Interview de M. Philippe Douste-Blazy, secrétaire général de l'UMP, dans "Le Monde" du 20 novembre 2003, sur l'action des centristes de l'UMP, le refus de l'UDF de voter le budget et les relations entre l'UMP et l'UDF pour la préparation des élections régionales.

Prononcé le

Média : Emission la politique de la France dans le monde - Le Monde

Texte intégral

Les centristes s'expriment à l'UDF par la voix de François Bayrou. Ceux de l'UMP sont muets. Comment ressentez-vous cela ?
Non seulement les centristes de l'UMP ne sont pas muets, mais ils sont influents. Ils occupent toute leur place dans le parti et déterminent la politique du gouvernement. Ce gouvernement mène une politique qui, sur le plan social, porte la marque de nos idées. Par ailleurs, dans leur très grande majorité, les militants du parti sont des européens convaincus et des partisans de la décentralisation : autant de domaines qui caractérisent les positions centristes depuis de nombreuses années.
Quelles mesures gouvernementales portent-elles cette marque centriste ?
La mise à niveau du smic, qui a augmenté de 11 %, la garantie d'une pension de retraite minimale équivalente à 85 % des derniers revenus d'activité, la possibilité pour les personnes ayant commencé à travailler très jeune de pouvoir partir à la retraite à taux plein avant 60 ans, sont autant de mesures obtenues avec l'intervention des centristes de l'UMP.
Pourtant, des centristes de l'UMP se plaignent de ne pas être suffisamment entendus au sein de la majorité ?
Chaque fois qu'il y a des ruptures, et la mise en place de l'UMP en est une, il y a des mises en cause. Le plus important, c'est de partager les mêmes idées et de retrouver ces idées dans l'action du gouvernement. Il y a une adéquation entre ce que nous portons et ce qui se passe. Le grand parti de centre droit que nous avions voulu existe désormais.
Mais alors, comment expliquez-vous que M. Bayrou parvienne à occuper un tel espace ?
J'estime qu'être centriste, ce n'est pas dire une fois oui, une fois non et une fois rien. C'est être au centre des préoccupations des Français. Surtout lorsque le pays est confronté à une situation difficile. Les leçons du 21 avril nous rappellent la nécessité qu'il y a à s'unir. Au fond, quelles différences y a-t-il entre les positions de l'UDF et de l'UMP ?
En s'abstenant sur le budget, l'UDF s'est-elle exclue de la majorité ?
S'abstenir sur le budget, c'est se défiler politiquement. Ce n'est pas tant un problème pour nous que pour l'UDF. Je vous rappelle que les députés UDF ont été élus sous l'étiquette majorité présidentielle avec les voix des électeurs UMP. No comment.
Si François Bayrou refuse des listes communes aux élections régionales, prendrez-vous des mesures de rétorsion, aux cantonales par exemple ?
Je ne voudrais pas qu'en jouant la division, nos partenaires permettent au Front national d'être en tête au premier tour. Le risque existe dans plusieurs régions. Nous gardons la main tendue vers l'UDF, tout en lui rappelant que le morcellement des voix socialistes, le 21 avril 2002, n'a pas permis à Lionel Jospin de dépasser le premier tour ! D'ailleurs, de nombreux élus UDF, conseillers régionaux ou généraux, viennent nous demander notre investiture. Chaque fois, nous la leur accordons. En vérité, il existe un fossé entre ceux qui ont une ambition personnelle et nationale, et les élus UDF, qui ont une vision collective et la volonté de constituer des majorités locales. Gilles de Robien en est l'exemple. Il a déclaré qu'il ne serait tête de liste qu'à condition que cette liste soit commune. Que personne ne fasse le jeu du FN. Marine Le Pen ne s'y est pas trompée, elle a clairement remercié l'UDF pour son attitude.
(Source http://www.u-m-p.org, le 19 novembre 2003)