Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Le Sénat est heureux d'accueillir aujourd'hui le colloque sur les migrants organisé par la fondation SINGER-POLIGNAC.
Hier, à la Fondation SINGER-POLIGNAC, vous vous êtes attachés aux faits. C'est de bonne méthode car il est toujours préférable de commencer par les éléments objectifs avant d'en arriver aux causes, aux conséquences et aux solutions possibles.
Vous l'avez sans doute dit hier. Les facteurs susceptibles d'expliquer les migrations sont nombreux : sous-développement, insécurité, instabilité, guerres, famines, pauvreté, atteintes aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales Et l'Europe, parce qu'elle est au cur du monde, est forcément une destination privilégiée par les migrants.
Mais, je ne m'étendrai pas sur les faits car vous devez aujourd'hui vous pencher sur les problèmes et sur les solutions, ce qui n'est pas le plus facile. C'est même " un vaste programme", comme l'aurait dit le Général de GAULLE.
Parmi les problèmes fondamentaux que vous allez aborder, figure au premier rang l'intégration des immigrés. On touche là au cur de l'identité nationale et, d'une certaine façon, à la définition même de la Nation.
Je crois que s'agissant de l'intégration, il n'est désormais plus possible de laisser aux extrêmes -et à l'extrême droite en particulier- le monopole d'un sujet qui nous concerne tous, parce qu'il touche au cur même de notre République, fondée sur la citoyenneté et la laïcité.
En effet, il va bien falloir réfléchir aux conséquences que ne manqueront pas d'avoir, d'une part, le décalage grandissant entre les croissances démographiques des différentes composantes de la société française, et, d'autre part, le déficit patent de main d'uvre dans certains secteurs, aggravé par le vieillissement de notre population.
Le moment me semble donc venu de réfléchir, sereinement mais sans tabou, au modèle de société que nous souhaitons.
Pour des raisons principalement historiques, le modèle de société américain, résolument multiculturel, ne semble pas adapté aux spécificités françaises. La République française n'est pas une fédération de Communautés mais une Communauté de citoyens.
C'est pourquoi la solution me paraît plutôt résider dans l'intégration pleine et entière des immigrés en situation régulière, à des conditions qu'il nous faudra préciser progressivement mais qui garantiront des bénéfices mutuels pour le pays d'accueil comme pour celui qui aura fait le choix de s'y fixer, et, par conséquent, d'accepter ses règles du jeu, pour ne pas dire ses valeurs.
Je suis et je demeure donc persuadé que l'immigration peut être une chance pour la France si elle est régulée, si elle est maîtrisée.
On pourra d'autant mieux intégrer les immigrés en situation régulière, dont nous aurons de plus en plus besoin, qu'on sera strict avec les immigrés en situation irrégulière. Nous n'avons plus les moyens de faire autrement.
Une autre piste qui me paraît intéressante, quoiqu'elle soit ne nature différente, c'est celle de ce que l'on appelle le co-développement.
Je suis persuadé qu'une politique d'aide publique au développement plus efficace, plus proche du terrain et moins politicienne pourrait mieux combler le fossé alarmant entre pays riches et pays pauvres, et, partant, limiter la tentation de l'émigration qui anime aujourd'hui légitimement beaucoup d'habitants d'un Sud laissé pour compte.
Je parlai d'une aide plus proche du terrain. On ne le sait pas toujours mais les collectivités locales y contribuent de plus en plus. La nouvelle loi sur la décentralisation, encore au stade du projet, devrait consolider ce mouvement.
Je serais par ailleurs favorable à ce qu'on utilise les économies liées à une application plus stricte des règles relatives à l'accueil des étrangers pour améliorer et renforcer notre politique d'aide publique au développement.
Je fais en effet partie de ceux qui s'alarment de la baisse constante de notre effort budgétaire en faveur des pays en développement depuis quelques années. Le cur comme la raison me paraissent commander de tendre - certes progressivement - vers l'objectif de 0,7 % du PIB fixé par les Nations Unies.
Je compte sur vous pour sortir des sentiers battus et discuter, sans passion et avec mesure, de sujets ô combien déterminants pour notre avenir mais trop longtemps délaissés par les " partis de gouvernement ".
Je suis intimement persuadé que c'est la seule façon d'éviter un nouveau 21 avril.
Je vous souhaite un fructueux et studieux colloque.
(Source http://www.senat.gouv.fr, le 17 octobre 2003
Mesdames et Messieurs,
Le Sénat est heureux d'accueillir aujourd'hui le colloque sur les migrants organisé par la fondation SINGER-POLIGNAC.
Hier, à la Fondation SINGER-POLIGNAC, vous vous êtes attachés aux faits. C'est de bonne méthode car il est toujours préférable de commencer par les éléments objectifs avant d'en arriver aux causes, aux conséquences et aux solutions possibles.
Vous l'avez sans doute dit hier. Les facteurs susceptibles d'expliquer les migrations sont nombreux : sous-développement, insécurité, instabilité, guerres, famines, pauvreté, atteintes aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales Et l'Europe, parce qu'elle est au cur du monde, est forcément une destination privilégiée par les migrants.
Mais, je ne m'étendrai pas sur les faits car vous devez aujourd'hui vous pencher sur les problèmes et sur les solutions, ce qui n'est pas le plus facile. C'est même " un vaste programme", comme l'aurait dit le Général de GAULLE.
Parmi les problèmes fondamentaux que vous allez aborder, figure au premier rang l'intégration des immigrés. On touche là au cur de l'identité nationale et, d'une certaine façon, à la définition même de la Nation.
Je crois que s'agissant de l'intégration, il n'est désormais plus possible de laisser aux extrêmes -et à l'extrême droite en particulier- le monopole d'un sujet qui nous concerne tous, parce qu'il touche au cur même de notre République, fondée sur la citoyenneté et la laïcité.
En effet, il va bien falloir réfléchir aux conséquences que ne manqueront pas d'avoir, d'une part, le décalage grandissant entre les croissances démographiques des différentes composantes de la société française, et, d'autre part, le déficit patent de main d'uvre dans certains secteurs, aggravé par le vieillissement de notre population.
Le moment me semble donc venu de réfléchir, sereinement mais sans tabou, au modèle de société que nous souhaitons.
Pour des raisons principalement historiques, le modèle de société américain, résolument multiculturel, ne semble pas adapté aux spécificités françaises. La République française n'est pas une fédération de Communautés mais une Communauté de citoyens.
C'est pourquoi la solution me paraît plutôt résider dans l'intégration pleine et entière des immigrés en situation régulière, à des conditions qu'il nous faudra préciser progressivement mais qui garantiront des bénéfices mutuels pour le pays d'accueil comme pour celui qui aura fait le choix de s'y fixer, et, par conséquent, d'accepter ses règles du jeu, pour ne pas dire ses valeurs.
Je suis et je demeure donc persuadé que l'immigration peut être une chance pour la France si elle est régulée, si elle est maîtrisée.
On pourra d'autant mieux intégrer les immigrés en situation régulière, dont nous aurons de plus en plus besoin, qu'on sera strict avec les immigrés en situation irrégulière. Nous n'avons plus les moyens de faire autrement.
Une autre piste qui me paraît intéressante, quoiqu'elle soit ne nature différente, c'est celle de ce que l'on appelle le co-développement.
Je suis persuadé qu'une politique d'aide publique au développement plus efficace, plus proche du terrain et moins politicienne pourrait mieux combler le fossé alarmant entre pays riches et pays pauvres, et, partant, limiter la tentation de l'émigration qui anime aujourd'hui légitimement beaucoup d'habitants d'un Sud laissé pour compte.
Je parlai d'une aide plus proche du terrain. On ne le sait pas toujours mais les collectivités locales y contribuent de plus en plus. La nouvelle loi sur la décentralisation, encore au stade du projet, devrait consolider ce mouvement.
Je serais par ailleurs favorable à ce qu'on utilise les économies liées à une application plus stricte des règles relatives à l'accueil des étrangers pour améliorer et renforcer notre politique d'aide publique au développement.
Je fais en effet partie de ceux qui s'alarment de la baisse constante de notre effort budgétaire en faveur des pays en développement depuis quelques années. Le cur comme la raison me paraissent commander de tendre - certes progressivement - vers l'objectif de 0,7 % du PIB fixé par les Nations Unies.
Je compte sur vous pour sortir des sentiers battus et discuter, sans passion et avec mesure, de sujets ô combien déterminants pour notre avenir mais trop longtemps délaissés par les " partis de gouvernement ".
Je suis intimement persuadé que c'est la seule façon d'éviter un nouveau 21 avril.
Je vous souhaite un fructueux et studieux colloque.
(Source http://www.senat.gouv.fr, le 17 octobre 2003