Texte intégral
Monsieur le maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mon Général,
Messieurs les officiers généraux, officiers, sous officiers et soldats de la Force d'action terrestre.
Je suis sincèrement très heureux d'être parmi vous aujourd'hui avec l'Armée de terre, qui est fortement impliquée dans le règlement de nombreuses crises dans le monde. Je suis venu à la rencontre de l'Armée de terre pour, à la fois, mesurer ses capacités, ses capacités d'initiative, son organisation, mais je suis aussi venu participer à cet effort de mobilisation et d'intérêt de la Nation tout entière pour son armée en général et l'Armée de terre en particulier. Je voudrais dire d'emblée au Général Thorette que nous avons pu être impressionnés les uns et les autres avec le président de la Commission de la Défense de l'Assemblée nationale par l'ensemble de ce que nous avons pu voir aujourd'hui et notamment ce que l'état major des forces de Marseille et les troupes déployées sur le terrain cet après-midi nous ont montré, quant à la rigueur d'exécution, et aux hautes compétences techniques que tout cela requiert.
Je voudrais vous confirmer ce que M. Alliot-Marie vous a dit. Ce que je tiens vraiment pour très important dans notre pays aujourd'hui, c'est l'engagement du Gouvernement pour la Défense. Je vous suis très reconnaissant de vous engager dans cette action qui s'inscrit pour la sécurité de notre pays, au cur même de la Nation. Cette sécurité, qui est l'élément d'équilibre de la liberté à laquelle nous sommes tant attachés, nous les Français, depuis toute notre histoire ; cette sécurité que nous avons voulu renforcer à la demande du chef de l'Etat, chef des Armées, qui a souhaité vraiment que, grâce à la loi de programmation militaire, nous puissions donner des moyens nouveaux à notre Défense et à nos armées pour pouvoir tenir le rôle qui est celui de la France, avec une armée qui est une armée forte, une armée organisée, une armée moderne. Et c'est, je pense, très important, non seulement pour le message de la France dans le monde, mais c'est aussi très important pour l'intégrité de notre territoire et donc de nos citoyens.
Je voudrais dire aujourd'hui combien je suis choqué par le lâche attentat de ce matin contre une caserne militaire à Nice. Tout cela montre que nous devons être vigilants. Mais vouloir s'attaquer à une caserne militaire à Nice, comme ce fut le cas, révèle d'abord et avant tout un esprit de lâcheté. Et je demande au ministre de l'Intérieur, et au garde des Sceaux d'arrêter le plus rapidement possible les auteurs et de les condamner fermement pour que l'on comprenne bien que s'attaquer à nos forces armées, s'attaquer aux bâtiments publics, s'attaquer à ceux qui défendent sous toutes les formes que ce soit la Nation, c'est s'attaquer à la Nation tout entière et que la Nation ne va pas l'accepter.
La capacité de défense est pour nous un élément important du statut de la France dans le monde. Au fond, quelle serait durablement la crédibilité de notre pays, comme membre permanent du Conseil de sécurité, si nous donnions l'image au monde entier que nous ne voulons pas, que nous ne pouvons pas, que nous ne savons pas faire les efforts pour notre propre Défense ? Si nous voulons défendre l'idée de paix dans le monde, si nous voulons défendre l'idée du droit dans le monde, ce droit dont l'ONU est la source, il faut que nous soyons capables de montrer que le peuple français est capable d'assumer des efforts pour sa Défense et pour la paix.
C'est, je crois, un élément très important de notre choix stratégique, choix qui a été voulu par le président J. Chirac. Vous avez ainsi à gérer un développement important des crédits d'équipement, et des moyens de nos armées. Pour votre armée, je citerais comme exemple la fin de la livraison des chars Leclerc, l'arrivée des premiers hélicoptères Tigre ou encore la mise en place de la moitié des systèmes du combattant Felin ainsi que le démarrage en fin de programme des livraisons du véhicule blindé de combat d'infanterie, le VBCI. C'est, je crois, essentiel de pouvoir maîtriser, comme on l'a vu tout à l'heure sur le terrain avec les parlementaires, cette capacité à maîtriser l'ensemble de ces matériels. La loi s'attache aussi à restaurer la disponibilité de vos équipements qui constitue une des principales préoccupations des armées et je le comprends. Enfin, cette loi, Monsieur le président, assure la consolidation de la professionnalisation des armées par la voie notamment de l'amélioration de la condition militaire, ce qui est aussi un élément majeur de notre mobilisation quant à la Défense.
J'ai conscience que, depuis la décision de cette professionnalisation des armées qui a été prise par le président de la République en 1996, l'Armée de terre a accompli une immense transformation qui a exigé des efforts considérables de la part de tout son personnel et qui a du mobiliser des énergies importantes, des états majors, des régiments jusqu'aux plus petites unités. Au terme de six années d'intenses restructurations, 100 000 hommes, sur la période, ont ainsi été concernés, l'armée est parvenue à transformer l'organisation de son commandement, à renouveler ses ressources humaines ainsi et - c'est important, je le disais à l'instant -moderniser une partie importante de ses équipements.
Nous avons, vous le savez un contexte budgétaire difficile, une croissance internationale faible. Malgré cela, nous avons décidé de faire en sorte que nous puissions protéger les investissements pour la Défense de la France, rompant ainsi avec une vieille tradition dans notre pays, la solution de facilité qui consiste à couper dans les dépenses de Défense quand la situation économique est fragile.
Nous pensons, en investissant pour notre défense, investir pour l'avenir de notre pays, pour sa place dans le monde. Je vois aujourd'hui la voix de la France entendue dans le monde, quand le chef de l'Etat s'exprime. Nous l'avons vu récemment à propos de la crise irakienne, nous voyons des pays importants écouter le message de la France, et ce message il est fait aussi par notre capacité à faire des efforts pour notre Défense. Quelle serait notre crédibilité si nous-mêmes nous fuyons nos responsabilités ? Et si aujourd'hui en Chine, en Inde ou en Russie, d'où j'arrive, je vois que le message de la France est entendu, et si je vois que les dirigeants de ces pays sont attentifs, non seulement au message de la France, mais aussi aux activités économiques de la France, je vois bien là qu'il y a une relation entre la voix de la France, nos efforts pour faire porter cette voix et aussi notre capacité à faire en sorte que nous puissions prolonger ces efforts de Défense par des actions diplomatiques et économiques appropriées. L'Armée de terre professionnelle est un outil adapté, particulièrement adapté - et c'est ma conviction cet après-midi encore davantage - aux crises modernes.
Au mois d'avril, j'avais rendu visite aux soldats français de la Force européenne qui est déployée en Macédoine ; cela m'avait permis de voir un état major dans un contexte opérationnel, hors de l'Hexagone. Aujourd'hui à Mourmelon, je suis particulièrement heureux de vous retrouver au milieu de soldats professionnels de l'Armée de terre, découvrir et apprécier de multiples aspects de votre métier, les principaux matériels dont vous êtes équipés, vos capacités à réagir et à faire face, de façon adaptée, de façon mesurée. On l'a vu avec des interventions en souplesse et des interventions plus en force, de façon à être adapté aux différentes situations sur le terrain.
Capable donc d'agir avec des moyens tantôt puissants, tantôt légers, l'Armée de terre peut être engagée dans des actions de combat de grande intensité comme dans des missions de paix. En opération extérieure, ce qui caractérise aussi vos engagements, c'est votre présence au contact des populations locales. Et ce contact est essentiel. Bien souvent, il revient à vos unités - et je sais que c'est une lourde responsabilité - de restaurer la confiance et d'encourager le dialogue entre les différents protagonistes. Car c'est seulement à partir d'un climat de sécurité retrouvée que la vie d'une région ou d'un pays peut reprendre son cours normal. Pour la première fois de son histoire, l'Union européenne a pris, en 2003, la tête d'une opération militaire en succédant fin mars à l'OTAN en Macédoine. Elle a ainsi, je crois, ouvert une piste nouvelle pour la coopération européenne en matière de défense et elle a déployé cet été, sans l'aide de l'alliance Atlantique une Force européenne sous commandement français en République démocratique du Congo. A chaque fois, l'Armée de terre a joué un rôle essentiel dans la réussite de ces opérations en prouvant sa réactivité, la compétence de ses composantes et de ses états majors et leur aptitude à travailler en coordination avec les autres armées dans un cadre multinational, ce qui est le plus souvent maintenant la situation que nous avons à maîtriser.
Le rôle moteur de la France dans la construction de la politique européenne de Sécurite et de Défense est ainsi, par ces exemples opérationnels conforté. Fortement engagée à l'extérieur, mais toujours disponible sur le théâtre national, l'Armée de terre gagne ce pari de la professionnalisation tout en remplissant scrupuleusement son rôle opérationnel. Il n'est pas besoin de rappeler toutes les missions réalisées ces derniers mois, de l'Afghanistan à l'Afrique, en passant évidemment par les Balkans. Et nombre de ces missions sont encore aujourd'hui loin d'être achevées.
Malgré cet engagement extérieur particulièrement exigeant, votre armée a toujours eu à cur de s'engager résolument sur le territoire national pour renforcer la sécurité générale ou intervenir dans des situations d'urgence. Ces derniers mois, cette solidarité s'est manifestée à plusieurs reprises au cours, donc, des périodes récentes. Il suffit de se remémorer l'engagement des moyens militaires aux côtés des acteurs de la Sécurité civile lors des inondations au mois de septembre 2002 ou, plus récemment, les renforts engagés pour lutter dans les dramatiques feux de forêt dans le Var et en Corse. Votre efficacité et votre dévouement au service de nos concitoyens, dans la détresse, sont toujours unanimement appréciés, et je dois vous dire que, dans ces circonstances particulièrement douloureuses - et je pense à ces incendies de forêt que nous avons connu tout l'été -, votre action est fortement appréciée auprès de la population, mais par toute la Nation. Et je tiens à vous en exprimer publiquement la gratitude nationale.
Mais au-delà de cette action remarquée en situation de crise au profit de la collectivité nationale je dois aussi saluer vos initiatives dans un grand nombre de domaines, notamment - je pense à Vigipirate ou d'autres initiatives - qui vous permettent d'être en permanence au contact de la Nation. En effet, les relations entre la Nation et son armée sont importantes et nous devons toujours veiller à ce que ces relations soient renforcées. Vous êtes présents dans nos nombreuses villes moyennes de France, à Mourmelon et ailleurs, et les régiments professionnels de l'Armée de terre entretiennent des relations fortes avec leur environnement local. C'est, je crois, très important d'avoir cette relation dans les communes, dans les cantons, dans les départements et les régions, pour faire en sorte que le contact entre l'armée et la Nation soit humain, sur le terrain, concret et quotidien. Et c'est important pour tous les territoires de notre pays, que d'avoir ces implantations militaires par la jeunesse et le dynamisme, par la moyenne d'âge des régiments. Il y a là une capacité humaine exceptionnelle, non seulement pour la vie économique, non seulement pour les aspects matériels, mais aussi pour la vie culturelle, pour la vie sociale, pour la vie sportive, pour l'ensemble de l'animation associative, pour tout ce qui concerne le vivre ensemble dans un territoire.
Et la commune de Mourmelon est un bon exemple. Ici au cur de la Champagne, où l'armée est le premier employeur, un partenariat renforcé est instauré entre le mourmelonnais et entre les civils et les militaires.
Il s'est traduit par la signature, entre la municipalité et les autorités militaires, d'une convention dont le caractère novateur lui a valu un prix exceptionnel en 2002, Territoria. J'ai bien compris Monsieur le maire qu'il fallait encore faire plus, que vous étiez encore davantage demandeur d'expérimentation nouvelle. Je vois en cela que vous êtes un bon élu : ce qui est acquis est acquis, maintenant parlons du reste. Et donc c'est, je crois, important, en effet de pouvoir accompagner ce développement de l'armée dans nos territoires, au cur de la Nation, et c'est pour cela qu'aussi bien sur les équipements sportifs que sur tout ce qui touche le cadre de vie, tout ce qui touche la vie familiale dans les villes est un sujet qui, évidemment, est important pour les communes.
Mais pour l'ensemble de notre territoire, l'Armée de terre reste un partenaire clé dans bien des domaines, y compris dans celui de l'emploi, en offrant en général près de 20 000 postes chaque année, ce qui est un élément important de la mobilisation du pays pour l'emploi. L'armée joue aussi un rôle très important avec la jeunesse, et je crois que tout ce qui peut, aujourd'hui, renforcer l'effort de formation est un élément très important, et c'est pour cela que c'est une des rares institutions de la République qui offre une deuxième chance à plus de 3000 à 4000 jeunes chaque année qui ont connu l'échec scolaire et qui peuvent ainsi trouver dans l'armée une deuxième possibilité de réussite.
Je crois aussi qu'il faut souligner l'importance de l'activité des réservistes, et de tous ceux qui vivent avec nos armées dans les territoires où elles sont implantées. Vous avez déjà beaucoup fait les uns et les autres pour intégrer cette réserve opérationnelle dans vos régiments, cette réserve dont je viens de parler et qui est un élément important de nos forces armées. Mais il faut améliorer encore le dispositif en adaptant la loi de 1999 dans bien des domaines comme l'augmentation du nombre de jours d'activité ou le relèvement de la limite d'âge des militaires du rang réservistes. L'Armée de terre pourra alors disposer d'une ressource complémentaire de qualité, capable de renforcer, en opération extérieure, mais aussi sur le territoire national, nos efforts. L'Armée de terre m'a montré au cours des présentations de cet après-midi la qualité de son entraînement, les nombreuses capacités qu'elle pouvait mettre à la disposition du Gouvernement et de la politique voulue par le chef de l'Etat. Je tiens à féliciter l'état major et les unités qui ont préparé avec minutie cette démonstration et les ont fait parfaitement exécuter, et je redis aux hommes et aux femmes de l'Armée de terre toute ma confiance pour défendre la paix et pour participer au rayonnement de la France sur tous les continents.
Nous vivons dans un monde dangereux. Le terrorisme, la prolifération sont des adversaires permanents qui, à chaque instant, peuvent frapper. Nous devons donc avoir une vigilance de tous les instants. Je remercie l'ensemble de ceux qui consacrent leur engagement à cette mission essentielle au service de la France. Dans ce monde incertain, la France tient une place importante. Elle appelle à la raison l'ensemble des partenaires ; elle appelle toujours au dialogue politique pour que l'on puisse trouver des solutions politiques aux conflits régionaux qui se sont multipliés dans le monde. Nous sommes toujours des acteurs de paix ; nous voulons vraiment que règne sur cette planète un droit international dont l'ONU est le lieu central, dont l'ONU est le lieu où est la source du droit. C'est ce que nous voulons, et nous savons que c'est avec cette force-là d'une ONU qui peut dire le droit, avec une Europe qui sait mieux coordonner ses efforts de Défense que nous aurons le monde équilibré auquel nous sommes attachés. C'est cela, l'ambition de la France. Nous ne mobilisons pas des moyens simplement pour la gloire de la seule France, nous mobilisons des moyens pour l'équilibre du monde et, au fond, c'est peut-être cela qui est le plus fort dans notre démarche. C'est peut-être cela qui parle le plus au cur des Français, de se dire que ce drapeau bleu, blanc, rouge, c'est certes notre fierté. Mais pour le monde entier, cela doit être parce que ce pays est prêt à participer à des actions militaires, ce pays est prêt en toutes circonstances à militer pour la paix. Vive la République ! Vivent nos armées et vive la France !
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 15 octobre 2003)
Mesdames et Messieurs les élus,
Mon Général,
Messieurs les officiers généraux, officiers, sous officiers et soldats de la Force d'action terrestre.
Je suis sincèrement très heureux d'être parmi vous aujourd'hui avec l'Armée de terre, qui est fortement impliquée dans le règlement de nombreuses crises dans le monde. Je suis venu à la rencontre de l'Armée de terre pour, à la fois, mesurer ses capacités, ses capacités d'initiative, son organisation, mais je suis aussi venu participer à cet effort de mobilisation et d'intérêt de la Nation tout entière pour son armée en général et l'Armée de terre en particulier. Je voudrais dire d'emblée au Général Thorette que nous avons pu être impressionnés les uns et les autres avec le président de la Commission de la Défense de l'Assemblée nationale par l'ensemble de ce que nous avons pu voir aujourd'hui et notamment ce que l'état major des forces de Marseille et les troupes déployées sur le terrain cet après-midi nous ont montré, quant à la rigueur d'exécution, et aux hautes compétences techniques que tout cela requiert.
Je voudrais vous confirmer ce que M. Alliot-Marie vous a dit. Ce que je tiens vraiment pour très important dans notre pays aujourd'hui, c'est l'engagement du Gouvernement pour la Défense. Je vous suis très reconnaissant de vous engager dans cette action qui s'inscrit pour la sécurité de notre pays, au cur même de la Nation. Cette sécurité, qui est l'élément d'équilibre de la liberté à laquelle nous sommes tant attachés, nous les Français, depuis toute notre histoire ; cette sécurité que nous avons voulu renforcer à la demande du chef de l'Etat, chef des Armées, qui a souhaité vraiment que, grâce à la loi de programmation militaire, nous puissions donner des moyens nouveaux à notre Défense et à nos armées pour pouvoir tenir le rôle qui est celui de la France, avec une armée qui est une armée forte, une armée organisée, une armée moderne. Et c'est, je pense, très important, non seulement pour le message de la France dans le monde, mais c'est aussi très important pour l'intégrité de notre territoire et donc de nos citoyens.
Je voudrais dire aujourd'hui combien je suis choqué par le lâche attentat de ce matin contre une caserne militaire à Nice. Tout cela montre que nous devons être vigilants. Mais vouloir s'attaquer à une caserne militaire à Nice, comme ce fut le cas, révèle d'abord et avant tout un esprit de lâcheté. Et je demande au ministre de l'Intérieur, et au garde des Sceaux d'arrêter le plus rapidement possible les auteurs et de les condamner fermement pour que l'on comprenne bien que s'attaquer à nos forces armées, s'attaquer aux bâtiments publics, s'attaquer à ceux qui défendent sous toutes les formes que ce soit la Nation, c'est s'attaquer à la Nation tout entière et que la Nation ne va pas l'accepter.
La capacité de défense est pour nous un élément important du statut de la France dans le monde. Au fond, quelle serait durablement la crédibilité de notre pays, comme membre permanent du Conseil de sécurité, si nous donnions l'image au monde entier que nous ne voulons pas, que nous ne pouvons pas, que nous ne savons pas faire les efforts pour notre propre Défense ? Si nous voulons défendre l'idée de paix dans le monde, si nous voulons défendre l'idée du droit dans le monde, ce droit dont l'ONU est la source, il faut que nous soyons capables de montrer que le peuple français est capable d'assumer des efforts pour sa Défense et pour la paix.
C'est, je crois, un élément très important de notre choix stratégique, choix qui a été voulu par le président J. Chirac. Vous avez ainsi à gérer un développement important des crédits d'équipement, et des moyens de nos armées. Pour votre armée, je citerais comme exemple la fin de la livraison des chars Leclerc, l'arrivée des premiers hélicoptères Tigre ou encore la mise en place de la moitié des systèmes du combattant Felin ainsi que le démarrage en fin de programme des livraisons du véhicule blindé de combat d'infanterie, le VBCI. C'est, je crois, essentiel de pouvoir maîtriser, comme on l'a vu tout à l'heure sur le terrain avec les parlementaires, cette capacité à maîtriser l'ensemble de ces matériels. La loi s'attache aussi à restaurer la disponibilité de vos équipements qui constitue une des principales préoccupations des armées et je le comprends. Enfin, cette loi, Monsieur le président, assure la consolidation de la professionnalisation des armées par la voie notamment de l'amélioration de la condition militaire, ce qui est aussi un élément majeur de notre mobilisation quant à la Défense.
J'ai conscience que, depuis la décision de cette professionnalisation des armées qui a été prise par le président de la République en 1996, l'Armée de terre a accompli une immense transformation qui a exigé des efforts considérables de la part de tout son personnel et qui a du mobiliser des énergies importantes, des états majors, des régiments jusqu'aux plus petites unités. Au terme de six années d'intenses restructurations, 100 000 hommes, sur la période, ont ainsi été concernés, l'armée est parvenue à transformer l'organisation de son commandement, à renouveler ses ressources humaines ainsi et - c'est important, je le disais à l'instant -moderniser une partie importante de ses équipements.
Nous avons, vous le savez un contexte budgétaire difficile, une croissance internationale faible. Malgré cela, nous avons décidé de faire en sorte que nous puissions protéger les investissements pour la Défense de la France, rompant ainsi avec une vieille tradition dans notre pays, la solution de facilité qui consiste à couper dans les dépenses de Défense quand la situation économique est fragile.
Nous pensons, en investissant pour notre défense, investir pour l'avenir de notre pays, pour sa place dans le monde. Je vois aujourd'hui la voix de la France entendue dans le monde, quand le chef de l'Etat s'exprime. Nous l'avons vu récemment à propos de la crise irakienne, nous voyons des pays importants écouter le message de la France, et ce message il est fait aussi par notre capacité à faire des efforts pour notre Défense. Quelle serait notre crédibilité si nous-mêmes nous fuyons nos responsabilités ? Et si aujourd'hui en Chine, en Inde ou en Russie, d'où j'arrive, je vois que le message de la France est entendu, et si je vois que les dirigeants de ces pays sont attentifs, non seulement au message de la France, mais aussi aux activités économiques de la France, je vois bien là qu'il y a une relation entre la voix de la France, nos efforts pour faire porter cette voix et aussi notre capacité à faire en sorte que nous puissions prolonger ces efforts de Défense par des actions diplomatiques et économiques appropriées. L'Armée de terre professionnelle est un outil adapté, particulièrement adapté - et c'est ma conviction cet après-midi encore davantage - aux crises modernes.
Au mois d'avril, j'avais rendu visite aux soldats français de la Force européenne qui est déployée en Macédoine ; cela m'avait permis de voir un état major dans un contexte opérationnel, hors de l'Hexagone. Aujourd'hui à Mourmelon, je suis particulièrement heureux de vous retrouver au milieu de soldats professionnels de l'Armée de terre, découvrir et apprécier de multiples aspects de votre métier, les principaux matériels dont vous êtes équipés, vos capacités à réagir et à faire face, de façon adaptée, de façon mesurée. On l'a vu avec des interventions en souplesse et des interventions plus en force, de façon à être adapté aux différentes situations sur le terrain.
Capable donc d'agir avec des moyens tantôt puissants, tantôt légers, l'Armée de terre peut être engagée dans des actions de combat de grande intensité comme dans des missions de paix. En opération extérieure, ce qui caractérise aussi vos engagements, c'est votre présence au contact des populations locales. Et ce contact est essentiel. Bien souvent, il revient à vos unités - et je sais que c'est une lourde responsabilité - de restaurer la confiance et d'encourager le dialogue entre les différents protagonistes. Car c'est seulement à partir d'un climat de sécurité retrouvée que la vie d'une région ou d'un pays peut reprendre son cours normal. Pour la première fois de son histoire, l'Union européenne a pris, en 2003, la tête d'une opération militaire en succédant fin mars à l'OTAN en Macédoine. Elle a ainsi, je crois, ouvert une piste nouvelle pour la coopération européenne en matière de défense et elle a déployé cet été, sans l'aide de l'alliance Atlantique une Force européenne sous commandement français en République démocratique du Congo. A chaque fois, l'Armée de terre a joué un rôle essentiel dans la réussite de ces opérations en prouvant sa réactivité, la compétence de ses composantes et de ses états majors et leur aptitude à travailler en coordination avec les autres armées dans un cadre multinational, ce qui est le plus souvent maintenant la situation que nous avons à maîtriser.
Le rôle moteur de la France dans la construction de la politique européenne de Sécurite et de Défense est ainsi, par ces exemples opérationnels conforté. Fortement engagée à l'extérieur, mais toujours disponible sur le théâtre national, l'Armée de terre gagne ce pari de la professionnalisation tout en remplissant scrupuleusement son rôle opérationnel. Il n'est pas besoin de rappeler toutes les missions réalisées ces derniers mois, de l'Afghanistan à l'Afrique, en passant évidemment par les Balkans. Et nombre de ces missions sont encore aujourd'hui loin d'être achevées.
Malgré cet engagement extérieur particulièrement exigeant, votre armée a toujours eu à cur de s'engager résolument sur le territoire national pour renforcer la sécurité générale ou intervenir dans des situations d'urgence. Ces derniers mois, cette solidarité s'est manifestée à plusieurs reprises au cours, donc, des périodes récentes. Il suffit de se remémorer l'engagement des moyens militaires aux côtés des acteurs de la Sécurité civile lors des inondations au mois de septembre 2002 ou, plus récemment, les renforts engagés pour lutter dans les dramatiques feux de forêt dans le Var et en Corse. Votre efficacité et votre dévouement au service de nos concitoyens, dans la détresse, sont toujours unanimement appréciés, et je dois vous dire que, dans ces circonstances particulièrement douloureuses - et je pense à ces incendies de forêt que nous avons connu tout l'été -, votre action est fortement appréciée auprès de la population, mais par toute la Nation. Et je tiens à vous en exprimer publiquement la gratitude nationale.
Mais au-delà de cette action remarquée en situation de crise au profit de la collectivité nationale je dois aussi saluer vos initiatives dans un grand nombre de domaines, notamment - je pense à Vigipirate ou d'autres initiatives - qui vous permettent d'être en permanence au contact de la Nation. En effet, les relations entre la Nation et son armée sont importantes et nous devons toujours veiller à ce que ces relations soient renforcées. Vous êtes présents dans nos nombreuses villes moyennes de France, à Mourmelon et ailleurs, et les régiments professionnels de l'Armée de terre entretiennent des relations fortes avec leur environnement local. C'est, je crois, très important d'avoir cette relation dans les communes, dans les cantons, dans les départements et les régions, pour faire en sorte que le contact entre l'armée et la Nation soit humain, sur le terrain, concret et quotidien. Et c'est important pour tous les territoires de notre pays, que d'avoir ces implantations militaires par la jeunesse et le dynamisme, par la moyenne d'âge des régiments. Il y a là une capacité humaine exceptionnelle, non seulement pour la vie économique, non seulement pour les aspects matériels, mais aussi pour la vie culturelle, pour la vie sociale, pour la vie sportive, pour l'ensemble de l'animation associative, pour tout ce qui concerne le vivre ensemble dans un territoire.
Et la commune de Mourmelon est un bon exemple. Ici au cur de la Champagne, où l'armée est le premier employeur, un partenariat renforcé est instauré entre le mourmelonnais et entre les civils et les militaires.
Il s'est traduit par la signature, entre la municipalité et les autorités militaires, d'une convention dont le caractère novateur lui a valu un prix exceptionnel en 2002, Territoria. J'ai bien compris Monsieur le maire qu'il fallait encore faire plus, que vous étiez encore davantage demandeur d'expérimentation nouvelle. Je vois en cela que vous êtes un bon élu : ce qui est acquis est acquis, maintenant parlons du reste. Et donc c'est, je crois, important, en effet de pouvoir accompagner ce développement de l'armée dans nos territoires, au cur de la Nation, et c'est pour cela qu'aussi bien sur les équipements sportifs que sur tout ce qui touche le cadre de vie, tout ce qui touche la vie familiale dans les villes est un sujet qui, évidemment, est important pour les communes.
Mais pour l'ensemble de notre territoire, l'Armée de terre reste un partenaire clé dans bien des domaines, y compris dans celui de l'emploi, en offrant en général près de 20 000 postes chaque année, ce qui est un élément important de la mobilisation du pays pour l'emploi. L'armée joue aussi un rôle très important avec la jeunesse, et je crois que tout ce qui peut, aujourd'hui, renforcer l'effort de formation est un élément très important, et c'est pour cela que c'est une des rares institutions de la République qui offre une deuxième chance à plus de 3000 à 4000 jeunes chaque année qui ont connu l'échec scolaire et qui peuvent ainsi trouver dans l'armée une deuxième possibilité de réussite.
Je crois aussi qu'il faut souligner l'importance de l'activité des réservistes, et de tous ceux qui vivent avec nos armées dans les territoires où elles sont implantées. Vous avez déjà beaucoup fait les uns et les autres pour intégrer cette réserve opérationnelle dans vos régiments, cette réserve dont je viens de parler et qui est un élément important de nos forces armées. Mais il faut améliorer encore le dispositif en adaptant la loi de 1999 dans bien des domaines comme l'augmentation du nombre de jours d'activité ou le relèvement de la limite d'âge des militaires du rang réservistes. L'Armée de terre pourra alors disposer d'une ressource complémentaire de qualité, capable de renforcer, en opération extérieure, mais aussi sur le territoire national, nos efforts. L'Armée de terre m'a montré au cours des présentations de cet après-midi la qualité de son entraînement, les nombreuses capacités qu'elle pouvait mettre à la disposition du Gouvernement et de la politique voulue par le chef de l'Etat. Je tiens à féliciter l'état major et les unités qui ont préparé avec minutie cette démonstration et les ont fait parfaitement exécuter, et je redis aux hommes et aux femmes de l'Armée de terre toute ma confiance pour défendre la paix et pour participer au rayonnement de la France sur tous les continents.
Nous vivons dans un monde dangereux. Le terrorisme, la prolifération sont des adversaires permanents qui, à chaque instant, peuvent frapper. Nous devons donc avoir une vigilance de tous les instants. Je remercie l'ensemble de ceux qui consacrent leur engagement à cette mission essentielle au service de la France. Dans ce monde incertain, la France tient une place importante. Elle appelle à la raison l'ensemble des partenaires ; elle appelle toujours au dialogue politique pour que l'on puisse trouver des solutions politiques aux conflits régionaux qui se sont multipliés dans le monde. Nous sommes toujours des acteurs de paix ; nous voulons vraiment que règne sur cette planète un droit international dont l'ONU est le lieu central, dont l'ONU est le lieu où est la source du droit. C'est ce que nous voulons, et nous savons que c'est avec cette force-là d'une ONU qui peut dire le droit, avec une Europe qui sait mieux coordonner ses efforts de Défense que nous aurons le monde équilibré auquel nous sommes attachés. C'est cela, l'ambition de la France. Nous ne mobilisons pas des moyens simplement pour la gloire de la seule France, nous mobilisons des moyens pour l'équilibre du monde et, au fond, c'est peut-être cela qui est le plus fort dans notre démarche. C'est peut-être cela qui parle le plus au cur des Français, de se dire que ce drapeau bleu, blanc, rouge, c'est certes notre fierté. Mais pour le monde entier, cela doit être parce que ce pays est prêt à participer à des actions militaires, ce pays est prêt en toutes circonstances à militer pour la paix. Vive la République ! Vivent nos armées et vive la France !
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 15 octobre 2003)