Déclarations de M. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie, en réponse à des questions d'actualité sur les conséquences du conflit irakien et l'urgence d'une aide humanitaire à l'Irak, à l'Assemblée nationale le 1er avril 2003.

Prononcé le 1er avril 2003

Intervenant(s) : 

Texte intégral

(Réponse à une question d'actualité sur l'Irak à l'Assemblée nationale à Paris, le 1er avril 2003) :
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Député,
La France, dans la crise irakienne a fait le choix de la responsabilité. Face au régime cruel et dictatorial de Saddam Hussein, la France s'est située, résolument, avec une très large majorité de la communauté internationale, du côté du droit, du côté de la paix et en faveur d'un désarmement pacifique de l'Irak. Dans la guerre, cette exigence de responsabilité conduit naturellement la France à se situer du côté de ses alliés, du côté des démocraties. Nous souhaitons donc que les opérations militaires soient les plus brèves et les moins meurtrières possibles. De même, nous avons demandé aux pays de la région de s'abstenir de toute initiative qui pourrait aggraver la situation. Cette responsabilité, nous devons l'exercer aussi vis-à-vis de nous-mêmes.
Comme l'a souligné le Premier ministre, les Français ne doivent pas se tromper d'adversaires. Soyons intransigeants pour la défense de nos valeurs, contre tous les amalgames, toutes les formes de racisme, toutes les formes d'antisémitisme, de haine ou d'intolérance. La France veut aussi faire le choix de l'unité. Face aux menaces du monde, - le terrorisme, la prolifération, le crime organisé -, la communauté internationale doit se mobiliser et affirmer son unité. Le risque de fracture, vous l'avez dit, le risque de division, le risque d'un choc de cultures, de sociétés et de religions constitue bien le grand risque actuel.
Au niveau de l'Europe, il faut surmonter les divisions nées de la crise irakienne. L'Union européenne doit devenir l'un des grands pôles de décisions et d'actions du monde multipolaire. Il faut se donner les moyens institutionnels et financiers d'une véritable politique étrangère et d'une véritable politique de défense commune. Au niveau des relations transatlantiques, puisque ce lien reste et restera une donnée majeure de notre action extérieure, c'est une Union européenne plus sûre d'elle-même qui permettra de jeter les bases d'un nouveau partenariat rénové et équilibré avec les Etats-Unis au niveau des Nations unies qui doivent garder un rôle central dans le règlement de la crise irakienne mais aussi dans la reconstruction d'un système international et dans la reconstruction de l'Irak fondée sur le droit, fondée sur la morale et donc sur la légitimité. Comme ils l'ont souligné lors d'un récent sommet à Bruxelles, les membres de l'Union sont déterminés à mettre les Nations unies au cur de leur action et les prochaines échéances devront être utilisées à cette fin
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 avril 2003)
(Réponse à une question d'actualité sur l'aide humanitaire à l'Irak à l'Assemblée nationale à Paris, le 1er avril 2003) :
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Députés,
Monsieur le Député,
Vous l'avez dit, derrière les affres de la guerre, il y a une urgence humanitaire. Nous sommes mobilisés et la résolution 1472 du Conseil de sécurité proposée par l'Allemagne avec notre co-parrainage rappelle aux parties concernées leurs obligations en matière de droit international humanitaire. Elle appelle également la communauté internationale à fournir une assistance humanitaire immédiate à la population irakienne. Que constate-t-on sur le terrain ? Moins de réfugiés que prévu car il est difficile de sortir des villes et du pays, plutôt un risque de déplacement de populations à l'intérieur du pays, le maintien des populations civiles dans les villes avec des conditions d'approvisionnement qui s'aggravent.
Pour répondre en urgence à la situation immédiate, le gouvernement français a d'ores et déjà décidé de débloquer une première enveloppe de 10 millions d'euros. Celle-ci est destinée à financer les opérations déjà bouclées des ONG, des Agences onusiennes ainsi que du Comité International de la Croix Rouge. En fonction de l'évolution de la situation, nous examinons les moyens d'ouvrir des crédits supplémentaires. Dans le cadre de l'Union européenne, parallèlement, nous appuyons la mobilisation, au-delà des 21 millions d'euros déjà prévus par le bureau humanitaire européen ECHO, 79 millions d'euros de la réserve d'urgence.
Reste, vous l'avez dit, le problème de l'acheminement, de l'arrivée de cette aide vers les populations concernées. C'est un problème difficile, nous l'avons vécu tout au long de ces années dans les différentes crises. C'est une nécessité soulignée et rappelée par la résolution 1472, nous y travaillons avec les organisations concernées. Il y a la possibilité de trêve, vous l'avez évoquée, il y a aussi la possibilité de couloirs humanitaires. Tout ceci suppose au préalable l'accord des belligérants. C'est une question à laquelle nous allons nous atteler au cours des prochains jours, des prochaines semaines avec les Nations unies qui sont, nous le rappelons, la seule organisation légitime capable de concourir et d'apporter sur le terrain une aide efficace.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 avril 2003)