Texte intégral
Si je m'en tiens à la ligne actuelle du gouvernement, il s'agit de généraliser l' " alarme sociale " pour prévenir les grèves puis de restreindre ce droit constitutionnel. Déjà certains parlementaires et le Medef veulent supprimer toutes grèves dans les transports, depuis l'acheminement des voyageurs jusqu'à la collecte des ordures ménagères, en passant par le transport routier de marchandises. On voit là que le service public sert d'alibi.
Ce gouvernement, qui grignote les moyens de l'hôpital public, qui veut changer le statut d'EDF et d'Aéroports de Paris, qui réduit le budget de la recherche, etc., est très mal placé pour restreindre les libertés au nom du service public.
Le flou demeure sur ce que les pouvoirs publics entendent par alarme sociale. Il existe déjà une réglementation particulière, qui est le préavis de grève de cinq jours dans le service public. Ce système avait été créé pour inciter direction et syndicats à négocier. Mais cette disposition a été détournée au fil du temps. Le préavis est devenu un passage obligé puisqu'on négocie quand l'épreuve de force est engagée, parce que, bien souvent, les employeurs veulent juger le sérieux des revendications à l'aune du nombre de grévistes. Sur ce plan, je ne vois aucun inconvénient à ce que l'on contraigne les employeurs à négocier le plus tôt possible et à traiter les revendications en temps et en heure ; il n'y a pas de grévistes par plaisir. Il faut aussi remettre à plat la mécanique actuelle de négociation, qui multiplie les causes de conflit en permettant à une minorité de décider des réformes sociales, comme ce fut le cas pour les retraites.
Nous nous mobiliserons contre une loi qui menacerait le droit de grève. Lorsque les cheminots agissent pour leurs salaires et les effectifs, ils ne sont pas les seuls à exprimer ces revendications. Ils interpellent aussi la société sur les conséquences que provoquerait un démantèlement des services publics. Les opposer aux autres salariés est un moyen de détourner les critiques ou de faire oublier l'alliance du gouvernement et du Medef, dont les travailleurs sont toujours les premières victimes. J'ajoute que le concept de service minimum pose d'énormes problèmes techniques, ne serait-ce que de sécurité. Il y a quelques années, la RATP avait dû interrompre le trafic elle-même : c'était l'émeute dans les couloirs parce que trop peu de rames circulaient.
On en viendra donc à interdire la grève à certaines heures puis à l'interdire totalement dans les transports du privé, voire dans l'ensemble des services publics ou d'autres secteurs d'activité, jugés, eux aussi, indispensables. Le droit de grève deviendrait un souvenir. Je sais que le gouvernement n'a pas renoncé à une future remise à plat des régimes de retraite SNCF et RATP. On ne doit pas être dupe. Ce timing n'est pas innocent.
(source http://www.tresor.cgt.fr, le 18 mars 2004)
Ce gouvernement, qui grignote les moyens de l'hôpital public, qui veut changer le statut d'EDF et d'Aéroports de Paris, qui réduit le budget de la recherche, etc., est très mal placé pour restreindre les libertés au nom du service public.
Le flou demeure sur ce que les pouvoirs publics entendent par alarme sociale. Il existe déjà une réglementation particulière, qui est le préavis de grève de cinq jours dans le service public. Ce système avait été créé pour inciter direction et syndicats à négocier. Mais cette disposition a été détournée au fil du temps. Le préavis est devenu un passage obligé puisqu'on négocie quand l'épreuve de force est engagée, parce que, bien souvent, les employeurs veulent juger le sérieux des revendications à l'aune du nombre de grévistes. Sur ce plan, je ne vois aucun inconvénient à ce que l'on contraigne les employeurs à négocier le plus tôt possible et à traiter les revendications en temps et en heure ; il n'y a pas de grévistes par plaisir. Il faut aussi remettre à plat la mécanique actuelle de négociation, qui multiplie les causes de conflit en permettant à une minorité de décider des réformes sociales, comme ce fut le cas pour les retraites.
Nous nous mobiliserons contre une loi qui menacerait le droit de grève. Lorsque les cheminots agissent pour leurs salaires et les effectifs, ils ne sont pas les seuls à exprimer ces revendications. Ils interpellent aussi la société sur les conséquences que provoquerait un démantèlement des services publics. Les opposer aux autres salariés est un moyen de détourner les critiques ou de faire oublier l'alliance du gouvernement et du Medef, dont les travailleurs sont toujours les premières victimes. J'ajoute que le concept de service minimum pose d'énormes problèmes techniques, ne serait-ce que de sécurité. Il y a quelques années, la RATP avait dû interrompre le trafic elle-même : c'était l'émeute dans les couloirs parce que trop peu de rames circulaient.
On en viendra donc à interdire la grève à certaines heures puis à l'interdire totalement dans les transports du privé, voire dans l'ensemble des services publics ou d'autres secteurs d'activité, jugés, eux aussi, indispensables. Le droit de grève deviendrait un souvenir. Je sais que le gouvernement n'a pas renoncé à une future remise à plat des régimes de retraite SNCF et RATP. On ne doit pas être dupe. Ce timing n'est pas innocent.
(source http://www.tresor.cgt.fr, le 18 mars 2004)