Texte intégral
Q- J.-M. Aphatie-. E. Vagnier à 7h30, sur RTL, et le journal Le Parisien nous apprennent ce matin que le jour de Pentecôte demeurera finalement un jour férié. Après le drame de la canicule, J.-P. Raffarin avait évoqué sa suppression pour en faire un jour de travail au profit de la solidarité avec les personnes âgées et les handicapés. Hier, devant les députés UMP, changement de cap du Premier ministre : plus question de toucher au lundi de Pentecôte. Chaque entreprise choisira elle-même le jour de travail supplémentaire pour participer au financement de la solidarité avec les plus âgés. Confirmez-vous cette information ?
R- "Bien sûr, mais ce n'est pas une grande nouveauté..."
Q- Quand même, quand même...
R- "Eh non, parce qu'en fait, l'idée, c'est une journée de solidarité. Chacun d'entre nous est appelé à donner une de ses journées pour que l'on puisse recruter des infirmières, des aides-soignants dans les maisons de retraite. La journée de solidarité avait été initialement fixée au lundi de Pentecôte. Et puis, on s'est aperçu qu'il était préférable de laisser un peu choisir par les Français, la journée de solidarité qu'ils entendaient donner aux autres."
Q- Mais c'était comme un symbole. On supprimerait un jour férié pour bien marquer. Pourquoi ce retour en arrière ?
R- "D'abord, ce n'est pas uniquement un symbole, parce qu'on va dégager des ressources pour nos personnes âgées..."
Q- Mais le choix du jour férié était un symbole ?
R- "Oui, mais la suppression d'un jour de RTT a la même valeur à la fois pour l'efficacité et pour le symbole. Je crois que ce qui est intéressant, c'est de voir que dans une société comme la nôtre, il faut laisser un petit peu les gens choisir leur jour de solidarité. Alors, cela veut dire que dans les entreprises, on se mettra d'accord pour, par exemple, revenir sur un jour de RTT et choisir un autre jour que le jour de Pentecôte. Cela n'exclut pas le lundi de Pentecôte pour ceux qui le souhaiteront, mais cela permet de donner plus de souplesse. Je voudrais vous dire que le groupe UMP a pesé de tout son poids dans cette démarche qui me paraît plus conforme au désir des Français de se montrer généreux mais de choisir."
Q- C'est après le résultat des élections régionales qu'on s'est rendu compte qu'il fallait laisser les gens choisir ?
R- "Non, parce que nous avions déjà engagé la réflexion sur ce point."
Q- Cet après-midi, un vote solennel est organisé à l'Assemblée nationale pour la loi sur la décentralisation. Tout le monde critique ce projet de loi, y compris les députés UMP qui ne le votent qu'à condition qu'une deuxième lecture modifie le texte. C'est très sérieux, tout ça ?
R- "Mais c'est évident ! Ils ont raison..."
Q- Donc c'est un mauvais texte qui va être voté à l'Assemblée nationale ?
R- "Il y a quelque chose d'étonnant. Ce matin, toute la presse parle de ce vote comme si c'était un vote final. Mais ce n'est pas un vote final. C'est un vote de milieu du chemin. La démarche de la décentralisation, ce n'est pas une démarche pour faire plaisir à Raffarin, comme je viens de l'entendre. C'est une démarche de modernisation de la France. La décentralisation qu'avait voulue G. Deferre se poursuit aujourd'hui en 2004, pour permettre de pouvoir, de manière plus proche - et c'est un président de Conseil général qui vous parle, qui est quand même assez fier d'avoir fait ce qu'il a fait dans son département depuis des années, aussi bien sur le plan économique que sur le plan social... La décentralisation, c'est un concept moderne. Même la gauche ne le conteste pas. Donc, on peut dire qu'en effet, cette première lecture est améliorable, elle est perfectible. C'est évident..."
Q- "Elle est pas terrible, la première mouture", disent les députés UMP. Il y a même le mot de M. Clément, président de la commission des lois - je m'excuse pour les oreilles que ça va écorcher - : "Ce texte est à chier mais il faut le voter" !
R- "Non, ce n'est pas vrai. Il ne l'a jamais dit. Sur la tête de mes enfants, il ne l'a jamais dit."
Q- Ah ! Alors, on retire tout !
R- "Ceci étant dit, il a dit que le texte était perfectible et il a parfaitement raison. Et nous ne le contestons pas mais c'est une première mouture. Vous savez, c'est un brouillon. Eh bien, nous allons passer à la copie définitive. Pourquoi est-ce qu'aujourd'hui, je souhaite que les parlementaires, dans leur grande majorité, valident ce premier brouillon, cette première copie ? C'est parce que cela permet d'écrire la seconde. Si on s'arrête aujourd'hui, on enterre la décentralisation. Et je ne suis pas convaincu du tout que la France moderne supporte une centralisation qui, dans le passé, a montré ses défauts."
Q- Vous n'êtes pas non plus épargné par les critiques. Au début du mois de mai, vous rejoindrez la commission européenne pour y remplacer M. Barnier, qui devenu ministre des Affaires étrangères.
R- "Après avoir fait du très bon travail."
Q- Votre succession est donc ouverte à la présidence du groupe UMP. Vous le présidez depuis deux ans à l'Assemblée nationale. C. Estrosi, député des Alpes-Maritimes, est déjà plus ou moins sur les rangs pour vous remplacer. Il a déclaré ceci : "La direction du groupe UMP - donc vous - s'est arrangée pour que les sujets arrivent devant l'Assemblée de la manière la plus aseptisée et édulcorée qu'il soit. Si les députés de la majorité avaient été écoutés sur la taxe sur le gazole, sur le tabac, sur le service minimum, on n'en serait pas là". "On n'en serait pas là", c'est-à-dire avec une grosse défaite lors des élections régionales. C'est aussi de votre faute ?
R- "C. Estrosi a tort quand il accuse la manière dont le groupe a travaillé. Je prétends que nous avons, avec B. Accoyer et toute l'équipe qui m'entourait, mis beaucoup de débats, de dialogue, de respect mutuel. Vous pouvez interviewer la grande majorité des députés : ils sont heureux de la manière dont le groupe a fonctionné. Par contre, là où C. Estrosi a sans doute raison - mais on n'a pas attendu pour le dire -, c'est qu'il faut améliorer la relation entre la majorité parlementaire, le Parlement et le Gouvernement. Le Gouvernement n'écoute pas assez le Parlement et sur ce point, mon successeur..."
Q- Donc vous souhaitez que ce soit qui ?
R- "Je souhaite que l'équipe actuelle dont B. Accoyer a été l'un des piliers, continue dans le même esprit. Mais, c'est vrai, si j'ai un souhait profond, c'est que désormais, il y ait de la part de l'exécutif, une plus grande écoute du Parlement."
Q- Sale climat quand même, à l'UMP, après la défaite des régionales...
R- "Non, c'est un climat un peu difficile, mais les lendemains de défaite ne sont pas évidents. Mais c'est en même temps, je trouve, pour beaucoup de députés, l'occasion de réfléchir et de continuer le combat avec courage. Le combat pour adapter ce pays et pour lui permettre de reprendre la course en tête."
Q- Réfléchissons ensemble, si vous le voulez bien, à l'image de la politique et de l'UMP. Pour les élections régionales en Picardie, G. de Robien avait enrôlé sur ses listes E. Gossuin, ex-miss France. Elle est aujourd'hui conseillère régionale UMP. Puis, à peine élue, la voila enfermée à "La Ferme" de TF1 pour quelques semaines, peut-être deux mois.... Qu'est-ce que vous en pensez ?
R- "Elle pouvait sans doute viser une autre suite à son combat électoral."
Q- Cela ne donne pas une bonne image de la politique ?
R- "Vous n'allez pas non plus monter quelque chose en exergue, l'exception qui confirme la règle d'élus, quelle que soit leur appartenance, qui travaillent pour leur grande patrie et leur petite patrie régionale ou départementale..."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 14 avril 2004)
R- "Bien sûr, mais ce n'est pas une grande nouveauté..."
Q- Quand même, quand même...
R- "Eh non, parce qu'en fait, l'idée, c'est une journée de solidarité. Chacun d'entre nous est appelé à donner une de ses journées pour que l'on puisse recruter des infirmières, des aides-soignants dans les maisons de retraite. La journée de solidarité avait été initialement fixée au lundi de Pentecôte. Et puis, on s'est aperçu qu'il était préférable de laisser un peu choisir par les Français, la journée de solidarité qu'ils entendaient donner aux autres."
Q- Mais c'était comme un symbole. On supprimerait un jour férié pour bien marquer. Pourquoi ce retour en arrière ?
R- "D'abord, ce n'est pas uniquement un symbole, parce qu'on va dégager des ressources pour nos personnes âgées..."
Q- Mais le choix du jour férié était un symbole ?
R- "Oui, mais la suppression d'un jour de RTT a la même valeur à la fois pour l'efficacité et pour le symbole. Je crois que ce qui est intéressant, c'est de voir que dans une société comme la nôtre, il faut laisser un petit peu les gens choisir leur jour de solidarité. Alors, cela veut dire que dans les entreprises, on se mettra d'accord pour, par exemple, revenir sur un jour de RTT et choisir un autre jour que le jour de Pentecôte. Cela n'exclut pas le lundi de Pentecôte pour ceux qui le souhaiteront, mais cela permet de donner plus de souplesse. Je voudrais vous dire que le groupe UMP a pesé de tout son poids dans cette démarche qui me paraît plus conforme au désir des Français de se montrer généreux mais de choisir."
Q- C'est après le résultat des élections régionales qu'on s'est rendu compte qu'il fallait laisser les gens choisir ?
R- "Non, parce que nous avions déjà engagé la réflexion sur ce point."
Q- Cet après-midi, un vote solennel est organisé à l'Assemblée nationale pour la loi sur la décentralisation. Tout le monde critique ce projet de loi, y compris les députés UMP qui ne le votent qu'à condition qu'une deuxième lecture modifie le texte. C'est très sérieux, tout ça ?
R- "Mais c'est évident ! Ils ont raison..."
Q- Donc c'est un mauvais texte qui va être voté à l'Assemblée nationale ?
R- "Il y a quelque chose d'étonnant. Ce matin, toute la presse parle de ce vote comme si c'était un vote final. Mais ce n'est pas un vote final. C'est un vote de milieu du chemin. La démarche de la décentralisation, ce n'est pas une démarche pour faire plaisir à Raffarin, comme je viens de l'entendre. C'est une démarche de modernisation de la France. La décentralisation qu'avait voulue G. Deferre se poursuit aujourd'hui en 2004, pour permettre de pouvoir, de manière plus proche - et c'est un président de Conseil général qui vous parle, qui est quand même assez fier d'avoir fait ce qu'il a fait dans son département depuis des années, aussi bien sur le plan économique que sur le plan social... La décentralisation, c'est un concept moderne. Même la gauche ne le conteste pas. Donc, on peut dire qu'en effet, cette première lecture est améliorable, elle est perfectible. C'est évident..."
Q- "Elle est pas terrible, la première mouture", disent les députés UMP. Il y a même le mot de M. Clément, président de la commission des lois - je m'excuse pour les oreilles que ça va écorcher - : "Ce texte est à chier mais il faut le voter" !
R- "Non, ce n'est pas vrai. Il ne l'a jamais dit. Sur la tête de mes enfants, il ne l'a jamais dit."
Q- Ah ! Alors, on retire tout !
R- "Ceci étant dit, il a dit que le texte était perfectible et il a parfaitement raison. Et nous ne le contestons pas mais c'est une première mouture. Vous savez, c'est un brouillon. Eh bien, nous allons passer à la copie définitive. Pourquoi est-ce qu'aujourd'hui, je souhaite que les parlementaires, dans leur grande majorité, valident ce premier brouillon, cette première copie ? C'est parce que cela permet d'écrire la seconde. Si on s'arrête aujourd'hui, on enterre la décentralisation. Et je ne suis pas convaincu du tout que la France moderne supporte une centralisation qui, dans le passé, a montré ses défauts."
Q- Vous n'êtes pas non plus épargné par les critiques. Au début du mois de mai, vous rejoindrez la commission européenne pour y remplacer M. Barnier, qui devenu ministre des Affaires étrangères.
R- "Après avoir fait du très bon travail."
Q- Votre succession est donc ouverte à la présidence du groupe UMP. Vous le présidez depuis deux ans à l'Assemblée nationale. C. Estrosi, député des Alpes-Maritimes, est déjà plus ou moins sur les rangs pour vous remplacer. Il a déclaré ceci : "La direction du groupe UMP - donc vous - s'est arrangée pour que les sujets arrivent devant l'Assemblée de la manière la plus aseptisée et édulcorée qu'il soit. Si les députés de la majorité avaient été écoutés sur la taxe sur le gazole, sur le tabac, sur le service minimum, on n'en serait pas là". "On n'en serait pas là", c'est-à-dire avec une grosse défaite lors des élections régionales. C'est aussi de votre faute ?
R- "C. Estrosi a tort quand il accuse la manière dont le groupe a travaillé. Je prétends que nous avons, avec B. Accoyer et toute l'équipe qui m'entourait, mis beaucoup de débats, de dialogue, de respect mutuel. Vous pouvez interviewer la grande majorité des députés : ils sont heureux de la manière dont le groupe a fonctionné. Par contre, là où C. Estrosi a sans doute raison - mais on n'a pas attendu pour le dire -, c'est qu'il faut améliorer la relation entre la majorité parlementaire, le Parlement et le Gouvernement. Le Gouvernement n'écoute pas assez le Parlement et sur ce point, mon successeur..."
Q- Donc vous souhaitez que ce soit qui ?
R- "Je souhaite que l'équipe actuelle dont B. Accoyer a été l'un des piliers, continue dans le même esprit. Mais, c'est vrai, si j'ai un souhait profond, c'est que désormais, il y ait de la part de l'exécutif, une plus grande écoute du Parlement."
Q- Sale climat quand même, à l'UMP, après la défaite des régionales...
R- "Non, c'est un climat un peu difficile, mais les lendemains de défaite ne sont pas évidents. Mais c'est en même temps, je trouve, pour beaucoup de députés, l'occasion de réfléchir et de continuer le combat avec courage. Le combat pour adapter ce pays et pour lui permettre de reprendre la course en tête."
Q- Réfléchissons ensemble, si vous le voulez bien, à l'image de la politique et de l'UMP. Pour les élections régionales en Picardie, G. de Robien avait enrôlé sur ses listes E. Gossuin, ex-miss France. Elle est aujourd'hui conseillère régionale UMP. Puis, à peine élue, la voila enfermée à "La Ferme" de TF1 pour quelques semaines, peut-être deux mois.... Qu'est-ce que vous en pensez ?
R- "Elle pouvait sans doute viser une autre suite à son combat électoral."
Q- Cela ne donne pas une bonne image de la politique ?
R- "Vous n'allez pas non plus monter quelque chose en exergue, l'exception qui confirme la règle d'élus, quelle que soit leur appartenance, qui travaillent pour leur grande patrie et leur petite patrie régionale ou départementale..."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 14 avril 2004)