Texte intégral
Q- J.-J. Bourdin-. [...] L'Assemblée nationale, c'est aussi un théâtre parfois ! On se bouscule dans l'outrance à l'Assemblée en ce moment ! Je rappelle que vous êtes aussi le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale.
R- "Je vais vous faire un aveu : je n'ai pas assisté hier. J'ai préparé la séance pour les questions d'actualité, puisque nous avions décidé de tester les nerfs de monsieur Sarkozy et nous avons vu qu'il était capable de les perdre."
Q- Ah ! Vous aviez décidé de tester les nerfs de N. Sarkozy ? C'était une décision ?
R- "Oui, tout à fait."
Q- Vous aviez réfléchi à la question ?
R- "Parce que de semaine en semaine, N. Sarkozy n'arrête pas d'insulter les députés de l'opposition, en particulier les députés socialistes. Il pratique l'invective, il pointe le doigt en menaçant. Alors, on s'est dit : qu'est-ce qu'on peut faire pour le tester sur la réalité de sa personnalité ?". Il aspire aux plus hautes fonctions, et il ne s'est pas du tout comporter comme un homme d'Etat hier. Il a profondément dérapé, parce que ce qu'il a dit sur l'antisémitisme, il n'y a même pas à y répondre, c'est une insulte, c'est inqualifiable. Je crois qu'il y a chez lui une dimension égotiste. Il croit qu'il peut répondre à tout, diriger tout, il se prend pour le Premier ministre bis et quand il va aux Etats-Unis, il se prend même pour le président de la République et pour le ministre des Affaires étrangères. Donc, je crois qu'il a vraiment dérapé et c'est assez grave. Je vais être clair : le président de la République fait une conférence de presse cet après-midi. Il faut qu'il rappelle tous ses amis à l'ordre, parce que c'est lui qui les a nommés."
Q- Vous attendez de J. Chirac qu'il revienne sur les propos de N. Sarkozy ?
R- "Il faut qu'il fasse une mise au point. On ne peut pas continuer comme cela. Il faut respecter l'opposition, il faut respecter la dignité de la politique, parce que la politique, c'est aussi une confrontation, c'est parfois de l'affrontement, c'est parfois du dérapage. Là, c'est plus que du dérapage ! Je crois que l'on ne peut pas qualifier les socialistes et l'opposition de laxisme à l'égard de l'antisémitisme. Je rappelle que J. Chirac a été président de la République quand L. Jospin était Premier ministre. Si cela avait le cas, il serait intervenu. Donc, je crois qu'il faut..."
Q- Ce qui s'est passé est grave ou c'est le dialogue normal à l'intérieur de l'Hémicycle ?
R- "Non, pas hier. C'est grave parce que cela fait plusieurs fois que cela se produit. Nous avons affaire à une droite très sectaire. Je crois qu'il faut qu'elle arrête d'être sectaire, parce qu'elle ne comprend pas que le pays attend autre chose, les réponses à ses vrais problèmes. Les Français en ont marre de cette politique spectacle, et puis surtout, quand elle est aussi injuste et aussi caricaturale et insultante. Et puis surtout, il y a une chose qui est beaucoup plus grave, c'est qu'au sein de la droite, il y a une crise. Il y a une crise de compétition, que J. Chirac et N. Sarkozy sont déjà des rivaux et la droite et en train de transmettre sa crise interne à tout le pays. Et ce n'est pas son rôle. Le président de la République va faire sa première conférence de presse depuis six ans. On espère qu'il va être clair sur l'élargissement de l'Europe, sur le référendum, sur la Turquie ; qu'il va être clair sur la croissance et le Pacte de stabilité, mais aussi comment faire en sorte que la cohésion sociale puisse être rétablie dans notre pays. Et puis, on espère qu'il sera clair pour ramener à l'ordre le Premier ministre, le ministre de l'Economie et l'ensemble des membres du Gouvernement."
Q- Nous allons parler de la Turquie et du référendum autour de l'Europe, parce que chez les socialistes, on n'est pas toujours très clair non plus sur ces questions-là. Je voudrais quand même revenir très vite sur ce que vous disiez en début d'intervention : vous disiez que la question avait été préparée, elle a été posée hier par le député socialiste du Gers P. Martin. Je reprends quand même la question : "vous venez d'effectuer, Monsieur le ministre d'Etat - question posée à N. Sarkozy - un déplacement remarqué aux Etats-Unis, dont nous n'ignorons pratiquement plus aucun détail. Ma question porte sur le sens qu'il convient de donner à ce voyage et les conséquences politiques de son déroulement. Est-ce que votre frénésie de notoriété ne vous aurait pas conduit à un peu d'aveuglement, au point de ne pas voir que vous placiez les dirigeants américains en situation de choisir chez nous les bons dirigeants, qui ont droit à des égards de chef d'Etat, et ceux qui le seraient moins et n'auraient droit qu'au service minimum ? En procédant ainsi, ne craignez-vous pas d'avoir pris le risque d'affaiblir la voie du président de la République et celle de l'ONU ? Est-ce qu'un peu plus de modestie ou, à tout le moins, de lucidité, n'aurait pas abouti à un peu moins de succès personnel de votre expédition mais à un peu plus de grandeur et de cohérence pour la France ?" Vous vouliez faire sortir Sarkozy de ses gonds !
R- "Oui, et puis surtout, révéler l'ampleur de son ambition. Parce que ce voyage aux Etats-Unis - on s'est renseigné quand même -, la presse américaine n'en a quasiment pas parlé."
Q- Un article dans un journal, le Washington Times.
R- "Oui, et puis cela a été la même opération en Chine où il a eu une rencontre avec le Président chinois, mais qui a duré quelques instants. Et il en a fait une affaire d'Etat. Je pense qu'il y a vraiment chez lui une telle frénésie de prendre tous les pouvoirs qu'il était quand même que les choses soient rétablies."
[Reprise de la réponse de N. Sarkozy à P. Martin, hier, à l'Assemblée nationale]
Q- Des auditeurs disent que N. Sarkozy a raison, que les élus socialistes ne sont pas à la hauteur et que c'est dommage pour eux... Voilà ce que disent certains auditeurs parmi d'autres.
R- "Il y en deux."
Q- Oui, d'accord, mais ils existent.
R- "Moi, je respecte le vote des Français. Ils se sont exprimés il y a un mois maintenant. Je crois qu'ils ont adressé un message tellement clair qu'il vaudrait mieux que le Gouvernement l'écoute."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 29 avril 2004)
R- "Je vais vous faire un aveu : je n'ai pas assisté hier. J'ai préparé la séance pour les questions d'actualité, puisque nous avions décidé de tester les nerfs de monsieur Sarkozy et nous avons vu qu'il était capable de les perdre."
Q- Ah ! Vous aviez décidé de tester les nerfs de N. Sarkozy ? C'était une décision ?
R- "Oui, tout à fait."
Q- Vous aviez réfléchi à la question ?
R- "Parce que de semaine en semaine, N. Sarkozy n'arrête pas d'insulter les députés de l'opposition, en particulier les députés socialistes. Il pratique l'invective, il pointe le doigt en menaçant. Alors, on s'est dit : qu'est-ce qu'on peut faire pour le tester sur la réalité de sa personnalité ?". Il aspire aux plus hautes fonctions, et il ne s'est pas du tout comporter comme un homme d'Etat hier. Il a profondément dérapé, parce que ce qu'il a dit sur l'antisémitisme, il n'y a même pas à y répondre, c'est une insulte, c'est inqualifiable. Je crois qu'il y a chez lui une dimension égotiste. Il croit qu'il peut répondre à tout, diriger tout, il se prend pour le Premier ministre bis et quand il va aux Etats-Unis, il se prend même pour le président de la République et pour le ministre des Affaires étrangères. Donc, je crois qu'il a vraiment dérapé et c'est assez grave. Je vais être clair : le président de la République fait une conférence de presse cet après-midi. Il faut qu'il rappelle tous ses amis à l'ordre, parce que c'est lui qui les a nommés."
Q- Vous attendez de J. Chirac qu'il revienne sur les propos de N. Sarkozy ?
R- "Il faut qu'il fasse une mise au point. On ne peut pas continuer comme cela. Il faut respecter l'opposition, il faut respecter la dignité de la politique, parce que la politique, c'est aussi une confrontation, c'est parfois de l'affrontement, c'est parfois du dérapage. Là, c'est plus que du dérapage ! Je crois que l'on ne peut pas qualifier les socialistes et l'opposition de laxisme à l'égard de l'antisémitisme. Je rappelle que J. Chirac a été président de la République quand L. Jospin était Premier ministre. Si cela avait le cas, il serait intervenu. Donc, je crois qu'il faut..."
Q- Ce qui s'est passé est grave ou c'est le dialogue normal à l'intérieur de l'Hémicycle ?
R- "Non, pas hier. C'est grave parce que cela fait plusieurs fois que cela se produit. Nous avons affaire à une droite très sectaire. Je crois qu'il faut qu'elle arrête d'être sectaire, parce qu'elle ne comprend pas que le pays attend autre chose, les réponses à ses vrais problèmes. Les Français en ont marre de cette politique spectacle, et puis surtout, quand elle est aussi injuste et aussi caricaturale et insultante. Et puis surtout, il y a une chose qui est beaucoup plus grave, c'est qu'au sein de la droite, il y a une crise. Il y a une crise de compétition, que J. Chirac et N. Sarkozy sont déjà des rivaux et la droite et en train de transmettre sa crise interne à tout le pays. Et ce n'est pas son rôle. Le président de la République va faire sa première conférence de presse depuis six ans. On espère qu'il va être clair sur l'élargissement de l'Europe, sur le référendum, sur la Turquie ; qu'il va être clair sur la croissance et le Pacte de stabilité, mais aussi comment faire en sorte que la cohésion sociale puisse être rétablie dans notre pays. Et puis, on espère qu'il sera clair pour ramener à l'ordre le Premier ministre, le ministre de l'Economie et l'ensemble des membres du Gouvernement."
Q- Nous allons parler de la Turquie et du référendum autour de l'Europe, parce que chez les socialistes, on n'est pas toujours très clair non plus sur ces questions-là. Je voudrais quand même revenir très vite sur ce que vous disiez en début d'intervention : vous disiez que la question avait été préparée, elle a été posée hier par le député socialiste du Gers P. Martin. Je reprends quand même la question : "vous venez d'effectuer, Monsieur le ministre d'Etat - question posée à N. Sarkozy - un déplacement remarqué aux Etats-Unis, dont nous n'ignorons pratiquement plus aucun détail. Ma question porte sur le sens qu'il convient de donner à ce voyage et les conséquences politiques de son déroulement. Est-ce que votre frénésie de notoriété ne vous aurait pas conduit à un peu d'aveuglement, au point de ne pas voir que vous placiez les dirigeants américains en situation de choisir chez nous les bons dirigeants, qui ont droit à des égards de chef d'Etat, et ceux qui le seraient moins et n'auraient droit qu'au service minimum ? En procédant ainsi, ne craignez-vous pas d'avoir pris le risque d'affaiblir la voie du président de la République et celle de l'ONU ? Est-ce qu'un peu plus de modestie ou, à tout le moins, de lucidité, n'aurait pas abouti à un peu moins de succès personnel de votre expédition mais à un peu plus de grandeur et de cohérence pour la France ?" Vous vouliez faire sortir Sarkozy de ses gonds !
R- "Oui, et puis surtout, révéler l'ampleur de son ambition. Parce que ce voyage aux Etats-Unis - on s'est renseigné quand même -, la presse américaine n'en a quasiment pas parlé."
Q- Un article dans un journal, le Washington Times.
R- "Oui, et puis cela a été la même opération en Chine où il a eu une rencontre avec le Président chinois, mais qui a duré quelques instants. Et il en a fait une affaire d'Etat. Je pense qu'il y a vraiment chez lui une telle frénésie de prendre tous les pouvoirs qu'il était quand même que les choses soient rétablies."
[Reprise de la réponse de N. Sarkozy à P. Martin, hier, à l'Assemblée nationale]
Q- Des auditeurs disent que N. Sarkozy a raison, que les élus socialistes ne sont pas à la hauteur et que c'est dommage pour eux... Voilà ce que disent certains auditeurs parmi d'autres.
R- "Il y en deux."
Q- Oui, d'accord, mais ils existent.
R- "Moi, je respecte le vote des Français. Ils se sont exprimés il y a un mois maintenant. Je crois qu'ils ont adressé un message tellement clair qu'il vaudrait mieux que le Gouvernement l'écoute."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 29 avril 2004)