Déclarations de M. Michel Barnier, ministre des affaires étrangères, en réponse à des questions d'actualité sur le processus d'une éventuelle adhésion de la Turquie à l'Union européenne, à l'Assemblée nationale le 7 avril 2004.

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Circonstance : Réponses à des questions d'actualité, à l'Assemblée nationale le 7 avril 2004

Texte intégral

(Déclaration de Michel Barnier en réponse à une question d'actualité sur l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, à l'Assemblée nationale le 7 avril 2004) :
L'histoire a débuté en 1963, quand le dialogue s'est noué entre l'Europe et la Turquie. Le général de Gaulle présidait la France et le chancelier allemand s'appelait Konrad Adenauer. A cette époque ont été ouvertes à la Turquie des perspectives d'adhésion à la Communauté européenne. Jamais cet engagement n'a été remis en question. Il a même été confirmé, au Sommet d'Helsinki de 1999, par le président de la République et par le Premier ministre Lionel Jospin.
A aucun moment, nous n'avons parlé d'adhésion à court terme. Ceux qui prétendent le contraire ne disent pas la vérité.
La Commission, ce qui est son rôle, doit indiquer si et quand la Turquie peut engager les négociations d'adhésion, sans pouvoir préciser la durée des négociations. Ce pays, comme les autres candidats, devra respecter tous les critères, politiques, économiques ou sociaux.
Le gouvernement français aura une attitude équitable, exigeante et vigilante, afin que l'Union européenne continue de s'adapter au monde incertain qui l'entoure.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 avril 2004)
(Déclaration de Michel Barnier en réponse à une question d'actualité sur l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, à l'Assemblée nationale le 7 avril 2004) :
Les langues officielles de l'Union européenne sont celles des quinze pays membres et seront demain celles des vingt-cinq et seulement celles-là.
Si le processus d'une éventuelle adhésion de la Turquie a été confirmé en 1999, il date en fait de 1963. Les deux chefs d'État des deux principaux pays d'Europe étaient alors le général de Gaulle et le chancelier Adenauer.
Ces hommes d'État ne pensaient pas qu'à leurs intérêts nationaux et ne vivaient pas tournés vers le XVIIIe siècle. Ils tenaient compte de cette géopolitique que vous avez mentionnée et ce n'est donc pas un hasard s'ils ont voulu engager un dialogue avec ce grand pays, qui est à la charnière de deux continents. Et depuis, cette perspective n'a jamais été interrompue.
Je répète qu'il n'est pas question d'une entrée de la Turquie à moyen ou à court terme. Pour adhérer à l'Union européenne, il faut respecter un cahier des charges extrêmement précis qui touche à la fois aux conditions politiques - Droits de l'Homme, démocratie - et économiques et sociales. Pour l'instant, je constate que la Turquie ne respecte pas ce cahier des charges, même si elle s'y prépare.
Il reviendra à la Commission de proposer, le cas échéant, des négociations d'adhésion. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Dire que la Turquie entrera dans l'Union demain ou après-demain, comme vous le faites, n'est donc pas vrai. Je vous recommande d'aborder ce débat avec le souci de la sincérité. C'est en tout cas ce que je ferai.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 avril 2004)