Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Notre histoire contemporaine a intimement lié la République à l'école. Cette relation doit être entretenue et préservée.
C'est notre devoir !
S'il ne nous oblige pas à cultiver une quelconque nostalgie de l'école d'hier, il nous impose en revanche de rester fidèle à l'ambition originelle de ce choix républicain : faire de l'école la pièce maîtresse de la citoyenneté. Lieu où s'éveille la conscience, l'école doit garantir la transmission du savoir.
Lieu où s'acquiert les rudiments du " vivre ensemble ", l'enceinte scolaire doit être l'expression de la fraternité et de l'humanisme.
C'est dire combien l'école doit demeurer un endroit protégé de toute forme d'expression de la violence Pour moi l'équation n'a pas d'inconnue : c'est la violence zéro à l'école !
Conscients de cette exigence, les chefs d'établissement, les enseignants et l'ensemble de la communauté éducative font un travail extraordinaire pour créer les conditions de ce respect et de cette tolérance.
Mais ils ne sauraient rester esseulés face à l'importance et à la difficulté de la tâche. Face à la violence, c'est une responsabilité partagée qu'il faut susciter et structurer.
Si je parle de responsabilité partagée, c'est parce que c'est bien notre société toute entière qui se trouve bousculée dans ses fondements.
Depuis plus de vingt ans, certaines de nos valeurs collectives ont perdu de leur sens : les notions d'effort et de mérite ont été dépréciées ; le respect s'est peu à peu dilué ; l'autorité fut parfois même moquée
L'adhésion à ce socle commun de valeurs, pourtant indispensable à la réussite des élèves, a progressivement laissé place à d'autres images, et parfois même à d'autres fausses valeurs : l'évasion par la drogue plutôt que par les livres ; la loi du plus fort plutôt que la solidarité envers le plus faible ; le repli sur une communauté identitaire plutôt que l'ouverture sur la communauté nationale.
Je force volontairement le trait d'autant qu'une très large partie de notre jeunesse aspire à une société fraternelle, généreuse et unie.
Néanmoins, on ne saurait nier la répercussion sur notre système scolaire de tous ces problèmes de société dont l'une des expressions a été la violence... Lot quotidien de trop d'établissements scolaires, la violence concerne des élèves de plus en plus jeunes qui commettent des infractions qui ne peuvent que nous révolter tant elles gâchent la vie de tous les autres, dans leurs études, quand elles ne les touchent pas dans leur intégrité morale ou physique
Je pense ici au racket, aux atteintes aux biens, aux violences racistes ou antisémites ou encore aux violences sexuelles Face à ces constats, nul n'a le droit de baisser les bras. Nul n'a le droit de se persuader que cette violence est inéluctable dans nos sociétés et qu'elle nous échapperait presque logiquement.
Non, la violence n'est pas une fatalité ; elle doit être combattue avec détermination. L'expérience démontre qu'elle peut reculer y compris là où elle est la plus enracinée dès lors qu'il y a une volonté d'agir ensemble.
L'action revêt de multiples aspects. Deux axes doivent être privilégiés :
· Réaffirmer, en premier lieu, le rôle de l'école comme promoteur de l'égalité des chances. La réussite scolaire et les perspectives de promotion sociale sont en effet nos meilleures armes en matière de prévention
· Mais à cet objectif, il convient d'y ajouter aussi une nouvelle donne fondée sur le rappel de l'autorité. A cet égard, le Rapport Thélot est riche d'enseignements. Il y exprime notamment le souhait des enseignants et des parents d'élèves de voir rappeler certains principes indissociablement liés au respect individuel et collectif.
Mes prédécesseurs s'y sont efforcés, dès octobre 2002, et ont tracé plusieurs pistes. Il faut les poursuivre et en élargir les perspectives afin de redonner à l'autorité une nouvelle légitimité.
Pour ce faire, il convient de traiter l'infraction en tant que telle. Bien souvent les équipes éducatives, les enseignants eux-mêmes, dans la classe, hésitent sur la conduite à tenir face à des injures, des insultes voire des agressions physiques. Quand et comment réagir ? Quel équilibre entre sanction et acte éducatif ? Vers quels partenaires se tourner ?
Autant d'interrogations qui doivent trouver une réponse tant il est essentiel de ne laisser aucun acte sans suite et impuni.
L'institution doit se donner les moyens de cet objectif. Ce n'est qu'ainsi que l'on pourra aider nos personnels confrontés à des actes de violence, et au-delà construire une politique de prévention efficace. Plus on intervient rapidement, plus la chance de prévenir la dérive vers la délinquance est élevée.
C'est le sens de ce partenariat entre le Parquet, l'Académie de Paris et la Direction départementale de la protection judiciaire de la jeunesse, et dont le contenu vient d'être à l'instant rappelé par le Monsieur le Recteur Maurice Quenet et le Monsieur le Procureur Général Yves Bot.
La signature de cette convention scelle une coopération d'ores et déjà exemplaire entre nos administrations.
Je pense notamment aux différents guides co-rédigés par l'Education nationale et la Justice à l'attention des enfants sur des thèmes aussi divers que complémentaires : la citoyenneté, la justice ou encore la prévention de l'infraction pénale Je pense aussi aux partenariats déjà engagés dans certaines académies et qui donnent des résultats tout à fait encourageants.
Cette démarche entre le Parquet et l'Académie de Paris s'inscrit dans cette même logique : décloisonner pour mieux anticiper et prévenir la banalisation de la violence.
Cette exigence apportera aux chefs d'établissement -et c'est à eux que je pense tout particulièrement- une aide précieuse dans leur lutte quotidienne pour faire reculer la violence et réaffirmer le rôle de l'institution scolaire : enseigner et apprendre à vivre ensemble.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 29 avril 2004)
Notre histoire contemporaine a intimement lié la République à l'école. Cette relation doit être entretenue et préservée.
C'est notre devoir !
S'il ne nous oblige pas à cultiver une quelconque nostalgie de l'école d'hier, il nous impose en revanche de rester fidèle à l'ambition originelle de ce choix républicain : faire de l'école la pièce maîtresse de la citoyenneté. Lieu où s'éveille la conscience, l'école doit garantir la transmission du savoir.
Lieu où s'acquiert les rudiments du " vivre ensemble ", l'enceinte scolaire doit être l'expression de la fraternité et de l'humanisme.
C'est dire combien l'école doit demeurer un endroit protégé de toute forme d'expression de la violence Pour moi l'équation n'a pas d'inconnue : c'est la violence zéro à l'école !
Conscients de cette exigence, les chefs d'établissement, les enseignants et l'ensemble de la communauté éducative font un travail extraordinaire pour créer les conditions de ce respect et de cette tolérance.
Mais ils ne sauraient rester esseulés face à l'importance et à la difficulté de la tâche. Face à la violence, c'est une responsabilité partagée qu'il faut susciter et structurer.
Si je parle de responsabilité partagée, c'est parce que c'est bien notre société toute entière qui se trouve bousculée dans ses fondements.
Depuis plus de vingt ans, certaines de nos valeurs collectives ont perdu de leur sens : les notions d'effort et de mérite ont été dépréciées ; le respect s'est peu à peu dilué ; l'autorité fut parfois même moquée
L'adhésion à ce socle commun de valeurs, pourtant indispensable à la réussite des élèves, a progressivement laissé place à d'autres images, et parfois même à d'autres fausses valeurs : l'évasion par la drogue plutôt que par les livres ; la loi du plus fort plutôt que la solidarité envers le plus faible ; le repli sur une communauté identitaire plutôt que l'ouverture sur la communauté nationale.
Je force volontairement le trait d'autant qu'une très large partie de notre jeunesse aspire à une société fraternelle, généreuse et unie.
Néanmoins, on ne saurait nier la répercussion sur notre système scolaire de tous ces problèmes de société dont l'une des expressions a été la violence... Lot quotidien de trop d'établissements scolaires, la violence concerne des élèves de plus en plus jeunes qui commettent des infractions qui ne peuvent que nous révolter tant elles gâchent la vie de tous les autres, dans leurs études, quand elles ne les touchent pas dans leur intégrité morale ou physique
Je pense ici au racket, aux atteintes aux biens, aux violences racistes ou antisémites ou encore aux violences sexuelles Face à ces constats, nul n'a le droit de baisser les bras. Nul n'a le droit de se persuader que cette violence est inéluctable dans nos sociétés et qu'elle nous échapperait presque logiquement.
Non, la violence n'est pas une fatalité ; elle doit être combattue avec détermination. L'expérience démontre qu'elle peut reculer y compris là où elle est la plus enracinée dès lors qu'il y a une volonté d'agir ensemble.
L'action revêt de multiples aspects. Deux axes doivent être privilégiés :
· Réaffirmer, en premier lieu, le rôle de l'école comme promoteur de l'égalité des chances. La réussite scolaire et les perspectives de promotion sociale sont en effet nos meilleures armes en matière de prévention
· Mais à cet objectif, il convient d'y ajouter aussi une nouvelle donne fondée sur le rappel de l'autorité. A cet égard, le Rapport Thélot est riche d'enseignements. Il y exprime notamment le souhait des enseignants et des parents d'élèves de voir rappeler certains principes indissociablement liés au respect individuel et collectif.
Mes prédécesseurs s'y sont efforcés, dès octobre 2002, et ont tracé plusieurs pistes. Il faut les poursuivre et en élargir les perspectives afin de redonner à l'autorité une nouvelle légitimité.
Pour ce faire, il convient de traiter l'infraction en tant que telle. Bien souvent les équipes éducatives, les enseignants eux-mêmes, dans la classe, hésitent sur la conduite à tenir face à des injures, des insultes voire des agressions physiques. Quand et comment réagir ? Quel équilibre entre sanction et acte éducatif ? Vers quels partenaires se tourner ?
Autant d'interrogations qui doivent trouver une réponse tant il est essentiel de ne laisser aucun acte sans suite et impuni.
L'institution doit se donner les moyens de cet objectif. Ce n'est qu'ainsi que l'on pourra aider nos personnels confrontés à des actes de violence, et au-delà construire une politique de prévention efficace. Plus on intervient rapidement, plus la chance de prévenir la dérive vers la délinquance est élevée.
C'est le sens de ce partenariat entre le Parquet, l'Académie de Paris et la Direction départementale de la protection judiciaire de la jeunesse, et dont le contenu vient d'être à l'instant rappelé par le Monsieur le Recteur Maurice Quenet et le Monsieur le Procureur Général Yves Bot.
La signature de cette convention scelle une coopération d'ores et déjà exemplaire entre nos administrations.
Je pense notamment aux différents guides co-rédigés par l'Education nationale et la Justice à l'attention des enfants sur des thèmes aussi divers que complémentaires : la citoyenneté, la justice ou encore la prévention de l'infraction pénale Je pense aussi aux partenariats déjà engagés dans certaines académies et qui donnent des résultats tout à fait encourageants.
Cette démarche entre le Parquet et l'Académie de Paris s'inscrit dans cette même logique : décloisonner pour mieux anticiper et prévenir la banalisation de la violence.
Cette exigence apportera aux chefs d'établissement -et c'est à eux que je pense tout particulièrement- une aide précieuse dans leur lutte quotidienne pour faire reculer la violence et réaffirmer le rôle de l'institution scolaire : enseigner et apprendre à vivre ensemble.
(Source http://www.education.gouv.fr, le 29 avril 2004)