet de retraite du gouvernement, c'est cette philosophie-là que nous contestons car sa seule base, c'est l'allongement de la durée de cotisations et la baisse des pensions avec le refus de stopper la réforme Balladur de 1993. Il ne peut qu'accroître les inégalités sociales, et surtout ne garantit pas pour l'avenir le système de retraite par répartition, ce projet que nous n'acceptons pas n'est rien d'autre qu'un marché de dupes.
Alors, oui, je vous le dis, les parlementaires socialistes à l'Assemblée comme au Sénat sont prêts à mener la plus opiniâtre des batailles car il existe une alternative. Oui, nous devons le dire, une autre réforme est possible, une réforme qui préserve la retraite à 60 ans à taux plein, qui garantit le niveau des pensions, qui prend en compte la pénibilité des métiers, qui reconnaît la longueur des carrières. Une réforme qui repose sur un financement juste et efficace par une augmentation des cotisations, un prélèvement sur l'ensemble des revenus du patrimoine et du capital, ainsi qu'une politique volontariste de création d'emplois.
Voilà les bases du pacte de solidarité entre les générations que nous proposons, que nous devons proposer, nous les socialistes.
C'est pourquoi, chers Camarades, je souhaite que notre congrès nous donne un mandat clair, qu'il donne aux parlementaires socialistes un mandat fort en votant une résolution pour mener cette bataille avec vous devant les Français.
Et ce mandat, que nous demandons au congrès, il vaut aussi pour protéger la Sécurité sociale de la réforme Mattéi, qui est préparée pour la rentrée, et qui vise à assurer la participation des assurances privées et de mettre en place une Sécurité sociale à deux vitesses.
Mais ce mandat que nous vous demandons, il vaut aussi pour l'Education nationale, il faut pour M. Ferry. Après la suppression des emplois-jeunes, après la suppression des surveillants et des crédits pédagogiques, mais aussi la remise en cause des retraites pour les fonctionnaires de l'Education nationale, voilà la décentralisation forcée des personnels du système éducatif. Nous demandons clairement le retrait de ces projets du gouvernement et de M. Ferry.
Et en ce sens, nous devons apporter, en terminant ce congrès, mais cela dès le premier jour, notre solidarité avec les syndicats d'enseignants et les personnels de l'Éducation nationale qui se mettent aujourd'hui en mouvement.
Chers Camarades, les contre-réformes de M. Raffarin sont à l'opposé de nos convictions et elles n'ont qu'un but : imposer à la France un modèle dont notre pays ne veut pas, un modèle hyper libéral, qui ne peut conduire qu'à l'aggravation de la fracture sociale.
Mes chers Camarades, vous en êtes tous conscients, notre congrès a une immense responsabilité, il est le point de départ d'une renaissance. Et ce message s'adresse d'abord à François Hollande, à toi François. Les socialistes t'ont témoigné leur confiance parce qu'ils voient en toi l'homme du rassemblement. Ils te suivront si tu as l'audace de dessiner un autre chemin de la continuité. Je sais que tu ne les décevras pas, cher François, mais tu peux compter aussi sur nous. Bien plus qu'une reconduction, le mandat que t'ont confié les militants est un impératif :
- promouvoir aux responsabilités des hommes et des femmes représentatifs de la diversité de notre pays ;
- construire un parti populaire qui parle à toutes les sociétés et qui soit en dialogue permanent avec le mouvement social ;
- fédérer la gauche, non pas sur l'addition des différences, mais sur la base d'un véritable pacte de solidarité et de projets.
Cette dynamique, tu le sais bien, François, ne prendra sa source que dans un profond renouvellement intellectuel et politique. La crise de notre modèle républicain est profonde, et les échecs de M. Raffarin ne peuvent pas être à eux seuls le viatique de nos futurs succès.
Ayons la lucidité de reconnaître que notre pensée s'est asséchée. Nous peinons à exprimer une vision de la France, de son identité, de son rôle, mais aussi de ses contradictions ou de ses blocages.
Notre réflexion paraît entravée par des tabous sur des questions essentielles : la précarité du travail, le malaise de l'école, la panne de l'intégration, l'émiettement communautaire ou corporatiste, le développement des insécurités, et d'abord des insécurités sociales. Mais cette panne, elle est collective, c'est toute la gauche, en France et en Europe, qui est tétanisée par l'érosion de son modèle social et politique. L'urgence est de redonner un sens et un contenu à la sociale-démocratie. Mais pour cela, il faut ouvrir les portes et les fenêtres, nous reconnecter au réel.
Par exemple, quand, à l'Assemblée nationale, aux groupes parlementaires, nous ouvrons le débat sur le voile islamique à l'école, ce n'est pas pour céder à la gesticulation de M. Sarkozy, c'est pour aborder des questions qui nous préoccupent en les regardant en face, qui sont des questions centrales et qui tourmentent notre pays : l'avenir de la laïcité, l'intégration, la discrimination, les rapports difficiles entre l'Islam et la République.
Nous avons des différences entre nous, c'est vrai, mais, chers Camarades, nous avons une conviction indéracinable. Si nous touchons aux lois laïques de 1905, comme l'envisage une partie de la droite, nous ouvrirons la dernière digue qui retient encore les communautaristes dans notre pays. Non, chers Camarades, la laïcité n'est pas négociable !
Cet exemple nous rappelle que le projet social-démocrate ne se limite pas à la distribution de prestations et de nouveaux droits, même s'ils sont essentiels. Mais le projet de la sociale-démocratie est porteur de valeurs et d'une ambition à la fois nationale, européenne et internationaliste.
Parlons clair : si nous voulons une autre mondialisation, si nous voulons porter un modèle de civilisation fondé sur la régulation, la solidarité et la sécurité collective, il va bien nous falloir réussir à créer un rapport de forces mondial. Nous y parviendrons, certainement pas en nous enfermant dans notre exception politique. L'Europe fédérale que nous voulons, elle passe par un programme commun avec nos camarades de la sociale-démocratie européenne.
Ne nous voilons pas la face : bâtir un gouvernement économique, une défense et une diplomatie commune imposera des compromis et une discipline. Mais la contrepartie que nous devons obtenir, c'est que nos conceptions de l'Etat et des systèmes de protection sociale, des services publics, de la laïcité soient reconnus, car nous pensons, nous les socialistes, et nous devons l'affirmer clairement, que l'Europe n'est pas la négation de la République et de notre identité, mais elle peut, elle doit être son prolongement. Et dans beaucoup de domaines, il nous faut réapprendre à penser contre soi-même et à défricher des voies inédites.
Le plus sûr moyen de faire évoluer un système, disait un théoricien de la sociale-démocratie allemande, ce n'est pas de briser sa force, mais c'est de retourner cette force à notre avantage. Chers Camarades, à cette étape de notre histoire du Parti socialiste français, nous en sommes bien là : utiliser la force de la mondialisation qui produit plus de richesses, mais aussi d'inégalités que le monde n'ait jamais connues. Pour créer de l'emploi, inventer de nouvelles solidarités, la Sécurité sociale du travail, la formation des salariés tout au long de leur carrière, la participation des salariés à la gestion des entreprises sont beaucoup plus qu'une réponse au chômage, elles sont la matrice d'un compromis historique entre l'État, l'entreprise et les salariés.
Voilà, chers Camarades, et j'en conclus pour vous dire que nous avons l'absolu devoir de réussir notre rénovation. Le Parti socialiste aujourd'hui, plus que jamais, porte les espoirs de toute la gauche. Et s'il veut incarner l'alternative, il ne peut plus se contenter d'être une couveuse d'élus ou l'écurie d'un candidat présidentiel. C'est par les idées et par l'action militante qu'il renaîtra. Je suis convaincu qu'il peut, qu'il doit redevenir le parti de toute la société, le parti du peuple tout entier.
Mais donnons ce signe dès aujourd'hui, de Dijon, prouvons-le, et disons au pays, chers Camarades, et il l'attend, que la gauche est bien de retour, alors tout sera possible, mais cela dépend de nous.
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 19 mai 2003)