Points de presse conjoints de MM. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, et Nabil Chaath, ministre palestinien du Plan, et de MM. Védrine et Shlomo Ben Ami, ministre israélien des affaires étrangères par intérim, sur l'opportunité de la proclamation d'un Etat palestinien et sur l'état des négociations de paix entre Israël et l'Autorité palestinienne, Paris les 25 et 28 août 2000.

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Circonstance : Visites officielles de M. Nabil Chaath, ministre palestinien du Plan et de la coopération internationale, le 25 et de M. Shlomo Ben Ami, ministre israëlien des affaires étrangères par intérim, à Paris le 28 août 2000

Texte intégral

Nous venons, avec Nabil Chaath, de terminer une réunion de travail. La France présidant l'Union européenne, la visite de Nabil Chaath a une importance particulière. Nous avons fait le point de la situation. En termes très simples, je dirais que la France souhaite ardemment que les discussions israélo-palestiniennes puissent se poursuivre sur la base des acquis de Camp David, et qu'on atteigne enfin le but. Voilà ce que nous souhaitons, voilà ce à quoi nous travaillons, voilà ce que nous encourageons et voilà ce que nous faisons par tous nos contacts avec les Palestiniens, avec les Israéliens, avec les Américains, avec, aussi, d'autres pays qui jouent un rôle positif, comme l'Egypte. Nous avons examiné les sujets point par point, en essayant de voir sur chacun d'entre eux quelles étaient les possibilités de progresser. Nous allons continuer ce travail dans les jours qui viennent. Nous resterons en contact étroit dans cette période que l'on peut qualifier de décisive, c'est-à-dire dans les jours et les quelques semaines qui sont devant nous.
Q - Monsieur le Ministre, pensez-vous que l'éventuel report de la proclamation de l'Etat palestinien pourrait servir la cause justement de la paix, s'il était décidé dans ce contexte de recherche de la paix ? La France a-t-elle fait des propositions sur la question très épineuse de Jérusalem-Est.
R - Il y a deux aspects dans votre question :
- Sur chaque sujet des négociations israélo-palestiniennes, nous avons eu l'occasion depuis des semaines et des mois de faire des propositions ou des suggestions pour aider les uns et les autres à progresser vers l'objectif qui est celui de la paix. Mais, vous me permettrez de ne pas en dire plus aujourd'hui parce que c'est l'utilité qui prime dans cette période. C'est l'avancée de la discussion et l'avancée de la négociation qui l'emportent sur le reste.
- En ce qui concerne l'Etat palestinien, l'Union européenne a reconnu sans réserve le droit des Palestiniens à proclamer leur Etat. Mais nous pouvons ajouter à cela une préférence : nous souhaitons évidemment que cela s'inscrive dans une solution d'ensemble. Cela constituerait, en quelque sorte, un élément de la solution, et cela la couronnerait. Il vaudrait mieux que cela se passe dans ce contexte là que d'avoir la proclamation d'un Etat qui se substituerait à un accord que l'on n'arriverait pas à atteindre. Mais ce n'est pas une condition préalable parce que c'est aux Palestiniens d'en décider en fin du compte. C'est une préférence amicale, l'essentiel étant que le processus, comme je viens de le souligner, se poursuive et aboutisse./.

(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 août 2000)
Mesdames et Messieurs, je viens de recevoir pour un entretien et un déjeuner M. Shlomo Ben Ami que j'avais déjà rencontré mais que je reçois pour la première fois dans ses nouvelles fonctions, qui s'ajoutent à ses fonctions précédentes qu'il a aussi conservées.
Nous avons concentré notre discussion sur l'état actuel du processus de paix et sur ses perspectives. Je voudrais dire ici que nous sommes à un moment exceptionnel et qu'il y a une opportunité extraordinaire pour faire la paix que nous recherchons depuis si longtemps. Evidemment les difficultés sont encore considérables, elles sont connues. Beaucoup de contacts ont lieu en ce moment : bilatéraux ou trilatéraux ou multilatéraux, ils doivent avoir une seule obsession, une seule préoccupation, "être utile à la paix", c'est à dire réunir les conditions permettant de reprendre ce qui a déjà été ouvert et entamé à Camp David de façon à aller jusqu'au bout et conclure l'accord attendu. C'est dans ce sens que nous travaillons en tant que France, en tant que Présidence, en tant qu'Europe - M. Moratinos s'est associé à notre déjeuner - et c'est dans ce sens que nous allons continuer à agir dans les prochains jours et nous resterons à cet égard en contact étroit, M. Ben Ami et moi-même, pour voir tout ce qui peut être fait d'utile dans cette tâche et dans cette recherche de la paix dans ce moment clé.
Q - Y a-t-il des conseils européens adressés à M. Arafat pour qu'il reporte la proclamation de l'Etat palestinien ?
R - M. Arafat ou M. Nabil Chaath ont eu des contacts avec la plupart des Européens récemment et vous savez qu'il y a eu une position européenne prise à Berlin qui reconnaît le droit des Palestiniens à avoir un Etat mais en même temps il y a une question de contexte et tous les Européens souhaitent que cette décision des Palestiniens s'inscrive dans un cadre constructif et positif, le moment venu. Personne ne souhaite en Europe que ce soit une décision de dépit en quelque sorte. Il y a donc un contexte qu'il faut apprécier et il me semble que ce qui devrait prédominer, en ce moment, c'est la recherche d'une solution de paix qui est possible maintenant alors qu'elle ne l'a presque jamais été avant. Voilà ce qui a été dit et que je résume.
Q - Vous avez rencontré MM. Chaath et Ben Ami. Pensez-vous que les points de vue se rapprochent, pensez-vous pouvoir être utile ?
R - Tout ce que nous faisons, théoriquement, nous le faisons parce que nous pensons que c'est utile. C'est donc dans cet esprit que nous recevons nos visiteurs à Paris ou que nous faisons des déclarations ou que nous prenons telle ou telle initiative. C'est toujours l'état d'esprit qui définit notre politique et nous allons continuer car rien n'est fait, rien n'est arrêté, ce qui est important ce sont les jours qui viennent..

(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 août 2000)