Points de presse de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, sur les négociations d'adhésion, la question de la sureté nucléaire et l'accord d'association entre l'UE et la République tchèque, sur la préparation de l'adhésion de la Hongrie et sur la préparation de l'opinion publique à l'élargissement, Bruxelles le 19 septembre 2000.

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Circonstance : Sixième conseil d'association Union européenne - République tchèque et sixième conseil d'association Union européenne - Hongrie, à Bruxelles le 19 septembre 2000

Texte intégral

Nous venons de mener le sixième Conseil d'association entre l'Union européenne et la République tchèque qui était représentée par le ministre tchèque des affaires étrangères, M. Jan Kavan. Le commissaire Verheugen et M. Javier Solana étaient également présents.
Il y a un échange de vues sur la situation dans les Balkans et sur la préparation à l'adhésion de la République tchèque. Le contexte dans lequel se réunit ce Conseil est positif, les négociations d'adhésion de la République tchèque sont bien avancées. Elles portent désormais sur tous les domaines de l'acquis communautaire, tous les chapitres de la négociation sont ouverts avec Prague, sauf celui portant sur les institutions et près de la moitié d'entre eux, c'est-à-dire 13 sur 29, ne nécessitent pas, à ce stade, de négociation supplémentaire.
Il y aura une conférence d'adhésion au niveau ministériel le 5 décembre.
Par ailleurs, la République tchèque vient de conclure, dans le cadre de l'accord d'association, un accord avec l'Union européenne portant sur de nouvelles concessions agricoles mutuelles, négociations que l'on appelle le "double zéro". Cet accord constitue un pas important pour la préparation à l'adhésion de Prague, dans la mesure où il s'agit, par des accords de libéralisation partielle du commerce agricole, de rapprocher les tarifs douaniers, de favoriser les échanges et d'anticiper les conséquences liées aux règles de l'OMC.
Le passage à la "deuxième phase" de l'accord d'association, qui vient de faire l'objet d'un accord de principe, sera un pas important vers l'instauration de la libre circulation des capitaux et des travailleurs entre l'Union européenne et la République tchèque, dans la perspective de l'adhésion.
L'Union européenne a rappelé à la République tchèque l'importance d'une reprise complète et effective de l'acquis communautaire et le fait qu'elle la soutenait totalement dans sa préparation à l'adhésion, qu'elle espérait aussi rapide au possible.
La question de la sûreté nucléaire a également été mentionnée (inquiétudes autrichiennes relatives à la centrale de Temelin). L'Union européenne a, en particulier, souligné l'importance de continuer à fournir des informations dans ce domaine. Bien qu'il n'y ait pas d'acquis communautaire en matière de sûreté nucléaire, cette question constitue, à l'évidence, un des enjeux majeurs du processus d'élargissement. C'est la raison pour laquelle l'Union européenne doit être en mesure d'évaluer de façon précise la sûreté de chaque centrale nucléaire des pays candidats et que, sous Présidence française, les experts vont travailler sur la définition de normes relatives à "un niveau élevé de sûreté nucléaire".
La Présidence a pris note des indications données par la Commission, selon lesquelles la République tchèque, en procédant à la mise en route du combustible nucléaire à Temelin, n'avait pas violé ses engagements dans le domaine de la sûreté nucléaire.
La Présidence tiendra compte de ces éléments dans sa réponse à la lettre que vient de lui adresser à ce sujet l'Autriche.
Voilà l'essentiel de nos entretiens.
Q - Vous avez dit que vous jugiez insuffisante la façon dont la République tchèque était en train de fournir des informations en ce qui concerne la sûreté nucléaire ?
R - Je n'ai pas dit que c'était insuffisant. Je n'ai pas critiqué la République tchèque. J'ai dit simplement qu'il était important de continuer à fournir des informations à ce sujet.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le25 septembre 2000)
Mesdames et Messieurs,
Nous venons de tenir le sixième Conseil d'association UE/Hongrie. Cela s'est très bien passé. Vous savez que la Hongrie a pour objectif d'être prête le 1er janvier 2003 et j'espère qu'elle y arrivera et que nous aurons résolu tous les problèmes d'ici là. Dans les négociations d'adhésion, - le commissaire Verheugen le dira mieux que moi - les choses avancent. Nous avons noté les efforts très importants et les progrès accomplis par la Hongrie. Donc, nous avons fait le point sur tout ce qui relève de la préparation de l'adhésion. Nous avons également fait le point, dans le cadre de l'accord européen de relations bilatérales Union européenne/Hongrie et avons salué l'entrée en vigueur de la deuxième étape. Nous avons également parlé de la situation dans les Balkans occidentaux et le ministre hongrois nous a expliqué qu'il soutenait complètement l'analyse de l'Union européenne et qu'il s'associait d'ailleurs au message adressé hier au peuple serbe.
Voilà, en très résumé, ce Conseil, qui intervient à un moment où nous avons vraiment le sentiment que les choses avancent bien.
Q - L'hostilité de l'opinion publique française à l'élargissement, ne pose-t-elle pas un problème à la Présidence française ?
R - D'abord, il y a beaucoup de pays d'Europe dans lesquels il y a une partie importante de l'opinion publique qui exprime des inquiétudes par rapport à l'élargissement. Ce n'est pas spécialement plus fort en France qu'en Allemagne par exemple. L'important, c'est ce que nous faisons sur le fond. Il ne s'agit pas de traiter cela par des campagnes de communication. La réussite de la négociation de l'adhésion, c'est très simple : cela consiste à négocier le mieux possible, le plus rapidement possible, mais surtout le plus sérieusement possible pour régler le problème que posent les adhésions. C'est un appel dans les deux sens : que le pays qui adhère puisse s'adapter au système de l'Union européenne, cela suppose des efforts extrêmement importants sur le plan économique, social, juridique etc donc il doit faire ces efforts-là et nous devons l'aider. Ce sont les stratégies pré-adhésion. Du côté des quinze, nous devons nous préparer à l'élargissement par la réforme des institutions qui constitue notre travail, c'est-à-dire la réussite de Nice. A partir du moment où nous aurons une bonne réforme à Nice, où nous aurons bien résolu les problèmes que pose chaque adhésion, il n'y a absolument pas à craindre l'opinion publique. Car, à ce moment là, nous pourrons dire que nous avons tenu compte des impatiences légitimes des pays candidats mais également des préoccupations des opinions publiques des pays membres. Voilà la solution, voilà les réponses. Cela n'a aucun intérêt de traiter aujourd'hui la question de l'élargissement comme un problème psychologique. Ce ne sont pas des sondages qui gouvernent les négociations d'adhésion. La, bonne réponse, ce sont de bonnes négociations d'adhésion et nous dirons à l'opinion publique à ce moment-là, sous toutes les formes possibles, que nous avons trouvé une bonne solution et que nous allons réussir l'élargissement. Je n'ai pas d'inquiétudes et il ne faut pas s'alarmer des variations de l'opinion publique entre temps.
Q - Allez-vous fixer un calendrier précis pour l'élargissement durant la Présidence française de l'Union européenne ?
R - En temps que Présidence, ce que nous souhaitons, c'est que d'ici à la fin de la Présidence, pas forcément à Nice, parce que le Conseil européen de Nice a lieu très tôt en décembre, en tous cas dans la fin de la Présidence, nous puissions dire à chaque pays candidat d'une façon encore plus claire que ce n'est le cas maintenant : voilà où vous en êtes, voilà les problèmes qui ont été réglés, les domaines dans lesquels il n'y a pas de problème, voilà les problèmes qui restent à régler et voilà comment nous pensons pouvoir les régler ensemble. Vous, par vos réformes. Nous par notre préparation. Je crois que c'est une façon sérieuse et honnête de traiter les choses. C'est ce que nous appelons un scénario. C'est déjà en partie fait. Il y a des pays dans lesquels c'est très bien fait, les gens voient bien où ils en sont. Le commissaire Verheugen s'occupe de cela tous les jours.
(source http://www.diplomatioe.gouv.fr, le 25 septembre 2000)