Texte intégral
Paula85 : Vos collègues du gouvernement sont-ils machos ?
Nicole Ameline : Pas du tout. Nous avons des hommes modernes, tout à fait inspirés par cette nouvelle dynamique hommes/femmes qui doit totalement irriguer la vie politique et la vie économique. Au contraire, je dirais qu'il y a au gouvernement un mouvement très 21e siècle.
Sansmandat : Malgré la loi sur la parité, pourquoi aussi peu de femmes dans l'hémicycle ?
Nicole Ameline : Nous sommes dans une phase de transition. Maintenant, nous sommes là pour accélérer l'histoire. La loi sur la parité va se traduire prochainement au niveau territorial lors des régionales, puisqu'à l'UMP nous avons un homme/une femme par liste. Une génération est en train d'émerger, elle va très rapidement s'affirmer. Je fais confiance aux femmes : après les régionales, elles vont s'investir dans la vie publique parisienne et nationale. Nous les retrouverons alors à l'Assemblée.
Nutella : Pourquoi si peu de femmes têtes de listes aux régionales, pour l'UMP ?
Nicole Ameline : C'est encore cette période de transition qui justifie cela. Je suis moi-même vice présidente de ma région et c'est un homme qui la conduit. Le mouvement n'est pas encore assez fort et concret pour imposer des femmes. Il y en a encore trop peu. C'est l'une de nos préoccupations majeures.
Fadel : L'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. Mythe ou réalité ?
Nicole Ameline : Non, c'est de plus en plus une concrétisation d'un droit qui jusqu'à présent était virtuel. Le mois prochain, en mars, nous signerons un formidable accord interprofessionnel avec le MEDEF et les syndicats. Il concernera tout ce qui nous intéresse de tangible, de quotidien : l'articulation du temps de travail, l'accès aux responsabilités. Mais au-delà, j'insiste pour dire que ce mouvement est culturel. Il faut décloisonner la société, ouvrir les carrières aux hommes et aux femmes. Aujourd'hui, à titre d'exemple, on ne retrouve les femmes que dans six secteurs sur les 31 filières professionnelles qui existent. La société est encore victime de schémas de pensée très anciens, d'un autre siècle. Il faut donc agir sur le système scolaire et les stéréotypes.
Jeannine : La loi sur l'égalité des salaires doit avoir environ 30 ans, et dans les faits, il y a toujours 25 % d'écart à qualification égale... Comment en finir avec cette situation insupportable ?
Nicole Ameline : Il ne faut plus parler d'emploi ou de travail pour les femmes, il faut parler carrière. Le différentiel constaté, qui est exact, s'assimile à la situation des femmes qui est très irrégulière dans leurs carrières. C'est sur la durée que s'accuse cette différence. Il faut donc ouvrir les postes et les responsabilités, mieux partager le temps, notamment les responsabilités familiales, faire en sorte que les femmes se sentent plus confortables dans leur existence quotidienne pour mieux s'investir dans les entreprises. C'est ce pari là qui va faire que, très vite, nous irons vers des compétences reconnues et valorisées. J'ajoute que c'est une nécessité économique, car l'évolution démographique va priver la France de centaines de milliers de compétences dans deux ou trois ans. Les femmes représentent un potentiel sous valorisé et sous payé. Les partenaires sociaux l'ont compris, nous allons donc faire émerger ce potentiel au féminin.
Sonia : Faut-il prévoir des sanctions financières pour les entreprises qui ne respectent pas l'égalité des salaires entre les hommes et les femmes ?
Nicole Ameline : Je suis plus sur le terrain de la conviction que de la contrainte, parce que nous sommes en train de gagner ce pari. Toutes les entreprises de France comprennent qu'aujourd'hui leur efficacité repose sur une dynamique nouvelle homme femme. Nous allons les aider à la rendre concrète. La loi a ses limites aussi. Je préfère mille fois la modernité, l'adhésion à un principe clair : l'égalité professionnelle. C'est un atout de la croissance.
Hello : Comment parvenir à la mixité professionnelle ?
Nicole Ameline : La mixité commence à l'école. Les barrières éducatives doivent tomber très vite pour que les jeunes filles puissent choisir des métiers traditionnellement masculins. Les femmes doivent aussi acquérir leur autonomie, avoir confiance en leur capacité de formation et d'investissement. La vie est ainsi faite qu'elles ne doivent compter que sur elles. Elles doivent s'affirmer, construire leur projet de vie et démontrer qu'elles sont capables d'assumer les plus hautes compétences.
Ecole : A l'école, on constate notamment dans les établissements difficiles une recrudescence des actes de sexisme, de machisme et de non respect des filles. Quelles mesures proposez-vous ?
Nicole Ameline : J'ai demandé devant la commission Thélot du débat national sur l'avenir de l'école que la mixité soit un véhicule de valeurs fondées sur le respect, la dignité de la personne, l'affirmation de soi... L'éducation à la citoyenneté doit commencer dès l'école car il n'y a pas de meilleur rempart pour la démocratie que de jeunes citoyens formés et responsables. L'école doit être le véhicule des valeurs de la république, l'esprit de la loi sur la laïcité que nous venons de voter va dans ce sens.
Miroir : Pensez-vous que la parité soit un moyen de s'affirmer ?
Nicole Ameline : Absolument. S'affirmer, prendre conscience de soi, dans le respect de l'autre, c'est probablement l'un des symboles de la modernité. La France a besoin de tous ses talents, l'économie a besoin de toutes ses forces. La diversité est un facteur de richesses et non pas d'exclusion. Prendre en compte la compétence des hommes, des femmes, et au-delà de toutes les composantes de la nation, pour une véritable égalité des chances, c'est être dans l'esprit 21e siècle.
Olive : La loi sur l'interdiction des signes religieux à l'école est-elle aussi un pas en avant dans la cause de l'égalité hommes/femmes ?
Nicole Ameline : Absolument. Le port du voile et les dérives internes à cette contrainte sont une atteinte directe au principe de l'égalité hommes/femmes. L'école doit être le lieu où s'affirme l'égalité républicaine. Nous devons dire aux femmes qu'elles doivent s'affirmer dans toutes leurs potentialités, car l'économie moderne et la vie moderne exigeront beaucoup d'elles. Il faut qu'elles se préparent à ce partenariat avec les hommes dans la société contemporaine.
Olive : La cause des femmes tient-elle au coeur des autres membres du gouvernement ?
Nicole Ameline : Elle va l'être psychologiquement, intellectuellement et politiquement, mais aussi administrativement puisque nous allons signé une charte sur le thème : " La France s'engage sur l'égalité ". Celle-ci réunira les ministères, les acteurs économiques et sociaux, les grandes associations, les collectivités territoriales, la France entière autour de l'égalité.
(source http://www.u-m-p.org, le 23 février 2004)
Nicole Ameline : Pas du tout. Nous avons des hommes modernes, tout à fait inspirés par cette nouvelle dynamique hommes/femmes qui doit totalement irriguer la vie politique et la vie économique. Au contraire, je dirais qu'il y a au gouvernement un mouvement très 21e siècle.
Sansmandat : Malgré la loi sur la parité, pourquoi aussi peu de femmes dans l'hémicycle ?
Nicole Ameline : Nous sommes dans une phase de transition. Maintenant, nous sommes là pour accélérer l'histoire. La loi sur la parité va se traduire prochainement au niveau territorial lors des régionales, puisqu'à l'UMP nous avons un homme/une femme par liste. Une génération est en train d'émerger, elle va très rapidement s'affirmer. Je fais confiance aux femmes : après les régionales, elles vont s'investir dans la vie publique parisienne et nationale. Nous les retrouverons alors à l'Assemblée.
Nutella : Pourquoi si peu de femmes têtes de listes aux régionales, pour l'UMP ?
Nicole Ameline : C'est encore cette période de transition qui justifie cela. Je suis moi-même vice présidente de ma région et c'est un homme qui la conduit. Le mouvement n'est pas encore assez fort et concret pour imposer des femmes. Il y en a encore trop peu. C'est l'une de nos préoccupations majeures.
Fadel : L'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. Mythe ou réalité ?
Nicole Ameline : Non, c'est de plus en plus une concrétisation d'un droit qui jusqu'à présent était virtuel. Le mois prochain, en mars, nous signerons un formidable accord interprofessionnel avec le MEDEF et les syndicats. Il concernera tout ce qui nous intéresse de tangible, de quotidien : l'articulation du temps de travail, l'accès aux responsabilités. Mais au-delà, j'insiste pour dire que ce mouvement est culturel. Il faut décloisonner la société, ouvrir les carrières aux hommes et aux femmes. Aujourd'hui, à titre d'exemple, on ne retrouve les femmes que dans six secteurs sur les 31 filières professionnelles qui existent. La société est encore victime de schémas de pensée très anciens, d'un autre siècle. Il faut donc agir sur le système scolaire et les stéréotypes.
Jeannine : La loi sur l'égalité des salaires doit avoir environ 30 ans, et dans les faits, il y a toujours 25 % d'écart à qualification égale... Comment en finir avec cette situation insupportable ?
Nicole Ameline : Il ne faut plus parler d'emploi ou de travail pour les femmes, il faut parler carrière. Le différentiel constaté, qui est exact, s'assimile à la situation des femmes qui est très irrégulière dans leurs carrières. C'est sur la durée que s'accuse cette différence. Il faut donc ouvrir les postes et les responsabilités, mieux partager le temps, notamment les responsabilités familiales, faire en sorte que les femmes se sentent plus confortables dans leur existence quotidienne pour mieux s'investir dans les entreprises. C'est ce pari là qui va faire que, très vite, nous irons vers des compétences reconnues et valorisées. J'ajoute que c'est une nécessité économique, car l'évolution démographique va priver la France de centaines de milliers de compétences dans deux ou trois ans. Les femmes représentent un potentiel sous valorisé et sous payé. Les partenaires sociaux l'ont compris, nous allons donc faire émerger ce potentiel au féminin.
Sonia : Faut-il prévoir des sanctions financières pour les entreprises qui ne respectent pas l'égalité des salaires entre les hommes et les femmes ?
Nicole Ameline : Je suis plus sur le terrain de la conviction que de la contrainte, parce que nous sommes en train de gagner ce pari. Toutes les entreprises de France comprennent qu'aujourd'hui leur efficacité repose sur une dynamique nouvelle homme femme. Nous allons les aider à la rendre concrète. La loi a ses limites aussi. Je préfère mille fois la modernité, l'adhésion à un principe clair : l'égalité professionnelle. C'est un atout de la croissance.
Hello : Comment parvenir à la mixité professionnelle ?
Nicole Ameline : La mixité commence à l'école. Les barrières éducatives doivent tomber très vite pour que les jeunes filles puissent choisir des métiers traditionnellement masculins. Les femmes doivent aussi acquérir leur autonomie, avoir confiance en leur capacité de formation et d'investissement. La vie est ainsi faite qu'elles ne doivent compter que sur elles. Elles doivent s'affirmer, construire leur projet de vie et démontrer qu'elles sont capables d'assumer les plus hautes compétences.
Ecole : A l'école, on constate notamment dans les établissements difficiles une recrudescence des actes de sexisme, de machisme et de non respect des filles. Quelles mesures proposez-vous ?
Nicole Ameline : J'ai demandé devant la commission Thélot du débat national sur l'avenir de l'école que la mixité soit un véhicule de valeurs fondées sur le respect, la dignité de la personne, l'affirmation de soi... L'éducation à la citoyenneté doit commencer dès l'école car il n'y a pas de meilleur rempart pour la démocratie que de jeunes citoyens formés et responsables. L'école doit être le véhicule des valeurs de la république, l'esprit de la loi sur la laïcité que nous venons de voter va dans ce sens.
Miroir : Pensez-vous que la parité soit un moyen de s'affirmer ?
Nicole Ameline : Absolument. S'affirmer, prendre conscience de soi, dans le respect de l'autre, c'est probablement l'un des symboles de la modernité. La France a besoin de tous ses talents, l'économie a besoin de toutes ses forces. La diversité est un facteur de richesses et non pas d'exclusion. Prendre en compte la compétence des hommes, des femmes, et au-delà de toutes les composantes de la nation, pour une véritable égalité des chances, c'est être dans l'esprit 21e siècle.
Olive : La loi sur l'interdiction des signes religieux à l'école est-elle aussi un pas en avant dans la cause de l'égalité hommes/femmes ?
Nicole Ameline : Absolument. Le port du voile et les dérives internes à cette contrainte sont une atteinte directe au principe de l'égalité hommes/femmes. L'école doit être le lieu où s'affirme l'égalité républicaine. Nous devons dire aux femmes qu'elles doivent s'affirmer dans toutes leurs potentialités, car l'économie moderne et la vie moderne exigeront beaucoup d'elles. Il faut qu'elles se préparent à ce partenariat avec les hommes dans la société contemporaine.
Olive : La cause des femmes tient-elle au coeur des autres membres du gouvernement ?
Nicole Ameline : Elle va l'être psychologiquement, intellectuellement et politiquement, mais aussi administrativement puisque nous allons signé une charte sur le thème : " La France s'engage sur l'égalité ". Celle-ci réunira les ministères, les acteurs économiques et sociaux, les grandes associations, les collectivités territoriales, la France entière autour de l'égalité.
(source http://www.u-m-p.org, le 23 février 2004)