Texte intégral
Il est d'usage pour un ministre de dire, en ouverture d'une manifestation, son plaisir de rencontrer celles et ceux auxquels il s'adresse.
Ici à Marseille, alors que nous allons débattre pendant deux jours du développement durable en Méditerranée, cette formule prend, pour moi, un sens tout particulier.
Je suis Méditerranéenne, attachée à cette mer intérieure, aux rivages qui la dessinent, aux peuples qui la bordent.
Tous les rivages, tous les peuples. Et mon histoire, mon parcours, mon engagement citoyen et politique portent l'empreinte de cette région.
Et Marseille, ville de soleil, ville de culture, ville d'histoire et ville d'échanges... était naturellement destinée à accueillir cette rencontre.
Au moment où s'ouvrent nos débats, je voudrais exprimer ma confiance dans la réalité régionale méditerranéenne, mon souhait que s'élabore, pour cet espace, une véritable stratégie de développement durable et mon espoir que vous, acteurs de la société civile, participerez activement à cette ambition.
La région méditerranéenne d'abord.
Espace de cohésion mais aussi de déchirements, de paix en même temps que de violence, de richesse et d'extrême pauvreté, l'espace méditerranéen est un espace de contrastes.
Mais cet espace, j'en ai la conviction, peut être porteur d'unité. Il l'a déjà montré par le passé ; il pourrait de nouveau le montrer aujourd'hui.
D'abord, parce que les sociétés qui l'ont modelé sont et seront de plus en plus interdépendantes.
Certains s'en inquiètent, moi je m'en réjouis.
Je m'en réjouis, parce que je suis convaincue que c'est par le brassage des idées et les échanges entre les hommes que nous pourrons faire taire les extrémismes et les fondamentalismes, faire taire ceux qui prônent les exclusions.
Je m'en réjouis parce que je crois aux vertus du métissage culturel et intellectuel.
Ensuite, parce que le développement économique de la région ne pourra se faire en laissant des pays sur le bord du chemin.
Encore une fois, les pays du pourtour méditerranéen ne peuvent méconnaître les liens qui unissent leurs destins. Imaginer que la paix pourra enfin s'installer et surtout perdurer si les différences de niveau de vie, aujourd'hui constatées entre les peuples, ne se réduisent pas, me paraît vain.
La croissance, le développement, l'élévation du niveau de vie, la protection des ressources naturelles sont des exigences pour la région dans son ensemble : chacun des pays qui la compose participe et contribue à relever ces défis.
Enfin, parce que l'on ne renie pas l'histoire. Les femmes et les hommes de la Méditerranée se sont toujours côtoyés. Ils ont souvent bâti et construit ensemble.
La contribution qu'ils ont apportée à la communauté des hommes est immense. Ce qui leur reste à créer l'est plus encore.
Dans ce contexte, pourquoi une stratégie de développement durable pour la Méditerranée ?
Le Sommet mondial sur le développement durable de Johannesburg a consacré, au plan international, cette thématique, novatrice à bien des égards.
Mais le développement durable ne doit pas rester une abstraction, un concept que l'on débat sans jamais lui donner vie.
Il doit prendre la forme, à chaque échelon - local, national, régional - d'actions concrètes, supposant l'engagement de chacun d'entre nous. En juin 2003, la France a adopté sa stratégie nationale de développement durable.
Mais elle n'entend pas se contenter d'agir dans le cadre de ses seules frontières nationales.
La France soutient activement le projet d'une stratégie européenne de développement durable ambitieuse.
Et c'est animé de ce même esprit d'une préoccupation partagée par tous que le Président de la République en marge du sommet de Johannesburg, a proposé l'élaboration d'une stratégie méditerranéenne de développement durable.
Pourquoi ?
Les lignes de fractures économiques, sociales et écologiques qui fragilisent l'espace méditerranéen appellent, en effet, des analyses partagées ; et seules des approches concertées pourront réduire ces fractures. Il s'agit là d'un projet qui doit devenir commun à tous.
C'est le sens des travaux engagés depuis plusieurs mois par le Plan Bleu, sous l'égide de Plan d'Action pour la Méditerranée.
Pour le succès de cette mobilisation collective, la région méditerranéenne a besoin de mutualiser les efforts respectifs engagés dans chacun des pays qui la compose : c'est une condition nécessaire pour dépasser les difficultés auxquelles la région est confrontée.
Et la diversité des cultures et des approches, dans cette mosaïque à la fois, européenne, orientale et africaine constitue un atout.
Car chacune des entités qui compose cet espace peut beaucoup apprendre des autres, et peut notamment apprendre à construire des stratégies communes.
Ce qui est vrai dans le domaine économique, dans le domaine social, l'est également dans le domaine de l'écologie.
La perte de biodiversité ici aura des répercussions là, une pollution marine dans telle zone ne sera pas sans impact dans telle autre, quant à l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre, nous savons tous déjà combien ses effets se mesurent à l'échelon global.
C'est donc bien une réponse collective que la région méditerranéenne doit élaborer.
A l'ère de la mondialisation, il n'existe pas d'autre issue que celle de l'action commune. C'est pourquoi les espaces régionaux doivent se renforcer. L'Europe est un exemple. L'espace méditerranéen peut en devenir un autre.
Dans cette perspective, quel peut être l'apport des acteurs de la société civile ?
L'élaboration d'une stratégie de développement durable ne peut être l'affaire des seuls Etats. C'est l'affaire de tous.
La stratégie française de développement durable a, ainsi, largement emprunté aux propositions du Conseil national du développement durable, instance représentative des acteurs de la société civile.
C'est pourquoi, nous avons souhaité mobiliser pour ce rendez-vous méditerranéen des experts et des personnalités issus du monde universitaire, de la culture, de l'entreprise, du secteur associatif et des collectivités territoriales.
Vous avez été conviés à cette conférence parce que, je le sais, vous êtes à la fois des femmes et des hommes de conviction, des femmes et des hommes de dialogue.
Je n'ignore pas les tensions politiques, religieuses, sociales... que connaît aujourd'hui le monde méditerranéen.
Je mesure combien ces tensions suscitent de clivages, voire d'intolérance. Nous sommes ici pour tenter de dépasser ces clivages.
Je suis une humaniste convaincue. Je crois fondamentalement aux vertus de l'échange.
Les sujets dont nous allons débattre sont, je le sais, difficiles.
Culture, développement économique, gestion des territoires, autant de questions porteuses de polémiques ; autant de questions qui ne peuvent appeler de réponses univoques.
C'est pourquoi, c'est de diversité, surtout, que nous allons parler aujourd'hui et demain.
Diversité des analyses, diversité des opinions, diversité des propositions.
J'ai la profonde conviction que les acteurs de la société civile, par leurs réflexions, par leurs expériences, peuvent contribuer à apaiser les différends et à éclairer les décideurs.
A nous, à Marseille, d'en faire la démonstration.
Je vous remercie.
(Source http://www.environnement.gouv.fr, le 17 mai 2004)
Ici à Marseille, alors que nous allons débattre pendant deux jours du développement durable en Méditerranée, cette formule prend, pour moi, un sens tout particulier.
Je suis Méditerranéenne, attachée à cette mer intérieure, aux rivages qui la dessinent, aux peuples qui la bordent.
Tous les rivages, tous les peuples. Et mon histoire, mon parcours, mon engagement citoyen et politique portent l'empreinte de cette région.
Et Marseille, ville de soleil, ville de culture, ville d'histoire et ville d'échanges... était naturellement destinée à accueillir cette rencontre.
Au moment où s'ouvrent nos débats, je voudrais exprimer ma confiance dans la réalité régionale méditerranéenne, mon souhait que s'élabore, pour cet espace, une véritable stratégie de développement durable et mon espoir que vous, acteurs de la société civile, participerez activement à cette ambition.
La région méditerranéenne d'abord.
Espace de cohésion mais aussi de déchirements, de paix en même temps que de violence, de richesse et d'extrême pauvreté, l'espace méditerranéen est un espace de contrastes.
Mais cet espace, j'en ai la conviction, peut être porteur d'unité. Il l'a déjà montré par le passé ; il pourrait de nouveau le montrer aujourd'hui.
D'abord, parce que les sociétés qui l'ont modelé sont et seront de plus en plus interdépendantes.
Certains s'en inquiètent, moi je m'en réjouis.
Je m'en réjouis, parce que je suis convaincue que c'est par le brassage des idées et les échanges entre les hommes que nous pourrons faire taire les extrémismes et les fondamentalismes, faire taire ceux qui prônent les exclusions.
Je m'en réjouis parce que je crois aux vertus du métissage culturel et intellectuel.
Ensuite, parce que le développement économique de la région ne pourra se faire en laissant des pays sur le bord du chemin.
Encore une fois, les pays du pourtour méditerranéen ne peuvent méconnaître les liens qui unissent leurs destins. Imaginer que la paix pourra enfin s'installer et surtout perdurer si les différences de niveau de vie, aujourd'hui constatées entre les peuples, ne se réduisent pas, me paraît vain.
La croissance, le développement, l'élévation du niveau de vie, la protection des ressources naturelles sont des exigences pour la région dans son ensemble : chacun des pays qui la compose participe et contribue à relever ces défis.
Enfin, parce que l'on ne renie pas l'histoire. Les femmes et les hommes de la Méditerranée se sont toujours côtoyés. Ils ont souvent bâti et construit ensemble.
La contribution qu'ils ont apportée à la communauté des hommes est immense. Ce qui leur reste à créer l'est plus encore.
Dans ce contexte, pourquoi une stratégie de développement durable pour la Méditerranée ?
Le Sommet mondial sur le développement durable de Johannesburg a consacré, au plan international, cette thématique, novatrice à bien des égards.
Mais le développement durable ne doit pas rester une abstraction, un concept que l'on débat sans jamais lui donner vie.
Il doit prendre la forme, à chaque échelon - local, national, régional - d'actions concrètes, supposant l'engagement de chacun d'entre nous. En juin 2003, la France a adopté sa stratégie nationale de développement durable.
Mais elle n'entend pas se contenter d'agir dans le cadre de ses seules frontières nationales.
La France soutient activement le projet d'une stratégie européenne de développement durable ambitieuse.
Et c'est animé de ce même esprit d'une préoccupation partagée par tous que le Président de la République en marge du sommet de Johannesburg, a proposé l'élaboration d'une stratégie méditerranéenne de développement durable.
Pourquoi ?
Les lignes de fractures économiques, sociales et écologiques qui fragilisent l'espace méditerranéen appellent, en effet, des analyses partagées ; et seules des approches concertées pourront réduire ces fractures. Il s'agit là d'un projet qui doit devenir commun à tous.
C'est le sens des travaux engagés depuis plusieurs mois par le Plan Bleu, sous l'égide de Plan d'Action pour la Méditerranée.
Pour le succès de cette mobilisation collective, la région méditerranéenne a besoin de mutualiser les efforts respectifs engagés dans chacun des pays qui la compose : c'est une condition nécessaire pour dépasser les difficultés auxquelles la région est confrontée.
Et la diversité des cultures et des approches, dans cette mosaïque à la fois, européenne, orientale et africaine constitue un atout.
Car chacune des entités qui compose cet espace peut beaucoup apprendre des autres, et peut notamment apprendre à construire des stratégies communes.
Ce qui est vrai dans le domaine économique, dans le domaine social, l'est également dans le domaine de l'écologie.
La perte de biodiversité ici aura des répercussions là, une pollution marine dans telle zone ne sera pas sans impact dans telle autre, quant à l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre, nous savons tous déjà combien ses effets se mesurent à l'échelon global.
C'est donc bien une réponse collective que la région méditerranéenne doit élaborer.
A l'ère de la mondialisation, il n'existe pas d'autre issue que celle de l'action commune. C'est pourquoi les espaces régionaux doivent se renforcer. L'Europe est un exemple. L'espace méditerranéen peut en devenir un autre.
Dans cette perspective, quel peut être l'apport des acteurs de la société civile ?
L'élaboration d'une stratégie de développement durable ne peut être l'affaire des seuls Etats. C'est l'affaire de tous.
La stratégie française de développement durable a, ainsi, largement emprunté aux propositions du Conseil national du développement durable, instance représentative des acteurs de la société civile.
C'est pourquoi, nous avons souhaité mobiliser pour ce rendez-vous méditerranéen des experts et des personnalités issus du monde universitaire, de la culture, de l'entreprise, du secteur associatif et des collectivités territoriales.
Vous avez été conviés à cette conférence parce que, je le sais, vous êtes à la fois des femmes et des hommes de conviction, des femmes et des hommes de dialogue.
Je n'ignore pas les tensions politiques, religieuses, sociales... que connaît aujourd'hui le monde méditerranéen.
Je mesure combien ces tensions suscitent de clivages, voire d'intolérance. Nous sommes ici pour tenter de dépasser ces clivages.
Je suis une humaniste convaincue. Je crois fondamentalement aux vertus de l'échange.
Les sujets dont nous allons débattre sont, je le sais, difficiles.
Culture, développement économique, gestion des territoires, autant de questions porteuses de polémiques ; autant de questions qui ne peuvent appeler de réponses univoques.
C'est pourquoi, c'est de diversité, surtout, que nous allons parler aujourd'hui et demain.
Diversité des analyses, diversité des opinions, diversité des propositions.
J'ai la profonde conviction que les acteurs de la société civile, par leurs réflexions, par leurs expériences, peuvent contribuer à apaiser les différends et à éclairer les décideurs.
A nous, à Marseille, d'en faire la démonstration.
Je vous remercie.
(Source http://www.environnement.gouv.fr, le 17 mai 2004)