Déclaration de M. Jean-Jacques Aillagon, ministre de la culture et de la communication, sur les industries culturelles, notamment le secteur du disque, sa diffusion et le développement de points de vente de produits culturels, Paris le 25 juin 2003.

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Circonstance : Signature du FISAC sur les biens culturels à Paris le 25 juin 2003

Texte intégral

Dès mon arrivée rue de Valois, j'ai voulu mettre en uvre une politique en faveur des industries et des commerces culturels, faire en quelque sorte du ministère de la Culture le ministère de l'économie de la culture. Il fallait en effet donner plus d'espace à un secteur clé de l'économie française, celui des industries culturelles. Car le disque et le livre font autant pour l'accès à la culture que le concert ou le théâtre.
Les actions déjà entreprises depuis un an je pense notamment au combat pour la baisse de la TVA sur les disques, l'accord interprofessionnel entre les radios, les éditeurs et les producteurs de disques en faveur de la diversité musicale, le médiateur pour l'économie du livre demandaient à être poursuivies et approfondies pour traiter la question de la diffusion: ça n'aurait en effet aucun sens d'aider la production à se diversifier si en fin de chaîne elle se heurtait à un goulet d'étranglement limitant son accès réel au public. Ce serait d'autant plus dommageable que la consommation culturelle, on le sait, repose sur le désir, et ce désir naît de la rencontre avec les arts, les artistes mais aussi leurs productions.
De ce point de vue, la diffusion des biens culturels connaît une situation difficile en raison de la croissance de la grande distribution et du déclin des détaillants spécialisés en centre-ville, ces derniers subissant par ailleurs la concurrence des chaînes spécialisées ou des multispécialistes. C'est ainsi que les détaillants indépendants du disque ont progressivement disparu du paysage: ils ne seraient plus que 400 actuellement, sur l'ensemble du territoire, contre plus de 2000 au début des années 80.
Certains professionnels ont su réagir en se spécialisant sur des genres musicaux particuliers. Le développement d'Harmonia Mundi, depuis plus de dix ans, a ainsi permis aux amateurs de musique classique de retrouver des lieux où ils sont accueillis, conseillés, et où ils peuvent découvrir et écouter une offre suffisamment large. 43 boutiques ont été ouvertes sur ce modèle.
Il convient néanmoins d'aller au-delà de ces réponses partielles, pour permettre la présentation d'offres culturelles plus larges et créer une dynamique permettant d'animer plus fortement la vie des quartiers et des centre villes. Au delà des considérations économiques ou culturelles, la présence de commerces peut en effet favoriser les rencontres, les échanges, créer du lien social. Un éditeur discographique m'a fait part de son souhait de voir naître des rues dédiées à la culture, où l'on trouverait à la fois des produits disques, livres, vidéos, affiches mais aussi des cafés littéraires, des espaces où diffuser de la musique et des petits spectacles, rencontrer les artistes Pourquoi pas? L'idée est bonne.

Aujourd'hui, grâce à la très bonne coopération qui s'est engagée entre Renaud Dutreil et moi et entre nos cabinets et services, je me réjouis de signer un accord créant un dispositif d'aide, sous forme de subventions, destiné à favoriser la création et le développement de points de vente de biens culturels. Je tiens à en remercier le Ministre des Petites et Moyennes Entreprises, au Commerce, à l'Artisanat et aux Professions Libérales. Doté d'une ligne d'un million d'euros, ce nouveau dispositif sera géré au sein du Fonds d'Intervention pour les Services, l'Artisanat et du Commerce (FISAC). Avant de passer la parole à Renaud Dutreil, je tiens à souligner que ce FISAC CULTUREL" pourra être mobilisé en complément d'autres mécanismes d'aide :

  • 1 Le Ministère de la culture aide depuis 2003, sur son budget, des projets pilotes favorisant la distribution du disque, en accompagnant les initiatives de producteurs, de distributeurs ou de détaillants : 300.000 sont prévus en 2003.
  • 2 La garantie sur crédits bancaires gérée par l'Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (l'IFCIC), doté par le ministère de la culture, peut être mobilisée en complément de l'aide apportée par le FISAC. Le taux maximal des garanties délivrées sur ce fonds est récemment passé de 50% à 70% de l'encours.
  • 3 S'y ajoutent les programmes d'aide au livre et aux libraires, plus anciens, gérés directement par le ministère ou via le Centre National du Livre.

C'est donc aujourd'hui un ensemble très large de mesures qui devraient permettre aux commerces culturels de proximité de trouver une plus large place sur notre pays, une place forte au service de la culture et de ceux qui la font vivre".

(Source http://www.culture.gouv.fr, le 26 juin 2003)