Déclaration de M. Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, en réponse à une question sur le projet de réforme de l'assurance-maladie, au Sénat le 27 mai 2004.

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Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les sénateurs,
Monsieur le sénateur,
Je vous réponds, à la demande pressante du président Estier, qui disait que je ne répondais jamais au groupe socialiste. Je voulais démontrer que, pour une fois, le président Estier était dans l'erreur.
Donc, je veux répondre, parce que c'est une question très importante. La concertation sur ce sujet dure depuis plusieurs mois, puisqu'elle avait été engagée avec J.-F. Mattei et poursuivie avec P. Douste-Blazy et X. Bertrand. Et encore au début de la semaine, jusqu'à 6 heures du matin, les partenaires sociaux sont restés rassemblés. Il faut en effet engager une réforme en profondeur. Vous le savez mieux que quiconque, vous qui avez soutenu un Gouvernement qui a vu les dépenses de santé augmenter rapidement, et qui, finalement, n'a pu maîtriser les déficits que grâce à une croissance que vous avez laissée s'effondrer, de 4 % en l'an 2000 à 2 % en 2002, à 1 % ensuite. Cela veut dire une division par 4 de la croissance, en deux ans. Voilà un véritable bilan de l'action des socialistes en France, depuis 1997.
Nous voulons une réforme qui soit une vraie réforme, fondée d'abord sur un nouveau pilotage de l'assurance maladie, avec une véritable responsabilisation : d'une part les partenaires sociaux - pour rester dans l'esprit de la Libération, pour rester dans l'esprit du partenariat social qui est à la base de notre Sécurité sociale - mais en même temps, nous voulons un pôle de responsabilité, de manière à pouvoir face aux différents acteurs, assumer les décisions qui doivent être assumées, pour une meilleure santé au meilleur prix. C'est le pilotage. Nous sommes en train de discuter avec les partenaires en phase de finalisation.
Ensuite, il y a toute l'offre de soins. Cette offre de soins doit pouvoir produire 10 milliards d'euros d'économies. 10 milliards d'euros d'économies, c'est très important. C'est un effort considérable demandé aux professionnels de la santé, notamment, le dossier médical personnalisé est un élément clé de ce dispositif : chaque patient pourra avoir non seulement un meilleur suivi de son propre parcours de santé, la qualité sera améliorée et le coût sera ainsi maîtrisé.
D'autres décisions sont importantes, comme l'appel aux médecins praticiens, avant d'avoir accès à un spécialiste. Un certain nombre de décisions vont nous permettre de faire des économies importantes : 10 milliards, je l'ai dit. A cela s'ajoutent 5 milliards, que nous demandons à toutes les catégories de Français de bien vouloir contribuer à financier. C'est, à la fois les entreprises, à la fois les salariés, à la fois les retraités, l'ensemble des partenaires, et, naturellement, les patients. C'est une réforme juste, c'est une réforme nécessaire.
Je suis fier, je vous le dis avec sincérité et conviction, d'être à la tête d'un gouvernement qui aura répondu aux trois grandes questions qui sont posées à la société française par l'allongement de la vie : la question des retraites, la question de la dépendance, et la question de la santé. C'est le mieux-être des Français dont il s'agit.
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 28 mai 2004)