Texte intégral
Quel jugement portez-vous sur le plan Jospin pour la Corse?
Il n'y a pas de plan Jospin. Il y a un accord au terme d'une démarche qui a été initiée par mon ami José Rossi et la majorité corse. Cet accord, d'ailleurs, s'inscrit à contre-courant du jacobinisme socialiste, et particulièrement de celui de Lionel Jospin. C'est un projet qui va dans le bon sens parce qu'il ouvre la voie à un pouvoir régional plus autonome qui peut aérer la démocratie française.
Il ne vous inspire aucune réserve ?
Si, une, et de taille. Il ne faut pas que cette réforme se limite à la Corse. Ce serait une erreur. Pire, une faute politique. Agir ainsi reviendrait à récompenser l'assassinat, le terrorisme, la violence, la dérive ethnique. Les Français ne l'admettraient pas. Et moi le premier. Il faut au contraire étendre cette réforme à l'ensemble des régions françaises. Elle doit être la première étape d'une redistribution des pouvoirs, d'une régionalisation de la société française. Lionel Jospin, en limitant la régionalisation à la Corse, fait une erreur. Le gouvernement s'est enfermé. Il en fait une exception pour la Corse au lieu d'en faire une politique pour la France.
Jusqu'où ?
Au regard de ce qui se passe ailleurs en Europe, on peut aller plus loin encore que ne le prévoit l'accord de Matignon. Et dans de nombreux domaines comme l'éducation, l'environnement, l'agriculture, la santé, la culture, les transports, le développement économique, le tourisme... Il faut rendre le pouvoir aux Français. Pendant de longues années, on a fait remonter les pouvoirs vers l'Etat. Il faut maintenant les faire redescendre, faire le choix de la proximité, redistribuer les pouvoirs en donnant aux régions un rôle pivot.
Mais faut-il vraiment donner un pouvoir législatif aux régions, comme le prévoi, à terme, le plan Jospin pour la Corse ?
S'il s'agit de laisser penser que les Corses pourront faire leur propre loi en échappant aux principes généraux de notre droit républicain, bien évidemment, il n'en est pas question. En revanche, si la loi se doit de fixer, comme le dit la Constitution, les principes fondamentaux, ses modalités d'application dans tel ou tel domaine doivent être laissées aux partenaires sociaux ou aux collectivités locales. J'ai suffisamment combattu la notion de "préférence nationale" pour ne pas admettre une "préférence corse".
N'y a-t-il pas quand même un risque de dérive ?
Oui, si ce statut restait cantonné à la Corse.
Quelle initiative allez-vous prendre pour étendre le plan corse aux autres régions ?
Les libéraux ont réussi à entraîner la France sur le chemin du libéralisme économique. Aujourd'hui, notre défi est de faire progresser le libéralisme politique. Je compte profiter du référendum sur le quinquennat pour inscrire ce thème dans la campagne électorale.
Et au plan régional ?
J'appelle l'ensemble des forces bretonnes d'opposition à prendre une initiative forte pour que le débat s'engage à la rentrée. J'ai déjà écrit dans ce sens à leurs reponsables, ainsi qu'au président de la région, Josselin de Rohan.
Pourquoi la Bretagne occuperait-elle une place spécifique dans un tel débat ?
Parce qu'elle a toujours servi de référence quand il s'est agi d'accroître les responsabilités des régions. Qu'on se souvienne du discours du général de Gaulle à Quimper en 1969, et plus récemment de celui de Jacques Chirac à Rennes en 1999. Lorsque l'on parle d'aptitude à prendre en main son propre destin, les Bretons ont quelques titres à faire valoir. D'ailleurs, si on avait voulu choisir une région pour expérimenter l'autonomie sans risque, la Bretagne eut été mieux placée que la Corse.
(source http://www.demlib.com, le 12 Août 2000)
Il n'y a pas de plan Jospin. Il y a un accord au terme d'une démarche qui a été initiée par mon ami José Rossi et la majorité corse. Cet accord, d'ailleurs, s'inscrit à contre-courant du jacobinisme socialiste, et particulièrement de celui de Lionel Jospin. C'est un projet qui va dans le bon sens parce qu'il ouvre la voie à un pouvoir régional plus autonome qui peut aérer la démocratie française.
Il ne vous inspire aucune réserve ?
Si, une, et de taille. Il ne faut pas que cette réforme se limite à la Corse. Ce serait une erreur. Pire, une faute politique. Agir ainsi reviendrait à récompenser l'assassinat, le terrorisme, la violence, la dérive ethnique. Les Français ne l'admettraient pas. Et moi le premier. Il faut au contraire étendre cette réforme à l'ensemble des régions françaises. Elle doit être la première étape d'une redistribution des pouvoirs, d'une régionalisation de la société française. Lionel Jospin, en limitant la régionalisation à la Corse, fait une erreur. Le gouvernement s'est enfermé. Il en fait une exception pour la Corse au lieu d'en faire une politique pour la France.
Jusqu'où ?
Au regard de ce qui se passe ailleurs en Europe, on peut aller plus loin encore que ne le prévoit l'accord de Matignon. Et dans de nombreux domaines comme l'éducation, l'environnement, l'agriculture, la santé, la culture, les transports, le développement économique, le tourisme... Il faut rendre le pouvoir aux Français. Pendant de longues années, on a fait remonter les pouvoirs vers l'Etat. Il faut maintenant les faire redescendre, faire le choix de la proximité, redistribuer les pouvoirs en donnant aux régions un rôle pivot.
Mais faut-il vraiment donner un pouvoir législatif aux régions, comme le prévoi, à terme, le plan Jospin pour la Corse ?
S'il s'agit de laisser penser que les Corses pourront faire leur propre loi en échappant aux principes généraux de notre droit républicain, bien évidemment, il n'en est pas question. En revanche, si la loi se doit de fixer, comme le dit la Constitution, les principes fondamentaux, ses modalités d'application dans tel ou tel domaine doivent être laissées aux partenaires sociaux ou aux collectivités locales. J'ai suffisamment combattu la notion de "préférence nationale" pour ne pas admettre une "préférence corse".
N'y a-t-il pas quand même un risque de dérive ?
Oui, si ce statut restait cantonné à la Corse.
Quelle initiative allez-vous prendre pour étendre le plan corse aux autres régions ?
Les libéraux ont réussi à entraîner la France sur le chemin du libéralisme économique. Aujourd'hui, notre défi est de faire progresser le libéralisme politique. Je compte profiter du référendum sur le quinquennat pour inscrire ce thème dans la campagne électorale.
Et au plan régional ?
J'appelle l'ensemble des forces bretonnes d'opposition à prendre une initiative forte pour que le débat s'engage à la rentrée. J'ai déjà écrit dans ce sens à leurs reponsables, ainsi qu'au président de la région, Josselin de Rohan.
Pourquoi la Bretagne occuperait-elle une place spécifique dans un tel débat ?
Parce qu'elle a toujours servi de référence quand il s'est agi d'accroître les responsabilités des régions. Qu'on se souvienne du discours du général de Gaulle à Quimper en 1969, et plus récemment de celui de Jacques Chirac à Rennes en 1999. Lorsque l'on parle d'aptitude à prendre en main son propre destin, les Bretons ont quelques titres à faire valoir. D'ailleurs, si on avait voulu choisir une région pour expérimenter l'autonomie sans risque, la Bretagne eut été mieux placée que la Corse.
(source http://www.demlib.com, le 12 Août 2000)