Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, sur le rôle de l'opposition PS à l'Assemblée nationale après succès électoral de la gauche aux élections régionales 2004, à l'Assemblée nationale le 8 avril 2004.

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Circonstance : Reprise des travaux parlementaires à l'Assemblée nationale le 8 avril 2004

Texte intégral

Forts d'un poids politique national renforcé, comment les députés socialistes abordent-ils cette session parlementaire ?
Avec confiance et détermination. Pendant deux ans, on a mené une bataille intransigeante à l'Assemblée nationale contre la politique de la droite et face à une majorité parlementaire écrasante (365 députés UMP) dont le mépris n'avait d'égal que l'arrogance.
On nous a reproché tantôt des positions trop molles, tantôt trop caricaturales . Mais nous avons gardé notre ligne : une opposition ferme, déterminée qui s'est voulu pédagogique.
Les élections nous ont montré que nous étions alors beaucoup plus en phase avec les français que la majorité, aveuglée par sa sur-représentation à l'Assemblée nationale et par les 82% obtenus par Chirac à l'élection présidentielle.
Maintenant il faut bâtir l'avenir, il va falloir poursuivre ce travail dans un contexte nouveau, et en cohérence avec les conseils régionaux et les conseils généraux socialistes. Travailler ensemble pour amplifier encore ce que nous avons fait, gérer autrement les régions et les départements, là où nous sommes désormais majoritaires, pour montrer qu'il y a une différence entre la droite et la gauche.
Les parlementaires socialistes ont été, à plusieurs reprises, victimes du mépris de la droite dans l'hémicycle ou en dehors. Peut-on aujourd'hui s'attendre à plus d'humilité?
Si nous ne sommes pas respectés, nous ne manquerons pas de les rappeler à l'ordre. Nous l'avons fait à chaque fois que nous avons été humiliés par le passé, nous le ferons encore.
Nous voulons une démocratie qui vive, une démocratie qui respire ; l'Assemblée nationale doit redevenir le lieu des débats politiques. Les propositions que les Français attendent de nous sur la Sécurité sociale, c'est à l'Assemblée nationale que nous les ferons.
Un groupe de réflexion parlementaire, animé par Jean-Marie Le Guen, Alain Claeys et Claude Évin, travaille dessus depuis des mois en liaison avec les commissions du PS. Les socialistes ont des choses à dires, des propositions à faire. Ils les dévoileront dans le cadre de la démocratie, c'est-à-dire le Parlement.
Serez-vous aussi plus audibles auprès des médias, qui peinent un peu, depuis deux ans, à relayer votre message ?
Les choses ont commencé à changer ! Nous sommes d'ailleurs un peu surpris de voir à quel point certaines de nos analyses, qui étaient accueillies il y a quelques semaines dans un silence respectueux, sont devenues aujourd'hui des vérités. Comme quoi, il faut savoir prendre patience. Etre dans l'opposition est toujours une épreuve. Cce qui est important, dans ces moments-là, est de s'appuyer sur ses convictions, de croire à la justesse du combat qu'on mène.
En février, le groupe s'est battu pour obtenir le report du vote du volet II du projet de loi sur la décentralisation après l'examen en commission du projet de loi organique relatif à l'autonomie financière des collectivités territoriales. Après avoir feint de céder, Raffarin décide finalement fixer ce vote au 14 avril...
Oui, il essaie d'imposer en force une décentralisation bâclée et inégalitaire, c'est une fuite en avant ahurissante. Nous affirmons qu'il faut d'abord commencer par mettre au clair les conditions financières. S'il n'y a pas une évaluation transparente et précise des transferts, on ne pourra pas accepter de prendre en charge de nouvelles compétence.
Par ailleurs, il y a des compétences que nous n'accepterons pas, comme la gestion des personnels TOS (techniques, ouvriers et de services) de l'Éducation nationale. Ce serait une terrible atteinte à l'unité de l'Éducation nationale.
Ensuite, nous exigeons d'aborder le problème du transfert de la gestion du RMA (revenu minimum d'activité) aux Départements. La loi RMA peut être interprétée de façon diverse. Nous souhaitons qu'elle soit appliquée dans tous les départements dans un objectif d'insertion par l'économique et non pas comme un cadeau à des entreprises pour payer des gens au rabais, ou pour leur préparer une retraite au rabais. À cette heure, nous ne savons pas quand est-ce que ces sujets reviendront à l'ordre du jour.
Propos recueillis par A. G.
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 13 avril 2004)