Déclaration de M. Lionel Jospin, Premier ministre, sur les liens d'amitié entre la France et Israël et sur l'évolution du processus de paix, Jérusalem le 24 février 2000.

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Circonstance : Voyage de M. Jospin en Israël et dans les Territoires palestiniens du 23 au 26 février 2000

Texte intégral

Monsieur le Premier ministre,
Je vous remercie chaleureusement de vos paroles de bienvenue. Je ne vous cacherai pas l'émotion qui est la mienne. Emotion lorsque je me suis incliné à Tel-Aviv sur le lieu de l'assassinat de Yitzhak RABIN. Emotion ce matin à Yad VASHEM quand j'ai, au nom du peuple français, rendu hommage aux victimes de la Shoah. Emotion enfin à la vue du drapeau tricolore et de l'étoile de David entremêlant sur les façades leurs couleurs.
Des liens nombreux tissent entre nous une amitié ancienne et profonde. Ces liens unissent votre peuple à la France depuis des siècles. Nous partageons une même civilisation, dont nous traduisons l'héritage chacun dans notre langue et notre vision du monde, un héritage qu'entretient chez nous une très ancienne et nombreuse communauté juive. Israël compte un grand nombre de francophones. Nous avons en commun un niveau scientifique et technologique avancé. La richesse de ces échanges croisés entre nos cultures nous rapproche. Ils rassemblent des partenaires aux mêmes valeurs démocratiques.
Ces liens que renouvellent, d'un peuple à l'autre, les parlementaires, les experts et les hommes d'affaires, les artistes, les jeunes et les touristes, les représentants d'associations et de collectivités locales qui voyagent d'un pays à l'autre, ces liens d'amitié s'incarnent aujourd'hui, pour moi, dans la figure de celui que j'ai rencontré alors qu'il était le chef de l'opposition de son pays et qui est devenu depuis le Premier ministre d'Israël, M. Ehud BARAK.
Cette amitié nous a portés souvent à vos côtés. La France a toujours défendu le droit d'Israël non seulement d'exister, mais d'être reconnu par tous et de se doter de frontières assurant sa sécurité. Elle n'a cessé de lutter, comme Israël, contre le fléau du terrorisme.
La Conférence de Madrid, les accords d'Oslo, de Wye River et de Charm el Cheikh ont ouvert le chemin de l'espoir. Sur ce chemin vous vous êtes engagés sans retour. Et je veux rendre ici hommage à la vision de Yitzhak RABIN, qui a partagé son prix Nobel de la paix avec Shimon PERES et Yasser ARAFAT. Vous en êtes, Monsieur le Premier ministre, l'héritier. La confiance que le peuple israélien a placée en vous, l'espérance de paix que vous représentez pour lui, nous les partageons.
C'est fort de cette confiance et de cette espérance que je souhaite travailler, avec vous, Monsieur le Premier ministre, aujourd'hui et dans l'avenir. Nos entretiens confirmeront, j'en suis convaincu, notre volonté commune d'oeuvrer à la paix, dans l'intérêt de la sécurité d'Israël et du respect des droits légitimes de ses voisins arabes.
A travers vous, Monsieur le Premier ministre, je veux renouveler au peuple israélien tout entier le témoignage d'amitié de la France.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 10 mars 2000