Déclaration de M. François Hollande, premier secrétaire du PS, sur le site internet du PS le 12 juin 2003, sur la réponse faite par les socialistes au Premier ministre parlant de "leur perte du sens de la France et de l'intérêt général".

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Média : www.parti-socialiste.fr

Texte intégral


Quelques heures seulement après le début du débat sur les retraites, les socialistes devaient essuyer les insultes du Premier ministre, qui depuis Asnières où il tenait une réunion publique, a lancé : " Je n'ai pas parlé de l'opposition, elle n'en vaut pas toujours la peine. Nos adversaires, je crois, ont perdu le sens de la France et de l'intérêt général... Ils ont démotivé la France. (...) Ils semblent préférer leur parti à leur patrie. "
C'est sur cette déclaration particulièrement choquante que les parlementaires, indignés, ont souhaité revenir lors de la séance des questions au gouvernement, mercredi 11 juin. François Hollande et Laurent Fabius, dans une allocution très digne, ont demandé les excuses de Jean-Pierre Raffarin.
" Monsieur le Premier ministre, je veux interroger avec calme mais avec gravité.
Ici nous représentons tous la France. Le suffrage universel nous a conféré cette légitimité-là. Elle est exigeante. La France, nous l'avons en partage, pas en propriété.
Il n'y a donc pas deux sortes de parlementaires : les patriotes ou les partisans. Il n'y a pas deux France. Une bonne et une mauvaise. Ce vocabulaire est d'une autre époque que nous ne voulons pas revoir.
Que l'on soit dans la majorité ou dans l'opposition, nous agissons, les uns après les autres auprès des alternances, en fonction de ce que nous croyons être l'intérêt général.
Nous pouvons diverger sur les solutions, nous pouvons nous affronter même durement sur les choix d'avenir et nous opposer rudement sur les projets, notamment sur une question aussi fondamentale que l'avenir des retraites, nous pensons les uns et les autres servir sincèrement la France en fonction de nos idées et de nos convictions.
Nul ne peut dès lors s'arroger la vérité, le sens de la France et encore moins l'idéal patriotique.
Enfin, pour ce qui concerne les socialistes, vous pouvez, Monsieur le Premier ministre, contester leurs doctrines, leurs valeurs et leurs positions, mais il y a une chose que vous ne pouvez pas nous dénier, c'est notre sens de l'intérêt national.
Ce sens de l'intérêt national, nous l'avons montré au gouvernement de la France, ce sens de l'intérêt national, nous l'avons montré aussi dans une circonstance grave pour le pays. Nous avons en effet préféré la République à nos intérêts partisans. Ne l'oubliez pas, c'était le 5 mai.
Vous souhaitez, Monsieur le Premier ministre, dans votre déclaration de politique générale, améliorer la " pratique des relations républicaines avec l'opposition ". Vous en avez l'occasion.
Mais, si vous pensez comme nous tous que le respect est le fondement de la démocratie. Si vous souhaitez donc clore -et je pense que c'est nécessaire- un incident regrettable et effacer une phrase de trop. Alors, Monsieur le Premier ministre, je vous le demande avec gravité : ajoutez l'esprit de responsabilité à la courtoisie républicaine et retirez cette phrase-là, elle est de trop. "
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 2 juillet 2003)