Déclaration de M. Renaud Dutreil, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat, sur l'union et la diversité au sein de l'UMP, Aubervilliers le 9 mai 2004.

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Circonstance : Conseil national de l'UMP à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), le 9 mai 2004

Texte intégral

Chers amis,
Lorsque nous avons créé l'UMP, nous l'avons créée sur deux principes, Alain Juppé les avait, de manière extrêmement simple, exprimés : l'unité et la diversité. Nous avions insisté sur le fait que l'unité était aussi importante que la diversité.
Nous avons suivi les étapes logiques de la création d'un grand parti, les instances nationales, locales, les élections et maintenant est venu le temps de nous pencher sur l'organisation de notre diversité.
Lorsqu'une difficulté se présente, on a toujours la tentation du renoncement, il est toujours facile de renoncer à organiser la diversité.
Nous, nous ne sommes pas le parti du renoncement, nous ne renonçons pas à la réforme, nous ne renonçons pas au combat politique, nous ne renonçons pas à sortir la France des ses difficultés, et bien, dans notre parti, nous n'allons pas renoncer à organiser la diversité des sensibilités.
Comment allons-nous nous y prendre ? D'abord, en interrogeant tous ceux qui ont un avis à exprimer.
Nous avons fait un gros travail avec la Commission des statuts, j'en remercie tous ses membres, pour connaître les sentiments de chacun sur cette diversité. Nous avons interrogé chaque conseiller national, je remercie ceux qui nous ont répondu, et nous avons interrogé chaque parlementaire.
Au fond, il en est ressorti trois idées simples, un peu à l'image de notre nom.
L'union d'abord.
Comment imaginer l'union sans la tolérance, sans le respect de ceux qui à l'intérieur de la grande maison ont des idées différentes ? Dans le nom même d'union, il y a la diversité.
La deuxième idée est que nous sommes un grand parti populaire et que nous devons donc être à l'image du peuple français.
Le peuple français a des opinions très différentes, nous devons donc être à l'image de ce peuple qui cherche le chemin à travers des sensibilités. Si nous voulons être grands, être vaste, nous devons accueillir, au sein des murs de la maison UMP, des sensibilités, parfois un peu gênantes, turbulentes, provocatrices, mais c'est parce que nous aurons eu le courage de la confrontation que nous aurons les résultats de l'union.
Enfin, troisièmement, le mouvement.
Nous sommes là pour bâtir un projet politique, et un projet politique cela ne tombe pas du ciel. Il naît de la confrontation des idées, de la confrontation jaillit la lumière et c'est parce que nous sommes capables d'écouter des avis différents que nous serons capables de bâtir un projet intéressant.
Si nous voulons mettre les idées au cur de notre action, il faut accepter la confrontation des sensibilités. C'est parce que nous sommes forts, c'est parce que nous sommes un grand parti populaire, que nous devons sans peur, sans hésitation, aborder l'organisation de notre diversité.
Nous avons donc interrogé beaucoup de monde et les conclusions pourraient se résumer de la manière suivante :
Oui à la diversité. Oui aux Statuts tels qu'ils ont été votés par le Congrès. Mais à un certain nombre de conditions.
Premièrement, la diversité n'est pas la division. Pas de petit parti dans le parti.
On pourrait même dire, c'est ce qui ressort des conclusions, pas les anciens partis dans le parti. Les sensibilités, ce sont les idées et ce sont les idées qui justifient l'organisation de sensibilités.
Ensuite, pas d'organisation des sensibilités au niveau local.
Les fédérations ont leurs statuts, la vie départementale, régionale, dans nos circonscriptions obéit aux statuts. Il ressort de manière claire que nous ne devons pas structurer, au niveau local les différences, sous peine de courir le risque d'avoir, non pas un débat d'idées, mais des compétitions de personnes. Ce n'est pas ce que nous voulons.
Troisième idée, la diversité, c'est bien, mais cela ne doit pas être une histoire d'argent.
Dans les statuts, nous avions prévu qu'au maximum 30% du budget pourrait être affecté à l'organisation de la diversité. Aujourd'hui, chacun convient que l'essentiel est d'avoir les moyens matériels pour s'exprimer sans pour autant mettre en place une formule trop complexe.
Enfin, les sensibilités ne doivent pas être une obligation.
Il y a beaucoup de militants à l'UMP qui sont des militants de l'union avant tout et qui n'ont pas envie de s'inscrire dans telle ou telle sensibilité. Il faut que ce choix, cet a priori de l'union soit également respecté.
Ces quelques idées simples, doivent nous permettre de mettre en place, en 2004, cette année, une organisation des sensibilités qui soit à la fois souple et passionnante pour vous tous, parce que si vous êtes ici, c'est parce que vous avez la passion des idées et que vous aimez voir des hommes et des femmes de talent exprimer ces idées.
V'est donc cette culture de débat que nous allons mettre en place, ensemble, dans ce climat d'union et de respect mutuel, qui a toujours été celui de l'UMP.
Alain Juppé avait fait le choix d'organiser la diversité dans les statuts, c'était la première fois dans l'histoire des partis de droite et de centre droit, qu'un président prenait un tel risque, j'ai envie de dire. Il est toujours plus simple d'organiser un parti comme une pyramide avec un chef et tout le monde derrière et une absence de débat qui en découle. Alain Juppé et l'ensemble du Congrès ont fait le choix de l'unité et de la diversité.
Je crois que là, réside la modernité de l'UMP.
Nous allons la bâtir ensemble.
(Source http://www.u-m-p.org, le 14 mai 2004)