Texte intégral
Pourquoi soutenez-vous l'accord de Matignon ?
C'est un accord qui va dans le bon sens parce qu'il ouvre la voie au renforcement des pouvoirs régionaux. Il ne faut surtout pas faire de ce nouveau statut une exception corse qui s'apparenterait à une récompense du crime et du terrorisme. La régionalisation doit s'étendre à tout le pays. Le débat est lancé, rien ne l'arrêtera.
N'êtes-vous pas gêné que ce soit Jospin qui en soit l'initiateur ?
C'est l'arroseur arrosé. Tout dans cet accord contredit le jacobinisme de M. Jospin. Il voudrait faire un petit îlot de responsabilité locale limité à la Corse mais il n'a ni la volonté ni le courage d'en faire une politique pour la France et pour l'ensemble des régions.
Pourtant à DL certains critiquent la démarche de José Rossi. Ils estiment impossible qu'il reste à la tête de votre groupe parlementaire après avoir signé un accord avec le gouvernement...
Si José Rossi avait fait des concessions pour plaire à Lionel Jospin, alors ce serait incompatible. Mais ce n'est pas nous qui rejoignons la démarche de M. Jospin, c'est lui qui rejoint la nôtre. Ca change tout.
C'est tout de même le Premier ministre qui a écrit et proposé le texte...
C'est la raison pour laquelle il n'est pas parfait (rires). En matière de délégation de pouvoirs, il ne va pas assez loin. En revanche sur l'obligation d'enseigner la langue corse, il va trop loin. Ca doit être une faculté, pas une contrainte.
C'est une demande des élus corses...
Il faudra en débattre. Reste qu'en dépit de ses imperfections, cet accord a le mérite de déverrouiller le jacobino-bonapartisme français.
L'assassinat de Jean-Michel Rossi ne risque-t-il pas de remettre en cause tout le
processus ?
Ce processus est une bonne chose en soi. Si on devait l'arrêter à cause de cet évènement, ça signifierait qu'on a engagé toute cette démarche pour plaire aux terroristes. Allons donc ! Je ne souhaite pas qu'on aille plus loin dans la régionalisation pour apporter une réponse à la poignée de terroristes un peu cinglés qui sévissent en Corse. Je la veux parce que je suis convaincu que c'est bon pour la Corse, pour la France et pour l'ensemble des régions françaises.
Est-ce que cela veut dire pour vous des statuts sur mesure pour chaque région ?
Il s'agit d'offrir à toutes les regions un statut moderne où les problèmes comme l'éducation, le logement, l'action sociale, l'environnement, le tourisme, l'agriculture peuvent recevoir une réponse locale adaptée au travers de pouvoirs locaux plus responsables, plus attentifs et moins coûteux...
... Au prix d'un transfert de pouvoirs législatifs comme en Corse ?
Oui, sous réserve des principes de la République à tous. J'ai suffisamment combattu la préférence nationale pour ne pas accepter la Corse aux Corses ou la Bretagne aux Bretons. Mais nos lois sont trop rigides. Elles veulent couler une réalité extrêmement diverse dans un même moule jacobin. Les modalités d'application peuvent varier d'une région à une autre. Il faut laisser aux collectivités locales, aux partenaires sociaux, une plage d'adaptation des lois votées par le parlement.
Cela nécessite une réforme de la constitution...
Bien sûr. Elle est nécessaire pour introduire le principe de subsidiarité. Comme le disait Abraham Lincoln, "l'Etat ne doit pas faire ce dont les citoyens et les collectivités sont capables".
Faut-il en profiter pour réformer complètement la carte administrative ?
Quand les deux départements corses veulent faire une seule région, je suis pour. Je ne vois pas au nom de quoi on pourrait interdire le même droit à l'Alsace ou à la Savoie. De même si la Bretagne veut s'organiser différemment en déléguant une part des pouvoirs des départements soit aux communautés de Pays soit à la région, il faut la laisser vivre.
Aérons la démocratie française dans une grande redistribution des pouvoirs. Pendant des décennies on a concentré de plus en plus de pouvoirs au sommet, jusqu'à l'apoplexie. Aujourd'hui nous sommes dans une de ces grandes périodes de mutation où il faut redistribuer les pouvoirs vers le bas.
La reprise économique a redonné confiance à nos concitoyens. Ils ont soif de responsabilités. C'est le problème de la refondation sociale que posent les partenaires sociaux. C'est le problème de la régionalisation que pose la question corse.
N'est-ce pas prendre le risque d'encourager tous les séparatismes ?
Au contraire. On leur retire l'eau du bocal. Ce qui nourrit les séparatismes, c'est le jacobinisme uniformisateur et centralisateur.
Ce projet divise profondément l'opposition. Vous êtes très décalé avec le RPR comme on l'a vu sur la Corse...
Je préfère que vous disiez en avance. Nous autres libéraux avons souvent éclairer la voie. Hier sur la libéralisation économique. Aujourd'hui c'est le libéralisme politique qui est à l'ordre du jour, c'est-à-dire la confiance que l'on place dans les citoyens et dans les collectivités. Vous voyez bien que ce cébat passionne bien davantage que le quinquennat. L'opposition doit s'en saisir parce qu'il sera au coeur de la prochaine présidentielle. Il faut avoir l'audace d'une grande refondation démocratique de la France.
(source http://www.demlib.com, le 12 août 2000)
C'est un accord qui va dans le bon sens parce qu'il ouvre la voie au renforcement des pouvoirs régionaux. Il ne faut surtout pas faire de ce nouveau statut une exception corse qui s'apparenterait à une récompense du crime et du terrorisme. La régionalisation doit s'étendre à tout le pays. Le débat est lancé, rien ne l'arrêtera.
N'êtes-vous pas gêné que ce soit Jospin qui en soit l'initiateur ?
C'est l'arroseur arrosé. Tout dans cet accord contredit le jacobinisme de M. Jospin. Il voudrait faire un petit îlot de responsabilité locale limité à la Corse mais il n'a ni la volonté ni le courage d'en faire une politique pour la France et pour l'ensemble des régions.
Pourtant à DL certains critiquent la démarche de José Rossi. Ils estiment impossible qu'il reste à la tête de votre groupe parlementaire après avoir signé un accord avec le gouvernement...
Si José Rossi avait fait des concessions pour plaire à Lionel Jospin, alors ce serait incompatible. Mais ce n'est pas nous qui rejoignons la démarche de M. Jospin, c'est lui qui rejoint la nôtre. Ca change tout.
C'est tout de même le Premier ministre qui a écrit et proposé le texte...
C'est la raison pour laquelle il n'est pas parfait (rires). En matière de délégation de pouvoirs, il ne va pas assez loin. En revanche sur l'obligation d'enseigner la langue corse, il va trop loin. Ca doit être une faculté, pas une contrainte.
C'est une demande des élus corses...
Il faudra en débattre. Reste qu'en dépit de ses imperfections, cet accord a le mérite de déverrouiller le jacobino-bonapartisme français.
L'assassinat de Jean-Michel Rossi ne risque-t-il pas de remettre en cause tout le
processus ?
Ce processus est une bonne chose en soi. Si on devait l'arrêter à cause de cet évènement, ça signifierait qu'on a engagé toute cette démarche pour plaire aux terroristes. Allons donc ! Je ne souhaite pas qu'on aille plus loin dans la régionalisation pour apporter une réponse à la poignée de terroristes un peu cinglés qui sévissent en Corse. Je la veux parce que je suis convaincu que c'est bon pour la Corse, pour la France et pour l'ensemble des régions françaises.
Est-ce que cela veut dire pour vous des statuts sur mesure pour chaque région ?
Il s'agit d'offrir à toutes les regions un statut moderne où les problèmes comme l'éducation, le logement, l'action sociale, l'environnement, le tourisme, l'agriculture peuvent recevoir une réponse locale adaptée au travers de pouvoirs locaux plus responsables, plus attentifs et moins coûteux...
... Au prix d'un transfert de pouvoirs législatifs comme en Corse ?
Oui, sous réserve des principes de la République à tous. J'ai suffisamment combattu la préférence nationale pour ne pas accepter la Corse aux Corses ou la Bretagne aux Bretons. Mais nos lois sont trop rigides. Elles veulent couler une réalité extrêmement diverse dans un même moule jacobin. Les modalités d'application peuvent varier d'une région à une autre. Il faut laisser aux collectivités locales, aux partenaires sociaux, une plage d'adaptation des lois votées par le parlement.
Cela nécessite une réforme de la constitution...
Bien sûr. Elle est nécessaire pour introduire le principe de subsidiarité. Comme le disait Abraham Lincoln, "l'Etat ne doit pas faire ce dont les citoyens et les collectivités sont capables".
Faut-il en profiter pour réformer complètement la carte administrative ?
Quand les deux départements corses veulent faire une seule région, je suis pour. Je ne vois pas au nom de quoi on pourrait interdire le même droit à l'Alsace ou à la Savoie. De même si la Bretagne veut s'organiser différemment en déléguant une part des pouvoirs des départements soit aux communautés de Pays soit à la région, il faut la laisser vivre.
Aérons la démocratie française dans une grande redistribution des pouvoirs. Pendant des décennies on a concentré de plus en plus de pouvoirs au sommet, jusqu'à l'apoplexie. Aujourd'hui nous sommes dans une de ces grandes périodes de mutation où il faut redistribuer les pouvoirs vers le bas.
La reprise économique a redonné confiance à nos concitoyens. Ils ont soif de responsabilités. C'est le problème de la refondation sociale que posent les partenaires sociaux. C'est le problème de la régionalisation que pose la question corse.
N'est-ce pas prendre le risque d'encourager tous les séparatismes ?
Au contraire. On leur retire l'eau du bocal. Ce qui nourrit les séparatismes, c'est le jacobinisme uniformisateur et centralisateur.
Ce projet divise profondément l'opposition. Vous êtes très décalé avec le RPR comme on l'a vu sur la Corse...
Je préfère que vous disiez en avance. Nous autres libéraux avons souvent éclairer la voie. Hier sur la libéralisation économique. Aujourd'hui c'est le libéralisme politique qui est à l'ordre du jour, c'est-à-dire la confiance que l'on place dans les citoyens et dans les collectivités. Vous voyez bien que ce cébat passionne bien davantage que le quinquennat. L'opposition doit s'en saisir parce qu'il sera au coeur de la prochaine présidentielle. Il faut avoir l'audace d'une grande refondation démocratique de la France.
(source http://www.demlib.com, le 12 août 2000)