Déclaration de M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, en réponse à une question sur la situation de l'économie française, les atouts de la France, l'emploi et l'installation des entreprises étrangères en France, à l'Assemblée nationale le 28 avril 2004.

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Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le député, J. Chartier,
vous avez raison, la croissance, en France, est supérieure à la croissance dans la zone euro. Et d'ailleurs l'Insee vient de réévaluer la croissance 2003 à 0,5. Je suis obligé de donner les bonnes nouvelles parce qu'on ne les entend pas toujours. Donc, la croissance est meilleure que ce que certains pronostiquaient.
Nous voulons accompagner durablement cet effort de croissance. Comment ? D'abord - cela a été dit par le ministre d'Etat - par la maîtrise de nos dépenses publiques et de nos déficits, parce qu'il n'y a pas de croissance sans bonne gestion. Deuxièmement, nous voulons accompagner l'activité, comme nous le faisons en battant actuellement les records de créations d'entreprises - soutien à l'activité... Ah!, cela à l'air de déranger, mais la création d'entreprises, c'est la création d'emplois et c'est très important pour la France !! Et nous soutenons également, la consommation. Et c'est pour cela qu'à nouveau, nous augmenterons le Smic au 1er juillet contre l'avis de nos opposants, et nous maintiendrons cet objectif pour que les plus modestes dans notre pays aient un pouvoir d'achat renforcé et participent ainsi de la croissance.
Nous voulons, comme vous le souhaitez, développer l'attractivité par des logiques industrielles. J'ai, en effet, réuni 21 grands groupes industriels qui travaillent dans notre pays, qui créent des emplois - 30 000 emplois créés par ces groupes pour 2003 -, et nous avons vu que ces industriels sont intéressés par le nouveau volontarisme dont fait preuve la France en matière de développement industriel. Quand on fait le choix du nucléaire avec l'EPR et Iter, quand on fait le choix de la santé avec Sanofi et Aventis, quand on fait le choix de l'aéronautique avec EADS, quand on fait le choix du transport, avec Alstom, on sent que la France a une ambition industrielle et c'est ce dont nous voulons convaincre nos différents partenaires.
Nous poursuivrons dans cette voie, avec une vraie stratégie économique et industrielle. Et je dois dire, en effet, que ce n'est pas facile. Parce que l'image de la France a longtemps été cassée par nos prédécesseurs qui ont fait croire à l'étranger que notre pays n'aimait pas le travail, que notre pays était le pays qui pouvait se définir que par les 35 heures, que notre pays choisissait la logique des loisirs ! Mais c'est la réalité. Regardez tous les observateurs économiques. La preuve, c'est qu'après les cinq ans de socialisme, la croissance s'est effondrée et que c'est dix-huit mois après notre action que la croissance a été retrouvée.
Et je vous dirais avec détermination, que notre pays... - Oh ! je vous en prie. Vous n'avez pas un bilan qui vous autorise à une telle arrogance -, je voudrais vous dire, avec sincérité et conviction, que notre pays, attaché à la cohésion sociale, attaché au lien social, doit pouvoir faire face aux défis...
Quelle image ! Quelle image de la démocratie ! Quelle image médiocre vous donnez de l'esprit partisan ! Merci de vous montrer tels que vous êtes. Cela me réjouit de voir tant d'esprit sectaire, alors que je parle des intérêts de la France, et je veux vous dire que nous avons des projets sociaux importants. Et un message, un message avec gravité.
Je vous demande de bien réfléchir aux projets sociaux nécessaires pour les personnes âgées, comme les personnes dépendantes. Il nous faut des avancées sociales dans notre pays. Ces avancées sociales ne seront accessibles que par des heures de travail supplémentaires et non pas par l'impôt. Je ne veux pas faire appel à l'impôt pour priver notre pays de la croissance. Je vous demande de faire le choix du progrès social, mais du progrès social financé par le travail. C'est ce qui est aujourd'hui au coeur de l'attente des Français.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 29 avril 2004)