Déclaration commune de "9 partis progressistes européens" s'opposant aux projets de réforme des retraites de différents gouvernements européens et apportant leurs soutien aux salariés qui s'y opposent, le 16 juin 2003.

Texte intégral

De Paris à Berlin, de Vienne à Athènes, et de Madrid à Rome et à Lisbonne, des centaines de milliers de salariés manifestent, luttent contre les projets de leurs gouvernements respectifs quelle que soit leur composition, et qui pratiquent des politiques de droite. Ces projets vont tous dans le même sens, celui de la remise en cause des droits à la retraite des salariés. Avec des variantes locales, partout s'appliquent des plans qui visent à reculer l'âge de départ en retraite, à la diminution des prestations et à une forte incitation à la création de fonds de pension sujets aux caprices de la Bourse. Le sommet de Barcelone de mars 2002 a inscrit dans le marbre ces recommandations que tous les gouvernements des quinze qui ne l'avaient pas encore fait s'empressent de mettre en place en parfait accord avec les organisations patronales. L'argument démographique est agité comme un épouvantail. La situation serait à terme catastrophique et seuls les remèdes libéraux proposés seraient en mesure d'enrayer le mal. Le capitalisme veut mettre à bas tous les acquis sociaux des cinquante dernières années. Tous ces arguments ne sont que travestissement de la vérité. Les vrais motifs sont ailleurs :
- C'est l'obsession de la baisse des coûts salariaux, le refus de développer et de sécuriser l'emploi, la formation, les salaires qui sont, cependant, la base des systèmes de retraites par répartition.
- C'est, inséparablement, la volonté, coûte que coûte, de faire croître le marché financier avec la capitalisation et les fonds de pension, afin d'augmenter tant et plus la rentabilité financière des capitaux.
- C'est, inséparablement, la volonté de faire baisser les dépenses publiques et sociales corsetées dans le pacte de stabilité pour protéger l'indépendance de la banque centrale européenne au service exclusif du taux de profit.
Cet entêtement du grand patronat et des libéraux européens les amène à refuser d'envisager d'autres solutions pour défendre le système de retraite par répartition, véritable outil de solidarité pour nos concitoyens et nos concitoyennes retraités. À aucun moment le niveau et la qualité de l'emploi dans chaque pays, le montant des salaires ne sont posés alors que nous savons tous qu'il s'agit là de la clef de voûte du problème De plus, jamais il n'est évoqué par les gouvernements la possibilité d'augmenter la part patronale dans les cotisations sociales ni la possibilité de faire contribuer les revenus financiers ou, plus encore, de réformer les cotisations sociales patronales et les taux de façon à encourager les entreprises qui développent l'emploi stable et de qualité, la formation, les salaires, et à pénaliser celles qui préfèrent les placements financiers, l'emploi précaire et les licenciements.

Nous, responsables des partis de la gauche de transformation sociale en Europe, nous pensons que d'autres choix sont possibles. Nous proposons ces quelques pistes à la réflexion des Européennes et des Européens. Nous affirmons notre entière solidarité aux salariés et à leurs organisations syndicales qui s'opposent à ces mesures catastrophiques et proposent des alternatives qui renforcent les droits à la retraite des salariés. Nous agissons et nous agirons partout pour que les gouvernements européens renoncent à ce recul de civilisation Nous porterons ces propositions dans le cadre de la campagne des élections européennes de 2004. Parce qu'une autre Europe est possible, parce que le mot de solidarité n'est pas pour nous obsolète. "
Les signataires :
Walter Baier, président du Parti communiste autrichien,
Fausto Bertinotti, secrétaire général du Parti de la refondation communiste (Italie), Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste français,
Carlos Carvaihas, secrétaire général du Parti communiste portugais,
Oliviero Diliberto, secrétaire général du Parti des communistes italiens,
Ulla Hoffmann, coprésidente du Parti de gauche de Suède,
Gaspar Liarnazarês, coordinateur général de la Gauche unie (Espagne),
Nicos Konstantopoulos, président de la Coalition de gauche et de progrès (Grèce),
Gabi Zimmer, présidente du Parti du socialisme démocratique (PDS), Allemagne.

(source http://www.pcf.fr, le 17 juin 2003