Texte intégral
R. Elkrief-. Le centenaire du Tour, le Tour 2003 commence ce soir ; on présente les équipes à Paris. Prologue demain, première étape dimanche à Meaux. Comment s'annonce ce cru 2003 ?
- "Cela être un très beau cru. Ce Tour de France, c'est finalement notre patrimoine, c'est quelque chose dont nous sommes tous fiers, qui dépasse même d'ailleurs les frontières de notre pays. Et je crois que cela va être un beau Tour. D'ailleurs, on le sent. J'étais hier avec un certain nombre de membres des équipes ; eux-mêmes, d'ailleurs, sont fiers de participer à ce Tour, et j'en ai parlé à B. Hinault, qui m'a dit : bon sang, j'aurais bien aimé parcourir les routes de France cette année !"
Il y a 198 coureurs. L. Amstrong est super favori, il a déjà quatre victoires, on attend peut-être la cinquième. On va peut-être s'ennuyer, non ?
- "Non, je ne pense pas parce qu'il y a quand même une bonne opposition, qui est peut-être cette fois-ci structurée, avec Simoni par exemple, l'Italien, qui, on le voit, commence un petit peu à monter. Hamilton également, l'Américain, qui commence à faire aussi de bons résultats... Moreau, le Français..."
Les Français, il n'y en a pas beaucoup, franchement. On parle des autres, mais il n'y a pas beaucoup de Français...
- "Bien sûr. Je crois qu'on a de bonnes équipes qui commencent un petit peu à constituer là aussi une belle opposition. Je pense que Moreau est en forme. Il va falloir le voir. On a Virenque aussi qui, je le sais, dans les épreuves de montagne, va tenter des coups. Donc il faut les suivre et il faut les encourager. Mais vous savez, le Tour de France, c'est peut-être la seule compétition sportive où les spectateurs encouragent tout le monde ! Certes, un peu plus ceux pour qui ils ont une affection particulière, mais on encourage tous les coureurs, et je crois que c'est la spécificité de cette événement."
Vous, quand même, comme Français, quels souvenirs avez-vous ? Parce que c'est le centenaire, et on a tous des images du Tour de France...
- "J'en ai plusieurs. J'ai un regard, c'est celui de Hinault, le patron, le patron du peloton qui emmène le peloton sur des étapes de montagne, qui finalement décide de ceux qui doivent partir ou non en échappée. J'ai encore ce souvenir de cette détermination, de cette volonté, à la fois d'être le patron et de gagner le Tour. Cela m'a beaucoup marqué quand j'étais plus jeune. J'ai deux images aussi : celle d'un Jalabert qui a été un grand champion, à la fois comme homme - c'est un homme d'exception - et puis comme coureur. Et puis une étape que j'ai suivie l'année dernière, qui était celle du Ventoux, où Amstrong remonte sur Virenque, Virenque résiste et arrive seul au sommet du Ventoux. Je crois que ce sont des moments extraordinaires que le sport peut nous offrir."
Cette année, il y a une particularité, il n'y a pas seulement 22 équipes ; il y en a une 23ème, composée de jeunes cyclistes européens. C'est l'Europe par le sport ?
"Oui, ces jeunes qui viennent des 25 pays, dont les dix nouveaux pays européens, vont parader. Ils ne vont pas bien sûr faire le Tour, mais ils vont parader ce soir, devant l'équipe du maillot jaune, ce qui va être pour eux un grand moment. Avec V. Reding la commissaire européenne, et avec J.-M. Leblanc, le patron du Tour, nous avons décidé, il y a un an, au départ du Tour au Luxembourg l'année dernière, de constituer cette équipe, si on peut dire, et de la faire parader. Je crois que c'est un signe fort. Cela démontre que ce Tour de France, c'est notre patrimoine, mais c'est aussi un des facteurs de la construction de l'Europe, puisque vous le savez, le Tour parcourt un certain nombre d'autres pays, qui sont limitrophes de la France, et c'est un signe fort, un peu le symbole de cette construction européenne."
C'est le bon côté du Tour, ce sont les bons moments, les moments populaires, de joie, de fête. Mais il y a aussi des moments un peu plus sombres. Le dopage : où est-ce qu'on en est cette année ?
- "Cette année, nous ferons... Quand je dis "nous", c'est l'Union Cycliste Internationale, la société du Tour, l'Agence Mondiale Anti-dopage, qui ont déterminé des procédures de mise en place des contrôles, 148 contrôles, à peu près 90 liés à l'EPO sur ces contrôles ; on augmente d'ailleurs le nombre de contrôles par rapport à l'année dernière. Il y a une chose qui est très importante dans ce domaine, et l'affaire Rumsas est peut-être un exemple. De toute façon, on sera efficaces quand on sera coordonnés au niveau européen et au niveau mondial."
Il a été contrôlé positif dans le Giro, au Tour d'Italie...
- "Souvenez-vous de cette affaire des produits dopants dans la malle de la voiture de son épouse. En gros, il avait échappé aux mailles du filet. Là, il s'est fait attraper au Giro. Cela démontre bien que si on est coordonné au niveau européen, on a les moyens d'être efficaces. Moi, je ne suis pas de ceux qui estiment que c'est : tous dopés, il n'y a rien à faire et il faut laisser courir. Je pense que si nous sommes efficaces... Nous avons la volonté politique mais également les moyens. Il faut savoir quand même que l'Etat français met 12 millions d'euros par an dans la lutte anti-dopage. Quand il y aura la même volonté politique, partout, sur le continent européen, mais également dans le monde, avec l'agence mondiale antidopage, je pense que nous avons les moyens d'être efficaces. Je n'ai pas dit que c'était gagné, bien évidemment ! C'est une lutte de tous les instants, cela prendra du temps, mais je crois qu'il faut continuer sur cette voie."
On parle aussi, et c'est au ministre du Sport évidemment que je m'adresse précisément là, et pas seulement à l'amoureux des sports et au champion olympique, mais au politique. On parle beaucoup quand même de ces piscines réservées aux femmes, des clubs sportifs éventuellement dans lesquels il y a moins de jeunes filles. Qu'est-ce qui se passe ? qu'est-ce qu'on peut faire ? Est-ce que vous êtes inquiet ?
- "Il y a deux volets. Vous avez les créneaux dans les piscines réservées aux femmes musulmanes, où d'ailleurs même le personnel des piscines est exclusivement féminin. Je crois que c'est avant tout un échec de notre modèle d'intégration. Et pour tout vous dire, je compte beaucoup sur la commission Stasi mise en place par le président de la République pour nous donner quelques réponses à un sujet qui est très complexe. Mais moi qui, dès mon arrivée au ministère, a mis en avant les valeurs éducatives et sociales du sport, c'est-à-dire aller vers l'autre, le respect des règles, des règles communes, le dialogue au travers des échanges entre les clubs, je suis effectivement assez inquiet. Et surtout inquiet d'un autre phénomène qui est celui, assez diffus pour l'instant - je n'ai pas de chiffre exact, mais ça fait plusieurs fois que des présidents de clubs me font part de ce phénomène -, c'est la désaffection des jeunes filles des quartiers, entre 12 et 18 ans, des clubs sportifs. En résumé, c'est un peu l'imposition d'une règle religieuse qui les ferait partir des clubs sportifs, et surtout finalement de cette capacité à s'engager dans des compétitions, parce que le sport, bien sûr, c'est la pratique, mais c'est aussi l'échange au travers de la compétition."
On sort de son milieu, on rencontre d'autre gens, on se transforme...
- "Bien sûr. Les clubs communautaires, ils ont existé. On se souvient des clubs portugais par exemple. Mais ces clubs, ils allaient pratiquer la compétition, ils allaient vers les autres pour pratiquer la compétition, mais c'est un phénomène qui est assez diffus. Honnêtement, je n'ai pas de chiffres aujourd'hui à vous fournir."
Qu'est-ce que vous pouvez faire ? Vous avez prévu quelque chose ?
- "Deux choses : dès la rentrée, j'ai mis en place - et je vais financer cette étude par les fonds du ministère des Sports - un groupe d'universitaires qui vont essayer de décortiquer ce phénomène dans les quartiers où ça se passe, pour me dire exactement, à la fois en qualité et en quantité, ce qui est en train de se passer. Deuxièmement, avec J.-L. Borloo, le ministre de la Ville, nous mettons en place dix sites expérimentaux, dans dix quartiers, partout en France, qui vont déterminer une politique territoriale en matière de pratique sportive et, bien sûr, on va intégrer ce phénomène de désaffection dans notre réflexion et dans la mise en place de ces groupes."
C'est pour la rentrée en septembre...
- "Oui, parce que les clubs sportifs, pendant la période des vacances, ne fonctionnent pas."
En attendant, l'été va être chaud. On a tout de suite Wimbledon, on en parlait il y a un instant...
- "Oui, on a une actualité chaude, avec un S. Grosjean qui nous a fait un quart de finale sensationnel, entrecoupé par la pluie. Je crois qu'il faut avoir un mental d'acier. Il rencontre Philippoussis [...] dans quelques heures. On va le suivre avec beaucoup d'attention et on croise les doigts. Mais il est en super forme Sébastien !"
(Source : http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 4 juillet 2003)
- "Cela être un très beau cru. Ce Tour de France, c'est finalement notre patrimoine, c'est quelque chose dont nous sommes tous fiers, qui dépasse même d'ailleurs les frontières de notre pays. Et je crois que cela va être un beau Tour. D'ailleurs, on le sent. J'étais hier avec un certain nombre de membres des équipes ; eux-mêmes, d'ailleurs, sont fiers de participer à ce Tour, et j'en ai parlé à B. Hinault, qui m'a dit : bon sang, j'aurais bien aimé parcourir les routes de France cette année !"
Il y a 198 coureurs. L. Amstrong est super favori, il a déjà quatre victoires, on attend peut-être la cinquième. On va peut-être s'ennuyer, non ?
- "Non, je ne pense pas parce qu'il y a quand même une bonne opposition, qui est peut-être cette fois-ci structurée, avec Simoni par exemple, l'Italien, qui, on le voit, commence un petit peu à monter. Hamilton également, l'Américain, qui commence à faire aussi de bons résultats... Moreau, le Français..."
Les Français, il n'y en a pas beaucoup, franchement. On parle des autres, mais il n'y a pas beaucoup de Français...
- "Bien sûr. Je crois qu'on a de bonnes équipes qui commencent un petit peu à constituer là aussi une belle opposition. Je pense que Moreau est en forme. Il va falloir le voir. On a Virenque aussi qui, je le sais, dans les épreuves de montagne, va tenter des coups. Donc il faut les suivre et il faut les encourager. Mais vous savez, le Tour de France, c'est peut-être la seule compétition sportive où les spectateurs encouragent tout le monde ! Certes, un peu plus ceux pour qui ils ont une affection particulière, mais on encourage tous les coureurs, et je crois que c'est la spécificité de cette événement."
Vous, quand même, comme Français, quels souvenirs avez-vous ? Parce que c'est le centenaire, et on a tous des images du Tour de France...
- "J'en ai plusieurs. J'ai un regard, c'est celui de Hinault, le patron, le patron du peloton qui emmène le peloton sur des étapes de montagne, qui finalement décide de ceux qui doivent partir ou non en échappée. J'ai encore ce souvenir de cette détermination, de cette volonté, à la fois d'être le patron et de gagner le Tour. Cela m'a beaucoup marqué quand j'étais plus jeune. J'ai deux images aussi : celle d'un Jalabert qui a été un grand champion, à la fois comme homme - c'est un homme d'exception - et puis comme coureur. Et puis une étape que j'ai suivie l'année dernière, qui était celle du Ventoux, où Amstrong remonte sur Virenque, Virenque résiste et arrive seul au sommet du Ventoux. Je crois que ce sont des moments extraordinaires que le sport peut nous offrir."
Cette année, il y a une particularité, il n'y a pas seulement 22 équipes ; il y en a une 23ème, composée de jeunes cyclistes européens. C'est l'Europe par le sport ?
"Oui, ces jeunes qui viennent des 25 pays, dont les dix nouveaux pays européens, vont parader. Ils ne vont pas bien sûr faire le Tour, mais ils vont parader ce soir, devant l'équipe du maillot jaune, ce qui va être pour eux un grand moment. Avec V. Reding la commissaire européenne, et avec J.-M. Leblanc, le patron du Tour, nous avons décidé, il y a un an, au départ du Tour au Luxembourg l'année dernière, de constituer cette équipe, si on peut dire, et de la faire parader. Je crois que c'est un signe fort. Cela démontre que ce Tour de France, c'est notre patrimoine, mais c'est aussi un des facteurs de la construction de l'Europe, puisque vous le savez, le Tour parcourt un certain nombre d'autres pays, qui sont limitrophes de la France, et c'est un signe fort, un peu le symbole de cette construction européenne."
C'est le bon côté du Tour, ce sont les bons moments, les moments populaires, de joie, de fête. Mais il y a aussi des moments un peu plus sombres. Le dopage : où est-ce qu'on en est cette année ?
- "Cette année, nous ferons... Quand je dis "nous", c'est l'Union Cycliste Internationale, la société du Tour, l'Agence Mondiale Anti-dopage, qui ont déterminé des procédures de mise en place des contrôles, 148 contrôles, à peu près 90 liés à l'EPO sur ces contrôles ; on augmente d'ailleurs le nombre de contrôles par rapport à l'année dernière. Il y a une chose qui est très importante dans ce domaine, et l'affaire Rumsas est peut-être un exemple. De toute façon, on sera efficaces quand on sera coordonnés au niveau européen et au niveau mondial."
Il a été contrôlé positif dans le Giro, au Tour d'Italie...
- "Souvenez-vous de cette affaire des produits dopants dans la malle de la voiture de son épouse. En gros, il avait échappé aux mailles du filet. Là, il s'est fait attraper au Giro. Cela démontre bien que si on est coordonné au niveau européen, on a les moyens d'être efficaces. Moi, je ne suis pas de ceux qui estiment que c'est : tous dopés, il n'y a rien à faire et il faut laisser courir. Je pense que si nous sommes efficaces... Nous avons la volonté politique mais également les moyens. Il faut savoir quand même que l'Etat français met 12 millions d'euros par an dans la lutte anti-dopage. Quand il y aura la même volonté politique, partout, sur le continent européen, mais également dans le monde, avec l'agence mondiale antidopage, je pense que nous avons les moyens d'être efficaces. Je n'ai pas dit que c'était gagné, bien évidemment ! C'est une lutte de tous les instants, cela prendra du temps, mais je crois qu'il faut continuer sur cette voie."
On parle aussi, et c'est au ministre du Sport évidemment que je m'adresse précisément là, et pas seulement à l'amoureux des sports et au champion olympique, mais au politique. On parle beaucoup quand même de ces piscines réservées aux femmes, des clubs sportifs éventuellement dans lesquels il y a moins de jeunes filles. Qu'est-ce qui se passe ? qu'est-ce qu'on peut faire ? Est-ce que vous êtes inquiet ?
- "Il y a deux volets. Vous avez les créneaux dans les piscines réservées aux femmes musulmanes, où d'ailleurs même le personnel des piscines est exclusivement féminin. Je crois que c'est avant tout un échec de notre modèle d'intégration. Et pour tout vous dire, je compte beaucoup sur la commission Stasi mise en place par le président de la République pour nous donner quelques réponses à un sujet qui est très complexe. Mais moi qui, dès mon arrivée au ministère, a mis en avant les valeurs éducatives et sociales du sport, c'est-à-dire aller vers l'autre, le respect des règles, des règles communes, le dialogue au travers des échanges entre les clubs, je suis effectivement assez inquiet. Et surtout inquiet d'un autre phénomène qui est celui, assez diffus pour l'instant - je n'ai pas de chiffre exact, mais ça fait plusieurs fois que des présidents de clubs me font part de ce phénomène -, c'est la désaffection des jeunes filles des quartiers, entre 12 et 18 ans, des clubs sportifs. En résumé, c'est un peu l'imposition d'une règle religieuse qui les ferait partir des clubs sportifs, et surtout finalement de cette capacité à s'engager dans des compétitions, parce que le sport, bien sûr, c'est la pratique, mais c'est aussi l'échange au travers de la compétition."
On sort de son milieu, on rencontre d'autre gens, on se transforme...
- "Bien sûr. Les clubs communautaires, ils ont existé. On se souvient des clubs portugais par exemple. Mais ces clubs, ils allaient pratiquer la compétition, ils allaient vers les autres pour pratiquer la compétition, mais c'est un phénomène qui est assez diffus. Honnêtement, je n'ai pas de chiffres aujourd'hui à vous fournir."
Qu'est-ce que vous pouvez faire ? Vous avez prévu quelque chose ?
- "Deux choses : dès la rentrée, j'ai mis en place - et je vais financer cette étude par les fonds du ministère des Sports - un groupe d'universitaires qui vont essayer de décortiquer ce phénomène dans les quartiers où ça se passe, pour me dire exactement, à la fois en qualité et en quantité, ce qui est en train de se passer. Deuxièmement, avec J.-L. Borloo, le ministre de la Ville, nous mettons en place dix sites expérimentaux, dans dix quartiers, partout en France, qui vont déterminer une politique territoriale en matière de pratique sportive et, bien sûr, on va intégrer ce phénomène de désaffection dans notre réflexion et dans la mise en place de ces groupes."
C'est pour la rentrée en septembre...
- "Oui, parce que les clubs sportifs, pendant la période des vacances, ne fonctionnent pas."
En attendant, l'été va être chaud. On a tout de suite Wimbledon, on en parlait il y a un instant...
- "Oui, on a une actualité chaude, avec un S. Grosjean qui nous a fait un quart de finale sensationnel, entrecoupé par la pluie. Je crois qu'il faut avoir un mental d'acier. Il rencontre Philippoussis [...] dans quelques heures. On va le suivre avec beaucoup d'attention et on croise les doigts. Mais il est en super forme Sébastien !"
(Source : http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 4 juillet 2003)