Editorial de M. Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée nationale, sur le bilan de l'action gouvernementale et l'enjeu pour la gauche "réhabiliter le mot réforme", sur le site internet du parti socialiste le 3 octobre 2003.

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Média : www.parti-socialiste.fr

Texte intégral

Passer de l'opposition défensive à l'opposition alternative. Ce message de nos journées parlementaires a été interprété de manière réductrice comme la seule réponse des socialistes à la brutale dépression que traversent le gouvernement et sa majorité.
Il est vrai que d'une rentrée à l'autre, M. Raffarin et son équipe sont passés du triomphe (médiatique) des Cent jours au désastre (politique) de Waterloo. De l'absence du gouvernement pendant la catastrophe de la canicule à son inertie face à l'envolée du chômage, de ses foucades contre l'Europe à ses contradictions sur la stratégie économique, il a accumulé les bévues et les contresens.
Le gouvernement donne l'image d'un bateau ivre sans pilote, sans cap, sans objectif. Face à la récession qu'il a lui-même provoquée, il attend la reprise comme soeur Anne.
Face au chômage qu'il fallait combattre par tous les moyens de l'Etat, il stigmatise les chômeurs (en rognant leurs indemnités) et précarise les salariés (en promettant de flexibiliser le code du travail). Face à l'asphyxie de la Sécurité sociale et aux problèmes de l'Education nationale, il renvoie les réformes aux calendes grecques rebaptisées Agenda 2006. Quelle faillite pour cette équipe de donneurs de leçons qui a le don de fabriquer l'insécurité sociale et de ruiner la confiance des citoyens en l'action politique.
C'est là qu'est le défi pour les socialistes. Non pas se préparer à une alternance qui ne sera pas ouverte, sauf accident (avec J. Chirac il faut toujours rester prudent), avant quatre ans, mais convaincre les jeunes qui ont déferlé au Larzac, les chômeurs qui voient rogner leurs indemnisations, les intermittents en colère, les enseignants désespérés, les salariés accablés par les taxes, que le réformisme de gauche porte des voies, des solutions alternatives au libéralisme en guenilles de M.Raffarin.
Et cette dynamique de contre-propositions ne peut pas attendre la présidentielle. Trop de scepticisme nous entoure. Trop de nos idées ont vieilli. C'est une longue marche qui commence dès cette rentrée avec la bataille du budget, avec la réforme indispensable de notre système de santé, avec la rénovation du système scolaire, avec la relance d'une politique audacieuse d'intégration, avec notre proposition d'un pacte national pour l'emploi. Tous ces domaines que la droite laisse en déshérence feront l'objet d'un contrat de solidarité et de responsabilité avec les Français. La droite a fait du mot réforme un repoussoir. Il nous revient de le réhabiliter.
Ce n'est pas l'échec de la majorité qui redonnera le goût de la gauche au pays. C'est notre capacité à susciter une véritable espérance en ce que nous proposons.


(source http://www.parti-socialiste.fr, le 4 novembre 2003)