Texte intégral
Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Monsieur le Président du Groupe sénatorial d'amitié France-Pologne, mon cher Philippe Marini,
Mesdames et Messieurs,
C'est avec un grand plaisir que j'ai accepté d'accorder mon patronage au colloque que vous tenez aujourd'hui dans les Salons de la Présidence du Sénat.
Je suis heureux d'être parmi vous pour introduire un sujet qui me tient à coeur, l'ouverture de l'Union européenne vers les pays de l'Europe centrale et plus particulièrement la Pologne.
La vocation européenne de la Pologne est une évidence pour nous Français, et spécialement pour nous Sénateurs français. En effet, que serait l'Europe sans la Pologne qui sut, avant toutes les autres Nations, ouvrir les chemins de la démocratie dans l'ancien bloc de l'Est ?
La Pologne n'est pas un espace géographique défini par la nature, mais une nation, créée par une histoire millénaire et glorieuse.
Forte de sa situation en Europe centre-orientale à 1300 kilomètres de Paris, elle s'est toujours tournée vers l'ouest, vers l'Europe occidentale et sa culture : le visiteur venu de France peut, d'ailleurs, y retrouver dans les monuments les styles auxquels il est habitué dans son pays.
L'Europe, ce n'est pas seulement un " grand marché " ou un ensemble d'institutions, c'est avant tout une communauté de valeurs, d'espérance et de destin. La Pologne, notre soeur de l'Est selon le mot du Président Chirac, partage nos valeurs, notre espérance et notre destin.
La France a toujours su -elle l'a exprimé avec éclat par la voix du Général de Gaulle- que l'Europe ne serait elle-même que le jour où elle serait toute entière rassemblée ; en effet, notre pays a toujours été déterminé à permettre à notre continent de construire la paix dans la liberté d'unir nos économies et de rapprocher nos cultures.
L'appartenance de la Pologne à l'Europe doit continuer à se concrétiser. Bien sûr, l'adhésion, que nous soutenons sans réserve, est une étape essentielle mais elle ne saurait suffir, parallèlement, il faut renforcer encore nos liens de Nation à Nation, de peuple à peuple.
Certes, les relations économiques entre nos deux pays sont importantes, mais c'est aussi de l'Europe du coeur dont je veux me faire le chantre.
Vous allez aborder aujourd'hui le thème de l'agriculture polonaise face au défi européen - cette question est primordiale.
En effet, le paysan a toujours constitué l'élément de base de la société polonaise, comme l'a magnifiquement montré James Michener dans son roman historique " Pologne ". Même s'il n'est plus majoritaire aujourd'hui, nous devons nous rappeler que le monde agricole occupe encore 27 % des actifs et que l'ensemble des ruraux représentent près de 40 % de la population totale.
Je sais que la question agricole est l'une des plus difficiles à régler parmi celles qui se posent à l'orée de son adhésion à l'Union Européenne. En effet, l'agriculture polonaise présente des atouts de taille par rapport à celle des autres pays de l'ancien bloc de l'Est. Tout d'abord, elle n'a été que peu collectivisée : la propriété privée de la terre a survécu à 40 années d'économie planifiée. Aujourd'hui encore, les fermes familiales remplissent un rôle d'amortisseur social en permettant la reconversion de nombreux ouvriers " retournés à la terre ".
Autre atout de l'agriculture polonaise : celui du secteur agro-alimentaire. Grâce à des transformations rapides et profondes, la grande crise appartient au passé avec 10 % de taux de croissance annuelle, le niveau de la production de 1989 est dépassé. Cette croissance s'est traduite en terme tout à la fois quantitatif et qualitatif. La Pologne a su dynamiser ses échanges avec le marché mondial de l'agro-alimentaire en multipliant par trois, dans les années 1990, les importations et les exportations.
Le défi auquel font face les négociateurs de l'adhésion de la Pologne est de réussir l'intégration de son agriculture puissante et performante. La France va vous y aider.
J'ai lu récemment dans un journal que l'entrée dans l'Union européenne suscitait bon nombre d'inquiétudes chez les agriculteurs traditionnels ; seuls, selon un sondage, 25 % d'entre eux se disaient favorables à cette entrée. Je vous le dis solennellement, n'ayez pas peur : il est évident qu'une dynamique ne pourra être créée que par l'extension à la Pologne de la politique agricole commune. L'ensemble des pays d'Europe de l'Ouest, et plus particulièrement nous Français connaissons bien l'importance des problèmes agricoles. Nous sommes prêts à contribuer au coût de l'élargissement afin qu'il ne soit pas supporté, par les seuls agriculteurs polonais.
Nous savons parfaitement que les pays les plus riches d'Europe, à commencer par la France, n'auraient pas pu mener à bien leurs réformes agricoles s'ils avaient dû agir selon la règle du " chacun pour soi ". C'est de ce constat entre autre que la politique agricole commune est née ; nous ferons, bien évidemment, bénéficier l'agriculture polonaise de ces solutions qui ont démontré leur efficacité.
En effet, la France et l'ensemble de ses partenaires européens n'entendent pas attendre passivement la fin 2002, date prévue de l'adhésion de la Pologne. Elle souhaite, au contraire, l'aider activement. Les Quinze considèrent que la Pologne a déjà réalisé des efforts extrêmement importants et qu'elle doit être dans les premiers, sinon le premier pays à la rejoindre.
Mais je ne veux pas me substituer aux spécialistes que vous êtes et souhaite permettre à vos débats fructueux de commencer dès à présent.
Je vous souhaite d'excellents travaux et je vous redis tout mon plaisir de vous accueillir ici.
(Source : http://www.senat.fr, le 18 février 2000)
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Monsieur le Président du Groupe sénatorial d'amitié France-Pologne, mon cher Philippe Marini,
Mesdames et Messieurs,
C'est avec un grand plaisir que j'ai accepté d'accorder mon patronage au colloque que vous tenez aujourd'hui dans les Salons de la Présidence du Sénat.
Je suis heureux d'être parmi vous pour introduire un sujet qui me tient à coeur, l'ouverture de l'Union européenne vers les pays de l'Europe centrale et plus particulièrement la Pologne.
La vocation européenne de la Pologne est une évidence pour nous Français, et spécialement pour nous Sénateurs français. En effet, que serait l'Europe sans la Pologne qui sut, avant toutes les autres Nations, ouvrir les chemins de la démocratie dans l'ancien bloc de l'Est ?
La Pologne n'est pas un espace géographique défini par la nature, mais une nation, créée par une histoire millénaire et glorieuse.
Forte de sa situation en Europe centre-orientale à 1300 kilomètres de Paris, elle s'est toujours tournée vers l'ouest, vers l'Europe occidentale et sa culture : le visiteur venu de France peut, d'ailleurs, y retrouver dans les monuments les styles auxquels il est habitué dans son pays.
L'Europe, ce n'est pas seulement un " grand marché " ou un ensemble d'institutions, c'est avant tout une communauté de valeurs, d'espérance et de destin. La Pologne, notre soeur de l'Est selon le mot du Président Chirac, partage nos valeurs, notre espérance et notre destin.
La France a toujours su -elle l'a exprimé avec éclat par la voix du Général de Gaulle- que l'Europe ne serait elle-même que le jour où elle serait toute entière rassemblée ; en effet, notre pays a toujours été déterminé à permettre à notre continent de construire la paix dans la liberté d'unir nos économies et de rapprocher nos cultures.
L'appartenance de la Pologne à l'Europe doit continuer à se concrétiser. Bien sûr, l'adhésion, que nous soutenons sans réserve, est une étape essentielle mais elle ne saurait suffir, parallèlement, il faut renforcer encore nos liens de Nation à Nation, de peuple à peuple.
Certes, les relations économiques entre nos deux pays sont importantes, mais c'est aussi de l'Europe du coeur dont je veux me faire le chantre.
Vous allez aborder aujourd'hui le thème de l'agriculture polonaise face au défi européen - cette question est primordiale.
En effet, le paysan a toujours constitué l'élément de base de la société polonaise, comme l'a magnifiquement montré James Michener dans son roman historique " Pologne ". Même s'il n'est plus majoritaire aujourd'hui, nous devons nous rappeler que le monde agricole occupe encore 27 % des actifs et que l'ensemble des ruraux représentent près de 40 % de la population totale.
Je sais que la question agricole est l'une des plus difficiles à régler parmi celles qui se posent à l'orée de son adhésion à l'Union Européenne. En effet, l'agriculture polonaise présente des atouts de taille par rapport à celle des autres pays de l'ancien bloc de l'Est. Tout d'abord, elle n'a été que peu collectivisée : la propriété privée de la terre a survécu à 40 années d'économie planifiée. Aujourd'hui encore, les fermes familiales remplissent un rôle d'amortisseur social en permettant la reconversion de nombreux ouvriers " retournés à la terre ".
Autre atout de l'agriculture polonaise : celui du secteur agro-alimentaire. Grâce à des transformations rapides et profondes, la grande crise appartient au passé avec 10 % de taux de croissance annuelle, le niveau de la production de 1989 est dépassé. Cette croissance s'est traduite en terme tout à la fois quantitatif et qualitatif. La Pologne a su dynamiser ses échanges avec le marché mondial de l'agro-alimentaire en multipliant par trois, dans les années 1990, les importations et les exportations.
Le défi auquel font face les négociateurs de l'adhésion de la Pologne est de réussir l'intégration de son agriculture puissante et performante. La France va vous y aider.
J'ai lu récemment dans un journal que l'entrée dans l'Union européenne suscitait bon nombre d'inquiétudes chez les agriculteurs traditionnels ; seuls, selon un sondage, 25 % d'entre eux se disaient favorables à cette entrée. Je vous le dis solennellement, n'ayez pas peur : il est évident qu'une dynamique ne pourra être créée que par l'extension à la Pologne de la politique agricole commune. L'ensemble des pays d'Europe de l'Ouest, et plus particulièrement nous Français connaissons bien l'importance des problèmes agricoles. Nous sommes prêts à contribuer au coût de l'élargissement afin qu'il ne soit pas supporté, par les seuls agriculteurs polonais.
Nous savons parfaitement que les pays les plus riches d'Europe, à commencer par la France, n'auraient pas pu mener à bien leurs réformes agricoles s'ils avaient dû agir selon la règle du " chacun pour soi ". C'est de ce constat entre autre que la politique agricole commune est née ; nous ferons, bien évidemment, bénéficier l'agriculture polonaise de ces solutions qui ont démontré leur efficacité.
En effet, la France et l'ensemble de ses partenaires européens n'entendent pas attendre passivement la fin 2002, date prévue de l'adhésion de la Pologne. Elle souhaite, au contraire, l'aider activement. Les Quinze considèrent que la Pologne a déjà réalisé des efforts extrêmement importants et qu'elle doit être dans les premiers, sinon le premier pays à la rejoindre.
Mais je ne veux pas me substituer aux spécialistes que vous êtes et souhaite permettre à vos débats fructueux de commencer dès à présent.
Je vous souhaite d'excellents travaux et je vous redis tout mon plaisir de vous accueillir ici.
(Source : http://www.senat.fr, le 18 février 2000)