Déclaration de Mme Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF, sur le rôle et l'organisation du Conseil national du parti pour mettre en oeuvre les décisions du congrès, à Paris le 11 avril 2003.

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Circonstance : Réunion du Conseil national du PCF à Paris le 11 avril 2003

Texte intégral

Notre congrès s'est achevé dimanche et nous voici déjà réunis en Conseil national. On ne traîne pas en chemin. Mais l'actualité nationale et internationale nous appelle à déployer maintenant nos initiatives politiques.
Je pense personnellement qu'il faudra consacrer assez vite une séance du Conseil national au contexte politique national, européen et international, un an après l'élection de la droite, après la guerre hors la loi en Irak. Des ruptures s'effectuent, des batailles idéologiques se mènent, des construction ultra-conservatrices sont tentées, à gauche des débats contradictoires ont lieu sur les causes de l'échec et l'issue, des résistances s'organisent tout cela est à mesurer, comprendre pour contribuer à lever les alternatives nécessaires.
On ne traîne pas en chemin. Les attentes s'expriment à l'égard de notre parti. Des communistes attendent de leur direction après ce congrès. Je l'ai dit dimanche " il n'y a pas de potion magique ". Mais l'énergie militante, le travail, l'audace devraient nous permettre d'avancer. C'est une responsabilité individuelle et collective pour chacun, chacune, pour le conseil national comme l'organisme de direction du parti.
A mon avis, nous ressortons de ce congrès avec des choix clairs, des décisions d'initiatives nationales, une direction élue pleine de potentiels humains. Un temps long de débats, des étapes -peut-être trop nombreuses, dit-on parfois- permettant de reverser dans le bien commun, ou la base commune, les opinions, les apports, les options des communistes. Et au final, un congrès qui, à partir des multitudes amendements, d'interventions, construit jusqu'au bout et " prend position ". Permettez-moi de m'arrêter un instant sur la nécessité de faire vivre ces choix, de leur donner toute la voilure nécessaire. L'expérience sur la façon dont nous avons porté le projet communiste après nos derniers congrès doit nous faire méditer.
Enracinés dans la société, dans la vie et les luttes au quotidien, nous avons besoin de donner beaucoup de cohérence et de sens à nos initiatives, à notre prise de position, dans nos rencontres avec les hommes et les femmes avec qui nous agissons. Ne rangeons pas dans le tiroir, en mettant l'actualité par dessus, ce que nous avons travaillé sur les " mutations de notre temps ", sur " notre projet concret de département du capitalisme ", sur ce que nous entendons par communisme avec les grands axes que nous avons retenus.
La période qui s'ouvre demande qu'on n'en rabatte pas sur nos analyses et propositions. Le gouvernement de droite déploie une politique dévastatrice pour notre peuple, les alternatives se cherchent, des élections importantes sont devant nous. Tout appelle une politisation de l'intervention populaire permettant le croisement des intérêts particuliers et l'émergence d'alternatives, d'une alternative. Je ne vais pas plus loin. Tout cela est au cur de nos débats et de nos décisions.
Mais cela appelle du CN : impulsion sur la durée, réactivité aux évènements et attentes ; travail de fond en donnant à voir aux communistes des choix de congrès qu'ils ont contribués à construire. Les premières réunions des conseils départementaux, sections, cellules se sont tenues avec des comptes-rendus du congrès, des discussions. Je crois qu'il nous faut tenir compte de la couverture médiatique qui a porté l'accent sur nos divisions, et nos confrontations. Il nous faut montrer ce " tous ensemble " qui se construit. Ce n'est pas une unité de façade. Le 32 pages de Communistes a été envoyé au fichier Transparence mis à jour depuis le dernier envoi mais nous devons permettre à tous les communistes de débattre à partir des décisions du congrès, de s'inscrire dans les initiatives retenues.
Nous avons expérimenté nos statuts, expérimenté " le pluralisme sans tendance " qui a été un des fondements de leur élaboration La voie est difficile, étroite. La commission Transparence des candidatures a fait un travail remarquable, dans l'écoute des uns et des autres, cherchant à prendre en compte tous les paramètres. Mais la démocratie est exigeante et l'intérêt général ne peut pas toujours dépasser, et d'ailleurs est-ce souhaitable, des itinéraires humains ou encore, et cela est plus discutable, des exigences individuelles, des réactions de défense collectives Nous voici donc 220 à constituer " la direction du parti ", avec 56 nouveaux et nouvelles que je salue. J'ai adressé un courrier à ceux et celles qui ont quitté le CN, ils sont 74, pour les remercier de leur apport.
Je crois que nous sommes capables de faire route ensemble à partir de nos choix et engagements communs. D'être cette direction militante, inventive au service des communistes. Nous avons longuement débattu -ceux et celles qui en étaient déjà- lors du dernier CN avant le congrès de la vie, du fonctionnement de notre direction afin que nous jouions mieux notre rôle d'élaboration et d'impulsion. Notre tendance récente à beaucoup repousser les discussions vers conférences nationales, où et autres structures, témoigne de nos difficultés et doit vraiment nous inciter à jouer notre rôle de direction nationale.
Beaucoup ont exprimé le souhait d'une présidence très resserrée, recentrée sur l'animation de la vie du CN (démocratie - apport aux communistes - ordre du jour - travaux ..) Je crois qu'une présidence constituée de 4 camarades devrait suffire. Nous avions également noté le trop grand émiettement de notre travail en collectifs. Il y avait du travail qui était effectué mais il était trop inutilisé, trop peu redonné à l'ensemble des communistes. Sans rien brider, cinq ou six grandes commissions devraient permettre plus de cohérence et de visibilité pour les communistes, d'être en lien avec les communistes à travers les collectifs, les réseaux. Si nous allons en ce sens, l'exécutif peut et doit " rester à sa place ", à celle que lui désigne simplement son intitulé : non pas diriger, cela c'est votre, notre rôle, mais mettre en uvre. Il devra former une équipe recherchant l'efficacité. L'équipe que je vais vous proposer aurait pu être autre. C'est une équipe marquée par la diversité, l'enracinement dans les fédérations. Les choix sont difficiles. Je les assume. Pour moi l'exécutif n'a pas vocation à " reproduire " à " poursuivre " ou à " défaire " les débats du Conseil national. Son rôle est autre. L'exécutif devra partir, se nourrir des travaux du Conseil national, de ses commissions pour impulser l'activité de notre parti et il devra rendre compte régulièrement devant le Conseil national. Avec une équipe, du travail, des rapports clairs entre le Conseil national et le comité exécutif, mais aussi avec envie, et passion, nous tous ici, toutes ici avons une place importante à prendre dans la bataille commune.

(Source http://www.pcf.fr, le 15 avril 2003)