Texte intégral
Monsieur le Président,
Monsieur le Préfet,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais, tout d'abord, vous dire combien j'ai apprécié l'échange que nous venons d'avoir et vous remercier très sincèrement de m'avoir convié à votre manifestation.
La Politique Agricole Commune a été une formidable chance pour l'agriculture française et la construction européenne, notre échange en témoigne.
Depuis ma prise de fonctions il y a un an, le contexte dans lequel se déroule la réflexion sur l'avenir de la Politique Agricole Commune (PAC) a profondément changé.
Lorsque nous sommes arrivés aux responsabilités, beaucoup nous répétaient que, la révision à mi-parcours de la PAC se conjuguant avec l'élargissement, nous ne parviendrions jamais à tirer la France de son isolement et que c'en était donc fini de la PAC.
Alors qu'on nous présentait une réforme radicale de la PAC comme le prix à payer pour garantir la pérennité d'une politique agricole européenne jusqu'en 2006 et assurer le succès de l'élargissement, le Président de la République a su convaincre nos partenaires que cet élargissement ne devait pas buter sur les égoïsmes budgétaires et que la politique agricole commune et les agriculteurs ne devaient pas lui être sacrifiés.
Il a ainsi obtenu une visibilité budgétaire pour la PAC jusqu'en 2013. Et ceci est d'autant plus important que la conduite d'une exploitation ou d'une entreprise coopérative nécessite des perspectives lisibles, et donc une politique publique stabilisée. Des aides directes seront donc progressivement octroyées aux futurs Etats membres, jusqu'en 2013. Trois enveloppes ont été dégagées ; et leur montant sera revalorisé de 1 % chaque année sur la base de plafonds de dépenses largement supérieurs aux dépenses effectives.
Au cours de cette année, j'ai été amené, en plus de 10 Conseils des ministres de l'Agriculture et des rencontres multilatérales, à me déplacer dans 9 pays européens, pour faire valoir notre vision de l'agriculture et de la PAC. J'ai ainsi rencontré tous mes homologues -ceux de l'Union Européenne et ceux des pays candidats- ainsi que les Commissaires FISCHLER et BYRNE à de très nombreuses reprises. J'ai tenu, par ailleurs, sept conférences de presse hors de France, à Berlin, Bruxelles, Luxembourg, Salzbourg ou Oxford. En novembre dernier, j'ai co-signé, avec six de mes homologues européens, une tribune prenant la défense de notre Politique Agricole Commune, et parue le même jour dans plus de vingt quotidiens en Europe. Avec le Ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie, mon collègue, Pierre-André WILTZER et le Ministre délégué au Commerce Extérieur, François LOOS, j'ai publié, en décembre, un article rétablissant les faits et répondant aux attaques outrancières d'une tribune de mon homologue australien pour qui la PAC aurait affamé la planète. En expliquant ainsi sans relâche la position de la France, je me suis efforcé de faire progresser auprès de mes collègues une idée de la politique agricole fondée sur des valeurs de solidarité et de pragmatisme.
Avec aujourd'hui onze pays sur quinze opposés à la réforme FISCHLER, la France n'est pas isolée, comme on l'entend trop souvent.
A la différence de la réforme de la Politique Commune des Pêches, la discussion en cours n'est pas encadrée par un calendrier. La PAC ne s'arrêtera pas de fonctionner au 30 juin, ni au 31 décembre, ni même en 2006, dans la mesure où elle est désormais dotée d'un budget jusqu'en 2013. La focalisation sur le calendrier qui est parfois faite dans la presse ne repose sur aucun fondement réel.
En réalité, ce qui détermine cette discussion, ce sont les mérites des propositions qui nous sont faites.
Et c'est la raison pour laquelle nous nous opposons fermement au découplage total des aides, qui nous est présenté comme une solution miracle aux problèmes des agriculteurs. Car un découplage total ferait disparaître sur des territoires fragiles un très grand nombre d'exploitations et transformerait les agriculteurs en jardiniers salariés de l'Etat. Il nous priverait de tout moyen de gestion des crises. Il introduirait des distorsions entre les filières. Il exercerait une forte pression sur le foncier, et compliquerait la transmission des exploitations. Et il est désormais admis que ce n'est pas en coupant tout lien entre l'aide et le travail que nous aiderons l'agriculture européenne et mondiale à aller mieux.
Je le dis depuis des mois, la France est ferme, mais pas fermée.
Nous sommes favorables à une réforme du développement rural pour qu'enfin ce dispositif fonctionne.
Nous sommes favorables à ce que la PAC apporte des solutions aux problèmes des agriculteurs, tels que la mise aux normes, l'installation des jeunes, ou la gestion des crises.
Nous sommes favorables à des solutions qui nous aident à rendre l'agriculture plus proche des attentes des consommateurs et des citoyens, et plus respectueuse de l'environnement.
Pour l'instant, je ne vois ni n'entends rien de tout cela.
Si de nouvelles propositions nous sont présentées, nous les examinerons en liaison avec vous et l'ensemble des familles professionnelles.
Une fois de plus, je me déterminerai en fonction de l'intérêt de nos agriculteurs et non en fonction de considérations idéologiques.
Le maître mot, c'est le pragmatisme. La ligne, c'est de défendre avec détermination nos intérêts, vos intérêts.
Monsieur le Président,
Monsieur le Préfet,
Mesdames, Messieurs,
Nous n'avons pas, dans ce dossier, à rougir de ce que nous avons fait et des propositions que nous avons mises sur la table.
L'enjeu de notre action dépasse de beaucoup des considérations strictement techniques ou financières. Car ce qui est en cause dans ces négociations communautaires n'est rien de moins que la sauvegarde d'un modèle de civilisation.
Et là dessus, vous savez que ma vigilance et ma pugnacité seront entières pour défendre avec vous l'agriculture européenne et ce mode de vie auxquels nous sommes attachés.
Je vous remercie.
(Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 20 juin 2003)
Monsieur le Préfet,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais, tout d'abord, vous dire combien j'ai apprécié l'échange que nous venons d'avoir et vous remercier très sincèrement de m'avoir convié à votre manifestation.
La Politique Agricole Commune a été une formidable chance pour l'agriculture française et la construction européenne, notre échange en témoigne.
Depuis ma prise de fonctions il y a un an, le contexte dans lequel se déroule la réflexion sur l'avenir de la Politique Agricole Commune (PAC) a profondément changé.
Lorsque nous sommes arrivés aux responsabilités, beaucoup nous répétaient que, la révision à mi-parcours de la PAC se conjuguant avec l'élargissement, nous ne parviendrions jamais à tirer la France de son isolement et que c'en était donc fini de la PAC.
Alors qu'on nous présentait une réforme radicale de la PAC comme le prix à payer pour garantir la pérennité d'une politique agricole européenne jusqu'en 2006 et assurer le succès de l'élargissement, le Président de la République a su convaincre nos partenaires que cet élargissement ne devait pas buter sur les égoïsmes budgétaires et que la politique agricole commune et les agriculteurs ne devaient pas lui être sacrifiés.
Il a ainsi obtenu une visibilité budgétaire pour la PAC jusqu'en 2013. Et ceci est d'autant plus important que la conduite d'une exploitation ou d'une entreprise coopérative nécessite des perspectives lisibles, et donc une politique publique stabilisée. Des aides directes seront donc progressivement octroyées aux futurs Etats membres, jusqu'en 2013. Trois enveloppes ont été dégagées ; et leur montant sera revalorisé de 1 % chaque année sur la base de plafonds de dépenses largement supérieurs aux dépenses effectives.
Au cours de cette année, j'ai été amené, en plus de 10 Conseils des ministres de l'Agriculture et des rencontres multilatérales, à me déplacer dans 9 pays européens, pour faire valoir notre vision de l'agriculture et de la PAC. J'ai ainsi rencontré tous mes homologues -ceux de l'Union Européenne et ceux des pays candidats- ainsi que les Commissaires FISCHLER et BYRNE à de très nombreuses reprises. J'ai tenu, par ailleurs, sept conférences de presse hors de France, à Berlin, Bruxelles, Luxembourg, Salzbourg ou Oxford. En novembre dernier, j'ai co-signé, avec six de mes homologues européens, une tribune prenant la défense de notre Politique Agricole Commune, et parue le même jour dans plus de vingt quotidiens en Europe. Avec le Ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie, mon collègue, Pierre-André WILTZER et le Ministre délégué au Commerce Extérieur, François LOOS, j'ai publié, en décembre, un article rétablissant les faits et répondant aux attaques outrancières d'une tribune de mon homologue australien pour qui la PAC aurait affamé la planète. En expliquant ainsi sans relâche la position de la France, je me suis efforcé de faire progresser auprès de mes collègues une idée de la politique agricole fondée sur des valeurs de solidarité et de pragmatisme.
Avec aujourd'hui onze pays sur quinze opposés à la réforme FISCHLER, la France n'est pas isolée, comme on l'entend trop souvent.
A la différence de la réforme de la Politique Commune des Pêches, la discussion en cours n'est pas encadrée par un calendrier. La PAC ne s'arrêtera pas de fonctionner au 30 juin, ni au 31 décembre, ni même en 2006, dans la mesure où elle est désormais dotée d'un budget jusqu'en 2013. La focalisation sur le calendrier qui est parfois faite dans la presse ne repose sur aucun fondement réel.
En réalité, ce qui détermine cette discussion, ce sont les mérites des propositions qui nous sont faites.
Et c'est la raison pour laquelle nous nous opposons fermement au découplage total des aides, qui nous est présenté comme une solution miracle aux problèmes des agriculteurs. Car un découplage total ferait disparaître sur des territoires fragiles un très grand nombre d'exploitations et transformerait les agriculteurs en jardiniers salariés de l'Etat. Il nous priverait de tout moyen de gestion des crises. Il introduirait des distorsions entre les filières. Il exercerait une forte pression sur le foncier, et compliquerait la transmission des exploitations. Et il est désormais admis que ce n'est pas en coupant tout lien entre l'aide et le travail que nous aiderons l'agriculture européenne et mondiale à aller mieux.
Je le dis depuis des mois, la France est ferme, mais pas fermée.
Nous sommes favorables à une réforme du développement rural pour qu'enfin ce dispositif fonctionne.
Nous sommes favorables à ce que la PAC apporte des solutions aux problèmes des agriculteurs, tels que la mise aux normes, l'installation des jeunes, ou la gestion des crises.
Nous sommes favorables à des solutions qui nous aident à rendre l'agriculture plus proche des attentes des consommateurs et des citoyens, et plus respectueuse de l'environnement.
Pour l'instant, je ne vois ni n'entends rien de tout cela.
Si de nouvelles propositions nous sont présentées, nous les examinerons en liaison avec vous et l'ensemble des familles professionnelles.
Une fois de plus, je me déterminerai en fonction de l'intérêt de nos agriculteurs et non en fonction de considérations idéologiques.
Le maître mot, c'est le pragmatisme. La ligne, c'est de défendre avec détermination nos intérêts, vos intérêts.
Monsieur le Président,
Monsieur le Préfet,
Mesdames, Messieurs,
Nous n'avons pas, dans ce dossier, à rougir de ce que nous avons fait et des propositions que nous avons mises sur la table.
L'enjeu de notre action dépasse de beaucoup des considérations strictement techniques ou financières. Car ce qui est en cause dans ces négociations communautaires n'est rien de moins que la sauvegarde d'un modèle de civilisation.
Et là dessus, vous savez que ma vigilance et ma pugnacité seront entières pour défendre avec vous l'agriculture européenne et ce mode de vie auxquels nous sommes attachés.
Je vous remercie.
(Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 20 juin 2003)