Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Face à un environnement international en mutation rapide et constante, l'Alliance atlantique a su s'engager avec détermination dans la voie de la réforme. Ensemble, nous avons su prendre l'initiative pour répondre aux défis de sécurité de notre temps.
Le Sommet de Prague aura été une étape essentielle dans ce mouvement. Nous pouvons aujourd'hui en faire un premier bilan :
- L'élargissement, que la France a voulu le plus large possible dès le Sommet de Madrid de 1997, se déroule dans de bonnes conditions.
- La mise en uvre des réformes de structures décidées à Prague progresse rapidement. C'est une condition majeure de succès de notre projet commun.
- Enfin, pour être efficaces ; il nous faut disposer d'outils militaires flexibles. Je pense, bien sûr, à la création de la Force de réaction de l'OTAN, la "NRF". Nous souhaitons que la future "NRF" réponde aux objectifs fixés à Prague : fournir un outil performant, sous la direction de notre Conseil et compatible avec la démarche entreprise par l'Union européenne. Dans cet esprit, la France sera prête à apporter à la "NRF" sa contribution.
Parallèlement à ces efforts d'adaptation interne, l'Alliance a accru récemment ses engagements extérieurs : aux opérations de l'OTAN dans les Balkans se sont ajoutés l'appui à la FIAS à Kaboul et le soutien à la Pologne en Irak.
Dans ce cadre, la France a confirmé sa solidarité au sein de l'Alliance :
- Dans les Balkans, nous déployons actuellement cinq mille hommes au sein de la KFOR et de la SFOR. Nous maintiendrons notre engagement au même niveau relatif dans les deux années qui viennent.
- En Afghanistan, la France a engagé depuis la création de la FIAS un bataillon de cinq cent hommes ; nous avons approuvé l'appui de l'Alliance à la FIAS 4, dans le cadre du mandat donné par le Conseil de sécurité ; là aussi, nous maintiendrons notre engagement dans le nouveau dispositif ;
- En Irak, nous avons appuyé l'examen d'un soutien de l'OTAN à la Pologne.
L'OTAN a donc accru ses engagements extérieurs. Dans un esprit constructif, la France a approuvé l'ensemble de ces décisions. Dans des délais très rapides, nous avons ainsi pu restaurer l'unité de notre Alliance.
Nous devons désormais évaluer les conséquences de ces engagements dans la durée.
Chacun des théâtres où les soldats alliés sont ou vont être déployés, sous la responsabilité du Conseil, présente des risques réels. La situation dans les Balkans reste incertaine. Nos unités à Kaboul sont confrontées à une insécurité accrue.
Face à ces réalités, nous devons nous montrer à la hauteur des engagements que nous avons pris. Cela suppose de répondre à trois exigences :
- Le sens de nos responsabilités : je crois qu'il faudra d'abord bien mesurer nos engagements extérieurs et les adapter aux réalités du terrain.
- La concertation : notre succès dépendra de la coopération entre l'Alliance et les autres organisations pour la gestion des crises, une coopération fondée sur la valeur ajoutée que chacune peut apporter à notre entreprise commune.
- L'adaptation aux exigences du terrain.
Les Balkans restent le théâtre où l'OTAN, avec plus de trente mille soldats alliés, est la plus fortement engagée. Nous devons donc tous y accorder une attention particulière :
- L'Alliance doit y engager la restructuration de ses forces pour mieux les adapter aux besoins actuels.
- Elle doit également approfondir la coopération établie avec l'Union européenne. Je me félicite du succès de la relève par l'Union européenne, dans l'ancienne République yougoslave de Macédoine. Je souhaite que nous puissions réfléchir ensemble, avec pragmatisme, à la perspective d'une relève en Bosnie-Herzégovine en 2004, qui pourrait alléger le fardeau qui pèse sur notre organisation. Il est logique que le succès même de l'OTAN conduise progressivement l'Union européenne à prendre sa relève pour assurer la reconstruction politique et économique, la sécurité et la stabilité de la région.
- Enfin, les échéances de 2004-2005 au Kosovo seront difficiles. Il appartiendra aux alliés d'être solidaires pour y faire face.
En Afghanistan, la FIAS doit continuer d'appuyer, à Kaboul, le renforcement des autorités afghanes. Aucun processus politique dans ce pays n'aboutira sans une garantie forte de sécurité. La FIAS joue un rôle majeur pour répondre à cet impératif.
En Irak, il faudra que les Nations unies puissent pleinement assurer le rôle central qui leur revient. Aujourd'hui, la question d'un engagement accru de l'Alliance en Irak ne se pose pas. Si un débat sur ce sujet devenait utile et nécessaire, il supposerait que nous définissions au préalable les conditions de la légitimité de notre action.
Nous devons poursuivre avec détermination les réformes engagées à Prague. Les alliés ont, ensemble, beaucoup à faire.
Un travail considérable a été accompli en quelques mois. Nous devons le poursuivre, en conjuguant le double souci de l'unité et du dialogue. C'est dans cet esprit que la France entend continuer d'apporter sa contribution aux travaux de l'Alliance.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 juin 2003)