Conférence de presse conjointe de MM. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères et Eduard Kukan, ministre des affaires étrangères de Slovaquie (propos de M. de Villepin), sur les relations franco-slovaques et l'intégration européenne de la Slovaquie, Paris le 23 juin 2003.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Visite de M. Eduard Kukan, ministre des affaires étrangères de Slovaquie à Paris le 23 juin 2003

Texte intégral

Je suis très heureux d'accueillir mon collègue et ami, M. Kukan. Je vous rappelle que c'est auprès du président Chirac, auprès de la France, que la Slovaquie a présenté en 1998 sa candidature à l'adhésion qui est évidemment un symbole fort pour nous. Depuis cette période, la France n'a pas ménagé son soutien en faveur de l'intégration de la Slovaquie dans l'Union européenne comme dans l'OTAN.
C'est pourquoi, quelques semaines après les accords d'Athènes ratifiés par 92 % de la population slovaque, je veux rendre hommage aux efforts considérables qui ont été faits et me réjouir d'accueillir la Slovaquie au sein de notre grande famille européenne.
Dans notre relation, il y a de très bons auspices, des figures marquantes. Vous me permettrez de mentionner la mémoire du général Milan Stefanic, franco-slovaque, astronome. Il collabora à l'Observatoire de Meudon au début du siècle dernier. Géographe, il travailla également pour le ministère des Affaires étrangères et participa à de nombreuses expéditions. Il s'engagea lors de la première guerre mondiale, comme soldat, dans l'armée de l'air et devint chef des armées de la République tchécoslovaque, nouvellement indépendante en 1918.
La Slovaquie, c'est bien sûr aussi, dans le cur des Français, la très haute figure d'Alexander Dubcek, ardent avocat de l'humanité, dans un système qui était marqué par la répression et donc les Slovaques ont tant souffert.
Il était normal que notre entretien porte sur la façon dont nous voulons bâtir ensemble cette Europe, fidèle à l'esprit de nos deux pays. Nous avons donc évoqué ensemble les perspectives ouvertes par le Sommet de Thessalonique, ouvertes aussi par les premières conclusions de la Convention pour l'avenir de l'Europe à partir du projet qui nous a été présenté et dont vous savez qu'il a reçu un très chaleureux accueil à Thessalonique.
J'ai évidemment sollicité l'avis de mon collègue et ami sur les Balkans, région qu'il connaît bien, puisqu'il a été envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies dans cette région. Et je lui ai exposé également la vision que nous avions et les perspectives que nous espérions pour cette région au lendemain de la réunion très fructueuse que nous avons eue avec l'ensemble de ces pays à Thessalonique.
Nous avons passé en revue les grands points de la relation bilatérale entre nos deux pays qui est excellente comme vous le savez, les liens noués au service de l'intégration européenne de la Slovaquie. La France est le deuxième partenaire des Slovaques pour les jumelages de pré-adhésion. Ceux-ci doivent encore s'approfondir. Nous avons des contacts fructueux sur la décentralisation ou la formation des magistrats. Sur le plan économique, nos relations sont denses, puisque nous sommes le deuxième investisseur en Slovaquie. Elles sont dynamiques avec l'implantation de Peugeot et la pose, il y a quelques jours, de la première pierre de son usine à Tanava. Elles sont tournées vers l'avenir également, puisqu'elles nourrissent des coopérations scientifiques mais aussi suscitent la création d'une école française à Bratislava pour la rentrée 2003.
Le développement des liens entre nos deux pays est prometteur et nous avons pris la résolution de chercher à intensifier tout particulièrement au cours des prochains mois, la relation politique qui, dans la perspective européenne qui est la nôtre, est évidemment essentielle.
Nous avons fait un large tour d'horizon des questions internationales, en particulier de la situation au Moyen-Orient, qu'il s'agisse de l'Irak ou du Proche-Orient.
()
Q - Je voudrais savoir si vous partagez tous les deux la même analyse sur les résultats de la Convention, notamment sur le statut du président du Conseil européen ? Et savoir vous avez l'intention, par exemple, de défendre les positions communes dans le cadre de la CIG ?
()
R - Oui, je partage le sentiment qui vient d'être exprimé. Un formidable travail a pu être fait au sein de la Convention et une fois de plus, je rends hommage à la qualité de la présidence exercée par Valéry Giscard d'Estaing, dans le consensus qui est celui de la Convention. Nous avons pu ouvrir une voie, faire des avancées qui sont très fortes au service de l'Europe. Nous souhaitons bien évidemment que ce projet puisse, le plus possible, être respecté et nous avons dit solennellement à Thessalonique qu'il constituait une base de travail pour les travaux de la Conférence intergouvernementale. Il est important que nous gardions une haute ambition pour ce projet européen.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 juin 2003)