Déclaration de M. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères, lors de la conférence de presse conjointe avec M. Silvan Shalom, ministre des affaires étrangères d'Israël, sur les relations franco-israéliennes et sur l'acceptation par le gouvernement israélien de la "feuille de route" pour la relance du processus de paix, Jérusalem le 25 mai 2003.

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Circonstance : Voyage en Israël et dans les Territoires palestiniens les 25 et 26 mai 2003

Texte intégral

Merci Monsieur le Ministre, merci Silvan Shalom de votre accueil auquel je suis particulièrement sensible. C'est un grand plaisir pour moi d'être aujourd'hui à Jérusalem, à la fois pour relancer, dynamiser, réaffirmer et consolider l'amitié entre la France et Israël, et donner un nouveau souffle à nos relations bilatérales. Et puis par ailleurs, bien sûr, parce que c'est un moment central dans la vie de la région, un moment important pour le monde, c'est l'occasion de souligner l'importance, la nécessité d'avancer ensemble dans le travail pour la paix et la décision solennelle du cabinet israélien, évidemment, ne rend que plus fort ce moment.
Vous l'avez dit, lors de ma précédente visite en Israël, nous avons pris, nos deux pays ont pris une décision importante qui est de créer un groupe de travail franco-israélien pour permettre d'intensifier les coopérations entre nos deux pays. Ce groupe à haut niveau est présidé par deux grandes personnalités. Du côté français, nous avons choisi un grand scientifique français, un grand professeur de médecine français, David Khayat, qui de plus est un ami très proche, qui s'est mobilisé tout au long des derniers mois pour préparer, pour multiplier les propositions dans le cadre de ce groupe de travail. Et, après le travail de M. Yehoshua que je remercie de son action, je tiens à saluer la nomination de Yehuda Lancry, homme de culture, ancien ambassadeur à Paris, qui prend le relais pour nous aider dans cette tâche.
Cette volonté d'aller de l'avant dans nos relations entre la France et Israël, c'est d'abord la marque de la confiance que nous avons en Israël, confiance en sa culture, ancrée dans une tradition millénaire, tournée vers la modernité, ouverte sur le monde contemporain ; confiance en sa créativité qui se manifeste dans tous les domaines de la recherche scientifique, des arts. Notre ambition, c'est de faire davantage ensemble, forts d'une longue amitié, d'une proximité fondée sur une relation ancienne entre la France et le monde juif. Il y a un capital d'expériences communes qui crée un socle sur lequel nous voulons construire.
Depuis plus d'un demi-siècle, Français et Israéliens ont développé ensemble une relation très dense. Nous sommes au premier rang des fournisseurs d'Israël, plus de 6.000 entreprises françaises de toutes tailles exportent leurs produits. La France est la seconde destination touristique des Israéliens avec plus de 250.000 visiteurs chaque année. Au plan scientifique, la France est le troisième partenaire d'Israël avec des dizaines d'échanges de chercheurs chaque année et des programmes de grande qualité. Les échanges culturels sont diversifiés, la saison israélienne en 1999 et 2000 a été l'occasion d'organiser plus de 150 manifestations culturelles dans toute la France. Depuis 1959, date de la signature de notre accord bilatéral de coopération culturelle, scientifique et technique, la France a multiplié les coopérations institutionnelles, en particulier, autour de la recherche scientifique et de la consolidation de la francophonie israélienne. Près d'un million d'Israéliens parlent ou comprennent notre langue. Plus de 2000 Israéliens apprennent chaque année le français dans nos centres culturels, tandis que 35.000 élèves l'étudient dans le système secondaire israélien. Enfin, je rappellerai que la France est l'un des rares pays à assurer en Israël une présence culturelle forte sur l'ensemble du territoire israélien, avec ses différents centres culturels de Tel Aviv, Beer Sheva, Haïfa, Nazareth et Jérusalem.
La qualité des relations entre nos entrepreneurs, nos artistes, nos chercheurs, nos scientifiques est évidemment un atout exceptionnel, d'où le sens que prend la création de ce groupe de haut niveau. Nous avons déjà enregistré un certain nombre de propositions, que les groupes vont commencer à examiner demain. Je tiens néanmoins à dire que nous avons déjà décidé d'un certain nombre d'avancées. En particulier je tiens à souligner la nouvelle organisation institutionnelle de notre coopération scientifique et technologique, examinée par le ministre délégué à la recherche, et le ministre israélien de la science et de la technologie en avril dernier. Je tiens aussi à mentionner la décision que j'ai prise au nom de la France de bâtir à Tel Aviv un nouvel institut français, véritablement digne de nos relations. C'est l'une des contributions essentielles de la France à la relance de nos relations. Ce nouvel institut sera un lieu de dialogue, de dialogue des cultures, un centre de coopération artistique, un pôle de pensée et de débat, une force de rayonnement pour la culture française et la francophonie. La France a foi dans la capacité des hommes et des femmes d'Israël à bâtir une relation forte, étroite, vivante. Il est temps que nos deux pays écrivent ensemble une nouvelle page et nous souhaitons plein succès aux travaux des groupes que nous avons décidé de former ensemble.


Q - Etes-vous satisfait de la décision du cabinet israélien d'adopter la feuille de route, bien qu'elle rejette le droit au retour ?
R - L'acceptation par le gouvernement israélien de la "feuille de route" marque une étape majeure pour la relance du processus de paix. C'est une décision très importante. Il faut maintenant mettre en uvre la feuille de route, à la fois avec énergie et détermination. La France, avec l'Union européenne au sein du Quartet, est d'ores et déjà pleinement mobilisée pour le succès de ce plan de paix.
Ce que nous souhaitons, c'est que chacune des parties, avec le soutien de la communauté internationale, avec le soutien de tous ceux qui sont engagés pour aider à la paix dans cette région puisse faire sa part du chemin. Je l'ai dit, du côté palestinien, lutter contre la terreur - c'est évidemment essentiel ; faire en sorte de poursuivre le processus de réformes qui permettra aux Palestiniens d'être capables de prendre en main leur propre destin. Du côté israélien, des gestes forts aussi - comme l'arrêt, le gel de la colonisation, comme le retrait des territoires, comme une vie quotidienne rendue aux Palestiniens. Il y a là des gestes qui sont susceptibles véritablement de relancer ce processus de paix si important à un moment où la communauté internationale le voit bien : le Moyen-Orient est au coeur des préoccupations, le Moyen-Orient est aussi au coeur des espoirs. Nous voulons croire que chacun aura à coeur justement d'accompagner ce processus. Merci.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 mai 2003)