Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur les relations franco-belges et la coopération transfrontalière, Paris le 28 octobre 2003.

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Circonstance : Visite en France d'Albert II, roi des Belges, le 28 octobre 2003

Texte intégral

Sire,
Monsieur le Ministre,
Mesdames et messieurs les Sénateurs,
Madame l'Ambassadeur,
Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
C'est un grand honneur pour moi, doublé d'une grande joie, d'accueillir, pour la première fois, Sa Majesté et sa délégation, au Sénat de la République française.
Si je devais résumer d'un mot l'histoire des relations entre la France et la Belgique, c'est sans hésiter que je parlerai de proximité.
Proximité historique et culturelle, d'abord.
Dès les premiers pas de la Belgique indépendante, notre histoire est intimement liée puisque l'épouse du premier Roi des Belges, Léopold 1er, qui prête serment en juillet 1831, n'est autre que la propre fille de Louis Philippe, Roi des Français.
On se souviendra aussi qu'un illustre Sénateur français, plus connu encore pour ses talents de poète et d'écrivain, je veux parler d'un certain Victor HUGO, a trouvé refuge en Belgique, pendant plus de trois ans et demi, à une époque où il avait maille à partir avec Napoléon III.
Illustration supplémentaire de notre mémoire commune, le Sénat de la République française, faisant écho à l'émotion suscitée en France par le décès du Roi Albert 1er, votre Grand-Père, a décidé, par une résolution du 28 février 1934, d'ériger au sein du Palais un buste en son honneur. Le Roi Albert 1er est la seule personnalité étrangère distinguée de la sorte.
Proximité culturelle, ensuite.
J'ai parlé de Victor HUGO mais j'aurais pu aussi évoquer le souvenir des aventures mouvementées de Rimbaud et Verlaine, dont certains épisodes ont eu lieu en Belgique.
Pour en venir au présent, qui ignore le dynamisme du réseau de nos alliances françaises en Belgique ? Qui pourrait contester la vigueur de la francophonie ? Et que dire des échanges permanents entre jeunes et entre universités
Proximité géographique, évidemment.
Notre frontière commune se traduit par une coopération décentralisée particulièrement active et plus encore par une coopération transfrontalière soutenue.
Je me réjouis que Sa Majesté et sa délégation se rendent demain à Lille pour un important colloque transfrontalier.
Je me réjouis aussi de l'accord de coopération décentralisée transfrontalière, signé en septembre 2002, entre la France, l'Etat belge et plusieurs entités fédérées, qui devrait être ratifié par le Sénat en décembre prochain.
Proximité économique, aussi.
L'imbrication de nos économies n'a jamais été aussi forte. La Belgique est la deuxième destination des investissements français.
Les implantations d'entreprises françaises en Belgique ou d'entreprises belges en France ne cessent par ailleurs de se développer, à l'instar de notre coopération technologique et industrielle.
Proximité diplomatique, également.
L'affaire iraquienne a mieux que toute autre révélé la proximité, pour ne pas dire la promiscuité, de nos analyses diplomatiques.
Cette convergence de vues se retrouve d'ailleurs sur tous les grands dossiers internationaux. Je pense en particulier au Proche-Orient ou à notre attachement commun à un monde multipolaire, respectueux de la diversité culturelle.
Il en va de même pour l'Europe, ce qui n'est guère surprenant de la part des héritiers de Paul-Henri SPAAK.
Je me réjouis tout particulièrement de notre ambition commune de construire une véritable défense européenne, susceptible d'arrimer définitivement à notre grande famille européenne les nouveaux Etats membres, parfois trop enclins à s'en remettre à notre grand Allié.
Je me félicite donc du sommet sur l'avenir de la défense européenne, organisé en avril dernier, par la Belgique, avec l'Allemagne, la France et le Luxembourg.
Proximité parlementaire, enfin.
Il ne surprendra personne que notre connivence s'exprime par des relations interparlementaires aussi étroites qu'intenses.
Nos deux Sénats ont de fréquents échanges et mon ami Armand de DECKER n'a jamais ménagé ses efforts pour me soutenir dans mes initiatives, en particulier lorsque j'ai créé l'association des Sénats d'Europe, dont il est l'un des piliers les plus solides.
Avant de conclure, je souhaiterais rendre un hommage particulier à l'action de Sa Majesté au service de la Belgique.
Je sais, Sire, combien vous avez uvré et oeuvrez toujours, inlassablement, pour l'unité et la sérénité de votre pays. Vous êtes le ciment de communautés différentes. Vous êtes le garant de la permanence et de l'unité de l'Etat. Vous êtes une référence, un modèle, un exemple.
En cela, vous êtes le digne successeur du Roi Baudouin, Votre Frère, auquel vous étiez si attaché.
Chacun ici mesure à quel point vous avez su adapter la Monarchie à l'évolution de la société, grâce notamment à l'intérêt bien connu que vous portez aux questions sociales et aux problèmes de société.
Nous souhaitons donc que vous poursuiviez l'uvre accomplie car la France comme l'Europe ont besoin d'une Belgique forte et unie.
Le moment est maintenant venu de lever mon verre à l'amitié entre nos peuples.
Vive le Royaume de Belgique !
Vive la France !
Vive l'amitié franco-belge !

(Source http://www.senat.fr, le 14 novembre 2003)