Déclaration de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, sur les négociations de paix au Proche-Orient et sur la contribution de la France et de l'Europe à ce processus, Paris le 28 juin 2000.

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Circonstance : Colloque "Evaluation des négociations de paix au Proche-Orient" à Paris le 28 juin 2000

Texte intégral

Merci, Monsieur le Ministre.
Je voudrais d'abord dire que je trouve excellente cette initiative de tenir à ce moment précis cette réunion sur le Proche-Orient, sur ce processus de paix toujours difficile qui nous préoccupe et qui nous occupe tellement. Je suis sûr que la matinée a été l'occasion - et votre bref résumé le montre - d'une bonne évaluation des situations actuelles. Je ne vais pas faire d'exposé formel, je vois comment est composée la salle, nous sommes entre spécialistes, nous savons bien de quoi il s'agit. Ce qui est intéressant, c'est de savoir ce que nous pouvons faire à ce stade et ce que nous pouvons faire en tant que France, et dans quelques jours à peine, en tant que président de l'Union européenne. Sur le fond, c'est très simple : nous ferons tout ce que nous pouvons pour faire avancer le processus en n'étant jamais ni optimistes, ni pessimistes, mais constamment tenaces et déterminés. Notre engagement pour la paix au Proche-Orient est un engagement profond, c'est un engagement pour l'Etat, c'est un engagement politique, c'est un engagement du Président, du gouvernement. Pour beaucoup de gens c'est même un engagement militant, il y a beaucoup de gens qui sont animés par cette idée de la paix au Proche-Orient depuis des années voire depuis des décennies, quelle que soit leur fonction. L'intérêt de l'Europe, l'intérêt de la France pour le Proche-Orient n'est pas à démontrer, c'est évident. Tout concourt, et en même temps, pour faire avancer la paix. Tous ceux qui se sont attelés à la tâche de faire avancer la paix en reconnaissent l'extraordinaire difficulté. Il m'est arrivé d'ailleurs, dans ce même centre, en septembre dernier, d'organiser une réunion de spécialistes et pour la première fois je l'avais intitulée "le Proche-Orient en paix". Ce n'était pas par optimiste prématuré, - ce n'est pas tellement mon style d'habitude - mais je pensais qu'il devenait nécessaire, en terme de réalisme géopolitique et en terme d'anticipations, d'imaginer ce que pouvait être le Proche-Orient en paix, de voir comment il pouvait fonctionner, ce que cela allait modifier dans les rapports des uns et des autres à l'intérieur de cette zone et par rapport à d'autres régions du monde. Cela ne me semblait pas trop tôt pour se poser des questions et d'ailleurs cette réunion avait été à la fois très intéressante et en même temps frustrante parce que l'on voyait que beaucoup de ceux qui sont attelés à la recherche de la paix étaient presque déconcertés pour faire un exercice d'anticipations et de prévisions sur le Proche-Orient en paix. On n'en est pas encore là, puisque l'on est encore dans les difficultés. Ce n'est donc pas là dessus que nous allons nous concentrer dans les prochaines semaines - nous allons tout faire auprès de tous les protagonistes.
A notre sens l'Europe peut jouer un rôle utile en faisant ce que nous Français nous efforçons de faire. Je crois que avons enrichi et diversifié notre palette au fil des années c'est à dire avoir le meilleur rapport possible, le plus confiant possible, le plus utile possible, avec tous les protagonistes en même temps. Cela ne veut pas dire que chacun attend la même chose de nous. Mais on ne peut avoir cette approche utile que si l'on est partout. C'est ce qu'incarne M. Moratinos qui fait preuve d'une énergie inlassable, je le salue. Il faut donc être au contact, avoir un dialogue politique avec les uns et les autres. Nous essaierons, en tant que présidence, de peut être encore stimuler ce que l'Union européenne fait, de mieux en mieux je crois, au fil des années. La politique de l'Union sur ce plan s'est enrichie je crois, utilement, des quelques politiques qui existent au sein de l'Union européenne : naturellement la française mais il y en a quelques autres aussi. Pour être plus précis, il est clair, dans l'affaire israélo-palestinienne, que l'Union européenne peut être présente, amicale, faire des propositions, aider à faire penser l'avenir, aider à imaginer les développements de l'avenir et les rôles des uns et des autres mais au bout du compte on ne peut pas se substituer aux Israéliens ni aux Palestiniens même si on peut parler : les tabous, il n'y en a presque plus aujourd'hui, le travail a été fait formidablement depuis une vingtaine d'années. On peut avoir un rôle d'accompagnement, de facilitateur. On peut à un moment donné faire des suggestions - pourquoi ne pas explorer cette voie - mais il y a un moment - il faut le dire - où la responsabilité historique et ultime des dirigeants israéliens devant leur peuple, des dirigeants palestiniens devant leur peuple c'est la leur et ce n'est celle de personne d'autre. Nous ne sommes pas encore à ce moment mais il ne faut pas se méprendre. Je dis cela parce qu'il y a toujours le mirage de l'intervention, une sorte d'attente magique des interventions européennes, américaines, ou autres. Encore une fois cela pourra faciliter mais ne pourra jamais être un engagement historique parce que au bout du compte il y a une sorte de pari, un acte de courage politique, un acte d'anticipation. Le type d'accord que nous souhaitons de toutes nos forces entre les Israéliens et les Palestiniens, ne pourra jamais satisfaire complément les aspirations palestiniennes ni les aspirations israéliennes. Il ne pourra jamais calmer complètement les inquiétudes israéliennes, ni les inquiétudes palestiniennes, jamais complètement, cela fait partie des données de ce conflit. Il y a un acte de courage, un acte de responsabilité qui ne peut être accompli que par des gens qui incarnent ces peuples qui sont devant ce grand défi historique. On aura donc tout fait pour préparer, faciliter, accompagner les choses jusqu'à une minute avant l'engagement définitif. Une minute après on est à nouveau là comme partenaire qui coopère mais il y a un moment donné - historiquement vertigineux - qui est celui de la responsabilité politique. Je ne crois pas que l'on en soit là.
Rapidement et pour être plus précis, je sais que le Premier ministre israélien souhaiterait qu'il y ait une rencontre à trois aux Etats-Unis pour débloquer la négociation, que du côté palestinien on estime que la pression dans ce cas ne peut pas remplacer une discussion sur certains points de fond. C'est donc à chacun de voir - ce n'est pas à nous de le dire - s'il faut des sommets à trois ou non. Nous nous sentons en bonne synergie avec les efforts américains sur ce plan. Il y a longtemps que nous avons dépassé les phénomènes de concurrence, de rivalités inutiles ou stériles sur ce dossier du Proche-Orient. L'essentiel est que les efforts des uns et des autres, de ceux qui peuvent intervenir - il n'y en a pas beaucoup en réalité - aillent dans ce sens. Nous utiliserons cette présidence européenne pour cela en discutant en permanence avec nos partenaires européens, ce n'est pas un secret que de dire que beaucoup d'Européens sont moins allants sur ce plan, moins convaincus. D'abord, ils n'ont pas forcément la même sensibilité sur le fond et ils sont même moins allants sur le rôle éventuel de l'Europe. Là aussi, c'est un travail de Sisyphe que M. de Charette faisait avant moi, et que je poursuis. Convaincre les autres Européens qu'il n'est pas illégitime, pas abusif : non pas que l'Europe cherche un rôle pour se rendre intéressante, le rôle elle l'a, historiquement, géographiquement, et elle l'assume tout simplement. Elle ne l'invente pas de façon irrationnelle. Beaucoup d'Européens pensent que l'Europe n'a pas de raison de se mettre en avant comme cela, qu'il faut laisser cela aux protagonistes, aux seuls Américains. Nous avons à travailler sur beaucoup de terrains en même temps. Je peux donc vous confirmer un engagement opiniâtre de l'Union européenne à travers ses chefs d'Etats et de gouvernements, à travers les ministres des Affaires étrangères, à travers Javier Solana, à travers son envoyé spécial, M. Moratinos. Nous continuerons inlassablement. Il me semble aujourd'hui, qu'il n'y a aucun groupe, aucun peuple, aucun Etat, aucun responsable politique au Proche-Orient qui rejette cette présence européenne. Et au contraire, même si tout le monde n'est pas forcément d'accord avec ce que propose l'Europe, même si tout le monde n'est pas en mesure de répondre à ce que nous demandons, personne au Proche-Orient n'a de doute sur le fait que l'Union européenne n'est animée que par le désir de faciliter la paix.
Naturellement, une paix solide et sérieuse.
Là aussi, dans la responsabilité que devront prendre ceux qui s'engageront finalement, il devra y avoir cette idée qu'après une si longue attente, et tant de tragédies, la paix ne peut être que juste, sinon, elle ne fonctionnera pas. Il ne faut pas que ce soit une paix qui laisse derrière elle des bombes à retardement, au sens politique du terme. C'est pour cela que nous insistons sur la viabilité de l'Etat palestinien lorsque nous parlons maintenant à nos amis israéliens. Cela a été dit par le Premier ministre lorsqu'il y est allé, par le président et les Quinze reprennent cette formule. C'est une viabilité dans l'intérêt-même de la paix. Nous savons qu'il a été très méritoire de la part des dirigeants israéliens - car cela n'allait pas de soi du tout - de faire le cheminement intellectuel et politique qui a permis de conclure à un moment donné que l'Etat palestinien n'était pas un facteur de drames mais un facteur de la solution. C'est un cheminement très important et je crois que la France a joué un rôle dans l'évolution des esprits. Nous disons à nos amis Israéliens que l'Etat palestinien doit être viable. Je n'entre pas dans le détail car il y a des tas de choses à évoquer sur le plan de la continuité, de la capacité à fonctionner comme un Etat. Rappelons-nous que dans le monde actuel, en dépit d'une idéologie dominante très anti-Etat, beaucoup de drames dans le monde actuel découlent du fait que les Etats sont trop faibles. Je ne suis pas pour les Etats répressifs, je suis pour les Etats de droit, démocratiques, modernes, mais capables d'assumer leurs fonctions. Il y a beaucoup de tragédies dans le monde qui découlent du fait que les Etats se désintègrent, implosent ou, tout simplement, ne réussissent pas à assumer leurs fonctions. Je crois que l'intérêt d'Israël est d'avoir un Etat palestinien fort et stable et donc viable au départ. Cela fait partie de la négociation. L'intérêt des Palestiniens est d'avoir des Israéliens rassurés quant à leur sécurité, rassurés quant à leur environnement et ceci, durablement, non pas en raison de la bonne entente momentanée entre deux responsables mais en raison d'une règle de fond qui les amènera petit à petit à se percevoir autrement par rapport à leur environnement.
Ce long cheminement d'une posture inquiète et défensive vers une posture coopérative a été très largement accompli par beaucoup de responsables israéliens mais pas par tous, et il reste peut-être à parachever cette évolution. Cela dépend aussi des signaux qu'adressent les responsables palestiniens par leurs déclarations. Il y a donc une dialectique dont je parle avec précaution car en même temps, aucun de ceux qui sont amis, voisins, proches ou qui donnent des conseils, n'est tout à fait capable de dire ce qu'il ferait à la place des uns ou des autres tellement la situation est compliquée, souvent pathétique lorsque l'on pense aux souffrances endurées.
Mais pourtant, il faut dégager une voie d'avenir. Nous serons donc là d'une façon générale, - quant au climat -, d'une façon détaillée - s'il le faut -, au travers de propositions qui peuvent porter sur les modalités de la coopération de demain, les modalités de la sécurité mutuelle, le mode de fonctionnement de l'Etat palestinien mais aussi le mode de gestion de l'eau, le mode de coopération économique. Il y a des sujets sur lesquels il y a un travail intense de part et d'autre. Mais nous avons vu, sur quelques sujets connus et d'autres qui ne le sont pas, qu'il pouvait aussi y avoir une valeur ajoutée, presque d'expertise, d'expertise amicale, confiante. Nous allons donc accompagner ce mouvement.
Je ne vais pas dire ici ce que nous ferons durant notre présidence face à la question hypothétique de la proclamation de l'Etat parce que d'abord, je n'en sais rien, c'est trop tôt, cela dépendra du contexte, cela dépend de ce que les Palestiniens décideront de faire, et c'est tout à fait différent, selon que la démarche sera unilatérale, semi-préparée, négociée, ou pas du tout. Il y a toute une gamme d'hypothèses. Cela dépend de ce qui se passe avant, d'une relance ou non de la négociation et de la discussion, donc je ne peux pas vous en dire plus. Je ne suis d'ailleurs pas venu vous dire cela aujourd'hui et d'ailleurs, vous ne l'attendiez pas. En tant que présidence, cela passe forcément par une concertation détaillée avec nos partenaires dont les positions sont plus ou moins engagées. Je ne peux pas vous le dire, mais je vous ai dit dans quel état d'esprit nous allons travailler et nous ferons un gros effort, nous Français, pour que les autres Européens n'aient pas le sentiment que la France utilise la présidence de l'Union pour mener sa propre politique y compris dans des domaines où elle n'est pas du tout représentative de l'état d'esprit des Quinze. Je dirai que c'est son mérite mais d'autres pourraient le voir autrement. Il ne s'agit pas d'utiliser la présidence pour faire ce genre d'opérations, il s'agit d'utiliser la présidence pour convaincre pour faire évoluer, pour faire une sorte de pédagogie politico-diplomatique et pour que l'Union affirme sa cohérence à travers sa politique propre.
Lorsque nous atteindrons le Proche-Orient en paix, - je ne sais pas quand -, mécaniquement, le rôle de l'Union européenne sera plus important, encore plus important dans la paix que ce qu'il aura été dans la phase antérieure pour des raisons de liens économiques, de flux commerciaux, de proximité aussi parce que l'Union européenne, parallèlement, pour d'autres raisons historiques, se fortifie et que sa capacité d'attraction augmente.
Sur la question syrienne et libanaise, israélo-libanaise ou israélo-syrienne, nous sommes dans la même position de disponibilité, une volonté d'aider, une volonté d'être utile. Nous ne cherchons pas un rôle encore une fois, nous l'avons, il nous revient naturellement, en tant qu'Européens dans ces domaines, pour des raisons historiques. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de la situation actuelle. Il est clair que le retrait de l'armée israélienne du Sud-Liban est un progrès, il ne faut pas ergoter sur ce point, c'est un progrès, c'est une résolution qui a été appliquée même longtemps après. Elle est appliquée finalement, avec courage, par M. Barak. Cela s'est plutôt bien passé. Il reste quelques points de contestation dont j'espère qu'ils seront surmontés. Tout notre travail, ensemble - et là aussi c'est aux premiers protagonistes de s'engager -, c'est de faire en sorte que cela se transforme en un élément de la future paix globale, juste et durable et que ce ne soit pas une opération isolée donnant des résultats incertains et n'ayant pas de répercussions positives sur le reste. Ce n'est pas parce qu'il y a un retrait de l'armée israélienne du Sud-Liban décidé par les Israéliens que la situation est réglée par rapport au Liban. Naturellement elle ne l'est pas. Les Libanais ont des inquiétudes, des préoccupations pour l'avenir, certaines qu'ils expriment, d'autres qu'ils n'expriment pas vraiment mais que nous connaissons aussi et il y a la question de la reconstruction de cette région, la question des Palestiniens au Liban et là on rejoint la question générale des réfugiés. Nous avons tout cela en tête et nous pensons qu'il ne peut pas y avoir de vrais règlements complets et durables qui concerneraient les Libanais et qui se fassent au détriment des Palestiniens mais on ne peut pas non plus utiliser cet argument pour empêcher une dynamique qui soit bénéfique pour le Liban. On voit que, même pour ceux qui sont un peu circonspects devant l'idée de la paix globale parce qu'elle donne l'impression de compliquer les choses, les dossiers sont en fait reliés entre eux et ce n'est pas par théorie que nous parlons en France - et depuis très longtemps - de paix globale, c'est parce que les interconnexions obligent à les analyser ainsi et obligeront à les résoudre de cette façon.
Du côté israélo-syrien, là aussi, nous ne pouvons pas considérer la situation actuelle comme satisfaisante. Il y a certainement une solution, une solution entre Israéliens et Syriens qui puisse aboutir à faire converger les intérêts légitimes des deux pays. Lorsque l'on regarde les positions, les cartes, lorsque l'on pense à l'avenir, il paraît impossible que ce blocage soit perpétuel, il n'y a pas de raison. Nous allons persévérer, insister, nous allons essayer de recréer un climat favorable à la reprise de la discussion et quand je dis nous, ce sont les Français, les Européens et avec les Américains, s'ils sont d'accord, nous travaillerons en synergie ou nous ferons la même chose mais en se tenant informés pour recréer les conditions, pour que tout le monde trouve légitime de reprendre cette discussion. Là aussi, on peut essayer de faciliter les choses en regardant ce que nous pourrions faire dans l'avenir, pour apporter telle ou telle contribution à des garanties comme cela avait été fait à un moment donné. Je considère que sur ce dossier, qu'il ne faut pas oublier, nous sommes dans une phase intermédiaire. Après tout, le président Assad avait pris une orientation depuis Madrid, il avait accepté à l'automne que la discussion commence - je crois que la diplomatie française n'avait pas été étrangère à ce mouvement -, mais la discussion n'a pas pu aboutir, elle n'a pas pu reprendre et nous sommes maintenant, en raison de la nouvelle situation en Syrie, dans une phase d'attente et dans une phase d'attente positive. Il n'y a pas de raison que cette orientation cette recherche qui a été tentée et entreprise par le président Assad ne soit pas poursuivie par son fils. Si nous pouvons contribuer à créer les conditions favorables à cela, en parlant en confiance avec tous, nous le ferons naturellement.
Voilà comment nous allons travailler durant les prochaines semaines, tout cela peut être bousculé par des événements imprévus, mais voilà l'état d'esprit. La France a donc une politique que chacun connaît, qui a été forte, qui change parce qu'elle s'adapte aux événements, aux interlocuteurs qui changent. Les partenaires font des analyses qui évoluent donc les nôtres aussi. Notre contribution, notre facilitation doit évoluer au fur et à mesure que les choses évoluent bien sûr et dans l'esprit, dans l'inspiration, elle reste la même. Nous devons faire un effort accru, je le répète, auprès des autres pays de l'Union européenne pour qu'ils se sentent en confiance avec ce dynamisme français prévisible à la tête de l'Union européenne et dans notre contact étroit avec certains partenaires, nous essaierons, en étant parfaitement clair et cohérent, en tenant le même langage, de trouver l'apport le plus utile à chacun des protagonistes, pas pour faire des effets d'annonces ou d'estrade, mais pour être vraiment dans cet accompagnement amical, étape après étape. Nous serons très disponibles pour cela, en étroite coopération avec M. Moratinos et en concertation avec M. Solana.
Je ne peux pas dire à l'avance ce que nous ferons, cela dépendra de la situation, mais même si le programme de la présidence européenne est extraordinairement chargé car nous avons toutes les actions normales d'une présidence, tous les grands objectifs, croissance, emploi, innovation, Europe des citoyens etc., plus cette énorme affaire qui est celle de la réforme institutionnelle, même si nous avons tout cela, même si nous avons à poursuivre et à rendre plus concrètes qu'elles n'ont été jusqu'à présent les négociations d'élargissement, même si nous devons poursuivre l'élaboration de l'Europe de la Défense, je vous dis ici que nous garderons des forces et une capacité d'intervention pour tout ce qui touche au processus de paix au Proche-Orient. Ce ne sera pas oublié, cela ne passera pas au second plan, sous prétexte que nous avons pendant ces six mois cette très lourde charge. J'espère que les efforts des uns et des autres vont déboucher, honnêtement, je trouve que c'est encore très dur, lorsque l'on observe la situation actuelle, lorsqu'on regarde les positions en présence, on n'est pas dans le dernier quart d'heure de la négociation avant un accord final me semble-t-il. Il y a encore un vrai travail et encore un besoin de courage politique, à certains moments. Mais, il s'agit du Proche-Orient, avec l'héritage de tout ce que vous savez, nous ne pouvons pas, brusquement, parce que nous sommes présidents de l'Union européenne modifier ces données de base. Il faut garder l'état d'esprit, l'énergie, la persévérance, ne jamais lâcher prise, ne jamais être découragé, rebondir sur chaque élément, dialoguer sans cesse, ne jamais donner l'impression que le processus de paix s'enlise pour de bon. Nous savons tous ici qu'il n'y a pas d'alternative au processus de paix - il y en a en fait mais elles sont toutes tragiques. Il n'y a qu'une vision politique que l'on puisse avoir tous ensemble et au travers de laquelle tous les peuples de la région se retrouvent dans la coexistence puis dans la coopération. Un jour, peut-être dans l'amitié. C'est le processus à soutenir. Ce sera notre engagement absolument constant dans les six prochains mois, pendant notre présidence.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 03 juillet 2000).