Déclaration de Mme Marine Le Pen, vice-présidente du Front national, sur la stratégie du Front National en vue des élections régionales de 2004 en Ile-de-France, Paris le 3 octobre 2003.

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Circonstance : Lancement de la campagne du Front national en Ile-de-France pour les élections régionales de 2004 à Paris le 3 octobre 2003

Texte intégral

Mesdames,
Messieurs,
Je vous remercie de votre présence à l'occasion du lancement officiel de la campagne électorale Front National en Île-de-France pour les élections régionales de 2004.
Je tiens à remercier notre groupe d'élus à la région qui se bat de manière remarquable depuis de longues années et qui a démontré, hier encore, qu'il est le véritable leader de l'opposition.
Je souhaite remercier tous ceux qui ont participé à l'organisation de cette manifestation et en profiter pour féliciter aussi toute mon équipe de campagne pour son travail, son sérieux et l'espoir qu'elle place dans la réussite de notre action.
Grâce à elle, notre campagne a déjà commencé depuis deux mois. Les têtes de liste sont investies, les listes entières sur le point de l'être. J'ai décidé, en accord avec les instances dirigeantes du mouvement, que nous ouvririons nos listes à des personnalités extérieures déterminées à rompre avec la logique d'exclusion suicidaire de la classe politique tout en apportant un savoir-faire et des compétences qui compléteront à merveille le travail déjà réalisé par nos élus. C'est ainsi que le Professeur Jean-Richard SULZER nous a rejoints.
Compte tenu des contacts établis, il ne sera pas le dernier !
Cette élection régionale va nous donner un signe important de la volonté des Français à sortir de la crise. Ont-ils perçu les dangers qui les guettent ? Sont-ils disposés à renvoyer les politiques impuissants à leurs chères études ? Sont-ils résignés face à une situation, certes critique, mais dont je persiste à penser qu'elle est réversible ?
Nous allons à ces élections régionales, plein, de fougue et d'ambition, tant nos propositions de bon sens rencontrent l'adhésion de plus en plus de citoyens. Le peuple francilien sent bien que la situation est à ce point critique qu'il convient désormais de bousculer les places établies et contrarier certains petits plans de carrière trop bien ficelés.
La situation est critique en Île-de-France :
- Le taux de chômage a augmenté de 14 %, rattrapant la moyenne nationale et explose concernant les moins de 25 ans avec une augmentation de 20 % d'août 2002 à août 2003.
- L'île-de-France, lanterne rouge de la création d'emploi, affiche un taux de 4,5 % face au déjà faible de 8,2 % nationaux, ce pourcentage touchant même un plancher de 2,3 % à Paris.
- Avec 25 % la chute de l'emploi industriel est, en 10 ans, le double, en île de France, de la moyenne nationale.
- Les faillites ont fait, en un an, un bond de 26 %
- Les investissements étrangers ont baissé de 30 % sans compter les délocalisations qui, chaque jour, se multiplient avec leur cortège de licenciements.
- Le P.I.B. des Franciliens a subi une érosion de 10 % en 5 ans et le revenu disponible, en chute libre, est sur le point de rejoindre la moyenne nationale.
- 12 % des ménages franciliens vivent en dessous du seuil de pauvreté.
- Le poids de l'immigration clandestine mais aussi légale devient chaque jour plus asphyxiant pour l'économie et les structures sociales.
- La violence à l'école, au dire même du conseil régional, est en hausse constante.
- Enfin, contrairement aux affirmations de monsieur Sarkozy, on ne maîtrise pas plus qu'avant la délinquance, on maîtrise juste mieux les statistiques.
Contrairement à ce que pourrait laisser penser son nom, l'Île-de-France n'est pas une île.
Ainsi les problèmes, et en très grande partie les solutions, dépendent de la politique nationale. Or la barque gouvernementale de Raffarin prend l'eau de toute part et tandis que le capitaine voyage, son quartier-maître écope avec un dé à coudre.
C'est pourquoi l'île de France a de plus en plus de mal à incarner la référence qu'elle ne doit pas cesser d'être pour les autres collectivités territoriales françaises. Sa richesse, sa puissance économique et sa diversité humaine peuvent encore être des éléments déterminants de son rayonnement et de son dynamisme.
Aujourd'hui, les déséquilibres s'aggravent et les fractures se creusent. Les nationaux et les étrangers, les riches et les pauvres, les jeunes et les vieux, le secteur public et le secteur privé, les privilégiés du système et ceux qui travaillent, bref, tous les ingrédients sont là pour une crise majeure.
Les Franciliens méritent mieux que des slogans et des ministres en mal de reconnaissance, ils veulent des solutions à leurs problèmes. Moins de palabres et plus d'action ! On se demande bien pourquoi la droite UMP-UDF voudrait tout à coup gérer la région alors que, largement majoritaire avec le FN, elle a trahi ses électeurs en abandonnant l'exécutif aux socialo-communistes.
D'ailleurs rien ne les différencie dans la gestion des affaires publiques. Quelle est la différence entre Jospin et Raffarin ? Quelle est la différence entre Giraud et Huchon. Quelle sera la différence avec COPÉ ? Aucune !
À la région Île-de-France, l'UMPS a dépassé le cadre de la fiction pour être désormais une réalité. Que la droite courbe s'en défende ou non, elle est et restera le meilleur allié de la gauche.
C'est ainsi que, sur 800 dossiers présentés annuellement à la commission permanente, la droite s'est opposée 40 fois la première année, 20 fois la deuxième, 10 fois la troisième, 7 fois la quatrième et 0 fois cette année !
Que dire du contrat de plan, du tramway ou de la sécurité sinon que l'UMP manque soit de lucidité soit de courage soit de sincérité.
Dans tous les cas, elle trompe systématiquement ses électeurs qui finiront bien par ouvrir les yeux sur cette supercherie
Quels que soient les sondages grassement payés par les uns ou par les autres, la situation politique nationale, le bilan régional tristounet de monsieur Huchon et notre dynamique de campagne auront beaucoup plus d'impact sur les votes que les rodomontades de ministres cumulards et suffisants qui n'ont aucun respect pour l'électeur et qui à chaque consultation avancent des promesses qu'ils n'ont pas l'intention de tenir.
Il appartient pourtant aux politiques de faire des propositions réalistes et à l'électorat de choisir son avenir en toute connaissance de cause. Le seul message cohérent, celui que nous défendons porte des propositions réalisables et cherche à limiter au maximum les coûts de ces actions nécessaires et quelquefois vitales pour la région.
Les électeurs vont avoir le choix de renforcer cette coalition du néant ou clairement exprimer un autre choix fait d'espoir, de courage et de bon sens.
C'est forte de cette certitude que j'en appelle aux forces vives de la région,
aux jeunes d'abord afin qu'ils rejettent la résignation et le désespoir, seule explication du taux de suicide le plus élevé d'Europe afin qu'ils reprennent en main leur destin car nous ne pourrons, sans eux, préserver leurs vies futures.
Aux seniors, trop souvent considérés comme des boulets et accusés de tous les maux : de vivre trop vieux, de mourir quand il fait chaud, de creuser le trou de la sécu, de se soigner, d'oser faire valoir leur droit à la retraite.
Je veux que le débat qui s'ouvre ne concerne pas seulement et cyniquement l'euthanasie mais l'accueil, la protection et la reconnaissance qu'ils méritent. Car ils sont incontestablement une richesse nationale inexploitée de par leur expérience, leur sacrifice passé, leur savoir-faire.
Je leur affirme, moi, qu'ils ont encore un rôle à jouer et notamment un rôle politique car ils peuvent et doivent empêcher la classe politique de détruire tout ce qu'ils ont eu tant de mal à construire : un pays libre, prospère, sûr, respectable et respecté.
J'en appelle enfin à tous ceux, agents économiques et administrations d'État qui travaillent dans des conditions asphyxiantes en termes d'emploi, de transport, de logement parce qu'ils sont les premiers à subir, subir et encore subir ; et que c'est avant tout de leur résultat, de leur investissement, de leur savoir-faire, de leur capacité à innover que dépend la bonne santé économique de notre région.
Il importe en campagne électorale de s'attaquer à certains dossiers concrets en proposant des solutions novatrices et originales. Mais il est également essentiel de ne jamais perdre de vue la philosophie d'ensemble qui encadre notre projet de société.
Si nous présidions cette région ce ne serait pas pour occuper les postes sans répondre aux attentes des populations. Ce serait pour y défendre un certain nombre de valeurs, une certaine conception de la vie dans laquelle s'inscrit chaque dossier.
J'affirme que nos orientations s'inspirent d'une politique cohérente, raisonnée et concertée.
Elles se veulent résolument optimistes au moment où beaucoup sombrent dans le pessimisme. Dans une période qui voit notre pays et notre région affronter une globalisation de l'économie toujours plus destructrice, des révolutions technologiques sans précédent accompagnées de très importants bouleversements sociaux, la politique francilienne des COPE et des HUCHON s'enlise dans les platitudes et les querelles stériles.
Notre projet régional qui s'inscrit dans les strictes compétences actuelles de la région est, actuellement, travaillé par les CAP (commissions d'action politique). Il rassemble des experts de tous horizons et fera l'objet d'une publication au fur et à mesure de la campagne. D'ores et déjà, des grandes lignes se dessinent :
1/ Dans le cadre du développement économique, nous soutiendrons les organismes de formation réellement professionnelle et proposons que la région prenne en charge les frais d'analyse financière des petites et très petites entreprises (commerçants et artisans) créatrices d'emploi et qui ne peuvent souvent en assumer les frais. Enfin, nous donnerons la priorité aux prêts à taux réduits aux PME-PMI en nous opposant résolument aux subventions de grosses sociétés qui ne servent qu'à mettre du beurre dans les épinards des actionnaires.
2/ En matière d'éducation, il faut envisager la création de contrats régionaux d'apprentissage, sorte de compagnonnage afin de mettre en adéquation les demandes avec les offres d'emploi. Nous nous engagerons, bien entendu, à préserver la neutralité et la laïcité de l'enseignement public, objet d'attaques répétées. Enfin, dans le cadre des nouveaux pouvoirs de la décentralisation, nous préconisons l'expérimentation d'un chèque scolaire respectant pour une période déterminée et sur une académie la carte scolaire. Ceci afin de rééquilibrer les aides entre public et privé selon les demandes des Franciliens.
3/ En matière de sécurité, nous avons bien sûr une responsabilité toute particulière à l'égard de nos concitoyens et particulièrement des plus jeunes.
Prenant exemple sur le fonctionnement des universités, nous envisagerons la création d'une carte d'identité scolaire infalsifiable afin d'éviter les intrusions facteur d'insécurité.
De surcroît, des crédits fléchés seront affectés au financement d'agents rectoraux de sécurité (lycée Montaigne 1972), affectés dans les universités et les lycées et émanant de sociétés agrées par la région. Ceci permettra également de poursuivre le développement efficace de la vidéosurveillance.
Nous nous réjouissons que la proposition défendue par le Front National depuis 1992 ait été entendue par le ministre de l'Intérieur, à savoir la création d'une police nationale des transports.
4) En matière de culture, le Front National défend une philosophie d'ensemble basée sur deux principes : rendre la parole au public et défendre l'exception culturelle, qui n'est que l'application politiquement correcte de la préférence nationale. Nous sommes donc favorables à la création d'un " passe culture " ouvrant droit à des réductions modulables. Il serait aussi souhaitable que la région plafonne ses aides à la création en accordant des subventions uniquement aux associations qui s'autofinancent à hauteur de 50 %.
Enfin nous souhaitons privilégier les salons des indépendants afin de donner une chance à l'art parallèle qui n'aurait pas l'heur de plaire au pouvoir.
5) Nous solliciterons de l'ensemble des groupes à la région la signature d'un pacte anti-corruption afin que le conseil régional s'engage à ne pas appliquer les ordonnances Raffarin autorisées par la loi du 2 juillet 2003 qui permettent aux régions de passer, sans aucun appel d'offre, 95 % des marchés publics et de financer à nouveau les ouvrages publics par la pratique honteuse des METP de triste mémoire en Ile-de-France.
2/ Partant du principe que les automobilistes ne sont pas des rupins et que l'étranglement des transports entraîne l'étranglement de l'économie, nous proposerons de rétablir l'équilibre entre transport automobile et transport en commun grâce à un important effort financier. Les socialistes ont, en effet, trop tendance à traiter les automobilistes comme des vaches à lait alors qu'ils sont pour le plus grand nombre des travailleurs qui utilisent leur véhicule comme un outil de travail.
Nous proposerons également le développement périphérique de banlieue à banlieue. La multiplication des grèves pourrissant purement et simplement la vie des Franciliens, nous solliciterons du président de la SNCF et de la RATP qu'ils assurent par voie de circulaires un niveau de service minimum comme c'est le cas en Italie et comme les y autorise l'arrêt DEHANE.
Enfin, nous redonnerons vie au grand contrat interrégional du bassin parisien afin de permettre le délestage de la région ;
6) Enfin en ce qui concerne le social, nous demandons un vaste plan d'humanisation et de modernisation des maisons de retraite, ainsi qu'une généralisation des contrôles sanitaires et humains.
Vouloir gagner, c'est avoir le courage de regarder la réalité en face mais c'est aussi avoir l'audace de mettre en avant nos atouts, nos mérites et notre modernité.
Notre région offre un cadre de vie unique, mais de plus en plus difficile à vivre.
Pour gagner cette région, il faut croire en son avenir, en renforçant l'attractivité de celle-ci, il nous faut faire confiance en la formidable force de nos concitoyens qui souhaitent une politique digne, modeste mais honnête et efficace. Je suis convaincue que l'avenir se construit sans dogmatisme et sans a priori idéologique. En politique, tout n'est que cohérence et respect de la parole donnée.
(Source http://www.frontnational.com, le 7 octobre 2003)