Interview de M. François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, au "Bien public" le 23 septembre 2003, sur les actions à mener en faveur de l'emploi, et sur les départs d'adhérents enregistrés au sein de la CFDT suite à la signature de l'accord sur la réforme du régime des retraites.

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Média : Le Bien Public

Texte intégral

Le Bien public .- Vous venez aujourd'hui à la rencontre des militants bourguignons. Certains n'ont pas apprécié la position de la CFDT sur le dossier des retraites. Qu'allez-vous leur dire ?
François Chérèque .- " Je viens d'abord en Bourgogne pour continuer le débat avec eux. Ce débat a commencé bien avant la réforme : nous l'avons mené l'an dernier à notre congrès. Il se poursuit aujourd'hui et c'est tant mieux. La plupart des militants ne remettent pas en cause le réformisme de la CFDT, sa capacité à s'engager pour obtenir des résultats. Mais une partie d'entre eux s'est sentie dépossédée de la décision finale sur la réforme. Je les comprends car tout est allé très vite après la grande manifestation du 13 mai. Il faut donc qu'on s'écoute, qu'on s'explique, pour avancer ensemble. C'est toute la question de la démocratie avec 900 000 adhérents ".
Pensez-vous que les événements de ce printemps ont porté un rude coup au syndicalisme de réforme ? Combien de militants vous ont quitté ?
" Après la polémique, je crois qu'on s'apercevra bien vite des acquis de cette réforme qui va profiter d'abord aux plus modestes : les salariés au Smic, dont la retraite va augmenter, et ceux qui ont commencé à travailler jeunes. Ils seront au moins 200 000 à pouvoir partir à la retraite avant 60 ans dès 2004 ! D'ailleurs tous les syndicats réclament aujourd'hui l'application de la réforme dès le 1er janvier prochain... On voit bien aussi qu'au cours de la négociation sur la formation professionnelle, les syndicats ont tous poussé ensemble et démontré que la division syndicale n'est pas une fatalité. Ce syndicalisme de la réforme est un acquis à la CFDT : il est porté par la plupart des militants. Par contre, ceux qui n'ont jamais accepté cette évolution la refusent une nouvelle fois. À ce jour, 10 syndicats CFDT sur 1358 ont décidé de nous quitter, ce qui représente environ 0,5 % de nos 900 000 adhérents ".
La confédération s'est montrée très critique ces derniers jours avec le gouvernement. Quel est votre diagnostic sur la situation de l'emploi et quels sont les objectifs, pour cette rentrée, de la CFDT ?
" Avec bientôt 10 % de chômeurs, le gouvernement ne semble toujours pas prendre la mesure de son échec. La baisse des impôts, qui ne fait que gonfler les bas de laine des ménages les plus aisés, le prive des moyens nécessaires pour favoriser la création d'emploi. Pire, elle l'oblige maintenant à réduire l'allocation de 420 000 chômeurs en fin de droits. Pour redonner l'espoir du plein emploi, le gouvernement ferait mieux d'investir dans la formation et dans les aides à la reconversion des bassins d'emploi. Il devrait également négocier une relance européenne avec ses partenaires : nous avons besoin d'engager des grands travaux d'infrastructures, de développer la recherche, par exemple dans les médicaments, pour créer les emplois de demain. Il faut aussi en finir avec la concurrence fiscale entre pays européens qui provoquent des délocalisations. Et à la veille de la réunification de l'Europe, aidons les pays de l'Est comme nous avons aidé hier l'Espagne, le Portugal et la Grèce à s'aligner par le haut. Au final, c'est plus de croissance pour tous, et plus d'emploi ! "
(Source http://www.cfdt.fr, le 24 septembre 2003)