Interview de Mme Noëlle Lenoir, ministre déléguée aux affaires européennes, à Radio France Internationale le 5 novembre 2003, sur le lancement d'une campagne de promotion et de communication concernant l'Europe, notamment auprès des jeunes.

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Média : Radio France Internationale

Texte intégral

Q - Madame la Ministre, vous lancez une campagne de promotion et de communication sur l'Europe, ce n'est pas la première, ni pour votre gouvernement, ni de la part de vos prédécesseurs : pourquoi est-ce si difficile de promouvoir l'Europe, de parler sur l'Europe ?
R - Parce que jusqu'à présent l'Europe n'a pas été suffisamment associée à des problèmes de la vie quotidienne. La dimension sociale de l'Europe n'est pas suffisamment sensible dans la population. C'est normal, puisque les Etats ont souhaité garder toutes leurs compétences dans le domaine social, notamment concernant les systèmes de protection sociale. Il s'agit, ici, de parler d'Europe à des jeunes qui font une démarche pour la recherche d'un emploi et de saisir cette occasion pour leur expliquer ce que l'Europe peut leur apporter.
Q - Alors vous voulez faire connaître et aimer l'Europe mais ne considérez-vous pas que les politiques dans leur ensemble ont une grosse responsabilité sur la méconnaissance ou le peu d'amour que l'on porte à l'Europe, à cause de leurs déclarations et leur tendance souvent à faire porter sur l'Europe le poids de tous les péchés ?
R - Il est clair qu'il y a un paradoxe en France : alors que nous sommes membres de l'Union européenne depuis 50 ans, on présente parfois l'Europe comme un pays étranger, voire une puissance tutélaire. Alors que l'Europe, c'est nous qui l'avons créée. La construction européenne a été la clef de la pacification du continent européen et de la paix, mais aussi de notre prospérité économique. Et cela va continuer. Il faut donc que les responsables politiques s'impliquent davantage. Il faut aussi que le réseau de ceux qui sont en contact avec les jeunes, c'est-à-dire les enseignants ou les conseillers des missions locales, saisissent l'occasion de dialoguer avec leurs jeunes interlocuteurs pour bien leur dire que l'Europe c'est nous, que c'est un espace à saisir et que l'Europe, ce sont des opportunités, des échanges et cela peut aussi être de l'emploi.
Q - Justement quelle est l'originalité de cette campagne que vous lancez ?
R - Elle tient compte du maillage du territoire par plusieurs centaines de missions locales. Ce sont des associations présidées par des élus et qui aident les jeunes, de façon personnalisée, à trouver un emploi ou à bénéficier de certains contrats d'aide au retour à l'emploi.
Q - Et pourquoi avez-vous choisi de cibler cette campagne sur les jeunes ?
R - L'Europe est en train de changer fondamentalement. Elle s'affirme comme une entité politique. Il est temps de prendre conscience qu'il faut organiser l'espace européen pour qu'on en tire tous profit. A défaut, nous serons vite dépassés par les Etats-Unis, mais aussi par la Chine, l'Inde et tous les pays de l'Asie qui connaissent un dynamisme exceptionnel. Il faut mettre à profit cet espace européen. On a besoin d'emplois, de qualifications. On a besoin d'éviter l'exclusion sociale pour des raisons humaines mais aussi économiques. C'est l'objet de cette campagne que de dire aux jeunes qu'ils sont Européens et qu'ils ont un droit à l'Europe
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 novembre 2003)