Déclaration de M. Pierre-André Wiltzer, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur les relations franco-israéliennes et la cooperation entre les deux pays, à Paris le 16 juin 2003.

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Circonstance : Forum franco-israélien des villes jumelées et de la coopération décentralisée, à Paris le 16 juin 2003

Texte intégral

Monsieur le Président du Forum franco-israélien,
Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Médiateur,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les Maires,
C'est avec plaisir que j'ai accepté votre invitation à l'inauguration des travaux de ce premier Forum franco-israélien des villes jumelées et de la coopération décentralisée animé par Paul Amar et je souhaite à nos amis israéliens la bienvenue à Paris.
L'initiative de ces rencontres, que nous devons au travail opiniâtre de M. Joël Mergui, coïncide d'une façon particulièrement heureuse avec l'entreprise de relance des relations bilatérales franco-israéliennes que nos deux gouvernements ont décidée il y a près d'un an, lors de la visite en Israël de M. de Villepin.
Je sais que votre ambition est vaste et qu'elle va bien au-delà de ce premier colloque, car la richesse des liens entre nos deux pays dépasse de très loin le simple registre des relations entre Etats. La relation entre la France et Israël s'inscrit au cur de nos histoires respectives, au cur des identités de nos deux sociétés. Il suffit, par exemple, de se souvenir de la rencontre de la Haskala juive et du siècle des Lumières pour s'en convaincre. Et l'histoire contemporaine, dans ses moments les plus tragiques, a forgé des relations profondes entre nos deux peuples que rien ni personne ne saurait remettre en cause.
Aujourd'hui, à nouveau, le Proche-Orient est frappé par les soubresauts de la violence, de la haine et de l'intolérance. Près de cinquante Israéliens et Palestiniens ont trouvé la mort dans la semaine écoulée. L'attentat de Jérusalem nous a tous profondément choqués, car on ne s'habitue pas à de telles tragédies. Je veux vous dire ici la sympathie du peuple français face au fléau du terrorisme auquel le peuple israélien est confronté.
Plus que jamais, il faut souhaiter que la paix s'instaure, seul gage d'une vraie sécurité pour Israël. Tous, nous partageons l'espoir que les engagements pris à Aqaba, c'est-à-dire une mise en oeuvre rapide de "la feuille de route", proposée par la communauté internationale permettent d'y parvenir. La France, vous le savez, est disponible pour accompagner ce processus en vue de parvenir à une paix juste et équitable.
C'est dans l'adversité que l'on doit pouvoir compter sur ses amis, et je ne vois pas de liens plus forts, plus vrais et plus significatifs que ceux qui permettent d'unir deux sociétés et deux peuples, par-delà les relations officielles, à travers le très riche réseau que constitue la coopération entre villes et collectivités locales françaises et israéliennes. Votre volonté commune de développer ces liens dans tous les domaines s'inscrit directement dans la politique de relance, que j'évoquais à l'instant, de nos relations bilatérales.
Je note d'ailleurs que la tenue de ce Forum figure en bonne place parmi les éléments retenus le 26 mai par le Groupe de Haut niveau mis en place en juillet 2002 par nos deux ministères des Affaires étrangères.
Chacun connaît l'utilité et la portée des relations qui s'établissent à travers la coopération décentralisée. La pratiquant quotidiennement, vous le savez mieux que personne. Notre ministère des Affaires étrangères, nos ambassades respectives n'ont jamais mesuré leur appui, qu'il s'agisse d'aider à la conclusion de nouveaux projets ou de soutenir la création de nouveaux jumelages. Je n'oublie pas pour ma part que Tel Aviv, première ville israélienne jumelée avec une ville française, a ouvert la voie à plus d'une cinquantaine de réalisations de ce genre.
J'entends bien que cette action se poursuive et j'espère à cet égard que les deuxièmes rencontres de votre Forum verront vous rejoindre d'autres villes israéliennes.
Si votre action est si importante à mes yeux, c'est que, par sa valeur en termes de rapprochement, de connaissance mutuelle et de projets concrets, elle représente un apport inestimable aux relations qui unissent nos deux pays. La coopération n'est pas seulement affaire de services administratifs et d'opérations médiatiques ou spectaculaires mais temporaires : elle est avant tout un lien tissé de jour en jour, un effort permanent pour confronter et rapprocher les points de vue, et pour approfondir la connaissance de l'autre. Elle est une expression privilégiée de la relation forte qui lie la France à l'Etat d'Israël depuis la création de celui-ci. S'agissant d'une histoire commune aussi riche, complexe et parfois mouvementée que la nôtre, la coopération décentralisée prend un relief tout particulier.
Par son caractère concret et direct, elle est un outil irremplaçable pour ancrer notre relation bilatérale dans le quotidien, l'enraciner et lutter contre les risques de malentendus ou les préjugés réciproques.
Elle apporte une densité humaine supplémentaire aux relations très riches qui existent déjà dans bien des domaines entre nos deux pays, qu'il s'agisse par exemple des universités et des établissements de recherche, des hôpitaux et de la médecine, et bien sûr de la culture.
Le ministre chargé également de la Francophonie que je suis, ne saurait oublier, à cet égard, l'importance que revêt l'usage du français et l'attrait pour la culture française en Israël, ainsi que l'importance du nombre des francophones en Israël.
Comme l'a déclaré le président de la République, M. Jacques Chirac, en octobre 1996 à Tel Aviv, et comme l'a rappelé Dominique de Villepin au cours de sa récente visite à Jérusalem, la France souhaite qu'Israël puisse rejoindre l'Organisation internationale de la Francophonie dès que possible.

Il y a, dans tous les domaines que j'ai mentionnés, d'importantes marges de progression à mettre à profit et le gouvernement français, je vous le confirme, y est tout disposé. En matière de coopération décentralisée, nous attendons de vos travaux des propositions et des projets qui seront, je n'en doute pas, à la hauteur de la qualité de la relation franco-israélienne et des attentes de nos concitoyens.
Bon travail à tous !
Je vous remercie
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 juillet 2003)