Texte intégral
Monsieur le Président,
Je vous remercie de m'avoir invitée à participer à ces journées du handicap mental.
Je salue les personnes handicapées mentales, enfants et adultes, leurs familles, leurs éducateurs et soignants mais aussi les parisiens qui passent en ce moment sur l'esplanade du Trocadéro et que notre attroupement intrigue.
Je veux dire aussi toute ma sympathie à ceux qui sont réunis en ce moment dans une trentaine de villes de France pour la même cause, celle de la dignité, la dignité des personnes handicapées mentales bien sûr mais je serais tentée de dire aussi, la nôtre.
Leur dignité, c'est leur intégration dans une société où elles doivent pouvoir trouver toute la place qui leur est due pour le meilleur épanouissement possible.
L'intégration des personnes handicapées c'est, vous le savez, un des trois chantiers présidentiels, c'est aussi le thème de l'année européenne, la grande cause nationale et... une priorité pour le Gouvernement.
Comme vient de vous le dire le Président de la République, "d'importants efforts budgétaires ont été déployés " dès cette année. Ils ont permis de doubler le nombre de places nouvelles en CAT, en MAS mais aussi de postes d'auxiliaires de vie et de quintupler le nombre d'auxiliaires de vie scolaire.
Ces efforts budgétaires vont être poursuivis, au même rythme, en 2004.
2004 sera aussi l'année d'une nouvelle loi sur les personnes handicapées à l'élaboration de laquelle l'UNAPEI et son Président travaillent avec beaucoup de conviction et dans un esprit très constructif. Je sais que vous êtes impatients et que vous en attendez beaucoup ! Elle sera présentée au Conseil des Ministres avant la fin de l'année.
Vous venez d'énumérer, Monsieur le Président, l'ensemble de vos préoccupations sur lesquelles nous échangeons régulièrement. Je n'y répondrai pas point par point. Je lirai avec beaucoup d'attention et sympathie le cahier national de la dignité que vous allez me remettre. Soyez certains que j'y répondrai précisément en temps et en heure.
Mais je voudrais plutôt, en ce jour de rassemblement, en ce jour de fête, m'en tenir aux principes fondamentaux de la nouvelle loi. Ils sont au nombre de trois.
1) la non discrimination
La personne handicapée doit pouvoir bénéficier, avec les aménagements et les accompagnements nécessaires, du droit commun. Cela implique l'accès à l'école, à la profession, à la vie culturelle et sportive, aux vacances, en un mot à la vie sociale en milieu ordinaire au même titre que chacun d'entre nous, chaque fois que faire se peut.
2) le choix du mode de vie
Que toute personne handicapée puisse, selon son histoire, sa personnalité, son entourage, vivre soit à domicile, au sein de sa famille ou de façon autonome, soit dans une structure adaptée. Dans tous les cas, il faut se garder de réponses uniques et définitives car il peut y avoir des évolutions dans le temps mais il faut des réponses concrètes c'est-à-dire à la fois davantage de places en établissement et d'accompagnement à domicile. Les efforts budgétaires vont dans ce sens.
3) le troisième principe fondamental est la compensation du handicap.
La loi distinguera clairement ce qui est du domaine de la compensation du handicap, c'est-à-dire les dépenses qui ne s'imposent pas à une personne valide, du revenu de la personne handicapée c'est-à-dire les ressources d'existence de tout un chacun.
La compensation est principalement technique et humaine mais bien sûr multi-forme pour répondre au mieux à chaque type de handicap. Elle relève de la solidarité nationale comme les ressources d'existence pour ceux qui ne peuvent pas travailler. Pour les autres, les ressources d'existence proviendront partiellement ou totalement des fruits de leur travail, ce dernier devant être encouragé chaque fois que faire se peut.
Compensation du handicap plus ressources d'existence permettront à chacun, selon les voeux du Président de la République et la volonté du Gouvernement, de vivre mieux, de vivre dans la dignité.
Mais il nous faut aller plus loin pour que cette loi porte vraiment ses fruits. Comment convaincre nos concitoyens que lorsque des liens authentiques et spontanés s'établissent entre les personnes handicapées et les personnes valides, l'enrichissement se fait vraiment dans les deux sens ? Là est tout le problème !
Les enfants le sentent d'instinct. C'est le mot superbe de ce petit garçon disant à sa maman, à propos d'une camarade trisomique : "Pourquoi m'as-tu dit que la petite fille était très comique, mois je la trouve très gentille" ! !
Pour les plus grands voire les adolescents, c'est une vraie école de la vie. Au contact de copains handicapés, ils apprennent à relativiser leurs soucis, leurs difficultés, leurs échecs. Ils découvrent qu'ont peut vivre avec des failles et être aimés.
Et nous, les adultes, quand oserons-nous la rencontre ?
Le handicap est une grande souffrance à laquelle se surajoute trop souvent encore une souffrance bien plus profonde : le rejet.
La personne handicapée mentale est limitée dans ses capacités de raisonnement, d'abstraction, d'autonomie mais elle ne l'est absolument pas dans ses capacités d'aimer. Son besoin le plus profond est le même que pour tout un chacun, pouvoir aimer, se savoir aimée. Nous, les gens valides, nous sommes toujours tentés de croire que ce qui fait notre valeur, notre importance, c'est ce que nous possédons, ce que nous savons, ce que nous réussissons. La personne handicapée nous remet debout, elle nous rappelle cette richesse fondamentale, enfouie en nous : la capacité d'aimer et d'être aimé pour soi-même et pour rien d'autre.
L'intégration des personnes handicapées est du domaine de la loi certes et je m'y emploie et j'y travaille activement avec les associations, comme l'UNAPEI et je serai au rendez-vous mais la loi n'est que la loi.
Au-delà de son application, chaque citoyen, vous, moi, a l'impérieux devoir de faire évoluer sa mentalité propre, de témoigner afin qu'à terme, notre société soit plus ouverte à l'autre et naturellement attentive à la différence.
(Source http://www.handicap.gouv.fr, le 3 octobre 2003)
Je vous remercie de m'avoir invitée à participer à ces journées du handicap mental.
Je salue les personnes handicapées mentales, enfants et adultes, leurs familles, leurs éducateurs et soignants mais aussi les parisiens qui passent en ce moment sur l'esplanade du Trocadéro et que notre attroupement intrigue.
Je veux dire aussi toute ma sympathie à ceux qui sont réunis en ce moment dans une trentaine de villes de France pour la même cause, celle de la dignité, la dignité des personnes handicapées mentales bien sûr mais je serais tentée de dire aussi, la nôtre.
Leur dignité, c'est leur intégration dans une société où elles doivent pouvoir trouver toute la place qui leur est due pour le meilleur épanouissement possible.
L'intégration des personnes handicapées c'est, vous le savez, un des trois chantiers présidentiels, c'est aussi le thème de l'année européenne, la grande cause nationale et... une priorité pour le Gouvernement.
Comme vient de vous le dire le Président de la République, "d'importants efforts budgétaires ont été déployés " dès cette année. Ils ont permis de doubler le nombre de places nouvelles en CAT, en MAS mais aussi de postes d'auxiliaires de vie et de quintupler le nombre d'auxiliaires de vie scolaire.
Ces efforts budgétaires vont être poursuivis, au même rythme, en 2004.
2004 sera aussi l'année d'une nouvelle loi sur les personnes handicapées à l'élaboration de laquelle l'UNAPEI et son Président travaillent avec beaucoup de conviction et dans un esprit très constructif. Je sais que vous êtes impatients et que vous en attendez beaucoup ! Elle sera présentée au Conseil des Ministres avant la fin de l'année.
Vous venez d'énumérer, Monsieur le Président, l'ensemble de vos préoccupations sur lesquelles nous échangeons régulièrement. Je n'y répondrai pas point par point. Je lirai avec beaucoup d'attention et sympathie le cahier national de la dignité que vous allez me remettre. Soyez certains que j'y répondrai précisément en temps et en heure.
Mais je voudrais plutôt, en ce jour de rassemblement, en ce jour de fête, m'en tenir aux principes fondamentaux de la nouvelle loi. Ils sont au nombre de trois.
1) la non discrimination
La personne handicapée doit pouvoir bénéficier, avec les aménagements et les accompagnements nécessaires, du droit commun. Cela implique l'accès à l'école, à la profession, à la vie culturelle et sportive, aux vacances, en un mot à la vie sociale en milieu ordinaire au même titre que chacun d'entre nous, chaque fois que faire se peut.
2) le choix du mode de vie
Que toute personne handicapée puisse, selon son histoire, sa personnalité, son entourage, vivre soit à domicile, au sein de sa famille ou de façon autonome, soit dans une structure adaptée. Dans tous les cas, il faut se garder de réponses uniques et définitives car il peut y avoir des évolutions dans le temps mais il faut des réponses concrètes c'est-à-dire à la fois davantage de places en établissement et d'accompagnement à domicile. Les efforts budgétaires vont dans ce sens.
3) le troisième principe fondamental est la compensation du handicap.
La loi distinguera clairement ce qui est du domaine de la compensation du handicap, c'est-à-dire les dépenses qui ne s'imposent pas à une personne valide, du revenu de la personne handicapée c'est-à-dire les ressources d'existence de tout un chacun.
La compensation est principalement technique et humaine mais bien sûr multi-forme pour répondre au mieux à chaque type de handicap. Elle relève de la solidarité nationale comme les ressources d'existence pour ceux qui ne peuvent pas travailler. Pour les autres, les ressources d'existence proviendront partiellement ou totalement des fruits de leur travail, ce dernier devant être encouragé chaque fois que faire se peut.
Compensation du handicap plus ressources d'existence permettront à chacun, selon les voeux du Président de la République et la volonté du Gouvernement, de vivre mieux, de vivre dans la dignité.
Mais il nous faut aller plus loin pour que cette loi porte vraiment ses fruits. Comment convaincre nos concitoyens que lorsque des liens authentiques et spontanés s'établissent entre les personnes handicapées et les personnes valides, l'enrichissement se fait vraiment dans les deux sens ? Là est tout le problème !
Les enfants le sentent d'instinct. C'est le mot superbe de ce petit garçon disant à sa maman, à propos d'une camarade trisomique : "Pourquoi m'as-tu dit que la petite fille était très comique, mois je la trouve très gentille" ! !
Pour les plus grands voire les adolescents, c'est une vraie école de la vie. Au contact de copains handicapés, ils apprennent à relativiser leurs soucis, leurs difficultés, leurs échecs. Ils découvrent qu'ont peut vivre avec des failles et être aimés.
Et nous, les adultes, quand oserons-nous la rencontre ?
Le handicap est une grande souffrance à laquelle se surajoute trop souvent encore une souffrance bien plus profonde : le rejet.
La personne handicapée mentale est limitée dans ses capacités de raisonnement, d'abstraction, d'autonomie mais elle ne l'est absolument pas dans ses capacités d'aimer. Son besoin le plus profond est le même que pour tout un chacun, pouvoir aimer, se savoir aimée. Nous, les gens valides, nous sommes toujours tentés de croire que ce qui fait notre valeur, notre importance, c'est ce que nous possédons, ce que nous savons, ce que nous réussissons. La personne handicapée nous remet debout, elle nous rappelle cette richesse fondamentale, enfouie en nous : la capacité d'aimer et d'être aimé pour soi-même et pour rien d'autre.
L'intégration des personnes handicapées est du domaine de la loi certes et je m'y emploie et j'y travaille activement avec les associations, comme l'UNAPEI et je serai au rendez-vous mais la loi n'est que la loi.
Au-delà de son application, chaque citoyen, vous, moi, a l'impérieux devoir de faire évoluer sa mentalité propre, de témoigner afin qu'à terme, notre société soit plus ouverte à l'autre et naturellement attentive à la différence.
(Source http://www.handicap.gouv.fr, le 3 octobre 2003)