Texte intégral
Nous accueillons ce soir Charles Pasqua , député européen, Président du RPF. Monsieur Pasqua, bonsoir.
Bonsoir Monsieur.
Le sondage sorti aujourd'hui dans Le Figaro, c'est de la vitamine pour vous ?
Vous savez, cela me paraît assez logique en définitive. Assez logique parce que cela s'inscrit dans la suite et dans le droit fil du résultat que nous avions eu aux élections européennes. Résultat que personne n'attendait. Et puis nous avons fait une percée et j'ai marqué l'essai. Voilà, contrairement
Oui, ce n'est pas comme hier.
Ce qu'a fait l'équipe de France hierVoilà, aujourd'hui, nous sommes un peu dans la même situation, on est à deux ans des élections présidentielles.
Vous relativisez tout de même les choses ?
Oui, enfin il vaut mieux cela que l'inverse. Ne plaignons pas notre plaisir malgré tout.
Et cela veut dire qu'il n'y a pas eu de mouvement de fond de l'opinion, vous estimez depuis les dernières élections alors ?
De mouvement de fond de l'opinion, certainement pas.
Vous creusez votre sillon, là ?
Je crois que les choses se confirment. On le voit bien d'ailleurs, élection partielle après élection partielle. Lorsque nous présentons un candidat, généralement il améliore ou il fait au moins le même score qu'aux élections européennes. Cela répond déjà à une première question.
Etait ce un feu de paille ou non ? Nous sommes maintenant dans le paysage et je crois que les gens, de plus en plus nombreux, se reconnaissent en nous. On le voit aussi à travers les adhésions que nous recevons, de la façon dont le mouvement s'implante et s'organise. Tout cela est satisfaisant.
Vous en avez combien, d'adhésions aujourd'hui ?
Un peu plus de 30000. Je crois que nous devons en être à 33 ou 34000.
Donc, le RPF va bien et il va selon vos vux ?
Oui, le RPF va bien. Il est dans une phase d'organisation. Dans l'ensemble de la France, nous avons choisi de faire élire au suffrage universel direct nos responsables. Ce sera terminé à la fin mars. En avril, nous installerons définitivement nos instances nationales et puis à partir de ce moment là, nous aurons à nous déterminer pour les prochaines échéances et notamment les élections municipales.
Je reviens un instant sur ce sondage. C'est Martine Aubry qui, à gauche, occupe la même place que vous dans l'esprit et dans, on va dire, le cur des Français. Cela veut dire que les tempéraments forts ont la faveur de nos compatriotes ? Parce que c'est quelqu'un qui parle clair, un peu comme vous, dans un registre différent.
Oui, je crois qu'on peut aimer ou ne pas aimer Martine Aubry, mais en tous les cas dans ce gouvernement et au Parti socialiste, elle est certainement - ce qui à mes yeux n'est pas d'ailleurs positif pour le pays, mais çà c'est un autre problème - elle est certainement la plus déterminée et la plus intransigeante quant aux principes de son parti.
Vous avez vu aussi que l'ancien Président Giscard d'Estaing n'exclut pas du tout de se présenter à cette élection présidentielle
Il ne l'a jamais exclut depuis 1981.
Oui, mais là, il l'a dit dans une émission
Oui, très bien.
Qui est celle de Michel Drucker. Votre réaction ?
Je n'ai pas de réaction. Tout citoyen peut se présenter à l'élection présidentielle.
Devant les Français, en direct, comme vous, vous le feriez ?
Oui, absolument.
Comment vous évaluez vos chances à partir de tout cela, quand vous voyez un tout petit peu l'éventail en présence ? Vous visez le deuxième tour éventuellement ?
Je crois qu'il ne s'agit pas de raisonner en ces termes.
D'accord.
Il ne s'agit pas de raisonner en fonction des chances que l'on s'accorde, on n'est pas au Loto là, on n'est pas au Sweepsteck.
Monsieur Pasqua, quand même, quand on est candidat
Non, non. Si vous permettez, je voudrais développer un tout petit peu parce que cela ne me paraît pas inutile. Moi, je suis frappé par ce que l'on constate à l'heure actuelle. Il y a longtemps que l'on parle du fossé qui s'est creusé entre les hommes politiques et les électeurs et puis au cours de ces dernières semaines, on a vu un certain nombre de personnalités politiques de l'opposition poser leur sac et changer de rive, dirent "on n'abandonne pas la politique", on abandonne la politique et d'ailleurs la plupart d'entre eux choisissent d'aller faire ou de refaire carrière dans l'économie, dans l'entreprise.
C'est une démarche qui, de leur point de vue, me paraît normale et logique, étant donné qu'ils ne pratiquement aucun d'eux ne croient plus en la France en tant que Nation et ils sont acquis à l'idée de mondialisation. Si la mondialisation, c'est la primauté de l'économie, alors il vaut mieux effectivement aller dans le monde économique
Si vous pensez à Philippe Vasseur ou Dominique Baudis, ils ont une idée de la France quand même.
Oui, mais moi, ce n'est pas mon point de vue. Je veux dire par là que je crois que lorsqu'on croit à un certain nombre d'idées, lorsqu'on est convaincu que la France mérite qu'on se batte pour elle, que la souveraineté nationale est quelque chose d'indispensable au maintien et à la survie de la Nation française, alors on a le devoir de se battre, on a le droit d'être candidat, on a le droit d'exprimer ses idées. Le reste, eh bien on verra.
Est ce que cela va être un des thèmes de la campagne présidentielle, ce que vous venez de dire justement, c'est à dire: comment maintenir la France dans le monde d'aujourd'hui ?
Certainement.
Ce sera votre cheval de bataille ?
Non, ce ne sera pas mon cheval de bataille. Mais c'est une idée de base. C'est à dire le droit pour la France de décider par elle même de ce qui est bon pour elle et pour la pérennité de l'existence de la Nation française. Alors, il n'y aura pas que la souveraineté nationale, il y a aussi le pacte républicain, la nécessité de disposer d'un Etat qui en soit un, le fait de mettre un terme à la dérive actuelle et au démembrement de l'Etat qui transfert chaque fois qu'il a une difficulté à des commissions plus ou moins irresponsables le soin de traiter les affaires à sa place. Tout cela, c'est un ensemble de choses. En un mot, comme en cent, c'est beaucoup plus simple. Il faut que la primauté soit redonnée aux politiques, c'est le politique qui doit décider et ce ne sont pas les marchés, ni personne d'autre. D'ailleurs, je reviens d'un mot sur la mondialisation dont on parlait tout à l'heure, ce ne sont pas les marchés qui ont décidé de la mondialisation, ce sont les responsables des Etats qui ont signé des traités, qui ont acté cette mondialisation ou qui l'ont permise.
Et qui auraient donc abandonné leurs prérogatives.
Voilà, donc c'est bien le politique qui est en cause.
Vous êtes le premier candidat déclaré pour cette élection présidentielle. D'accord, vous êtes très en forme, si vous me permettez, mais il va falloir du souffle parce que c'est une course de fond et vous partez un peu loin avant l'obstacle, si je puis dire, non ?
Oui, mais enfin on ne va pas non plus dire que l'on va faire une campagne présidentielle tous les jours, je ne vais pas commencer à faire des meetings toutes les semaines. Par contre, ce que j'ai l'intention de faire, c'est chaque fois que l'occasion m'en sera donnée, expliquer aux Françaises et aux Français ce qu'il faut faire, les mesures qu'il faudrait prendre pour que ce pays retrouve à la fois son dynamisme et sa place dans le monde. Moi, j'ai entendu quelquefois que j'étais anti- européen, je ne suis pas du tout anti- européen. Seulement, il se trouve qu'à l'heure actuelle, l'Europe rétrécit notre champ de vision. La France a un autre rôle à jouer dans le monde. On le voit bien d'ailleurs, je suis allé en Chine il y a peu de temps, auparavant j'étais en Russie, je vois bien que les attentes concernant la France et elle ne peut pas se laisser dissoudre sa diplomatie ou son action uniquement au sein de l'Union européenne. Ce n'est pas possible.
Mais çà, c'est un thème, enfin à mon avis, ou un programme pour une élection présidentielle, de fait. Mais dans ce cas là, puisque ces autres objectifs sont lamentables, pourquoi vous vous comportez comme un parti comme les autres, c'est à dire vous allez aux municipales, quel est le lien entre ce souci du renouveau de la France et une campagne au niveau des villes ?
Ce n'est pas compliqué. Il ne vous a pas échappé que de par la Constitution elle même, les partis politiques concourent à l'expression du suffrage universel et d'autre part, l'expérience montre que pour conduire une action politique, il faut disposer de relais, il faut disposer d'une armée. Le général de Gaulle lui même, qui n'était pas très favorable aux partis politiques, s'était finalement rendu compte , malgré une expérience un peu décevante, de la nécessité de disposer d'un mouvement politique. Il y a une autre raison. Lorsque nous avons fait la campagne européenne avec Philippe de Villiers, ce qui nous avait frappé tous les deux, c'était d'abord le rejet de la classe politique traditionnelle par les Français, qui considéraient que ce qui caractérisait les hommes politiques, c'était surtout le discrédit qui touchait les hommes politiques traditionnels d'une part, d'autant par le fait que les Français nous disaient "surtout ne nous abandonnez pas au lendemain des élections".
C'est pour cela que nous avons créé ce mouvement.
C'est un mouvement jeune, donc il faut qu'il s'implante, il faut que ses racines plongent un peu dans le terreau républicain et national. Quel est le meilleur, sinon d'être présent lors des élections. Nous ne serons pas présents partout, mais dans toutes les grandes vielles certainement.
Comment vous entendez vous avec Philippe de Villiers à la tête du Rassemblement Pour la France ?
Moi, je n'ai pas de problèmes avec Philippe de Villiers.
Lui, il dit la même chose d'ailleurs.
On n'a aucun problème. Je l'aime bien.
On avait quand même l'impression qu'il y avait eu des problèmes d'hommes dans votre mouvement à un moment ?
Oui, mais il y en aura encore.
Des nuances.
Cà, il y en aura encore. Ce qu'il y a de plus difficile à traiter, ce sont justement les problèmes d'hommes, mais à partir du moment où on est d'accord sur l'essentiel, c'est à dire d'une part sur la philosophie de l'action et d'autre part sur ce problème d'action, eh bien les choses s'arrangent.
Vous alliez dire "je l'aime bien", il y avait un "mais", non ?
Non, pas du tout. Je veux dire par là que nous avonsnon, nous avons des relations qui dépassent largement l'entente politique. Je veux dire que nous avons une entente réelle. Nous avons à peu près les mêmes approches, chacun avec notre caractère et notre tempérament bien entendu.
Quel regard portez vous aujourd'hui sur la droite, quel est l'état de l'opposition actuellement ?
Elle n'est pas en très bon état, mais à mon avis l'état de la droite comme vous dites, est surtout caractérisée par son incapacité à faire émerger des leaders et en tous les cas par leur absence de perspectives. On a beau réfléchir, on regarde, mais on n'a pas le sentiment qu'ils aient des perspectives bien claires.
C'est une analyse que vous feriez pour Madame Alliot-Marie par exemple ?
Vous n'allez pas essayer de me faire dire des choses contre Alliot-Marie, que j'aime bien par ailleurs et qui assume les objectifs un peu ambitieux du RPR. Tout le monde le sait, donc ce n'est pas mon problème. Pour le moment, l'opposition telle qu'elle est ne me paraît pas capable d'élaborer le moindre projet. Il n'y a qu'à regarder, dans l'affaire de la cagnotte son incapacité à réagir.
Vous avez conservé un capital sympathie, un capital d'affectivité au sein du RPR. Est ce qu'il y a entre vous , le RPF, et le RPR, des passerelles possibles ? Est ce que des mains peuvent se tendre ?
Non, mais je ne crois pas qu'il faille raisonner comme cela. Nous ne sommes pas fâchés, moi j'ai beaucoup d'amis au RPR, la question ne se pose pas. Mais nous sommes devant un problème politique, nous ne sommes pas devant un problème affectif. Je sais qu'au sein du RPR, beaucoup de militants, beaucoup de gens partagent l'analyse qui est la mienne mais ils sont retenus par, d'une par cet esprit qui veut qu'on reste groupé, on a du mal à se séparer d'une maison un peu ancienne, etcet puis pourquoi ne pas le dire, il y a aussi des liens qui les unissent à Jacques Chirac, c'est la vérité.
Vous voulez dire quoi, que cela les paralyse un peu ?
Voilà, c'est çà.
Paralysés, carrément.
Paralysés, le mot est peut être un peu excessif, mais enfin en tous les cas, cela les retient, cela les freine. Ils sont dans une situation difficile parce que dans le même temps, ils en veulent un peu au Président de la République de la situation dans laquelle il se trouve lui et dans laquelle ils ont été mis eux, c'est à dire cette cohabitation qui est un système qui oblige en permanence aux compromis, qui sclérose, qui neutralise et qui prive en grande partie le Président de la République de ses pouvoirs.
Ce frein, vous l'avez lâché vous ? Ce frein, Jacques Chirac, c'est définitif, comment le considérez vous aujourd'hui ?
Mais moi, j'ai pour Jacques Chirac les mêmes sentiments d'amitié personnels, il n'y aucun problème. Mais nous avons un désaccord de fond sur le plan politique. Je crois et c'est ce que je regrette profondément, qu'il y a fait siennes les théories des européistes et aujourd'hui, qu'il le veuille ou non, qu'il s'en défende ou pas, en réalité il a accepté une démarche vers le fédéralisme, les faits sont là, c'est comme çà. D'ailleurs le traité d'Amsterdam, ce n'était pas autre chose. Donc, entre nous, c'est un désaccord total.
Je reviens pour juste un mot sur le RPR. Est ce que vous estimez que pour leur propre, comment dire, identité ou survie, ils devraient marquer une rupture plus forte avec le Président de la République ?
Oh, c'est un vieux débat. Ce débat, nous l'avons eu il y a déjà longtemps. Je ne crois pas que le RPR puisse rompre avec le Président de la République. Ce serait d'ailleurs de leur point de vue et leur part déraisonnable. Ce que le RPR eut été le seul en droit d'attendre par contre du Président de la République, c'est que lui soit accordé davantage de latitudes, de marge de manuvre et c'est bien parce que cette marge de manuvre n'existait pas que Philippe Séguin, après bien des hésitations, s'est décidé à en tirer les conséquences.
Je reviens tout de même un instant sur Michèle Alliot-Marie. Très objectivement, comment avez vous jugé, observé, regardé ses premiers pas à la tête du RPR? Vela vous intéresse quand même encore et toujours ?
Oui, mais je ne crois pas que cela puisse, quelles que soient ses qualités, je la connais mais je ne crois pas que la démarche qu'elle a engagée puisse déboucher sur quelque chose de très positif pour le RPR. Elle ne peut pas à la fois ne pas tenir compte du Président de la République, engager le RPR dans l'opposition. Cela ne lui sera pas permis et dans tous les cas, même si cela lui était permis, au niveau le plus élevé, les parlementaires seraient là pour ne pas le faire. Il n'y a qu'à voir la façon dont elle a été traitée par le groupe parlmentaire.
Peut être mais cela veut dire d'une certaine manière que c'est très difficile pour les responsables du RPR d'imaginer de vraies contre-propositions, de vraies réformes ?
Imaginer de vraies réformes ou des contre -propositions, pourquoi pas, mais
Mais il n'y en a pas en tout cas ?
Non, mais s'opposer réellement au gouvernement actuel dans la mesure où ce gouvernement, dans la mesure où le Président de la République partage un certain nombre d'objectifs de ce gouvernement, c'est un exercice compliqué.
Puisque nous sommes en plein dans la politique et que nous parlons des élections. Est ce que Philippe Séguin est à vos yeux le bon candidat pour la mairie de Paris ?
S'il n'y avait pas un maire à Paris, oui, certainement. Mais il y a un maire, comme d'ailleurs Philippe Séguin le fait remarquer lui même. Il s'appelle Jean Tibéri, il a un bon bilan et il n'a pas l'intention à ma connaissance de se retirer.
Donc, jusqu'à preuve du contraire, il est à vos yeux, encore une fois, plutôt légitime en fonction du bilan qu'il présenter ?
A l'heure actuelle, de toute façon, il est le seul qui ait une légitimité, le seul qui a été élu, il est le maire de Paris jusqu'à la fin de son mandat. Alors, d'autre part, la mairie de Paris n'est pas un fond de commerce que l'on peut céder par un contrat de notairecela n'appartient à personne, c'est aux électeurs parisiens de décider.
Mais alors, justement, est ce que l'on peut essayer de le pousser hors jeu, là, ou de le mettre de le pousser à la faute, comme on dit au rugby ?
Oui, manifestement, certains s'y emploient. Mais je crois qu'ils se sont un peu trompés sur le caractère de Jean Tibéri qui a l'air plus solide qu'il n'y paraissait.
Vous avez le sentiment qu'il ira jusqu'au bout, quoi qu'il arrive ?
Je ne sais pas ou je crois, oui, mais enfin, vous savez, je ne suis pas dans ce genre de débat.
Mais vous, enfin votre mouvement, vous serez présent aux élections de Paris ?
Oui.
Avec des candidats dans chaque arrondissement ?
Nous aurons des candidats dans tous les arrondissements au premier tour.
Et un leader ?
Forcément.
Et ce sera qui ?
Nous verrons bien. Il émergera, soyez sans crainte.
Nous allons maintenant parler de l'Autriche. Il y a eu hier à Vienne une puissante manifestation contre la coalition dite noire/ bleue entre les conservateurs et ceux qu'on appelle les nationaux populistes. Est ce que cette présence, notamment d'intellectuels français à Vienne, est pour vous une ingérence. Est ce qu'elle est légitime ? Comment la percevez vous ?
Je considère que la façon dont l'Union européenne s'est comportée dans l'affaire autrichienne est contraire au principe démocratique et au droit des peuples à disposer d'eux mêmes. Je n'ai pas une sympathie excessive pour Monsieur Haider et je n'en ai aucune pour les thèses extrémistes. Mais ce que je constate, c'est que si dans le traité d'Amsterdam il existe bien des dispositions qui permettent à l'Union européenne d'intervenir lorsqu'un pays ne respecte pas les libertés essentielles, les principes démocratiques, etc..
L'article 5.
Il n'y a rien qui lui permette d'intervenir avant la constitution d'un gouvernement pour peser sur les choix. En réalité
Il n'y a pas des cas critiquesquand même on voit monter, là, au pouvoir à Vienne un parti et avec un leader, qui s'appelle Jorg Haider, vous venez de le citer
Ecoutez moi, je ne suis pas Autrichien. Non, attendez
Vous êtes européen, vous pouvez donner un avis ?
Oui, j'ai un avis. Alors, premièrement, je ne suis pas Autrichien. Deuxièmement, l'Autriche, ce n'est pas l'Allemagne. Troisièmement, Haider ce n'est pas Hitler. Tout cela me paraît tout à fait déraisonnable.
Il serait devant vous, Haider, vous pourriez lui serre la main ?
Je dois dire que dans les propos qu'il tient, il semble avoir un certain talent pour heurter les gens et les consciences. Cela étant
Rugissant de la première heure, à l'âge de 16 ans, Charles Pasqua quand même
La première heure, n'exagérons rien. Je n'ai pas été le premier.
Je suis étonné de votre mansuétude à l'égard des bleus.
Je n'ai pas de mansuétude.
Un peu.
Non. Monsieur, il faut raisonner de la façon suivante. Ce mouvement politique, ce parti politique, défendait il des thèses contraires au principe démocratique et aux droits de l'homme ? Si oui, pour quelle raison n'a-t-il pas été interdit? Alors, voilà la première question qu'il faut poser aux Autrichiens. Deuxième question, si ce personnage est si peu fréquentable, pourquoi dans la province qu'il dirige, il y a quand même des socialistes qui participent à la gestion ? Troisièmement, la question qu'il faudrait se poser concernant l'Autriche parce qu'elle intéresserait éventuellement notre pays aussi. D'abord je pense que si Monsieur Haider, au lieu d'être eurosceptique avait été un européen convaincu, il n'y aurait pas eu tout ce tapage. Parce que je constate que les mêmes belles consciences ne se manifestent pas avec autant de vigueur contre les kémalistes turcs ou contre les
Les Russes en Tchétchénie.
Ceux qui ont participé au franquisme ou en Tchétchénie.
On va en parler de la Tchétchénie.
Alors je crois donc que l'Union européenne aurait été mieux avisée d'attendre les premiers actes de ce gouvernement et s'il y avait quoi que ce soit qui soit contraire au prinicpe démocratique et aux droits de l'homme, ils pourraient utiliser une disposition prévue par le traité d'Amsterdam, parce que deux questions se posent. Premièrement, pourquoi ce parti politique a-t-il rassemblé 27% des électeurs? Parce que les gens en avaient assez de la cohabitation entre les socialistes et les chrétiens démocrates qui gouvernent ensemble l'Autriche depuis 30 ans, ces gouvernements ayant en réalité été surtout jugés pour leur immobilisme. Donc, çà c'est une première chose qu'il faut avoir à l'esprit. Deuxièmement, moi je suis quand même préoccupé parce que est ce que demain c'est l'internationale socialiste ou est ce que ce sont les démocrates-chrétiens qui vont dicter à chaque pays européen ce qu'il a le droit de faire ou pas.
Pour le coup, c'était Jacques Chirac qui était en flèche. Et alors, il avait tort le Président de la République ?
De mon point de vue, oui.
Est ce qu'il est porteur de certaines valeurs très démocratiques et qui sont un danger potentiel ?
Que l'on fasse part de nos craintes, c'est bien. Mais enfin, si on a des craintes, il faut les faire connaître. Mais que l'on intervienne de la façon dont on est intervenu, moi je trouve que c'est une ingérence directe dans les affaires d'un pays souverain. Je ne voudrais pas que cela nous arrive demain en France. Voilà.
Sans doute, mais le fait qu'il y ait ingérence et même reconnue par les plus européens, les plus convaincus, qui disent "oui, mais à travers çà, nous manifestons notre volonté de faire une Europe encore plus politique"
Oui, çà ce sont les fédéralistes, bien entendu
Bien sûr, mais c'est çà aussi qui est dans l'argument
Moi, j'y suis tout à fait opposé.
Que vous y soyez opposé, c'est vrai. Mais est ce que
Moi, je suis tout à fait contre, tout à fait hostile à çà et je considère que c'est une démarche. Certains membres de gouvernement et de responsables européens ont choisi cette occasion pour essayer de franchir une nouvelle étape vers le fédéralisme, une fois de plus sans que les peuples aient été consultés et qu'ils aient leur mot à dire.
Oui, mais le Président de la République française, qui est un peu à la pointe de ce combat là, en même temps il a toujours dit qu'il n'était pas un fédéraliste, lui ?
Oui, mais dans les faits, il l'est. C'est bien lui qui a proposé, souhaité que le traité d'Amsterdam soit adopté et qui a refusé de le soumettre au peuple français.
On le voit bien, Charles Pasqua, le débat n'est pas prêt de s'éteindre et en effet, comme vous le disiez, nous jugerons nos actes et on verra vite ce qui se passe en Autriche. Devrions nous avoir les mêmes exigences à l'égard de Moscou, étant donné son comportement en Tchétchénie ?
Dans la vie, il faut une certaine cohérence. Si alors qu'il ne s'est encore rien passé en Autriche, on considère qu'il a un droit d'ingérence, je ne vois pas les mêmes se mobiliser avec autant de passion et de volonté pour défendre la population tchétchène.
La Russie n'est pas dans l'Europe.
Oui, c'est vrai qu'elle n'est pas dans l'Europe, mais les principes moraux transcendent les frontières. On ne peut pas dire d'une part "nous défendons". Mais cela, je l'ai déjà vécu. J'ai bien vu que la défense des droits de l'homme était à géométrie variable et surtout c'est plus facile de défendre les droits de l'homme quand il n'y a pas de danger physique que lorsqu'il y en a.
Avez vous le sentiment d'être utile sur tous ces plans là à Strasbourg et d'avoir une prise directe sur la réalité européenne, car après tout, vous avez fait le choix du Parlement européen. Vous avez été conséquent avec vous même ?
J'ai fait le choix du Parlement européen pour deux raisons.
La première est qu'étant candidat à la tête d'une liste aux élections européennes, 230 0000 personnes ayant voté pour cette liste, je ne me voyais pas entrain de leur dire "excusez moi, je vais rester au Sénat. C'est moins loin ou c'est plus confortable".
Deuxièmement, à partir de cette année, dans un certain nombre de domaines, il y a la co-décision du Parlement européen. On peut donc espérer, sans trop y croire, peser sur un certain nombre de décisions et puis parce que dans le deuxième semestre de cette année, le Président de la République sera en même temps Président de l'Union européenne, que c'est probablement sous la présidence française que seront examinées les propositions de modifications de l'organisation de l'Europe et qu'à cette occasion, nous verrons bien si on veut franchir un nouveau pas vers le fédéralisme ou pas.
Monsieur Pasqua, nous allons vivre deux années assez intenses sur le plan politique, étant donné le calendrier électoral : élections municipales, des législatives, l'élection présidentielle. Est ce que ce calendrier vous convient, en terme politique ou faudrait il le modifier ?
Je crois que la logique et l'intérêt national voudraient que les élections législatives succèdent aux élections présidentielles. Du moins, de mon point de vue.
Pourquoi ?
Je considère que tout devrait être fait pour rétablir les institutions de la 5ème République, laquelle consacre d'une part la primauté du Président de la République et d'autre part, l'intérêt national commande qu'il y ait la même majorité à l'Assemblée Nationale et à la tête de l'Etat. Faute de quoi, c'est la cohabitation.
Vous voulez dire
Je crois qu'il faut revenir à l'esprit des institutions. Le pouvoir, la souveraineté nationale appartiennent au peuple. C'est lui qui l'exerce par l'intermédiaire de ses représentants, de l'élection de ses représentants, du Président de la République ou par la voix du référendum.
Il faut mettre un terme à la cohabitation qui a comme conséquence de priver le Président de la République d'une partie de ses pouvoirs, de nous faire revenir au régime des partis. A la limite, un Président de la République n'a même pas le pouvoir de désigner le Premier Ministre puisqu'il appelle comme Premier Ministre le chef du parti qui a gagné les élections législatives et après il est engagé dans une série de compromis.
On ne peut pas dire que ce soit un très bon système. Donc, tout ce qui pourrait permettre de revenir à une meilleure application des principes de la 5ème République me paraîtrait souhaitable. Mais enfin, ne rêvons pas.
Abordons maintenant quelques sujets de préoccupation très concrets pour les Français. Je fais une sorte d'amalgame, mais entre les indemnisations pour la tempête ou les aides contre la marée noire qui n'arrivent pas, le doublement des primes d'assurances pour les handicapés qui met dans la difficulté nombre de familles avec les protestations que cela soulève. C'est abandonné puisqu'il y a un moratoire d'un an, enfin ce n'est pas tout à fait abandonné.
Ma question est : est ce qu'il n'y a pas une perte de solidarité nationale en ce moment ?
Oui, mais çà c'est évident. Je veux dire que dans le même temps où l'Etat a tendance à se déliter, on assiste à la montée des égoïsmes. Et ce qui fait la force de la Nation, c'est à dire la solidarité, est entrain de se déliter. On a les conséquences de la mondialisation, dont on voit bien qu'elle accentue la pauvreté et que dans notre pays elle a creusé la disparité entre ceux qui profitent du système économique et ceux qui en sont progressivement marginalisé. Je crois que la République ne peut pas accepter ce type d'évolution.
C'est le règne de l'argent roi ce moment ?
Je crois qu'en grande partie, oui. D'ailleurs, on en voit les conséquences. La mondialisation, cela consiste à privilégier l'argent et la rente sur la production et le travail, c'est clair.
Est ce que vous avez une recette contre la mondialisation ? Parce que c'est bien beau ce discours Il y a quelque chose d'assez incohérent de votre part. On fait quoi contre ce mouvement qui est totalement inéluctable ? Nous sommes déjà en plein dedans.
Non, il n'y a rien d'inéluctable. C'est totalement faux. D'ailleurs, je lisais avec amusement un pamphlet qui a été écrit par un journaliste américain et qui faisait remarquer à quel point tous les grands de ce monde- c'est à dire les dirigeants politiques, les banquiers, les économistes et les chefs d'entreprises- sont capables de se mettre le doigt dans l'il.
En regardant notamment les conclusions des deux derniers sommets de Davos où tous ces distingués personnages n'ont rien vu venir du tout, ni la crise asiatique, ni l'explosion d'une bombe atomique en Inde et au Pakistan, ni l'effondrement de l'Indonésie, on n'a rien vu venir du tout.
Alors, la mondialisation n'est pas inévitable et ce n'est pas quelque chose qui est inscrit dans les astres, c'est le résultat des décisions qui ont été prises par les politiques.
Moi, je ne suis pas contre l'ouverture des frontières, mais à condition qu'il y ait un équilibre et que d'autre part, les intérêts légitimes des Etats soient respectés et lorsque l'on voit que l'on se préparait à aller discuter à l'Organisation Mondiale du Commerce sans avoir établi le moindre bilan sur les résultats du sommet précédentce qui est un comble.
Je dois dire que j'ai lu avec étonnement le compte rendu de la dernière réunion de la Commission du Parlement européen au cours de laquelle Monsieur Lamy a déclaré qu'il n'était pas question de faire ce bilan, qu'il n'en voyait pas l'utilité et que d'ailleurs il constatait que les seuls qui demandaient ce bilan étaient des gens qui étaient opposés à l'OMC. C'est quand même fou.
Or, contrairement à tout ce qui nous a été raconté, les pays émergents, les pays en voie de développement, ont perdu depuis le sommet de Marrakech 50% de leur PIB. Voilà la réalité, elle est là. Alors, qu'on ne vienne pas nous dire que l'OMC est la panacée, que la mondialisation est ce qu'il y a de mieux. Je crois qu'il faut un minimum de règles.
Qui sont les maîtres du monde, aujourd'hui ?
Il n'y en a pas, mais il y a des apprentis sorciers. Il y a les gens qui spéculent, des capitaux se déplacent à la vitesse, sinon de la lumière, du moins du son, avec une bulle spéculative considérable qui peut exploser du jour au lendemain.
Vous avez de la sympathie pour un mouvement comme celui qu'initie, dirige et impulse de temps en temps José Bové ?
Je crois que c'est bien, il n'y a pas de problème. J'ai commencé dans la vie un peu comme çà, alors il n'y a pas de raison que je n'apprécie pas ce genre de chose. Et puis vous savez, il faut faire attention. Hier, par exemple, au stade, je me suis vu entrain de crier à un certain moment "sortez l'arbitre". Je me suis dit
On va vous dire que vous avez raison, là.
Non, mais je me suis repris parce que je me suis dit pour un ancien ministre de l'Intérieur, cela la fiche mal quand même! Donc, je crois que lorsque Bové organise ce type de manifestationsévidemment, je considère que ce mouvement de protestation est un mouvement salutaire. D'ailleurs, je ne sais pas ce que cela donnera finalement. Je ne me fais pas d'illusions sur les bons sentiments de Monsieur Clinton ou ceux de Monsieur Lamy et de tous ces braves gens, mais je constate que dans tous les cas, dans leurs discours, ils disent qu'il faut prendre maintenant en considération les réactions des populations.
Comment vous analysez le phénomène d'Internet, y compris dans ses aspects boursiers ? Je veux dire , cette espèce d'explosion des valeurs du Net, cela fait partie de la bulle spéculative ?
Tout à fait, parce que là il se crée des entreprises virtuelles avec des échanges considérables, des cotations en bourse qui ne reposent en définitive sur aucune création de PIB supplémentaire, etc Tout cela peut parfaitement exploser demain matin. Cela étant, Internet est un outil formidable, qui favorise la transmission de données, des informations. Si nous nous décidions à l'utiliser, cela pourrait être un instrument fabuleux dans le domaine de la défense et de la promotion de notre culture.
Il nous reste exactement six minutes pour aborder les questions de société qui ont leur importance. C'est beaucoup trop court, mais essayons.
La violence, d'abord. Est ce que vous constatez une montée de cette violence, notamment dans les écoles et si oui, les méthodes utilisées sont elles les bonnes actuellement?
Oui, il y a une montée de la violence dans les écoles. C'est indiscutable. Ceci est dû à un certain nombre de phénomènes que l'on connaît
Lesquels ?
L'affaissement des valeurs familiales, le fait que la morale n'est plus enseignée nulle part, que beaucoup de jeunes sont abandonnés à eux mêmes.
Je crois donc qu'il faut commencer très tôt à enseigner toutes ces valeurs, dès l'âge de cinq ou six ans. Je crois que les socialistes dans cette affaire portent une lourde responsabilité. Cela étant, il faut réagir. Réagir, cela veut dire aussi que lorsqu'on a affaire à des multi-récidivistes, à des mineurs multi-récidivistes, il ne faut pas hésiter à les enlever à la fois des établissements et des quartiers où ils sèment la perturbation. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu'il ne faut plus s'occuper d'eux. C'est pour cela qu'il y a un système que nous allons essayer de mettre en route dans notre propre département, qui s'appelle "le collège hors des murs" qui consiste à récupérer les éléments les plus difficiles et essayer un autre type d'enseignement, directement lié également aux entreprises, à une immersion
Pour leur éviter la prison avec tout ce que l'on sait des prisons aujourd'hui. Cela vous a choqué tous ces rapports que l'on a
Oui, çà on le sait
Vous le saviez ?
C'est scandaleux. Mais un pays qui accepte cela devrait avoir honte. De même que l'on devrait se doter des moyens nécessaires. Il ne suffit pas de le dire, il y a une montée de la délinquance, de la violence, etc mais il faut se donner les moyens de l'enrayer, cela veut dire recruter des policiers supplémentaires, mais pas des succédanés de policiers.
Qu'est ce que vous voulez dire par là ? Qu'il y a les vrais et
Eh bien on a recruté des emplois jeunes. Alors, ils sont habillés comme des policiers, ils ont l'aire de policiers, mais ce ne sont pas des policiers. Ils n'ont ni la formation, ni les moyens, ni le droit d'intervenir. Alors plutôt que d'obliger Monsieur Chevènement à recruter 12000 ou 17000 emplois jeunes, on aurait mieux fait de l'autoriser pour les mêmes sommes à recruter 12000 ou 17000 policiers. Cela aurait certainement permis de régler un certain nombre de problèmes.
Puisque vous parlez de Monsieur Chevènement
Que la justice fasse son travail, qu'elle juge et que les juges n'essaient pas de créer une autorité nouvelle.
Il y a un pouvoir des juges ?
Non, pour l'instant il n'y a pas de pouvoir des juges. Il y a une tentation pour certains juges de s'ériger en pouvoir. Or, dans une démocratie, le pouvoir vient du peuple. Alors s'ils veulent disposer du pouvoir, ils n'ont qu'à se présenter aux élections.
Les entretiens en garde à vue enregistrés au magnétophone, vous êtes pour ou contre ?
J'y suis plutôt favorable.
Et la présence d'un avocat dès le début de la garde à vue ?
Cela a été très discuté, alors le ministre de l'intérieur que je suis et que j'ai été se souvient des observations de la police. Mais je crois que
La police y est très hostile, enfin les syndicats de policiers.
La police y est très hostile. Mais je crois tout de même que dans ce domaine, il faut garantir davantage les droits des individus et donc moi, je ne suis pas hostile à la présence d'un avocat.
Ministre de l'intérieur, vous avez été, mais aussi Ministre des Cultes. L'organisation de l'islam en France, telle que la prône Jean Pierre Chevènement tout récemment, avec la construction de mosquées et souhaitées de la part des collectivités locales, pour ou contre ?
Il n'y a pas que cela dans le projet de Chevènement et comme l'a dit Monsieur Chevènement lui même, à la fois lorsqu'il a présenté ses projets à la presse et dans un article du Monde, qu'il saluait les initiatives qui avaient été prises par Pierre Joxe et par moi même et que l'action qu'il conduisait se situait dans le droit fil de ce que j'avais fait. J'aurais mauvaise grâce à dire que je ne suis pas d'accord.
Mais vous êtes d'accord, son action se situe dans votre action, dans l'état de votre propre action ?
Tout à fait. Pour la construction des mosquées, c'est un autre problème.
Ceci n'ayant rien à voir évidemment avec cela. La Corse, est ce que l'on va, selon vous, vers une sorte d'autonomie pas à pas qui éventuellement débouchera un jour sur autre chose ?
J'espère bien que non parce que c'est contraire au sentiment majoritaire des Corses. 80% des Corses sont contre cette évolution, que certains des hommes politiques corses y soient favorables, cela ne m'étonne pas parce qu'ils y trouveraient un supplément de pouvoir.
Est ce que la Corse y trouverait davantage de moyens pour permettre à sa jeunesse de trouver des emplois et les voies du développement dont elle a besoin ? La réponse est non. Ce n'est pas un statut nouveau qui résoudra quoique ce soit, c'est la prise de conscience par les Corses eux mêmes de ce qu'ils doivent faire et qu'ils utilisent au maximum, les moyens dont ils disposeront.
Donc, il n'y a pas besoin de référendum non plus ?
Un référendum sur quoi ?
Justement, tout dépend de la question, vous le savez bien
Non, non, moi j'ai été
Plus ou moins d'autonomie ?
Non, çà je crois que la question ne se pose pas.
Merci. Ce sera le mot de la fin. Merci Charles Pasqua.
Merci.
(source http://www.rpfie.org, le 21 février 2000)
Bonsoir Monsieur.
Le sondage sorti aujourd'hui dans Le Figaro, c'est de la vitamine pour vous ?
Vous savez, cela me paraît assez logique en définitive. Assez logique parce que cela s'inscrit dans la suite et dans le droit fil du résultat que nous avions eu aux élections européennes. Résultat que personne n'attendait. Et puis nous avons fait une percée et j'ai marqué l'essai. Voilà, contrairement
Oui, ce n'est pas comme hier.
Ce qu'a fait l'équipe de France hierVoilà, aujourd'hui, nous sommes un peu dans la même situation, on est à deux ans des élections présidentielles.
Vous relativisez tout de même les choses ?
Oui, enfin il vaut mieux cela que l'inverse. Ne plaignons pas notre plaisir malgré tout.
Et cela veut dire qu'il n'y a pas eu de mouvement de fond de l'opinion, vous estimez depuis les dernières élections alors ?
De mouvement de fond de l'opinion, certainement pas.
Vous creusez votre sillon, là ?
Je crois que les choses se confirment. On le voit bien d'ailleurs, élection partielle après élection partielle. Lorsque nous présentons un candidat, généralement il améliore ou il fait au moins le même score qu'aux élections européennes. Cela répond déjà à une première question.
Etait ce un feu de paille ou non ? Nous sommes maintenant dans le paysage et je crois que les gens, de plus en plus nombreux, se reconnaissent en nous. On le voit aussi à travers les adhésions que nous recevons, de la façon dont le mouvement s'implante et s'organise. Tout cela est satisfaisant.
Vous en avez combien, d'adhésions aujourd'hui ?
Un peu plus de 30000. Je crois que nous devons en être à 33 ou 34000.
Donc, le RPF va bien et il va selon vos vux ?
Oui, le RPF va bien. Il est dans une phase d'organisation. Dans l'ensemble de la France, nous avons choisi de faire élire au suffrage universel direct nos responsables. Ce sera terminé à la fin mars. En avril, nous installerons définitivement nos instances nationales et puis à partir de ce moment là, nous aurons à nous déterminer pour les prochaines échéances et notamment les élections municipales.
Je reviens un instant sur ce sondage. C'est Martine Aubry qui, à gauche, occupe la même place que vous dans l'esprit et dans, on va dire, le cur des Français. Cela veut dire que les tempéraments forts ont la faveur de nos compatriotes ? Parce que c'est quelqu'un qui parle clair, un peu comme vous, dans un registre différent.
Oui, je crois qu'on peut aimer ou ne pas aimer Martine Aubry, mais en tous les cas dans ce gouvernement et au Parti socialiste, elle est certainement - ce qui à mes yeux n'est pas d'ailleurs positif pour le pays, mais çà c'est un autre problème - elle est certainement la plus déterminée et la plus intransigeante quant aux principes de son parti.
Vous avez vu aussi que l'ancien Président Giscard d'Estaing n'exclut pas du tout de se présenter à cette élection présidentielle
Il ne l'a jamais exclut depuis 1981.
Oui, mais là, il l'a dit dans une émission
Oui, très bien.
Qui est celle de Michel Drucker. Votre réaction ?
Je n'ai pas de réaction. Tout citoyen peut se présenter à l'élection présidentielle.
Devant les Français, en direct, comme vous, vous le feriez ?
Oui, absolument.
Comment vous évaluez vos chances à partir de tout cela, quand vous voyez un tout petit peu l'éventail en présence ? Vous visez le deuxième tour éventuellement ?
Je crois qu'il ne s'agit pas de raisonner en ces termes.
D'accord.
Il ne s'agit pas de raisonner en fonction des chances que l'on s'accorde, on n'est pas au Loto là, on n'est pas au Sweepsteck.
Monsieur Pasqua, quand même, quand on est candidat
Non, non. Si vous permettez, je voudrais développer un tout petit peu parce que cela ne me paraît pas inutile. Moi, je suis frappé par ce que l'on constate à l'heure actuelle. Il y a longtemps que l'on parle du fossé qui s'est creusé entre les hommes politiques et les électeurs et puis au cours de ces dernières semaines, on a vu un certain nombre de personnalités politiques de l'opposition poser leur sac et changer de rive, dirent "on n'abandonne pas la politique", on abandonne la politique et d'ailleurs la plupart d'entre eux choisissent d'aller faire ou de refaire carrière dans l'économie, dans l'entreprise.
C'est une démarche qui, de leur point de vue, me paraît normale et logique, étant donné qu'ils ne pratiquement aucun d'eux ne croient plus en la France en tant que Nation et ils sont acquis à l'idée de mondialisation. Si la mondialisation, c'est la primauté de l'économie, alors il vaut mieux effectivement aller dans le monde économique
Si vous pensez à Philippe Vasseur ou Dominique Baudis, ils ont une idée de la France quand même.
Oui, mais moi, ce n'est pas mon point de vue. Je veux dire par là que je crois que lorsqu'on croit à un certain nombre d'idées, lorsqu'on est convaincu que la France mérite qu'on se batte pour elle, que la souveraineté nationale est quelque chose d'indispensable au maintien et à la survie de la Nation française, alors on a le devoir de se battre, on a le droit d'être candidat, on a le droit d'exprimer ses idées. Le reste, eh bien on verra.
Est ce que cela va être un des thèmes de la campagne présidentielle, ce que vous venez de dire justement, c'est à dire: comment maintenir la France dans le monde d'aujourd'hui ?
Certainement.
Ce sera votre cheval de bataille ?
Non, ce ne sera pas mon cheval de bataille. Mais c'est une idée de base. C'est à dire le droit pour la France de décider par elle même de ce qui est bon pour elle et pour la pérennité de l'existence de la Nation française. Alors, il n'y aura pas que la souveraineté nationale, il y a aussi le pacte républicain, la nécessité de disposer d'un Etat qui en soit un, le fait de mettre un terme à la dérive actuelle et au démembrement de l'Etat qui transfert chaque fois qu'il a une difficulté à des commissions plus ou moins irresponsables le soin de traiter les affaires à sa place. Tout cela, c'est un ensemble de choses. En un mot, comme en cent, c'est beaucoup plus simple. Il faut que la primauté soit redonnée aux politiques, c'est le politique qui doit décider et ce ne sont pas les marchés, ni personne d'autre. D'ailleurs, je reviens d'un mot sur la mondialisation dont on parlait tout à l'heure, ce ne sont pas les marchés qui ont décidé de la mondialisation, ce sont les responsables des Etats qui ont signé des traités, qui ont acté cette mondialisation ou qui l'ont permise.
Et qui auraient donc abandonné leurs prérogatives.
Voilà, donc c'est bien le politique qui est en cause.
Vous êtes le premier candidat déclaré pour cette élection présidentielle. D'accord, vous êtes très en forme, si vous me permettez, mais il va falloir du souffle parce que c'est une course de fond et vous partez un peu loin avant l'obstacle, si je puis dire, non ?
Oui, mais enfin on ne va pas non plus dire que l'on va faire une campagne présidentielle tous les jours, je ne vais pas commencer à faire des meetings toutes les semaines. Par contre, ce que j'ai l'intention de faire, c'est chaque fois que l'occasion m'en sera donnée, expliquer aux Françaises et aux Français ce qu'il faut faire, les mesures qu'il faudrait prendre pour que ce pays retrouve à la fois son dynamisme et sa place dans le monde. Moi, j'ai entendu quelquefois que j'étais anti- européen, je ne suis pas du tout anti- européen. Seulement, il se trouve qu'à l'heure actuelle, l'Europe rétrécit notre champ de vision. La France a un autre rôle à jouer dans le monde. On le voit bien d'ailleurs, je suis allé en Chine il y a peu de temps, auparavant j'étais en Russie, je vois bien que les attentes concernant la France et elle ne peut pas se laisser dissoudre sa diplomatie ou son action uniquement au sein de l'Union européenne. Ce n'est pas possible.
Mais çà, c'est un thème, enfin à mon avis, ou un programme pour une élection présidentielle, de fait. Mais dans ce cas là, puisque ces autres objectifs sont lamentables, pourquoi vous vous comportez comme un parti comme les autres, c'est à dire vous allez aux municipales, quel est le lien entre ce souci du renouveau de la France et une campagne au niveau des villes ?
Ce n'est pas compliqué. Il ne vous a pas échappé que de par la Constitution elle même, les partis politiques concourent à l'expression du suffrage universel et d'autre part, l'expérience montre que pour conduire une action politique, il faut disposer de relais, il faut disposer d'une armée. Le général de Gaulle lui même, qui n'était pas très favorable aux partis politiques, s'était finalement rendu compte , malgré une expérience un peu décevante, de la nécessité de disposer d'un mouvement politique. Il y a une autre raison. Lorsque nous avons fait la campagne européenne avec Philippe de Villiers, ce qui nous avait frappé tous les deux, c'était d'abord le rejet de la classe politique traditionnelle par les Français, qui considéraient que ce qui caractérisait les hommes politiques, c'était surtout le discrédit qui touchait les hommes politiques traditionnels d'une part, d'autant par le fait que les Français nous disaient "surtout ne nous abandonnez pas au lendemain des élections".
C'est pour cela que nous avons créé ce mouvement.
C'est un mouvement jeune, donc il faut qu'il s'implante, il faut que ses racines plongent un peu dans le terreau républicain et national. Quel est le meilleur, sinon d'être présent lors des élections. Nous ne serons pas présents partout, mais dans toutes les grandes vielles certainement.
Comment vous entendez vous avec Philippe de Villiers à la tête du Rassemblement Pour la France ?
Moi, je n'ai pas de problèmes avec Philippe de Villiers.
Lui, il dit la même chose d'ailleurs.
On n'a aucun problème. Je l'aime bien.
On avait quand même l'impression qu'il y avait eu des problèmes d'hommes dans votre mouvement à un moment ?
Oui, mais il y en aura encore.
Des nuances.
Cà, il y en aura encore. Ce qu'il y a de plus difficile à traiter, ce sont justement les problèmes d'hommes, mais à partir du moment où on est d'accord sur l'essentiel, c'est à dire d'une part sur la philosophie de l'action et d'autre part sur ce problème d'action, eh bien les choses s'arrangent.
Vous alliez dire "je l'aime bien", il y avait un "mais", non ?
Non, pas du tout. Je veux dire par là que nous avonsnon, nous avons des relations qui dépassent largement l'entente politique. Je veux dire que nous avons une entente réelle. Nous avons à peu près les mêmes approches, chacun avec notre caractère et notre tempérament bien entendu.
Quel regard portez vous aujourd'hui sur la droite, quel est l'état de l'opposition actuellement ?
Elle n'est pas en très bon état, mais à mon avis l'état de la droite comme vous dites, est surtout caractérisée par son incapacité à faire émerger des leaders et en tous les cas par leur absence de perspectives. On a beau réfléchir, on regarde, mais on n'a pas le sentiment qu'ils aient des perspectives bien claires.
C'est une analyse que vous feriez pour Madame Alliot-Marie par exemple ?
Vous n'allez pas essayer de me faire dire des choses contre Alliot-Marie, que j'aime bien par ailleurs et qui assume les objectifs un peu ambitieux du RPR. Tout le monde le sait, donc ce n'est pas mon problème. Pour le moment, l'opposition telle qu'elle est ne me paraît pas capable d'élaborer le moindre projet. Il n'y a qu'à regarder, dans l'affaire de la cagnotte son incapacité à réagir.
Vous avez conservé un capital sympathie, un capital d'affectivité au sein du RPR. Est ce qu'il y a entre vous , le RPF, et le RPR, des passerelles possibles ? Est ce que des mains peuvent se tendre ?
Non, mais je ne crois pas qu'il faille raisonner comme cela. Nous ne sommes pas fâchés, moi j'ai beaucoup d'amis au RPR, la question ne se pose pas. Mais nous sommes devant un problème politique, nous ne sommes pas devant un problème affectif. Je sais qu'au sein du RPR, beaucoup de militants, beaucoup de gens partagent l'analyse qui est la mienne mais ils sont retenus par, d'une par cet esprit qui veut qu'on reste groupé, on a du mal à se séparer d'une maison un peu ancienne, etcet puis pourquoi ne pas le dire, il y a aussi des liens qui les unissent à Jacques Chirac, c'est la vérité.
Vous voulez dire quoi, que cela les paralyse un peu ?
Voilà, c'est çà.
Paralysés, carrément.
Paralysés, le mot est peut être un peu excessif, mais enfin en tous les cas, cela les retient, cela les freine. Ils sont dans une situation difficile parce que dans le même temps, ils en veulent un peu au Président de la République de la situation dans laquelle il se trouve lui et dans laquelle ils ont été mis eux, c'est à dire cette cohabitation qui est un système qui oblige en permanence aux compromis, qui sclérose, qui neutralise et qui prive en grande partie le Président de la République de ses pouvoirs.
Ce frein, vous l'avez lâché vous ? Ce frein, Jacques Chirac, c'est définitif, comment le considérez vous aujourd'hui ?
Mais moi, j'ai pour Jacques Chirac les mêmes sentiments d'amitié personnels, il n'y aucun problème. Mais nous avons un désaccord de fond sur le plan politique. Je crois et c'est ce que je regrette profondément, qu'il y a fait siennes les théories des européistes et aujourd'hui, qu'il le veuille ou non, qu'il s'en défende ou pas, en réalité il a accepté une démarche vers le fédéralisme, les faits sont là, c'est comme çà. D'ailleurs le traité d'Amsterdam, ce n'était pas autre chose. Donc, entre nous, c'est un désaccord total.
Je reviens pour juste un mot sur le RPR. Est ce que vous estimez que pour leur propre, comment dire, identité ou survie, ils devraient marquer une rupture plus forte avec le Président de la République ?
Oh, c'est un vieux débat. Ce débat, nous l'avons eu il y a déjà longtemps. Je ne crois pas que le RPR puisse rompre avec le Président de la République. Ce serait d'ailleurs de leur point de vue et leur part déraisonnable. Ce que le RPR eut été le seul en droit d'attendre par contre du Président de la République, c'est que lui soit accordé davantage de latitudes, de marge de manuvre et c'est bien parce que cette marge de manuvre n'existait pas que Philippe Séguin, après bien des hésitations, s'est décidé à en tirer les conséquences.
Je reviens tout de même un instant sur Michèle Alliot-Marie. Très objectivement, comment avez vous jugé, observé, regardé ses premiers pas à la tête du RPR? Vela vous intéresse quand même encore et toujours ?
Oui, mais je ne crois pas que cela puisse, quelles que soient ses qualités, je la connais mais je ne crois pas que la démarche qu'elle a engagée puisse déboucher sur quelque chose de très positif pour le RPR. Elle ne peut pas à la fois ne pas tenir compte du Président de la République, engager le RPR dans l'opposition. Cela ne lui sera pas permis et dans tous les cas, même si cela lui était permis, au niveau le plus élevé, les parlementaires seraient là pour ne pas le faire. Il n'y a qu'à voir la façon dont elle a été traitée par le groupe parlmentaire.
Peut être mais cela veut dire d'une certaine manière que c'est très difficile pour les responsables du RPR d'imaginer de vraies contre-propositions, de vraies réformes ?
Imaginer de vraies réformes ou des contre -propositions, pourquoi pas, mais
Mais il n'y en a pas en tout cas ?
Non, mais s'opposer réellement au gouvernement actuel dans la mesure où ce gouvernement, dans la mesure où le Président de la République partage un certain nombre d'objectifs de ce gouvernement, c'est un exercice compliqué.
Puisque nous sommes en plein dans la politique et que nous parlons des élections. Est ce que Philippe Séguin est à vos yeux le bon candidat pour la mairie de Paris ?
S'il n'y avait pas un maire à Paris, oui, certainement. Mais il y a un maire, comme d'ailleurs Philippe Séguin le fait remarquer lui même. Il s'appelle Jean Tibéri, il a un bon bilan et il n'a pas l'intention à ma connaissance de se retirer.
Donc, jusqu'à preuve du contraire, il est à vos yeux, encore une fois, plutôt légitime en fonction du bilan qu'il présenter ?
A l'heure actuelle, de toute façon, il est le seul qui ait une légitimité, le seul qui a été élu, il est le maire de Paris jusqu'à la fin de son mandat. Alors, d'autre part, la mairie de Paris n'est pas un fond de commerce que l'on peut céder par un contrat de notairecela n'appartient à personne, c'est aux électeurs parisiens de décider.
Mais alors, justement, est ce que l'on peut essayer de le pousser hors jeu, là, ou de le mettre de le pousser à la faute, comme on dit au rugby ?
Oui, manifestement, certains s'y emploient. Mais je crois qu'ils se sont un peu trompés sur le caractère de Jean Tibéri qui a l'air plus solide qu'il n'y paraissait.
Vous avez le sentiment qu'il ira jusqu'au bout, quoi qu'il arrive ?
Je ne sais pas ou je crois, oui, mais enfin, vous savez, je ne suis pas dans ce genre de débat.
Mais vous, enfin votre mouvement, vous serez présent aux élections de Paris ?
Oui.
Avec des candidats dans chaque arrondissement ?
Nous aurons des candidats dans tous les arrondissements au premier tour.
Et un leader ?
Forcément.
Et ce sera qui ?
Nous verrons bien. Il émergera, soyez sans crainte.
Nous allons maintenant parler de l'Autriche. Il y a eu hier à Vienne une puissante manifestation contre la coalition dite noire/ bleue entre les conservateurs et ceux qu'on appelle les nationaux populistes. Est ce que cette présence, notamment d'intellectuels français à Vienne, est pour vous une ingérence. Est ce qu'elle est légitime ? Comment la percevez vous ?
Je considère que la façon dont l'Union européenne s'est comportée dans l'affaire autrichienne est contraire au principe démocratique et au droit des peuples à disposer d'eux mêmes. Je n'ai pas une sympathie excessive pour Monsieur Haider et je n'en ai aucune pour les thèses extrémistes. Mais ce que je constate, c'est que si dans le traité d'Amsterdam il existe bien des dispositions qui permettent à l'Union européenne d'intervenir lorsqu'un pays ne respecte pas les libertés essentielles, les principes démocratiques, etc..
L'article 5.
Il n'y a rien qui lui permette d'intervenir avant la constitution d'un gouvernement pour peser sur les choix. En réalité
Il n'y a pas des cas critiquesquand même on voit monter, là, au pouvoir à Vienne un parti et avec un leader, qui s'appelle Jorg Haider, vous venez de le citer
Ecoutez moi, je ne suis pas Autrichien. Non, attendez
Vous êtes européen, vous pouvez donner un avis ?
Oui, j'ai un avis. Alors, premièrement, je ne suis pas Autrichien. Deuxièmement, l'Autriche, ce n'est pas l'Allemagne. Troisièmement, Haider ce n'est pas Hitler. Tout cela me paraît tout à fait déraisonnable.
Il serait devant vous, Haider, vous pourriez lui serre la main ?
Je dois dire que dans les propos qu'il tient, il semble avoir un certain talent pour heurter les gens et les consciences. Cela étant
Rugissant de la première heure, à l'âge de 16 ans, Charles Pasqua quand même
La première heure, n'exagérons rien. Je n'ai pas été le premier.
Je suis étonné de votre mansuétude à l'égard des bleus.
Je n'ai pas de mansuétude.
Un peu.
Non. Monsieur, il faut raisonner de la façon suivante. Ce mouvement politique, ce parti politique, défendait il des thèses contraires au principe démocratique et aux droits de l'homme ? Si oui, pour quelle raison n'a-t-il pas été interdit? Alors, voilà la première question qu'il faut poser aux Autrichiens. Deuxième question, si ce personnage est si peu fréquentable, pourquoi dans la province qu'il dirige, il y a quand même des socialistes qui participent à la gestion ? Troisièmement, la question qu'il faudrait se poser concernant l'Autriche parce qu'elle intéresserait éventuellement notre pays aussi. D'abord je pense que si Monsieur Haider, au lieu d'être eurosceptique avait été un européen convaincu, il n'y aurait pas eu tout ce tapage. Parce que je constate que les mêmes belles consciences ne se manifestent pas avec autant de vigueur contre les kémalistes turcs ou contre les
Les Russes en Tchétchénie.
Ceux qui ont participé au franquisme ou en Tchétchénie.
On va en parler de la Tchétchénie.
Alors je crois donc que l'Union européenne aurait été mieux avisée d'attendre les premiers actes de ce gouvernement et s'il y avait quoi que ce soit qui soit contraire au prinicpe démocratique et aux droits de l'homme, ils pourraient utiliser une disposition prévue par le traité d'Amsterdam, parce que deux questions se posent. Premièrement, pourquoi ce parti politique a-t-il rassemblé 27% des électeurs? Parce que les gens en avaient assez de la cohabitation entre les socialistes et les chrétiens démocrates qui gouvernent ensemble l'Autriche depuis 30 ans, ces gouvernements ayant en réalité été surtout jugés pour leur immobilisme. Donc, çà c'est une première chose qu'il faut avoir à l'esprit. Deuxièmement, moi je suis quand même préoccupé parce que est ce que demain c'est l'internationale socialiste ou est ce que ce sont les démocrates-chrétiens qui vont dicter à chaque pays européen ce qu'il a le droit de faire ou pas.
Pour le coup, c'était Jacques Chirac qui était en flèche. Et alors, il avait tort le Président de la République ?
De mon point de vue, oui.
Est ce qu'il est porteur de certaines valeurs très démocratiques et qui sont un danger potentiel ?
Que l'on fasse part de nos craintes, c'est bien. Mais enfin, si on a des craintes, il faut les faire connaître. Mais que l'on intervienne de la façon dont on est intervenu, moi je trouve que c'est une ingérence directe dans les affaires d'un pays souverain. Je ne voudrais pas que cela nous arrive demain en France. Voilà.
Sans doute, mais le fait qu'il y ait ingérence et même reconnue par les plus européens, les plus convaincus, qui disent "oui, mais à travers çà, nous manifestons notre volonté de faire une Europe encore plus politique"
Oui, çà ce sont les fédéralistes, bien entendu
Bien sûr, mais c'est çà aussi qui est dans l'argument
Moi, j'y suis tout à fait opposé.
Que vous y soyez opposé, c'est vrai. Mais est ce que
Moi, je suis tout à fait contre, tout à fait hostile à çà et je considère que c'est une démarche. Certains membres de gouvernement et de responsables européens ont choisi cette occasion pour essayer de franchir une nouvelle étape vers le fédéralisme, une fois de plus sans que les peuples aient été consultés et qu'ils aient leur mot à dire.
Oui, mais le Président de la République française, qui est un peu à la pointe de ce combat là, en même temps il a toujours dit qu'il n'était pas un fédéraliste, lui ?
Oui, mais dans les faits, il l'est. C'est bien lui qui a proposé, souhaité que le traité d'Amsterdam soit adopté et qui a refusé de le soumettre au peuple français.
On le voit bien, Charles Pasqua, le débat n'est pas prêt de s'éteindre et en effet, comme vous le disiez, nous jugerons nos actes et on verra vite ce qui se passe en Autriche. Devrions nous avoir les mêmes exigences à l'égard de Moscou, étant donné son comportement en Tchétchénie ?
Dans la vie, il faut une certaine cohérence. Si alors qu'il ne s'est encore rien passé en Autriche, on considère qu'il a un droit d'ingérence, je ne vois pas les mêmes se mobiliser avec autant de passion et de volonté pour défendre la population tchétchène.
La Russie n'est pas dans l'Europe.
Oui, c'est vrai qu'elle n'est pas dans l'Europe, mais les principes moraux transcendent les frontières. On ne peut pas dire d'une part "nous défendons". Mais cela, je l'ai déjà vécu. J'ai bien vu que la défense des droits de l'homme était à géométrie variable et surtout c'est plus facile de défendre les droits de l'homme quand il n'y a pas de danger physique que lorsqu'il y en a.
Avez vous le sentiment d'être utile sur tous ces plans là à Strasbourg et d'avoir une prise directe sur la réalité européenne, car après tout, vous avez fait le choix du Parlement européen. Vous avez été conséquent avec vous même ?
J'ai fait le choix du Parlement européen pour deux raisons.
La première est qu'étant candidat à la tête d'une liste aux élections européennes, 230 0000 personnes ayant voté pour cette liste, je ne me voyais pas entrain de leur dire "excusez moi, je vais rester au Sénat. C'est moins loin ou c'est plus confortable".
Deuxièmement, à partir de cette année, dans un certain nombre de domaines, il y a la co-décision du Parlement européen. On peut donc espérer, sans trop y croire, peser sur un certain nombre de décisions et puis parce que dans le deuxième semestre de cette année, le Président de la République sera en même temps Président de l'Union européenne, que c'est probablement sous la présidence française que seront examinées les propositions de modifications de l'organisation de l'Europe et qu'à cette occasion, nous verrons bien si on veut franchir un nouveau pas vers le fédéralisme ou pas.
Monsieur Pasqua, nous allons vivre deux années assez intenses sur le plan politique, étant donné le calendrier électoral : élections municipales, des législatives, l'élection présidentielle. Est ce que ce calendrier vous convient, en terme politique ou faudrait il le modifier ?
Je crois que la logique et l'intérêt national voudraient que les élections législatives succèdent aux élections présidentielles. Du moins, de mon point de vue.
Pourquoi ?
Je considère que tout devrait être fait pour rétablir les institutions de la 5ème République, laquelle consacre d'une part la primauté du Président de la République et d'autre part, l'intérêt national commande qu'il y ait la même majorité à l'Assemblée Nationale et à la tête de l'Etat. Faute de quoi, c'est la cohabitation.
Vous voulez dire
Je crois qu'il faut revenir à l'esprit des institutions. Le pouvoir, la souveraineté nationale appartiennent au peuple. C'est lui qui l'exerce par l'intermédiaire de ses représentants, de l'élection de ses représentants, du Président de la République ou par la voix du référendum.
Il faut mettre un terme à la cohabitation qui a comme conséquence de priver le Président de la République d'une partie de ses pouvoirs, de nous faire revenir au régime des partis. A la limite, un Président de la République n'a même pas le pouvoir de désigner le Premier Ministre puisqu'il appelle comme Premier Ministre le chef du parti qui a gagné les élections législatives et après il est engagé dans une série de compromis.
On ne peut pas dire que ce soit un très bon système. Donc, tout ce qui pourrait permettre de revenir à une meilleure application des principes de la 5ème République me paraîtrait souhaitable. Mais enfin, ne rêvons pas.
Abordons maintenant quelques sujets de préoccupation très concrets pour les Français. Je fais une sorte d'amalgame, mais entre les indemnisations pour la tempête ou les aides contre la marée noire qui n'arrivent pas, le doublement des primes d'assurances pour les handicapés qui met dans la difficulté nombre de familles avec les protestations que cela soulève. C'est abandonné puisqu'il y a un moratoire d'un an, enfin ce n'est pas tout à fait abandonné.
Ma question est : est ce qu'il n'y a pas une perte de solidarité nationale en ce moment ?
Oui, mais çà c'est évident. Je veux dire que dans le même temps où l'Etat a tendance à se déliter, on assiste à la montée des égoïsmes. Et ce qui fait la force de la Nation, c'est à dire la solidarité, est entrain de se déliter. On a les conséquences de la mondialisation, dont on voit bien qu'elle accentue la pauvreté et que dans notre pays elle a creusé la disparité entre ceux qui profitent du système économique et ceux qui en sont progressivement marginalisé. Je crois que la République ne peut pas accepter ce type d'évolution.
C'est le règne de l'argent roi ce moment ?
Je crois qu'en grande partie, oui. D'ailleurs, on en voit les conséquences. La mondialisation, cela consiste à privilégier l'argent et la rente sur la production et le travail, c'est clair.
Est ce que vous avez une recette contre la mondialisation ? Parce que c'est bien beau ce discours Il y a quelque chose d'assez incohérent de votre part. On fait quoi contre ce mouvement qui est totalement inéluctable ? Nous sommes déjà en plein dedans.
Non, il n'y a rien d'inéluctable. C'est totalement faux. D'ailleurs, je lisais avec amusement un pamphlet qui a été écrit par un journaliste américain et qui faisait remarquer à quel point tous les grands de ce monde- c'est à dire les dirigeants politiques, les banquiers, les économistes et les chefs d'entreprises- sont capables de se mettre le doigt dans l'il.
En regardant notamment les conclusions des deux derniers sommets de Davos où tous ces distingués personnages n'ont rien vu venir du tout, ni la crise asiatique, ni l'explosion d'une bombe atomique en Inde et au Pakistan, ni l'effondrement de l'Indonésie, on n'a rien vu venir du tout.
Alors, la mondialisation n'est pas inévitable et ce n'est pas quelque chose qui est inscrit dans les astres, c'est le résultat des décisions qui ont été prises par les politiques.
Moi, je ne suis pas contre l'ouverture des frontières, mais à condition qu'il y ait un équilibre et que d'autre part, les intérêts légitimes des Etats soient respectés et lorsque l'on voit que l'on se préparait à aller discuter à l'Organisation Mondiale du Commerce sans avoir établi le moindre bilan sur les résultats du sommet précédentce qui est un comble.
Je dois dire que j'ai lu avec étonnement le compte rendu de la dernière réunion de la Commission du Parlement européen au cours de laquelle Monsieur Lamy a déclaré qu'il n'était pas question de faire ce bilan, qu'il n'en voyait pas l'utilité et que d'ailleurs il constatait que les seuls qui demandaient ce bilan étaient des gens qui étaient opposés à l'OMC. C'est quand même fou.
Or, contrairement à tout ce qui nous a été raconté, les pays émergents, les pays en voie de développement, ont perdu depuis le sommet de Marrakech 50% de leur PIB. Voilà la réalité, elle est là. Alors, qu'on ne vienne pas nous dire que l'OMC est la panacée, que la mondialisation est ce qu'il y a de mieux. Je crois qu'il faut un minimum de règles.
Qui sont les maîtres du monde, aujourd'hui ?
Il n'y en a pas, mais il y a des apprentis sorciers. Il y a les gens qui spéculent, des capitaux se déplacent à la vitesse, sinon de la lumière, du moins du son, avec une bulle spéculative considérable qui peut exploser du jour au lendemain.
Vous avez de la sympathie pour un mouvement comme celui qu'initie, dirige et impulse de temps en temps José Bové ?
Je crois que c'est bien, il n'y a pas de problème. J'ai commencé dans la vie un peu comme çà, alors il n'y a pas de raison que je n'apprécie pas ce genre de chose. Et puis vous savez, il faut faire attention. Hier, par exemple, au stade, je me suis vu entrain de crier à un certain moment "sortez l'arbitre". Je me suis dit
On va vous dire que vous avez raison, là.
Non, mais je me suis repris parce que je me suis dit pour un ancien ministre de l'Intérieur, cela la fiche mal quand même! Donc, je crois que lorsque Bové organise ce type de manifestationsévidemment, je considère que ce mouvement de protestation est un mouvement salutaire. D'ailleurs, je ne sais pas ce que cela donnera finalement. Je ne me fais pas d'illusions sur les bons sentiments de Monsieur Clinton ou ceux de Monsieur Lamy et de tous ces braves gens, mais je constate que dans tous les cas, dans leurs discours, ils disent qu'il faut prendre maintenant en considération les réactions des populations.
Comment vous analysez le phénomène d'Internet, y compris dans ses aspects boursiers ? Je veux dire , cette espèce d'explosion des valeurs du Net, cela fait partie de la bulle spéculative ?
Tout à fait, parce que là il se crée des entreprises virtuelles avec des échanges considérables, des cotations en bourse qui ne reposent en définitive sur aucune création de PIB supplémentaire, etc Tout cela peut parfaitement exploser demain matin. Cela étant, Internet est un outil formidable, qui favorise la transmission de données, des informations. Si nous nous décidions à l'utiliser, cela pourrait être un instrument fabuleux dans le domaine de la défense et de la promotion de notre culture.
Il nous reste exactement six minutes pour aborder les questions de société qui ont leur importance. C'est beaucoup trop court, mais essayons.
La violence, d'abord. Est ce que vous constatez une montée de cette violence, notamment dans les écoles et si oui, les méthodes utilisées sont elles les bonnes actuellement?
Oui, il y a une montée de la violence dans les écoles. C'est indiscutable. Ceci est dû à un certain nombre de phénomènes que l'on connaît
Lesquels ?
L'affaissement des valeurs familiales, le fait que la morale n'est plus enseignée nulle part, que beaucoup de jeunes sont abandonnés à eux mêmes.
Je crois donc qu'il faut commencer très tôt à enseigner toutes ces valeurs, dès l'âge de cinq ou six ans. Je crois que les socialistes dans cette affaire portent une lourde responsabilité. Cela étant, il faut réagir. Réagir, cela veut dire aussi que lorsqu'on a affaire à des multi-récidivistes, à des mineurs multi-récidivistes, il ne faut pas hésiter à les enlever à la fois des établissements et des quartiers où ils sèment la perturbation. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu'il ne faut plus s'occuper d'eux. C'est pour cela qu'il y a un système que nous allons essayer de mettre en route dans notre propre département, qui s'appelle "le collège hors des murs" qui consiste à récupérer les éléments les plus difficiles et essayer un autre type d'enseignement, directement lié également aux entreprises, à une immersion
Pour leur éviter la prison avec tout ce que l'on sait des prisons aujourd'hui. Cela vous a choqué tous ces rapports que l'on a
Oui, çà on le sait
Vous le saviez ?
C'est scandaleux. Mais un pays qui accepte cela devrait avoir honte. De même que l'on devrait se doter des moyens nécessaires. Il ne suffit pas de le dire, il y a une montée de la délinquance, de la violence, etc mais il faut se donner les moyens de l'enrayer, cela veut dire recruter des policiers supplémentaires, mais pas des succédanés de policiers.
Qu'est ce que vous voulez dire par là ? Qu'il y a les vrais et
Eh bien on a recruté des emplois jeunes. Alors, ils sont habillés comme des policiers, ils ont l'aire de policiers, mais ce ne sont pas des policiers. Ils n'ont ni la formation, ni les moyens, ni le droit d'intervenir. Alors plutôt que d'obliger Monsieur Chevènement à recruter 12000 ou 17000 emplois jeunes, on aurait mieux fait de l'autoriser pour les mêmes sommes à recruter 12000 ou 17000 policiers. Cela aurait certainement permis de régler un certain nombre de problèmes.
Puisque vous parlez de Monsieur Chevènement
Que la justice fasse son travail, qu'elle juge et que les juges n'essaient pas de créer une autorité nouvelle.
Il y a un pouvoir des juges ?
Non, pour l'instant il n'y a pas de pouvoir des juges. Il y a une tentation pour certains juges de s'ériger en pouvoir. Or, dans une démocratie, le pouvoir vient du peuple. Alors s'ils veulent disposer du pouvoir, ils n'ont qu'à se présenter aux élections.
Les entretiens en garde à vue enregistrés au magnétophone, vous êtes pour ou contre ?
J'y suis plutôt favorable.
Et la présence d'un avocat dès le début de la garde à vue ?
Cela a été très discuté, alors le ministre de l'intérieur que je suis et que j'ai été se souvient des observations de la police. Mais je crois que
La police y est très hostile, enfin les syndicats de policiers.
La police y est très hostile. Mais je crois tout de même que dans ce domaine, il faut garantir davantage les droits des individus et donc moi, je ne suis pas hostile à la présence d'un avocat.
Ministre de l'intérieur, vous avez été, mais aussi Ministre des Cultes. L'organisation de l'islam en France, telle que la prône Jean Pierre Chevènement tout récemment, avec la construction de mosquées et souhaitées de la part des collectivités locales, pour ou contre ?
Il n'y a pas que cela dans le projet de Chevènement et comme l'a dit Monsieur Chevènement lui même, à la fois lorsqu'il a présenté ses projets à la presse et dans un article du Monde, qu'il saluait les initiatives qui avaient été prises par Pierre Joxe et par moi même et que l'action qu'il conduisait se situait dans le droit fil de ce que j'avais fait. J'aurais mauvaise grâce à dire que je ne suis pas d'accord.
Mais vous êtes d'accord, son action se situe dans votre action, dans l'état de votre propre action ?
Tout à fait. Pour la construction des mosquées, c'est un autre problème.
Ceci n'ayant rien à voir évidemment avec cela. La Corse, est ce que l'on va, selon vous, vers une sorte d'autonomie pas à pas qui éventuellement débouchera un jour sur autre chose ?
J'espère bien que non parce que c'est contraire au sentiment majoritaire des Corses. 80% des Corses sont contre cette évolution, que certains des hommes politiques corses y soient favorables, cela ne m'étonne pas parce qu'ils y trouveraient un supplément de pouvoir.
Est ce que la Corse y trouverait davantage de moyens pour permettre à sa jeunesse de trouver des emplois et les voies du développement dont elle a besoin ? La réponse est non. Ce n'est pas un statut nouveau qui résoudra quoique ce soit, c'est la prise de conscience par les Corses eux mêmes de ce qu'ils doivent faire et qu'ils utilisent au maximum, les moyens dont ils disposeront.
Donc, il n'y a pas besoin de référendum non plus ?
Un référendum sur quoi ?
Justement, tout dépend de la question, vous le savez bien
Non, non, moi j'ai été
Plus ou moins d'autonomie ?
Non, çà je crois que la question ne se pose pas.
Merci. Ce sera le mot de la fin. Merci Charles Pasqua.
Merci.
(source http://www.rpfie.org, le 21 février 2000)