Texte intégral
La Montagne : Comment se porte l'UMP ?
Alain Juppé : Je viens en Corrèze pour constater sur le terrain la mise en place de l'UMP et apporter à nos amis le soutien du siège national. En six mois, l'UMP s'est affirmée dans des conditions que je trouve excellentes. Le 20 juin se réunira le conseil national, qui est un peu notre Parlement. Il élira son bureau politique. Début septembre, nous organiserons une grande fête de la jeunesse, avec une participation européenne, et un congrès à l'automne. Le dispositif fonctionne bien. La volonté d'union entre les différentes composantes est forte. Nous sommes présents sur le terrain. Notre site Internet est très fréquenté : nous avons enregistré plus de 200.000 signatures à la pétition que nous avons lancée la semaine dernière pour demander que les examens se tiennent en temps et en heure.
LM : On reproche pourtant parfois à l'UMP sa discrétion au cours des derniers mois.
AJ - J'ai envie de vous répondre spontanément " le bien ne fait pas de bruit, le bruit ne fait pas de bien " ! Plus sérieusement, outre les missions traditionnelles d'un parti politique, nous nous sommes attachés dès le mois de février à engager le dialogue, partout en France, dans l'ensemble de nos fédérations, avec nos concitoyens sur la difficile réforme des retraites. Jean-Pierre Raffarin a bien voulu rendre hommage à la façon dont l'UMP s'était investie dans ce débat.
L'explication, la pédagogie, le dialogue sont les exigences naturelles aujourd'hui de tout responsable politique. Ils ne se substituent pas aux convictions, au verdict des urnes, ils constituent la seule voie possible pour faire avancer notre société.
LM : Votre analyse de la crise sociale en cours.
AJ : Il y a d'abord la réforme des retraites. Elle a été bien préparée. Le gouvernement a donné tout le temps qu'il fallait au dialogue, à la négociation, en étroite liaison avec l'UMP. Mon sentiment, aujourd'hui, c'est que cette réforme va se faire. Les esprits ont évolué : on n'est plus en 1995, l'échéance de 2008 s'est rapprochée et les Français ont bien conscience que, si l'on ne fait rien, le système s'effondre. De plus, il n'y a pas d'alternative : je n'ai jamais vu un parti se ridiculiser au point où se ridiculise aujourd'hui le parti socialiste. Les socialistes n'ont rien à dire. Ils ont choisi la voie de la démagogie, ce qui leur vaut d'ailleurs des remarques sévères de Michel Rocard, de Jacques Delors, de Bernard Kouchner. Enfin, nous avons l'appui de forces sociales importantes : la CFDT, la CGC, et notre base électorale nous soutient et, surtout, nous demande de ne pas lâcher. C'est maintenant le temps de la décision démocratique avec la discussion au parlement.
LM : Et l'éducation ?
AJ : Les enseignants sont malheureux. Tout a changé autour d'eux : le comportement des parents, le comportement des enfants, la société, leurs valeurs. Ce malaise il faut le prendre en compte, réfléchir au métier d'enseignant, organiser peut être des secondes carrières. Mais, parallèlement, nous sommes confrontés à une entreprise de déstabilisation. On a oublié que, l'année dernière, l'extrême-gauche a doublé ses voix aux élections. Proportionnellement, elle a davantage progressé que l'extrême-droite. Il existe une mouvance trotskiste, présente dans une partie des syndicats enseignants, qui encourage l'amalgame et la confusion. Avec la décentralisation, il n'est évidemment question ni de privatiser les personnels qui dépendront des collectivités locales, ni de faire en sorte que l'éducation ne soit plus nationale. On ne peut pas rester sur de tels malentendus. Si l'on se met autour de la table et que l'on s'explique tranquillement et sereinement entre gens de bonne foi on ne peut pas ne pas arriver à convaincre. Je me réjouis donc que le gouvernement ait donné un peu de temps à la discussion
LM : Un trop plein de réformes ?
AJ : Je vous renvoie à l'idée générale développée par certains de nos propres amis politiques et par beaucoup d'observateurs, il y a deux mois : le gouvernement n'en fait pas assez et ne va pas assez vite. Deux mois après, on nous dit : le gouvernement en fait trop et va trop vite. Restons calme !
(Propos recueillis par Dominique VALÈS)
(Source http://www.u-m.p.org, le 6 juin 2003)
Alain Juppé : Je viens en Corrèze pour constater sur le terrain la mise en place de l'UMP et apporter à nos amis le soutien du siège national. En six mois, l'UMP s'est affirmée dans des conditions que je trouve excellentes. Le 20 juin se réunira le conseil national, qui est un peu notre Parlement. Il élira son bureau politique. Début septembre, nous organiserons une grande fête de la jeunesse, avec une participation européenne, et un congrès à l'automne. Le dispositif fonctionne bien. La volonté d'union entre les différentes composantes est forte. Nous sommes présents sur le terrain. Notre site Internet est très fréquenté : nous avons enregistré plus de 200.000 signatures à la pétition que nous avons lancée la semaine dernière pour demander que les examens se tiennent en temps et en heure.
LM : On reproche pourtant parfois à l'UMP sa discrétion au cours des derniers mois.
AJ - J'ai envie de vous répondre spontanément " le bien ne fait pas de bruit, le bruit ne fait pas de bien " ! Plus sérieusement, outre les missions traditionnelles d'un parti politique, nous nous sommes attachés dès le mois de février à engager le dialogue, partout en France, dans l'ensemble de nos fédérations, avec nos concitoyens sur la difficile réforme des retraites. Jean-Pierre Raffarin a bien voulu rendre hommage à la façon dont l'UMP s'était investie dans ce débat.
L'explication, la pédagogie, le dialogue sont les exigences naturelles aujourd'hui de tout responsable politique. Ils ne se substituent pas aux convictions, au verdict des urnes, ils constituent la seule voie possible pour faire avancer notre société.
LM : Votre analyse de la crise sociale en cours.
AJ : Il y a d'abord la réforme des retraites. Elle a été bien préparée. Le gouvernement a donné tout le temps qu'il fallait au dialogue, à la négociation, en étroite liaison avec l'UMP. Mon sentiment, aujourd'hui, c'est que cette réforme va se faire. Les esprits ont évolué : on n'est plus en 1995, l'échéance de 2008 s'est rapprochée et les Français ont bien conscience que, si l'on ne fait rien, le système s'effondre. De plus, il n'y a pas d'alternative : je n'ai jamais vu un parti se ridiculiser au point où se ridiculise aujourd'hui le parti socialiste. Les socialistes n'ont rien à dire. Ils ont choisi la voie de la démagogie, ce qui leur vaut d'ailleurs des remarques sévères de Michel Rocard, de Jacques Delors, de Bernard Kouchner. Enfin, nous avons l'appui de forces sociales importantes : la CFDT, la CGC, et notre base électorale nous soutient et, surtout, nous demande de ne pas lâcher. C'est maintenant le temps de la décision démocratique avec la discussion au parlement.
LM : Et l'éducation ?
AJ : Les enseignants sont malheureux. Tout a changé autour d'eux : le comportement des parents, le comportement des enfants, la société, leurs valeurs. Ce malaise il faut le prendre en compte, réfléchir au métier d'enseignant, organiser peut être des secondes carrières. Mais, parallèlement, nous sommes confrontés à une entreprise de déstabilisation. On a oublié que, l'année dernière, l'extrême-gauche a doublé ses voix aux élections. Proportionnellement, elle a davantage progressé que l'extrême-droite. Il existe une mouvance trotskiste, présente dans une partie des syndicats enseignants, qui encourage l'amalgame et la confusion. Avec la décentralisation, il n'est évidemment question ni de privatiser les personnels qui dépendront des collectivités locales, ni de faire en sorte que l'éducation ne soit plus nationale. On ne peut pas rester sur de tels malentendus. Si l'on se met autour de la table et que l'on s'explique tranquillement et sereinement entre gens de bonne foi on ne peut pas ne pas arriver à convaincre. Je me réjouis donc que le gouvernement ait donné un peu de temps à la discussion
LM : Un trop plein de réformes ?
AJ : Je vous renvoie à l'idée générale développée par certains de nos propres amis politiques et par beaucoup d'observateurs, il y a deux mois : le gouvernement n'en fait pas assez et ne va pas assez vite. Deux mois après, on nous dit : le gouvernement en fait trop et va trop vite. Restons calme !
(Propos recueillis par Dominique VALÈS)
(Source http://www.u-m.p.org, le 6 juin 2003)