Conférence de presse de M. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères, sur la mise en oeuvre du processus de paix au Proche-Orient, la mobilisation internationale pour la reconstruction de l'Irak, les relations de l'Europe et de l'OTAN et la réunion entre l'Europe et les Etats-Unis, Luxembourg le 16 juin 2003.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Conférence affaires générales et relations extérieures à Luxembourg le 16 juin 2003

Texte intégral

Vous me permettrez de partir d'un constat général : c'est à quel point l'analyse que l'on peut faire de la situation internationale souligne la nécessité de renforcer la politique étrangère et de sécurité commune, la nécessité aussi, et nous y travaillons, d'un concept européen de sécurité, d'une mobilisation de l'ensemble des pays européens pour contribuer au règlement des crises du monde.
La première crise qui a été évoquée, et qui a constitué l'essentiel de notre déjeuner d'aujourd'hui, est celle de la situation au Proche-Orient où nous constatons à nouveau la spirale de la violence. Nous ne pouvons évidemment pas rester les bras croisés et nous devons contribuer de toutes nos forces à la recherche d'une solution. Vous me permettrez d'abord de condamner solennellement toutes les violences, toutes les actions terroristes. Je souligne aussi très fortement à quel point nous ne pouvons pas accepter les déclarations qui ont été celles du Hamas, s'en prenant à l'existence même de l'Etat d'Israël. Nous souhaitons au contraire que le dialogue puisse l'emporter. Pour que le dialogue puisse être efficace, il doit rassembler, d'un côté comme de l'autre, le plus largement possible, l'ensemble des parties. Nous souhaitons donc que les efforts engagés par le Premier ministre palestinien, Abou Mazen, puissent rassembler le plus grand nombre de Palestiniens possible. Dans ce contexte, nous demandons au Hamas à la fois de se dissocier clairement des actes terroristes en cours et de s'engager de bonne foi dans le dialogue préconisé par Abou Mazen. Si tel n'était pas le cas, alors nous serions unanimement, l'ensemble des européens, amenés à en tirer toutes les conséquences.
Pour ce qui concerne Israël, évidemment, il nous revient d'appeler à la mise en uvre immédiate de la feuille de route. Les Israéliens doivent également remplir leurs obligations telles qu'elles sont fixées : cessation des opérations militaires, lever du bouclage des territoires, gel de la colonisation, poursuite des libérations de prisonniers. Il est donc essentiel d'avancer vite dans le processus de paix. A partir des sommets d'Aqaba et de Charm-el-Cheikh, une dynamique a été engagée. Nous nous félicitons de l'engagement américain. Il faut donc réfléchir à tous les moyens qui peuvent contribuer à avancer dans le domaine de la paix. J'ai évoqué la possibilité de réfléchir à une force d'interposition qui pourrait contribuer au recul de la violence, permettre d'amorcer un retrait des Territoires et qui pourrait par ailleurs contribuer, le moment venu, aux élections palestiniennes. Vous savez que c'est l'un des principaux rendez-vous de la première phase de la feuille de route. De la même façon, je pense que la conférence internationale qui est prévue à la fin de cette première phase peut être aussi l'un des moyens d'accélérer cette avancée dans le processus de paix. Il faut donc tout mettre en uvre pour sortir de la situation actuelle et nous sommes prêts, avec l'ensemble de nos partenaires, à appuyer ces efforts.
En ce qui concerne les autres sujets qui devraient être abordés, vous me permettrez de rappeler brièvement la position de la France. En ce qui concerne l'Irak, personne n'a intérêt au chaos en Irak. Nous souhaitons que l'Union européenne prenne toute sa part dans le processus de reconstruction et joue un rôle utile dans la formation d'un Irak démocratique et pacifique. L'Union européenne doit donc inscrire son action dans le cadre de la concertation internationale qui se mettra en place sous la coordination des Nations unies.
En ce qui concerne l'Iran, vous le savez, se réunit depuis ce matin le Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Il est donc important que l'Iran puisse lever toutes nos interrogations en accomplissant les gestes de confiance nécessaires dans le domaine de la non-prolifération, notamment en signant le protocole additionnel de l'Agence internationale de l'énergie atomique et en souscrivant à la pleine coopération avec l'Agence. Ces gestes de confiance sont nécessaires pour permettre aux négociations qui ont été engagées depuis un an avec l'Iran sur un accord de commerce et un accord sur le dialogue politique de progresser parallèlement. Il y a donc là une relation globale que nous souhaitons mettre en place avec l'Iran, mais qui a comme point de départ les gestes de confiance indispensables de sa part.
En ce qui concerne la situation de l'Afrique, et plus particulièrement l'opération Artémis, engagée au Congo, nous avons répondu positivement à l'appel du Secrétaire général des Nations unies et nous sommes heureux que l'Union européenne, sollicitée, ait pris aussi ses responsabilités. Il s'agit de la première opération de l'Union européenne en dehors de l'Europe, en Afrique. La France, vous le savez, est nation-cadre. C'est du Conseil de sécurité lui-même que l'opération tient sa mission, conformément à la résolution 1484. Parallèlement nous voulons faire en sorte que le contexte politique puisse permettre d'appuyer le travail qui est fait sur place et nous sommes donc mobilisés sur les plans politique et diplomatique pour essayer de faire avancer les choses avec l'ensemble des parties. C'est vrai évidemment avec la République démocratique du Congo, c'est vrai aussi avec l'ensemble des pays voisins et en particulier l'Ouganda et le Rwanda.
Un mot, enfin, pour terminer, concernant le concept européen de sécurité : vous savez que cet exercice a été lancé au Gymnich de Rhodes. Javier Solana a fait une présentation orale du rapport qu'il remettra au Conseil européen de Thessalonique. C'est une initiative à laquelle nous attachons la plus grande importance. Dans le monde à la fois instable et dangereux que nous connaissons, il est en effet nécessaire que l'Union se dote d'une analyse commune des menaces qui pèsent sur sa sécurité et qu'elle précise les différents moyens d'y répondre. Nous examinerons lors du Conseil européen de Thessalonique les suites qui pourront être données à cette première contribution. Voilà très rapidement les choses, je suis donc près maintenant à répondre à vos questions.
Q - Monsieur le Ministre, vous parlez des conséquences si le Hamas ne se dissocie pas de la violence. Qu'est ce que vous entendez par-là ?
R - N'anticipons pas sur les prochaines étapes. Ce que je souhaite, c'est que nous donnions toutes les chances possibles à la paix. Or nous le savons, pour faire la paix, il faut être deux et il faut créer un rassemblement le plus large possible dans chacun des camps. Nous savons tous ce que le Hamas représente du côté palestinien comme mouvement de masse, comme mouvement politique de masse. Il est donc important de rassembler ces Palestiniens et nous souhaitons donc que le dialogue qui est actuellement engagé entre l'Autorité palestinienne et le Hamas, avec le rôle joué par les Egyptiens, puisse porter ses fruits. Nous pensons en effet que nous avons intérêt à avoir des interlocuteurs palestiniens renforcés et c'est d'ailleurs ce qui a guidé dès le départ la position d'une Union européenne ne cherchant pas à diviser les Palestiniens mais au contraire à établir le plus large consensus. C'est pour cela que nous avons maintenu des relations suivies à la fois avec le Premier ministre palestinien, M. Abou Mazen, et en même temps avec Yasser Arafat comme président.
Q - Monsieur le Ministre, vous dites que vous tirerez toutes les conséquences si le Hamas ne se distingue pas des terroristes et en même temps vous dites qu'Israël doit aussi tenir ses engagements. Est-ce qu'il n'y a pas deux poids deux mesures dans le traitement ?
R - Toute la position de la France et la position de l'Union européenne est au contraire de chercher cet équilibre savant, difficile qui consiste à marquer la nécessité pour les deux parties d'avancer. Nous savons que cela est difficile. Nous pensons qu'il est important du côté palestinien que l'on renonce à la violence dont on voit bien qu'elle ne peut conduire qu'à une surenchère et donc à une impasse. L'objectif de la France, l'objectif de l'Europe qu'est-ce que c'est ? C'est la paix. Pour la paix, une fois de plus, il faut un certain nombre de conditions. Il faut rassembler, je l'ai dit, le plus largement possible, les Palestiniens et il faut que les Israéliens acceptent de s'engager de façon délibérée, volontaire, énergique dans le processus de paix et donc de renoncer à ce qui aujourd'hui pose problème : la colonisation, l'occupation des Territoires. Il faut enclencher un cercle vertueux. Pour ce faire, il faut prendre le risque de la paix. Et nous pensons donc que la communauté internationale et en particulier tous ceux qui participent au Quartet doivent exercer leur responsabilité. Nous pensons que l'Union européenne a un rôle privilégié à jouer. Nous avons joué ce rôle privilégié dans la définition, la conception, de la feuille de route. Il nous appartient aujourd'hui d'apporter aussi notre contribution et pas uniquement sur le plan financier où, vous le savez, nous sommes sollicités pour aider les Palestiniens comme nous l'avons toujours fait, mais pour mieux assurer la sécurité dans les territoires. Parallèlement, nous avons vocation à prendre notre responsabilité politique dans cette région. Il faut le faire.
Q - Monsieur le Ministre, sur la force d'interposition entre Israéliens et Palestiniens, les Israéliens ont rejeté catégoriquement cette proposition, apparemment. Est-ce que vos homologues ont émis des signaux positifs à cet égard ? Et, d'autre part, le week-end dernier, les Américains laissaient entendre qu'ils pourraient ne pas être hostiles à l'idée que l'Alliance atlantique, l'OTAN, puisse intervenir éventuellement si les conditions étaient réunies. Qu'est ce que vous en pensez ?
R - Partons d'un constat parce que je crois qu'il faut, de ce point de vue là, être réaliste. Le constat c'est que la situation actuelle n'est pas satisfaisante et que, quels que soient les efforts, et on l'a vu avec le réengagement américain à Aqaba et Charm-el-Cheikh, quels que soient les efforts, nous nous heurtons à cet engrenage de la violence. Que faut-il donc faire ? Eh bien il faut faire plus. Il ne faut pas céder à la force et à la violence. Il faut réagir, et pour réagir il faut se mobiliser avec de nouveaux moyens. Et je le dis bien, nous sommes dans la première phase de la feuille de route. Ce document est la seule chose que nous ayons en main pour donner une chance à la paix. Pour cela, donnons une chance à la feuille de route, utilisons les moyens qui sont à notre disposition. Et, parmi ces moyens, et c'est pour cela que la France l'a proposé, il y a l'idée de garantir, en quelque sorte, la sécurité de cette région. Nous pensons qu'il vaut mieux que cette garantie vienne de l'extérieur. Je l'ai dit, d'ailleurs, à tous ceux qui mettaient en cause l'existence même d'Israël. La France n'acceptera jamais la remise en cause de l'existence d'Israël. Nous sommes donc prêts à faire ce qu'il faut. Et, s'il y a une chose qui est frappante, du côté européen, c'est l'unité des Européens dans leur volonté d'appuyer la paix dans cette région. Nous savons tous ce que signifie la crise qui se perpétue dans cette région du monde, les conséquences qu'elle comporte pour cette région mais aussi pour notre propre sécurité et pour celle du monde. Nous estimons donc qu'il faut avancer résolument. La force d'interposition est un moyen possible. Etudions la faisabilité, les modalités quel qu'en soit le mécanisme, quelles qu'en soient les définitions, je crois que c'est une des possibilités qui permettrait de sortir de cette spirale. Nous savons qu'historiquement il arrive à des Etats de rejeter catégoriquement un certain nombre d'options pour finalement les accepter parce que nécessité fait loi. Aujourd'hui, je dirai qu'il y a un objectif plus important que tous les autres : c'est celui de la paix ; garantir à Israël sa sécurité, s'engager résolument dans la voie de la création d'un Etat palestinien parce qu'il vaut mieux qu'Israël ait à ses côtés un Etat clairement identifié, avec des responsables capables de prendre effectivement en main leur destin. A partir de là, que peut faire la communauté internationale ? C'est la question qui se pose. Eh bien nous estimons, en tant que Français, en tant qu'Européens que l'Europe a une contribution particulière à apporter et que la communauté internationale a une contribution importante à apporter. Une mobilisation très large de cette communauté internationale, je pense qu'aucun Etat aujourd'hui ne serait résigné ou refuserait de participer à une telle force d'interposition est nécessaire. Si c'est le prix à payer pour permettre d'arriver à la paix, j'estime que la vie des Israéliens, leur sécurité et l'avenir des Palestiniens justifient un tel effort. Nous sommes donc prêts à l'envisager. Il s'agit, bien évidemment, d'étudier l'ensemble des solutions. S'il y en a d'autres, eh bien, étudions-les. Mais ne nous résignons pas à la situation actuelle qui voit le cycle de la violence toujours d'avantage s'accroître. On a un devoir d'imagination, un devoir d'action.
Q - Est-ce que ce serait envisageable avant un retrait des colons ?
R - Les modalités doivent être déterminées. Je crois que, de ce point de vue là, une fois de plus, nécessité fait loi. Quel est l'objectif ? Arrêter le terrorisme ; enclencher un mécanisme de paix ; avancer vers la création d'un Etat palestinien. Je crois qu'il faut que nous soyons véritablement, et je le dis avec beaucoup de conviction, pragmatiques au sens le plus réel du terme. Eloignons-nous de la violence, donnons une chance à la paix. Faisons ce qui est nécessaire. Ceci suppose, à mon sens, l'unité de la communauté internationale. Il faut que nous agissions tous ensemble. Le rassemblement doit être le plus large possible avec tous ceux qui veulent véritablement le même objectif, c'est-à-dire la paix et, à partir de là, le choix des mécanismes parce qu'il est important que les élections palestiniennes aient lieu ; il est important que les conditions soient réunies et qu'évidemment pour que ces élections aient lieu, il faut que les conditions soient satisfaites et qu'en particulier, très vite, Israël puisse se retirer des Territoires.
Q - Monsieur le Ministre, quand vous dites "nous sommes prêts à l'envisager", c'est nous Français ou nous Européens ?
R - Nous Européens. J'ai demandé à ce que ce soit étudié. L'Europe veut apporter sa contribution à la paix. Une fois de plus, il ne s'agit pas de forcer la main de quiconque. Comprenez-moi bien. Il n'est pas question de créer une force d'interposition contre l'une ou l'autre des parties. Il s'agit de faire en sorte que chacune des parties prenne ses responsabilités. Nous l'avons fait en Afrique, à Bunia, il n'est pas question d'intervenir dès lors que les deux parties ne seraient pas d'accord. Mais nous le leur proposons, parce que nous pensons qu'il n'y a rien de plus important que la paix.
Q - Monsieur le Ministre, quand vous dites qu'il faut éviter le chaos en Irak, quelle est la formule que vous allez proposer ou que l'Union européenne pourrait proposer ?
R - C'est une formule qui est déjà sur la table. C'est celle de la résolution 1483 dont nous avons dit qu'elle ouvrait la voie à un retour des Nations unies. Là encore nous sommes pragmatiques. Nous voyons les choses sur le terrain. Nous voyons les difficultés au jour le jour. Nous constatons que rien ne pourra être fait de façon durable sans la mobilisation de toute la communauté internationale. Utilisons les capacités. Utilisons les compétences. J'ai toute confiance dans la qualité des hommes qui ont été choisis. Je crois que la personnalité de M. Vieira de Mello est telle qu'il a la capacité et l'expérience pour faire avancer ce processus de paix en Irak. Nous devons, parce que c'est l'évidence dans la situation actuelle de l'Irak, faire en sorte très rapidement que l'Irak puisse être dotée d'une administration irakienne, qu'un processus politique puisse être enclenché. Pour ce faire, il faut une expertise. Il faut une autorité. Il faut une capacité. Je pense que, en unissant nos efforts avec les forces de la coalition sur place, avec les représentants américains sur place, nous aurons toutes les chances de faire avancer cette stratégie. Et ma conviction c'est que, de ce point de vue, les Nations unies ont une expertise incontournable et que c'est une chance supplémentaire pour réussir.
Q - M. Moratinos, dans la presse espagnole, se prononce pour la mise du Hamas sur la liste des organisations terroristes
R - Il ne m'appartient pas de porter un jugement sur ce que dit aujourd'hui M. Moratinos qui arrive à la fin de son mandat. Je constate la nécessité, évidemment, de prendre nos responsabilités en tant qu'Européens. Et je le dis : faisons-le avec le souci de l'efficacité. Je crois qu'il est important de ne jamais perdre l'objectif qui est le nôtre. Nous sommes tous mobilisés pour avancer vers la paix. Et, pour faire la paix, il faut rassembler. Vous savez, je me méfie de la stratégie qui consiste à se couper du dialogue. Je crois que, quand on peut dialoguer, quand on peut rassembler largement il faut le faire. C'est ce qui est engagé actuellement par les Egyptiens. C'est ce que souhaite Abou Mazen. Moi, j'aurais tendance à dire : faisons confiance à nos interlocuteurs palestiniens. Nous voulons les aider ; soutenons leur action. Quand Abou Mazen dit "je souhaite qu'on rassemble très largement l'ensemble des Palestiniens, que l'on ne nous divise pas. Je souhaite que le contact soit maintenu avec Yasser Arafat", je crois qu'il faut aller dans ce sens-là. Faisons tout ce qui est nécessaire pour rassembler les Palestiniens et nous travaillerons pour contribuer à la paix.
Q - Il va y avoir une présidence italienne avec un récent voyage de M. Berlusconi qui n'est pas allé voir M. Arafat, qui n'a pas vu M. Abou Mazen
R - M. Berlusconi n'a pas satisfait à ce qu'est la position européenne. La position européenne est claire. Elle vise à parler avec tout le monde et notamment avec Yasser Arafat. C'est la position de l'Europe et je crois qu'elle est sage parce que c'est la position de tous les Palestiniens qui veulent avancer vers la paix. Je crois que notre tâche ce n'est pas de rendre la situation plus compliquée pour le Premier ministre palestinien.
Q - Est-ce que vous approuvez la candidature de M. de Mistura pour remplacer M. Moratinos ?
R - Je crois qu'il a toutes les capacités pour un tel poste mais c'est une décision que nous devons prendre tous ensemble.
Q - Est-ce que la France a un candidat pour la succession de M. Moratinos ?
R - Non, la France n'a pas de candidat.
Q - Monsieur le Ministre, est ce que la France est favorable à un candidat unique pour le poste de Secrétaire général de l'OTAN ou est-ce que vous pensez plutôt que cette question doit être résolue en secret ?
R - Ecoutez, c'est un sujet qui, évidemment, doit être débattu par l'ensemble des membres de l'OTAN. Donc cela fait partie du dialogue indispensable qu'il faut que nous ayons les uns avec les autres pour déterminer quel est le meilleur candidat.
Q - Pour la première fois, il pourrait arriver qu'un candidat d'un pays qui n'est pas de l'Union européenne pourrait devenir Secrétaire général.
R - Ecoutez, l'important c'est que ce candidat soit de qualité.
Q - () Est-ce que la France est pour retourner à l'unanimité pour l'adoption des perspectives financières ?
R - Je ne veux pas rentrer ici dans tel et tel point du travail de la Convention. D'une manière générale, nous souhaitons l'élargissement de la capacité à voter à la majorité, y compris sur la politique étrangère, à travers des mécanismes qui permettraient soigneusement de faire en sorte que les propositions puissent nous permettre d'avancer dans le sens de plus de responsabilité. Donc l'objectif pour nous c'est d'avancer vers plus de majorité qualifiée parce que nous pensons que c'est le moyen le plus sûr de permettre à l'Union européenne de s'affirmer. De ce point de vue là, nous sommes on ne peut plus clairs.
Q - Puisque nous étions dans l'OTAN, que pensez-vous des déclarations de M. Rumsfeld annonçant qu'il gelait la construction du nouveau siège tant que la Belgique ne toucherait pas à sa loi de compétence universelle ?
R - Ecoutez, je ne commenterai pas aujourd'hui ce genre de propos.
Q - Avez-vous décidé quel allait être le statut du projet de Constitution de la Convention ?
R - Nous avons commencé à en parler. Il est important d'en faire la base de référence parce qu'il est important malgré tout d'aboutir. Or, si nous voulons aboutir, la meilleure garantie c'est de faire en sorte que le travail qui a été fait ne soit pas inutile mais bien la base de la réflexion et de la recherche qui pourrait être conduite à partir de là. Si la Conférence intergouvernementale part de zéro, la recherche risque d'être extrêmement longue.
Q - Où en est-on de l'initiative de défense qui a été lancée à Bruxelles par le président de la République et le chancelier allemand ? On a le sentiment que le processus est un peu enrayé ?
R - Vous savez, les Quatre ont fait des propositions à l'ensemble de leurs partenaires. Il appartient à ceux-ci de nous faire connaître leur sentiment. Notre idée est de créer un mouvement de façon extrêmement ouverte. Nous avons l'occasion d'avoir d'autres rendez-vous pour faire le point à partir de là et associer le plus largement possible ceux qui souhaitent participer à ce mouvement.
Q - Pour l'instant vous n'avez pas eu de candidatures
R - Il y a eu un certain nombre de pays qui ont clairement manifesté leur soutien à ce processus. Et donc nous sommes en train de parler avec les uns et les autres.
Q - (A propos de la défense européenne)
R - Cette feuille de route en matière de défense constitue la base des propositions qui sont faites par les Quatre, justement, aux autres partenaires. C'est à partir de là que se produit le travail de réflexion. C'est l'élément de référence.
Q - Si les partenaires ne viennent pas, on arrête ?
R - Pourquoi ? On peut parfaitement décider d'avancer sur cette base là.
Q - Comment voyez-vous, Monsieur le Ministre, les perspectives de la réunion de l'Europe et le sommet Europe-Etats-Unis, du point de vue français ?
R - Dans les meilleures conditions possibles. Je crois que la situation internationale justifie la recherche de l'accord le plus large, qu'il s'agisse du terrorisme, qu'il s'agisse de la prolifération, qu'il s'agisse de la gestion des crises. Je crois que les approches sont très largement communes et que nous avons intérêt à conjuguer l'ensemble de nos énergies si nous voulons pouvoir véritablement aboutir. C'est le souhait du côté européen, très clairement et évidemment, ma conviction est qu'il en va de même du côté américain. Donc je crois que c'est un sommet qui devra marquer une étape constructive sur l'ensemble de ces grands sujets.
Q - Est-ce qu'on pourrait souhaiter que l'on crève en quelque sorte l'abcès de la crise entre Européens et Américains ou finalement on repart presque comme avant. Il est important de mettre les choses à plat à l'occasion de ce sommet ?
R - Il faut privilégier le fait d'être capable d'agir ensemble. Nous le voyons sur le dossier irakien. Nous le voyons sur le dossier du Proche-Orient. Le fait pour Européens et Américains d'être capables de coopérer concrètement sur des projets - nous le voyons sur le domaine très particulier de la prolifération, comme sur celui du terrorisme - constitue véritablement le meilleur moyen d'éprouver notre volonté non seulement de travailler ensemble mais d'avancer vers un monde plus stable et plus juste. Donc je crois que c'est là la clef : que nous puissions, sur un certain nombre de sujets où nous pouvons avoir des positions différentes, clarifier les choses. C'est évidemment souhaitable. Cela participe évidemment des relations transatlantiques.
Q - Ce qu'on entend de nos partenaires c'est qu'on a l'impression qu'ils vont en faire un peu beaucoup à ce sommet. ()
R - Vous savez, c'est un sentiment suffisamment partagé pour que nous n'ayons pas besoin d'en rajouter. C'est une évidence que l'Europe et les Etats-Unis ont vocation à travailler ensemble. La meilleure façon de prouver la qualité de ces relations c'est d'agir. Donc, faisons en sorte, pour l'ensemble des dossiers qui sont sur la table, que nous donnions la preuve à l'ensemble des peuples européens, au peuple américain et à la communauté internationale, que la qualité de la relation transatlantique est au service de la vision d'un monde plus stable et plus juste. Je crois que c'est la meilleure preuve au-delà de toutes les belles déclarations d'intention que nous pourrions apporter, et c'est dans ce sens là que veut travailler la France.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 juin 2003)