Texte intégral
Patrick Poivre d'Arvor - François Bayrou bonsoir. Vous aussi vous traînez les pieds sur le quinquennat. Vous auriez préféré que le referendum n'ait pas lieu ?
François Bayrou - Je ne m'abstiendrai pas parce que je trouve que ce n'est pas civique et je voterai oui parce que c'était dans mon programme.
Sans enthousiasme
Pour le reste, je ne pense pas approuver l'esprit, la méthode de ce referendum. Il y a des questions très importantes qui se posent et le quinquennat sans aucune autre décision qui va avec, n'y répond pas. Et cela, je crois, que tous les Français le sentent. On ne les associe pas à la réflexion profonde.
Qu'est-ce qu'il aurait fallu, par exemple, proposer comme question ?
François Bayrou - C'est très simple. La question des institutions françaises c'est la cohabitation. La cohabitation qui fait que la fonction présidentielle a perdu son sens, sa signification, qu'on est sorti, d'une certaine manière, de ce qu'était la Vème République, où les Français, en choisissant le Président, choisissaient le cap qu'ils allaient suivre. Donc la voix du Président était entendue.
Là, il y avait deux décisions essentielles à prendre, qui allaient avec le quinquennat : la première, c'était changer le calendrier absurde qu'on va vivre en 2002. Puisqu'en 2002 on nous promet que le Président sera élu quand tout le reste aura été décidé.
En fait, on commence en mars par les législatives et puis deux mois plus tard par les présidentielles...
Même pas deux mois, un mois et quelques jours plus tard.
6 semaines.
La décision essentielle, qui a été écartée - dont on a dit qu'on ne la prendrait pas - c'était de remettre les choses dans l'ordre : on élit le Président d'abord, c'est le grand débat national et on organise les législatives après. C'est cela qu'on ne veut pas.
Deuxième chose très importante et à laquelle il faudra qu'on réfléchisse, c'est comment on donne au Parlement les pouvoirs qui lui permettent d'exister. Aujourd'hui, le moins que l'on puisse en dire, c'est que ce n'est pas le cas. Donc aucune des décisions logiques, normales qui devraient aller avec le quinquennat n'est prise. On a, au contraire, dit qu'on ne les prendrait pas. Le quinquennat sans rien d'autre, cela ne répond pas, évidemment, aux questions que les gens se posent. Ils le sentent, ils sentent très bien qu'on ne les met pas au coeur du jeu et donc ils s'évadent, ils s'en vont.
Si vous voulez toujours la présidentielle avant les législatives, c'est parce que vous voudriez vous présenter, vous même, à cette échéance ?
Ce n'est pas le sujet.
C'est votre désir quand même, votre envie ?
Les Institutions françaises sont faites pour que la fonction présidentielle ait du sens, pour que la parole du Président pèse. Pour qu'on puisse peut-être aussi dépasser les clivages souvent artificiels et absurdes qui régissent la politique aujourd'hui.
Pour le reste, vous le voyez bien, il y a une manoeuvre qui est en cours depuis déjà plusieurs mois et qui durera encore des mois. Cette manoeuvre est très simple : elle vise à faire croire aux Français que leur choix est enfermé. Qu'ils n'ont le choix que d'un côté avec Lionel Jospin et de l'autre avec Jacques Chirac, et qu'ils n'ont pas d'autres choix. Comme si en France c'était "on prend les mêmes et on recommence" à perpétuité. C'est exactement cela, me semble-t-il, que les Français ne veulent pas, ne veulent plus. Ils veulent avoir de vrais choix d'alternance qui soient différents que reprendre les mêmes et recommencer perpétuellement.
Si j'ai bien compris, vous serez dans ce jeu-là. On verra bien en tout cas.
(Source http://www.udf.org, le 19 septembre 2000)
François Bayrou - Je ne m'abstiendrai pas parce que je trouve que ce n'est pas civique et je voterai oui parce que c'était dans mon programme.
Sans enthousiasme
Pour le reste, je ne pense pas approuver l'esprit, la méthode de ce referendum. Il y a des questions très importantes qui se posent et le quinquennat sans aucune autre décision qui va avec, n'y répond pas. Et cela, je crois, que tous les Français le sentent. On ne les associe pas à la réflexion profonde.
Qu'est-ce qu'il aurait fallu, par exemple, proposer comme question ?
François Bayrou - C'est très simple. La question des institutions françaises c'est la cohabitation. La cohabitation qui fait que la fonction présidentielle a perdu son sens, sa signification, qu'on est sorti, d'une certaine manière, de ce qu'était la Vème République, où les Français, en choisissant le Président, choisissaient le cap qu'ils allaient suivre. Donc la voix du Président était entendue.
Là, il y avait deux décisions essentielles à prendre, qui allaient avec le quinquennat : la première, c'était changer le calendrier absurde qu'on va vivre en 2002. Puisqu'en 2002 on nous promet que le Président sera élu quand tout le reste aura été décidé.
En fait, on commence en mars par les législatives et puis deux mois plus tard par les présidentielles...
Même pas deux mois, un mois et quelques jours plus tard.
6 semaines.
La décision essentielle, qui a été écartée - dont on a dit qu'on ne la prendrait pas - c'était de remettre les choses dans l'ordre : on élit le Président d'abord, c'est le grand débat national et on organise les législatives après. C'est cela qu'on ne veut pas.
Deuxième chose très importante et à laquelle il faudra qu'on réfléchisse, c'est comment on donne au Parlement les pouvoirs qui lui permettent d'exister. Aujourd'hui, le moins que l'on puisse en dire, c'est que ce n'est pas le cas. Donc aucune des décisions logiques, normales qui devraient aller avec le quinquennat n'est prise. On a, au contraire, dit qu'on ne les prendrait pas. Le quinquennat sans rien d'autre, cela ne répond pas, évidemment, aux questions que les gens se posent. Ils le sentent, ils sentent très bien qu'on ne les met pas au coeur du jeu et donc ils s'évadent, ils s'en vont.
Si vous voulez toujours la présidentielle avant les législatives, c'est parce que vous voudriez vous présenter, vous même, à cette échéance ?
Ce n'est pas le sujet.
C'est votre désir quand même, votre envie ?
Les Institutions françaises sont faites pour que la fonction présidentielle ait du sens, pour que la parole du Président pèse. Pour qu'on puisse peut-être aussi dépasser les clivages souvent artificiels et absurdes qui régissent la politique aujourd'hui.
Pour le reste, vous le voyez bien, il y a une manoeuvre qui est en cours depuis déjà plusieurs mois et qui durera encore des mois. Cette manoeuvre est très simple : elle vise à faire croire aux Français que leur choix est enfermé. Qu'ils n'ont le choix que d'un côté avec Lionel Jospin et de l'autre avec Jacques Chirac, et qu'ils n'ont pas d'autres choix. Comme si en France c'était "on prend les mêmes et on recommence" à perpétuité. C'est exactement cela, me semble-t-il, que les Français ne veulent pas, ne veulent plus. Ils veulent avoir de vrais choix d'alternance qui soient différents que reprendre les mêmes et recommencer perpétuellement.
Si j'ai bien compris, vous serez dans ce jeu-là. On verra bien en tout cas.
(Source http://www.udf.org, le 19 septembre 2000)