Déclaration de M. Dominique Galouzeau de Villepin, ministre des affaires étrangères, sur l'importance de l'enseignement du français au Mexique et sur la cooopération culturelle et universitaire franco-mexicaine, Monterrey le 17 juillet 2003.

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Circonstance : Voyage de M. de Villepin au Mexique les 17 et 18 juillet 2003-inauguration des nouveaux locaux de l'Alliance française à Monterrey le 17

Texte intégral

Monsieur le Gouverneur,
Madame, Monsieur le Président,
Messieurs les Ambassadeurs,
très chers Amis,
C'est un honneur et une joie pour moi d'inaugurer, à l'occasion de mon premier déplacement officiel au Mexique, le nouveau bâtiment de l'Alliance française de Monterrey. Cette réalisation est remarquable : elle symbolise, dans ce vaste Etat du Nuevo Leon, l'importance des liens culturels qui unissent nos deux pays. Je voudrais rendre hommage à tous ceux qui ont mené à bien cet ambitieux projet.
Nous connaissons tous la double vocation de nos Alliances : au-delà de leur mission fondamentale qui est l'enseignement du français, elles contribuent à la diffusion de la culture de notre pays et favorisent les échanges avec les artistes étrangers.
L'Alliance de Monterrey a rempli avec succès ces objectifs. L'année dernière, elle a accueilli près de 8000 étudiants. Je voudrais féliciter chaleureusement les responsables de l'équipe pédagogique : grâce à leur dynamisme, ils ont su animer les trois centres de Monterrey et également répondre aux demandes en matière d'enseignement du français de la part de partenaires extérieurs, locaux ou régionaux. Des liens ont été tissés avec les universités de l'Etat du Nuevo Leon. L'Alliance, forte de son expérience, leur apporte un concours très apprécié. Elle propose par ailleurs des manifestations culturelles de grande qualité, souvent co-produites avec des partenaires nationaux ou étrangers.
L'Alliance de Monterrey est ainsi une pièce maîtresse du vaste réseau des 45 établissements et 21 centres associés regroupés au sein de la Fédération des Alliances françaises du Mexique. Avec 35.000 étudiants, ce réseau est l'un des premiers au monde et ne cesse de s'étendre. Ainsi, pour ne citer qu'un exemple, l'Alliance de Saltillo, ouverte en août 2000, compte à ce jour plus de 1.500 élèves. Le regain d'intérêt pour la langue française que traduit cette expansion est perceptible également dans l'enseignement supérieur mexicain. On estime à dix pour cent le nombre de ceux qui étudient le français à l'université, soit un effectif annuel constant d'environ 200.000 étudiants. On peut dire aujourd'hui que le français est, après l'anglais, la langue entrant naturellement dans le "bagage culturel" des étudiants mexicains. Le français est soit obligatoire (rarement, il est vrai), soit fortement conseillé dans de nombreuses filières, telles que les relations internationales, les sciences politiques, le commerce international, le tourisme, l'histoire, la sociologie, les sciences de l'éducation ou l'architecture. Depuis quelques années, grâce au développement des programmes de coopération universitaire, il est entré très naturellement dans les filières scientifiques et techniques.
L'enseignement du français bénéficie en particulier du programme des assistants de langue vivante qui, sur la base de la réciprocité, concerne depuis 1999 plus de 600 jeunes licenciés mexicains et plus de 200 jeunes étudiants français. Nombre d'anciens assistants mexicains, à leur retour, deviennent professeurs de français.
Par ailleurs, les universités mexicaines pratiquent, de plus en plus souvent, l'échange d'étudiants pour des études validées d'un semestre, voire d'une année. Les accords inter-universitaires directs se multiplient à cet effet.
On compte actuellement en France 2.200 étudiants mexicains dont la moitié est inscrite en troisième cycle, et je souhaite que ce mouvement s'amplifie à la faveur des efforts accomplis par nos universités. La réouverture au Mexique d'une représentation de l'Agence Edufrance devrait y contribuer. Sur ces bases, nous pouvons désormais regarder l'avenir avec confiance. Je sais que, dans cette partie du Mexique, nous pouvons compter sur l'apport décisif de l'Alliance française. Forte de ses compétences, des moyens qu'elle a su développer, de la visibilité qui est désormais la sienne, de la légitimité qu'elle s'est forgée au fil des ans, l'Alliance française est en mesure de revendiquer le rôle d'établissement pilote dans la partie septentrionale du Mexique. Son image exemplaire est dès à présent de nature à susciter des vocations. Dans le contexte économique et industriel en expansion que connaît le nord de ce pays, j'espère qu'on assistera bientôt au développement d'autres établissements de ce type. Travaillant en réseau, ils viendront renforcer l'action que vous, partenaires mexicains, avez choisie de développer avec nous, en faveur d'une expression linguistique, culturelle et artistique libre.
A cet égard, la France, vous le savez, s'est engagée résolument en faveur de la défense des diversités culturelles. C'est à ses yeux un enjeu majeur. Dans cette perspective, elle a obtenu récemment que la future Constitution de l'Union européenne protège notre pluralisme culturel lors des prochaines négociations commerciales de l'OMC. De même, mon pays appuie l'élaboration à l'UNESCO d'une convention internationale pour la promotion de la diversité culturelle.
Ce combat est aussi celui du Mexique qui a su, dans un processus sans doute unique, conjuguer de multiples héritages et y puiser une identité à laquelle il est attaché. Nos deux pays refusent que la mondialisation nous appauvrisse, qu'elle soit réductrice, qu'elle ampute l'humanité d'une partie d'elle-même. La France et le Mexique doivent agir ensemble pour multiplier les passerelles entre les cultures, permettre à chaque citoyen de lire toutes les pages de notre grand livre commun, ouvrir à chacun un nouvel horizon ; un nouvel horizon culturel et favoriser les relations vers d'autres cultures.
Pour finir je voudrais vous faire part du grand plaisir que je ressens de pouvoir inaugurer ces installations si modernes. Désormais, les étudiants - tous ceux qui auront le courage de venir ici à sept heures du matin, entre sept et neuf et même très tard le soir pour apprendre une autre langue - vont avoir le plaisir de pouvoir se servir de toutes les technologies nouvelles qui permettent vraiment d'entrer dans une nouvelle langue. Et je voudrais vous dire que, derrière cette langue, ils vont pouvoir entrer également dans une grande famille dont nous tous, gens de la même culture, faisons partie. Nous relevons tous de la même inspiration. Ce n'est pas seulement une langue qu'ils vont apprendre, mais aussi une amitié, des relations humaines très étroites, parce que le cur de la France est un cur que nous voulons partager avec vous tous, Mexicains.
Merci beaucoup.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 juillet 2003)