Texte intégral
Monsieur le Premier Ministre,
Pendant des années, l'Etat s'est laissé fasciner par ces grands mirages, comme les 35 heures, qui prétendent faire le bonheur du pays uniformément et sans considération pour les caractéristiques de chacun.
Mais, simultanément, il n'a pas fait les grandes réformes de structure que nécessitaient
la sécurité, première des libertés,
la santé, notre bien le plus précieux,
la retraite, au coeur de la solidarité entre les générations,
- ou la fiscalité dont les promesses d'allègement n'engagent que ceux qui les reçoivent.
Il était temps que vous arriviez, Monsieur le Premier Ministre, pour laisser ces mirages s'évanouir et engager les réformes indispensables.
C'est dire combien nous sommes heureux de vous accueillir ici à PLANETE PME, la première journée nationale de la CGPME, qui représente 1 500 000 PME,
c'est-à-dire 1 500 000 chances pour la France.
Qui sommes-nous ?
A quoi servons-nous ?
Que voulons-nous ?
Voilà ce que j'entends vous dire en quelques minutes.
Qui sommes-nous ?
Elu à la présidence de la CGPME en octobre dernier, j'ai fait en sorte que notre organisation retrouve son unité.
Nous avons élaboré notre projet, approuvé massivement par les territoires et les branches professionnelles.
Nous exerçons pleinement notre fonction de partenaire social.
Nous rénovons notre structure, regagnons de la visibilité, développons les services aux PME, prouvons aujourd'hui notre capacité à fédérer tous les acteurs de l'économie réelle, à approfondir le dialogue avec les pouvoirs publics.
Cette action est collective.
Je tiens à en remercier les membres de l'exécutif, tous les dirigeants et les responsables de nos branches professionnelles et de nos unions territoriales.
Nous redevenons une CGPME unie, active, communicante, qui retrouve l'élan fondateur qu'ont su lui impulser des hommes comme Lucien REBUFFEL, dont je salue la présence au premier rang de cette enceinte.
Pour nous, la valeur ajoutée c'est l'homme. Notre définition du patron de PME, bien au-delà des critères de taille ou d'activité, en découle :
! C'est un entrepreneur qui a décidé de créer lui-même son propre revenu,
! Il prend des risques personnels pour réaliser son projet,
! Il estime que la richesse créée n'a pas pour seul but le profit individuel mais une valeur collective,
! Il incarne le refus d'une financiarisation excessive de la vie économique et rappelle que l'entreprise est d'abord là pour servir ses clients et permettre l'épanouissement de ses salariés,
! Il considère le travail comme une valeur d'émancipation et non comme un fardeau dont il faut se débarrasser le plus rapidement possible.
A quoi servons-nous ?
Nous constituons, Monsieur le Premier Ministre, vos principaux atouts pour la diversité, la force et la richesse de la France.
La diversité de la France
C'est un tissu économique varié :
Le commerce,
L'industrie,
Les services
- qui joue un rôle moteur dans l'aménagement du territoire, - qui contribue par sa présence à la pérennité des villages comme à la sécurité des agglomérations,
qui concourt au financement des collectivités locales.
C'est un commerce de proximité qui rend un service irremplaçable, une hôtellerie-restauration qui porte des valeurs culturelles et sert l'image du pays ainsi que son développement touristique.
La force de la France
Ce sont les PME qui représentent :
60 % des investissements
53 % de la valeur ajoutée
1/3 des exportations
La richesse de la France
On la doit pour l'essentiel aux PME car il n'est de richesses que d'hommes.
Elles représentent 85 % des salariés du secteur privé.
Elles ont créé 2 millions et demi d'emplois en 20 ans.
Elles accueillent la quasi-totalité des contrats d'insertion, de formation en alternance ou des contrats jeunes mis en place par votre Gouvernement.
Chez nous, l'ascenseur social fonctionne, et nombre de nos amis présents aujourd'hui en sont le témoignage.
Que voulons-nous ?
Vous n'avez pas attendu, Monsieur le Premier Ministre, d'arriver à Matignon pour vous préoccuper des PME.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que vous savez faire la différence entre une baguette artisanale et une baguette industrielle.
L'une de vos premières lois concerne l'initiative économique.
Vous avez assoupli comme promis les 35 heures.
Vous connaissez le poids réel de nos entreprises et vous les aimez.
Vous êtes en quelque sorte un ami de notre grande famille des PME.
Entre amis, on doit se soutenir.
Quand la pente est forte, il faut des appuis solides.
La CGPME ne ménage pas son soutien à votre action. Les patrons de PME ont fait un gros sacrifice pour accepter la réforme des retraites avec une augmentation importante de la cotisation vieillesse en 2006 et l'abandon d'un effort vers l'équité en ce qui concerne la période de référence pour le calcul des retraites du secteur public. Mais nous serons d'une extrême vigilance sur les retraites des chefs d'entreprises, de nos salariés et sur le sort des travailleurs non salariés, non agricoles.
Je veux dire à ce propos qu'il faut arrêter de confondre revendication légitime et agitation sociale, défense des droits catégoriels et blocage de l'économie, donc de l'emploi.
La France protégée a des droits que nous respectons.
Mais elle a aussi des devoirs, à commencer par le respect de la France exposée, celle qui prend des risques, le respect aussi des salariés qui produisent, de la liberté du travail, de la liberté de se déplacer, de la liberté pour nos étudiants de passer leurs examens.
Certains fonctionnaires font grève mais c'est toujours sur les PME et leurs salariés que cela retombe :
o Désorganisation du travail des salariés du fait de la grève des transports
o Problèmes de trésorerie avec les chèques bloqués par la grève de la poste
o Perte de clients qui, grève ou pas, entendent qu'on rende le service ou qu'on livre la marchandise
Il ne faut plus tergiverser. Il faut mettre en place maintenant un service minimum dans les transports et la poste avec la garantie qu'au moins la moitié du dispositif fonctionne.
La CGPME sera dans les semaines à venir à la pointe de ce
combat, et je compte bien le gagner.
C'est pourquoi, j'ai lancé publiquement la semaine dernière un préavis de ras le bol.
Ces propos ont eu un impact fort et les milliers de messages de soutien reçus -d'horizons qui dépassent largement cette enceinte- m'autorisent à vous dire, Monsieur le Premier Ministre, " Tenez bon " !
D'une façon aussi constructive, nous sommes prêts, vous le savez, à revenir dans les organismes paritaires pour prendre notre part de responsabilité dans la nécessaire et difficile réforme de notre système de soins à condition de ne plus ponctionner le budget de la Sécurité sociale à d'autres fins que la santé.
Nous voulons incarner un syndicalisme positif et prospectif. C'est pourquoi nous avons pris à bras le corps quelques dossiers prioritaires.
Nous voulons participer à l'indispensable augmentation des fonds propres des PME en créant de nouveaux outils de financement.
A partir de la loi DUTREIL, nous comptons développer des fonds d'investissement de proximité pour collecter de l'épargne, mobiliser les acteurs de terrain, investir dans l'entreprise ou garantir des emprunts, accompagner les projets de création, de développement ou de reprise.
Réussir ou non la transmission de 500 000 entreprises dans les 10 ans à venir, tel est l'enjeu : ou ce sera la destruction de potentiels économiques et d'emplois ou une formidable chance de renouveau.
Nous entendons faire partager le goût d'entreprendre.
Il est urgent et capital de combler le fossé entre ces millions de Français, et notamment de jeunes qui ont une idée, un projet, une envie d'entreprise et un taux de création encore marginal.
Personne n'est mieux placé que nous pour lever les freins à l'engagement, faire partager nos valeurs et donner le goût du passage à l'acte. La CGPME prendra des initiatives pour développer le parrainage. Elle le fait déjà tout au long de cette
journée.
Elle soutient les efforts du Ministre de l'Education pour permettre la découverte des métiers dès le collège et aidera même à la prise en charge des frais de transport, notamment en milieu rural.
Nous avons été surpris, comme tout le monde, par le sondage auprès des jeunes, commandé à Ipsos, dans le cadre de cette journée. Ils se voient volontiers dans la fonction publique ou la communication, deux secteurs qui ne créeront pas d'emplois nets dans les années qui viennent, et beaucoup moins dans l'hôtellerie-restauration ou le bâtiment, deux activités en déficit d'emploi.
Il ne faut pas seulement attendre le retour d'une croissance forte. Il faut déjà remédier à ce gâchis de centaines de milliers d'offres d'emploi non satisfaites.
Il y a urgence nationale à revaloriser tous ces métiers de tradition qui ont fait l'honneur de générations entières.
Parmi ces priorités figurent également :
! La place et le rôle des PME à l'international
! L'adaptation d'un droit social issu du modèle de l'entreprise industrielle du début du 20 ème siècle au fonctionnement actuel de l'économie, c'est-à-dire des PME
! la création d'un véritable statut de l'entrepreneur et la prise en compte du rôle du conjoint-collaborateur
! la formation professionnelle qui a occupé une partie importante de nos travaux aujourd'hui. Je veux vous faire partager, sur ce point, quelques réflexions :
Le système de formation professionnelle de 1970 continue de remplir son rôle. Mais le monde du travail a beaucoup changé en trente ans.
Aujourd'hui, la position de la CGPME est claire. Elle tient dans
la formule :
" ni immobilisme, ni bouleversement, adaptation ! ".
Dans le cadre de la négociation en cours, notre Confédération milite pour un aménagement du dispositif actuel avec :
o Le maintien des dispositions de base, comme l'obligation de contribution financière des entreprises, le plan de formation des salariés, la mutualisation des sommes collectées qui forment l'ossature du système auquel sont attachées nos PME.
o Le renforcement de l'insertion en alternance des jeunes grâce à une grande formule de contrat de professionnalisation
o L'instauration de dispositions spécifiques au profit de la formation des salariés des petites entreprises de moins de dix salariés
o Enfin, des novations fortes mais contrôlées, notamment le développement de la formation en dehors du temps de travail qui, toujours selon IPSOS, recueille l'aval de 86 % des PME et d'une majorité de jeunes.
Je vous l'ai dit, Monsieur le Premier Ministre : vous êtes notre ami et, entre amis, on doit aussi se dire la vérité.
La vérité c'est que le gouvernement n'est pas quitte à notre égard sur la baisse des charges sociales, qui ne fait que compenser partiellement l'alignement des SMIC sur le haut.
La vérité, c'est que nous attendons un train plus ambitieux encore de mesures de simplification. Réduisez et harmonisez le nombre et les délais de ces formulaires dont la complexité empoisonne quotidiennement l'existence des patrons de PME.
Laissez-les se consacrer en priorité à leur métier pour qu'ils
vous donnent les emplois dont le pays a besoin et que vous
souhaitez.
Ce point de croissance que vous appelez de vos voeux, c'est nous, Monsieur le Premier Ministre, qui pourrons vous le donner.
La vérité c'est qu'il y a encore des progrès à faire pour créer des conditions de relations commerciales équitables. Ne laissez pas écraser les sous-traitants par les donneurs d'ordres. Mettez prioritairement l'accent sur cet outil majeur de la diversité que constitue pour la France le commerce de proximité.
La vérité c'est que nous attendons que vous teniez les engagements pris concernant la pérennisation de la TVA à 5,5 % dans le bâtiment et son extension à l'hôtellerie-restauration.
Il y va de la parole de l'Etat, de sa crédibilité et de notre confiance.
Monsieur le Premier Ministre, nous avons besoin de l'Etat, moins pour nous aider que pour ne pas brider notre énergie, non pour nous subventionner mais pour nous laisser quelques moyens de développer nos entreprises.
Vous avez besoin de nous parce que nous sommes au coeur de votre république de la proximité, parce que nous incarnons votre modèle de revalorisation du travail, parce que la croissance et le retour de l'emploi dépendent des PME.
Ne nous décevez pas.
Ecoutez-nous, mieux, entendez-nous. Entendez celles et ceux qui sont ici, ils viennent d'Alsace et de Provence, de Picardie et d'Auvergne, d'Ile de France, de tout le pays et de tous les secteurs professionnels.
Comme souvent, le destin hésite.
Au moment où rôde l'éternelle tentation française du repli, de l'agitation, du corporatisme et du déclin, regardez, Monsieur le Premier Ministre, le visage de cette France solide et déterminée, cette France de l'effort, de l'initiative et du partage.
Merci Mesdames et Messieurs, Chers Amis,
Accueillons, comme il convient, Monsieur Jean-Pierre RAFFARIN, Premier Ministre.
(Source http://www.cgpme.org, le 18 juin 2003)
Pendant des années, l'Etat s'est laissé fasciner par ces grands mirages, comme les 35 heures, qui prétendent faire le bonheur du pays uniformément et sans considération pour les caractéristiques de chacun.
Mais, simultanément, il n'a pas fait les grandes réformes de structure que nécessitaient
la sécurité, première des libertés,
la santé, notre bien le plus précieux,
la retraite, au coeur de la solidarité entre les générations,
- ou la fiscalité dont les promesses d'allègement n'engagent que ceux qui les reçoivent.
Il était temps que vous arriviez, Monsieur le Premier Ministre, pour laisser ces mirages s'évanouir et engager les réformes indispensables.
C'est dire combien nous sommes heureux de vous accueillir ici à PLANETE PME, la première journée nationale de la CGPME, qui représente 1 500 000 PME,
c'est-à-dire 1 500 000 chances pour la France.
Qui sommes-nous ?
A quoi servons-nous ?
Que voulons-nous ?
Voilà ce que j'entends vous dire en quelques minutes.
Qui sommes-nous ?
Elu à la présidence de la CGPME en octobre dernier, j'ai fait en sorte que notre organisation retrouve son unité.
Nous avons élaboré notre projet, approuvé massivement par les territoires et les branches professionnelles.
Nous exerçons pleinement notre fonction de partenaire social.
Nous rénovons notre structure, regagnons de la visibilité, développons les services aux PME, prouvons aujourd'hui notre capacité à fédérer tous les acteurs de l'économie réelle, à approfondir le dialogue avec les pouvoirs publics.
Cette action est collective.
Je tiens à en remercier les membres de l'exécutif, tous les dirigeants et les responsables de nos branches professionnelles et de nos unions territoriales.
Nous redevenons une CGPME unie, active, communicante, qui retrouve l'élan fondateur qu'ont su lui impulser des hommes comme Lucien REBUFFEL, dont je salue la présence au premier rang de cette enceinte.
Pour nous, la valeur ajoutée c'est l'homme. Notre définition du patron de PME, bien au-delà des critères de taille ou d'activité, en découle :
! C'est un entrepreneur qui a décidé de créer lui-même son propre revenu,
! Il prend des risques personnels pour réaliser son projet,
! Il estime que la richesse créée n'a pas pour seul but le profit individuel mais une valeur collective,
! Il incarne le refus d'une financiarisation excessive de la vie économique et rappelle que l'entreprise est d'abord là pour servir ses clients et permettre l'épanouissement de ses salariés,
! Il considère le travail comme une valeur d'émancipation et non comme un fardeau dont il faut se débarrasser le plus rapidement possible.
A quoi servons-nous ?
Nous constituons, Monsieur le Premier Ministre, vos principaux atouts pour la diversité, la force et la richesse de la France.
La diversité de la France
C'est un tissu économique varié :
Le commerce,
L'industrie,
Les services
- qui joue un rôle moteur dans l'aménagement du territoire, - qui contribue par sa présence à la pérennité des villages comme à la sécurité des agglomérations,
qui concourt au financement des collectivités locales.
C'est un commerce de proximité qui rend un service irremplaçable, une hôtellerie-restauration qui porte des valeurs culturelles et sert l'image du pays ainsi que son développement touristique.
La force de la France
Ce sont les PME qui représentent :
60 % des investissements
53 % de la valeur ajoutée
1/3 des exportations
La richesse de la France
On la doit pour l'essentiel aux PME car il n'est de richesses que d'hommes.
Elles représentent 85 % des salariés du secteur privé.
Elles ont créé 2 millions et demi d'emplois en 20 ans.
Elles accueillent la quasi-totalité des contrats d'insertion, de formation en alternance ou des contrats jeunes mis en place par votre Gouvernement.
Chez nous, l'ascenseur social fonctionne, et nombre de nos amis présents aujourd'hui en sont le témoignage.
Que voulons-nous ?
Vous n'avez pas attendu, Monsieur le Premier Ministre, d'arriver à Matignon pour vous préoccuper des PME.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que vous savez faire la différence entre une baguette artisanale et une baguette industrielle.
L'une de vos premières lois concerne l'initiative économique.
Vous avez assoupli comme promis les 35 heures.
Vous connaissez le poids réel de nos entreprises et vous les aimez.
Vous êtes en quelque sorte un ami de notre grande famille des PME.
Entre amis, on doit se soutenir.
Quand la pente est forte, il faut des appuis solides.
La CGPME ne ménage pas son soutien à votre action. Les patrons de PME ont fait un gros sacrifice pour accepter la réforme des retraites avec une augmentation importante de la cotisation vieillesse en 2006 et l'abandon d'un effort vers l'équité en ce qui concerne la période de référence pour le calcul des retraites du secteur public. Mais nous serons d'une extrême vigilance sur les retraites des chefs d'entreprises, de nos salariés et sur le sort des travailleurs non salariés, non agricoles.
Je veux dire à ce propos qu'il faut arrêter de confondre revendication légitime et agitation sociale, défense des droits catégoriels et blocage de l'économie, donc de l'emploi.
La France protégée a des droits que nous respectons.
Mais elle a aussi des devoirs, à commencer par le respect de la France exposée, celle qui prend des risques, le respect aussi des salariés qui produisent, de la liberté du travail, de la liberté de se déplacer, de la liberté pour nos étudiants de passer leurs examens.
Certains fonctionnaires font grève mais c'est toujours sur les PME et leurs salariés que cela retombe :
o Désorganisation du travail des salariés du fait de la grève des transports
o Problèmes de trésorerie avec les chèques bloqués par la grève de la poste
o Perte de clients qui, grève ou pas, entendent qu'on rende le service ou qu'on livre la marchandise
Il ne faut plus tergiverser. Il faut mettre en place maintenant un service minimum dans les transports et la poste avec la garantie qu'au moins la moitié du dispositif fonctionne.
La CGPME sera dans les semaines à venir à la pointe de ce
combat, et je compte bien le gagner.
C'est pourquoi, j'ai lancé publiquement la semaine dernière un préavis de ras le bol.
Ces propos ont eu un impact fort et les milliers de messages de soutien reçus -d'horizons qui dépassent largement cette enceinte- m'autorisent à vous dire, Monsieur le Premier Ministre, " Tenez bon " !
D'une façon aussi constructive, nous sommes prêts, vous le savez, à revenir dans les organismes paritaires pour prendre notre part de responsabilité dans la nécessaire et difficile réforme de notre système de soins à condition de ne plus ponctionner le budget de la Sécurité sociale à d'autres fins que la santé.
Nous voulons incarner un syndicalisme positif et prospectif. C'est pourquoi nous avons pris à bras le corps quelques dossiers prioritaires.
Nous voulons participer à l'indispensable augmentation des fonds propres des PME en créant de nouveaux outils de financement.
A partir de la loi DUTREIL, nous comptons développer des fonds d'investissement de proximité pour collecter de l'épargne, mobiliser les acteurs de terrain, investir dans l'entreprise ou garantir des emprunts, accompagner les projets de création, de développement ou de reprise.
Réussir ou non la transmission de 500 000 entreprises dans les 10 ans à venir, tel est l'enjeu : ou ce sera la destruction de potentiels économiques et d'emplois ou une formidable chance de renouveau.
Nous entendons faire partager le goût d'entreprendre.
Il est urgent et capital de combler le fossé entre ces millions de Français, et notamment de jeunes qui ont une idée, un projet, une envie d'entreprise et un taux de création encore marginal.
Personne n'est mieux placé que nous pour lever les freins à l'engagement, faire partager nos valeurs et donner le goût du passage à l'acte. La CGPME prendra des initiatives pour développer le parrainage. Elle le fait déjà tout au long de cette
journée.
Elle soutient les efforts du Ministre de l'Education pour permettre la découverte des métiers dès le collège et aidera même à la prise en charge des frais de transport, notamment en milieu rural.
Nous avons été surpris, comme tout le monde, par le sondage auprès des jeunes, commandé à Ipsos, dans le cadre de cette journée. Ils se voient volontiers dans la fonction publique ou la communication, deux secteurs qui ne créeront pas d'emplois nets dans les années qui viennent, et beaucoup moins dans l'hôtellerie-restauration ou le bâtiment, deux activités en déficit d'emploi.
Il ne faut pas seulement attendre le retour d'une croissance forte. Il faut déjà remédier à ce gâchis de centaines de milliers d'offres d'emploi non satisfaites.
Il y a urgence nationale à revaloriser tous ces métiers de tradition qui ont fait l'honneur de générations entières.
Parmi ces priorités figurent également :
! La place et le rôle des PME à l'international
! L'adaptation d'un droit social issu du modèle de l'entreprise industrielle du début du 20 ème siècle au fonctionnement actuel de l'économie, c'est-à-dire des PME
! la création d'un véritable statut de l'entrepreneur et la prise en compte du rôle du conjoint-collaborateur
! la formation professionnelle qui a occupé une partie importante de nos travaux aujourd'hui. Je veux vous faire partager, sur ce point, quelques réflexions :
Le système de formation professionnelle de 1970 continue de remplir son rôle. Mais le monde du travail a beaucoup changé en trente ans.
Aujourd'hui, la position de la CGPME est claire. Elle tient dans
la formule :
" ni immobilisme, ni bouleversement, adaptation ! ".
Dans le cadre de la négociation en cours, notre Confédération milite pour un aménagement du dispositif actuel avec :
o Le maintien des dispositions de base, comme l'obligation de contribution financière des entreprises, le plan de formation des salariés, la mutualisation des sommes collectées qui forment l'ossature du système auquel sont attachées nos PME.
o Le renforcement de l'insertion en alternance des jeunes grâce à une grande formule de contrat de professionnalisation
o L'instauration de dispositions spécifiques au profit de la formation des salariés des petites entreprises de moins de dix salariés
o Enfin, des novations fortes mais contrôlées, notamment le développement de la formation en dehors du temps de travail qui, toujours selon IPSOS, recueille l'aval de 86 % des PME et d'une majorité de jeunes.
Je vous l'ai dit, Monsieur le Premier Ministre : vous êtes notre ami et, entre amis, on doit aussi se dire la vérité.
La vérité c'est que le gouvernement n'est pas quitte à notre égard sur la baisse des charges sociales, qui ne fait que compenser partiellement l'alignement des SMIC sur le haut.
La vérité, c'est que nous attendons un train plus ambitieux encore de mesures de simplification. Réduisez et harmonisez le nombre et les délais de ces formulaires dont la complexité empoisonne quotidiennement l'existence des patrons de PME.
Laissez-les se consacrer en priorité à leur métier pour qu'ils
vous donnent les emplois dont le pays a besoin et que vous
souhaitez.
Ce point de croissance que vous appelez de vos voeux, c'est nous, Monsieur le Premier Ministre, qui pourrons vous le donner.
La vérité c'est qu'il y a encore des progrès à faire pour créer des conditions de relations commerciales équitables. Ne laissez pas écraser les sous-traitants par les donneurs d'ordres. Mettez prioritairement l'accent sur cet outil majeur de la diversité que constitue pour la France le commerce de proximité.
La vérité c'est que nous attendons que vous teniez les engagements pris concernant la pérennisation de la TVA à 5,5 % dans le bâtiment et son extension à l'hôtellerie-restauration.
Il y va de la parole de l'Etat, de sa crédibilité et de notre confiance.
Monsieur le Premier Ministre, nous avons besoin de l'Etat, moins pour nous aider que pour ne pas brider notre énergie, non pour nous subventionner mais pour nous laisser quelques moyens de développer nos entreprises.
Vous avez besoin de nous parce que nous sommes au coeur de votre république de la proximité, parce que nous incarnons votre modèle de revalorisation du travail, parce que la croissance et le retour de l'emploi dépendent des PME.
Ne nous décevez pas.
Ecoutez-nous, mieux, entendez-nous. Entendez celles et ceux qui sont ici, ils viennent d'Alsace et de Provence, de Picardie et d'Auvergne, d'Ile de France, de tout le pays et de tous les secteurs professionnels.
Comme souvent, le destin hésite.
Au moment où rôde l'éternelle tentation française du repli, de l'agitation, du corporatisme et du déclin, regardez, Monsieur le Premier Ministre, le visage de cette France solide et déterminée, cette France de l'effort, de l'initiative et du partage.
Merci Mesdames et Messieurs, Chers Amis,
Accueillons, comme il convient, Monsieur Jean-Pierre RAFFARIN, Premier Ministre.
(Source http://www.cgpme.org, le 18 juin 2003)