Déclaration de M. Renaud Muselier, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, sur les relations franco-australiennes et la présence française en Australie, Sydney, le 21 novembre 2003.

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Circonstance : Voyage de Renaud Muselier en Nouvelle-Zélande et en Australie, du 18 au 25 novembre 2003 : inauguration du lycée français à Sydney le 21

Texte intégral

Merci, merci à chacun et chacune d'entre vous d'être venus. Il y a sûrement un moment que vous attendez, vous le faites avec délicatesse, vous vous êtes levés quand nous sommes entrés, vous avez chanté ces deux hymnes, qui font chaud au coeur.
Je suis très heureux d'être aujourd'hui ici avec mon collègue et ami Jean-François Lamour. Ce déplacement est sur le plan politique, un déplacement important. Cela est lié, bien entendu, au côté festif de la Coupe du monde de rugby, et à l'importance de l'organisation en 2007 de la Coupe du monde en France. Il est clair que, dans cette partie du monde à laquelle nous sommes tant attachés, nous Français, pour y avoir des territoires, comme la Nouvelle-Calédonie ou la Polynésie, nous avons une communauté d'esprit avec nos amis australiens et avec nos amis néo-zélandais. Je suis arrivé ce matin de Nouvelle-Zélande, où j'ai eu la possibilité de rencontrer, soit à Auckland, soit à Wellington, des représentants du gouvernement. Il faut savoir que cela faisait près de douze ans qu'il n'y avait pas eu de ministre des Affaires étrangères qui s'était rendu là-bas.
Ici en Australie, cela fait près de vingt ans, tout simplement parce que, au Quai d'Orsay, il n'y a pas eu, auprès du ministre des Affaires étrangères, de secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères pendant près de douze ans, et que, pour le ministre, qui est en charge et qui a pour obligation d'être le mardi aux questions d'actualité, le mercredi au Conseil des ministres, le jeudi au Sénat, un peu à l'ONU avec les crises, un peu à Bruxelles avec la construction de l'Europe, il est très difficile d'être présent partout. J'ai donc été amené à me déplacer à travers le monde dans une période un peu difficile et, partout, la France a fait valoir ce qu'elle pensait être bien, ce qu'elle pensait être juste, cette vision du monde qui est bâtie autour du respect des autres, dans le cadre d'une organisation multilatérale. C'est une démarche qui est importante ici, et que nous partageons, particulièrement avec nos amis néo-zélandais et australiens, parce que nous avons notamment cette fraternité d'armes, et du sang payé par nos amis australiens ici, et en Nouvelle-Zélande, pour que nous puissions encore vivre libres en Europe. C'est important, et ça, ne l'oubliez jamais, les enfants, le prix de la liberté a été chèrement payé ici.
Alors, nous avons cette communauté d'esprit, cette fraternité d'armes, cette culture commune, qui fait en sorte que nous avons aussi, de façon bilatérale des intérêts communs, et des intérêts communs au niveau régional. Et c'est important.
Je suis venu aussi pour voir les maires, les décideurs, pour rencontrer le Premier ministre de ce pays et le ministre des Affaires étrangères. Si, dans le passé, nous avons pu avoir quelques différends, il est clair que la page est tournée et que l'avenir s'écrit en commun. Il s'écrit en commun parce que la France tient à être présente ici. Et je tiens à saluer bien sûr la démarche de la communauté française en Australie. Il n'y a pas un déplacement que je fasse à travers le monde sans rencontrer nos compatriotes et les représentants des entreprises françaises, en visitant les Alliances françaises, comme nous le ferons tout à l'heure, ou en allant dans les lycées. Notre langue est largement parlée ; notre pays est un grand pays, qui n'est pas une hyperpuissance, mais qui est une grande nation. Nous avons la nécessité de nous exprimer à travers le monde, à travers notre diplomatie - deuxième réseau diplomatique à travers le monde -, à travers notre réseau de lycées et d'Alliances françaises - deuxième à travers le monde. Et quel n'est pas mon bonheur - que je partage avec M. Philippe Vitel, député du Var et qui a en charge le groupe d'amitié entre nos deux pays -, de voir que cela marche ici, Monsieur le Proviseur, Madame la Présidente du Comité de gestion. C'est difficile de s'occuper de cela. Nous avons pris des décisions financières, nous avons également le soutien du Premier ministre de Nouvelle-Galles du Sud, qui a posé la première pierre, pour faire en sorte que cet établissement se développe. Bien sûr il y a la bi-nationalité, bien sûr ce sont des Français et des Australiens, bien sûr ce sont nos deux hymnes qui sont chantés ici, mais c'est aussi un mode de vie, une culture et je crois qu'il est important que nous puissions les partager. Il y a près de deux millions de Français à travers le monde, vous êtes tous des ambassadeurs ou des ambassadrices de la France. Et en fonction de notre comportement, de notre discours, de ce que nous faisons, nous sommes toujours regardés comme des Français. Et il faut bien savoir que de Paris, de la France, on n'oublie pas nos compatriotes. Et pour ma part, je ne risque pas d'oublier le lycée de Sydney étant donné le nombre de Marseillais ici présents. Le consul général est marseillais, le proviseur est marseillais, des membres du Comité de gestion sont marseillais, je suis député de Marseille, donc je viens avec beaucoup plus d'intérêt encore suivre cela de près. Alors pour les Australiens, s'il y en a qui apprennent le français en entendant l'accent de Marseille, qu'ils ne s'inquiètent pas, cela peut s'exporter à travers le monde
Le message que je voulais faire passer aujourd'hui, c'est un message de considération, c'est un message d'amitié. Vous avez des représentants au Conseil supérieur des Français de l'étranger, qui sont vos représentants et qui nous font remonter les messages à Paris. Vous êtes loin, mais vous êtes dans un pays qui est un pays d'influence. Vous pourriez croire qu'en étant loin, vous n'êtes plus Français, mais vous resterez Français toute votre vie. Et il faut savoir que la France sera toujours à vos côtés. Au-delà des contraintes budgétaires, au-delà des choix de notre gouvernement et de Jean-Pierre Raffarin, et nous sommes ici pour cela, la France reste la France à travers le monde. Dans cette partie du monde, en Australie, il y a plus de 50.000 Français, 250 entreprises qui emploient plus de 70.000 personnes, qui représentent en termes de commerce extérieur de la France deux milliards d'euros pour 2003. Il s'agit bien d'un pays d'influence. Et donc, nous comptons développer, démultiplier nos relations avec ce pays et vous y avez un rôle prépondérant. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle des investissements importants ont été faits afin que cette école grandisse. Alors je sais que, comme vous allez ouvrir une maternelle après les classes du primaire, du collège et du lycée déjà existants, plus l'internat, on va devoir solliciter des entreprises pour qu'elles nous aident. Merci d'avance. S'il y a des responsables d'entreprises qui applaudissent et qui ont des enfants, ils sont obligés de nous aider... C'est clair.
Alors vous les enfants, sachez que vous avez un rôle très important pour l'avenir : c'est vous qui construisez l'avenir, c'est vous qui bâtirez la liberté, c'est vous qui bâtirez cette évolution vers la démocratie pour les peuples qui souffrent. Et vous avez ce privilège d'appartenir à des peuples qui ont tout. Vous devez vous battre pour faire en sorte que l'on respecte votre environnement, pour que l'on respecte la différence, pour que chacun puisse s'exprimer un peu partout dans le monde. C'est là votre mission.
Merci à vous tous et à vous toutes d'être ici présents. Merci pour votre chaleureux accueil. Vive l'Australie ! Vive la France !
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er décembre 2003)