Texte intégral
A. Hausser-. L'enseignement est épargné par le débat sur les 35 heures. En revanche, on débat beaucoup sur l'Education : il y a le débat national, il y a un débat à l'UMP. Pourquoi tous ces débats, où en est-on ?
- "Parce que, comme on l'a vu encore l'an dernier, la question scolaire est une question qui agite toujours l'opinion. Tout le monde est concerné par l'école."
Oui mais là, on généralise beaucoup...
- "Ce que le Gouvernement a pensé, c'est qu'il fallait, comme il l'avait promis d'ailleurs lors de la campagne, qui a conduit à l'alternance politique, partir d'un diagnostic qui soit partagé par les Français ; qu'il fallait que, au fond, tout le monde soit d'accord sur ce qui va et ce qui ne va pas. De sorte de pouvoir proposer ensuite une loi qui fasse consensus, qui soit acceptée, et qui apparaîtra donc dans un an."
Il y a le débat dans le débat, il y a la violence à l'école, dont vous parlez ce matin dans Le Parisien, et puis il y a le problème de ce que l'on appelle pudiquement les "signes distinctifs religieux", essentiellement le port du voile. Vous dites timidement qu'il faudrait peut-être revenir à l'uniforme, c'est cela ?
- "Ce que je sais en tout cas, c'est que c'est un sujet récurrent et obsédant, et qui s'amplifie. [...] Il renvoie non seulement au problème de communautarisme, de conviction religieuse, avec toutes les tensions qu'on imagine. Mais il renvoie aussi à la manifestation de signes discriminants à l'intérieur de l'école. Or, l'école de la République, c'est un lieu qui veut que chaque individu soit accepté pour ce qu'il est et non pas pour les convictions qui l'habitent. Un professeur, un instituteur, ne devrait pas savoir, lorsque les élèves arrivent dans sa classe, quelles sont les convictions de cet élève. Je suis, non pas favorable à l'uniforme, mais je dis que c'est une question qui mérite d'être posée. C'est ainsi d'ailleurs, que beaucoup de pays ont répondu à cette difficulté, je le rappelle. C'est le cas au Canada, en Finlande, en Suisse, c'est le cas dans des départements et territoires d'outre-mer de la République française, où on a décidé, non pas de mettre un uniforme, mais d'obliger les jeunes à avoir des T-shirts de couleur, selon leur classe, en sorte qu'il ne soient pas, d'emblée, dans des tenues qui signalent leurs origines ou qui, au contraire d'ailleurs, d'emblée, installent une sorte d'agressivité. Il y a beaucoup de jeunes qui maintenant s'habillent avec des Rangers, des tenues qui, me semble-t-il, ne correspondent pas à l'esprit d'une classe, où tout le monde doit être respectueux d'autrui."
Vous parlez des "Rangers", il y a aussi le débat sur le string à l'école ? Faut-il l'interdire ?
- "Je crois qu'il est normal qu'on demande aux jeunes filles, surtout lorsqu'elles commencent à être désirables, de faire en sorte qu'elles ne provoquent personne. L'école n'est pas une boîte de nuit."
Pas de nombril à l'air ?
- "Je trouve qu'on pourrait s'en dispenser, en effet. Et que si l'on pouvait avoir des tenues à peu près convenables, ce ne serait pas plus mal. Mais je ne veux pas jouer les "Pères la pudeur" non plus. Je suis content quand je vois une jolie fille passer."
Sans jouer les "Pères la pudeur", ne faut-il pas établir un règlement une fois pour toutes, et pour tout le monde ?
- "Le règlement, sans doute. Ce qu'il faut rappeler c'est que l'école est un lieu où l'égalité n'est pas simplement un principe, c'est une réalité. Et jouer de son charme, jouer de sa force, jouer de sa conviction religieuse, manifester un signe discriminant au plan sexuel, comme l'est, au fond, le voile, c'est contrevenir à l'idéal républicain ; c'est contrevenir à ce que veut faire l'école qui est le creuset de la Nation ; c'est contrevenir au pacte républicain qu'incarne l'école. Donc je crois que tout ce qui va dans le sens d'une lutte contre ces manifestations physiques de ces différences, n'est pas inacceptable dans le cadre de la réflexion scolaire."
Pourtant, ne faut-il pas de loi comme on a l'air de le dire ?
- "Nous verrons ce que nous dira la commission Stasi. Nous avons beaucoup de gens de très grande qualité qui réfléchissent à cette question, qui auditionnent jusqu'à Noël. Pourquoi une loi, si on peut le faire par le règlement ? Ou tout simplement, en donnant des recommandations à nos établissements. Est-ce qu'une loi changera quelque chose en cas de conflit ? Ce n'est pas absolument certain."
Il y a un autre problème qui vous touche, qui sont les deux procès qui ont lieu ces jours-ci, qui mettent en cause des professeurs des écoles, parce que des enfants, dont ils avaient la responsabilité, sont morts dans des accidents. Pour l'une, on a demandé six mois avec sursis, pour l'autre, aucune peine...
- "Il faut voir au cas par cas. C'est un métier très difficile que celui de professeur et d'instituteur. Les élèves sont de plus en plus turbulents, ils sont de plus en plus rapides, on ne fait pas toujours attention à tout, l'accident peut toujours arriver. C'est une loi de la vie, dirais-je, quand on voit les statistiques. Nous avons quand même 13,5 millions d'élèves. Vous parlez de deux cas qui ont touché deux élèves, c'est deux de trop, bien sûr. Mais nous sommes dans des chiffres presque dérisoires par rapport à la masse des élèves concernés. Je pense avec beaucoup de sympathie aux professeurs, quoi qu'il en soit. Car, en l'occurrence, ils sont aussi victimes de leur métier ; peut-être un moment d'inattention, c'est possible, mais victimes de leur métier. Il faut laisser la justice passer. Mais il faut vraiment rappeler que les professeurs font un métier difficile, et il n'est pas convenable de les montrer du doigt."
Je change aussi de sujet puisque vous êtes un ministre en campagne, vous avez été désigné comme chef de file de l'UMP en Aquitaine.
- "Oui."
Vous êtes déjà en campagne...
- "Oui."
Vous avez cependant dit : "Si F. Bayrou veut prendre la tête de la liste de droite, je suis partant". Or, F. Bayrou ne semble pas se décider. Il se montre, ce matin, très critique et il critique notamment le chef de l'Etat, en mettant en cause le fait qu'il ne parle pas, il parle de "la gravité de la situation". Ce sera possible de vous entendre un jour ?
- "Nous sommes toujours dans les mêmes dispositions d'esprit, nous souhaitons l'union. Et nous avons dit à F. Bayrou, pour ce qui est de l'Aquitaine que, s'il souhaitait une liste d'union, il conduirait cette liste. Nous n'avons pas changé d'avis. Mais il va falloir tout de même que l'UDF choisisse. On ne peut pas, à la fois, se porter sans cesse en chef de l'opposition, quasiment, comme le fait actuellement F. Bayrou, qui est extrêmement critique à l'égard du chef de l'Etat ou de J.-P. Raffarin, un Premier ministre courageux, je crois, que personne ne discute, et en même temps dire que nous sommes amis. Si on veut être partenaires, il ne faut pas être dans le conflit permanent. Parlons clair. Est-ce que, F. Bayrou et ses amis, au moment du vote du budget, vont refuser de voter le budget. Vont-ils faire cause commune avec les socialistes et les communistes ? Si oui, qu'ils le disent. A ce moment-là, qu'ils choisissent leur camp. On ne peut pas continuellement être prétendument dans le camp de l'union, dans l'unité par rapport à l'action du Gouvernement, et quotidiennement lui porter des attaques, y compris des attaques quasi personnelles, contre le chef de l'Etat. Je crois que F. Bayrou exagère un peu, et je crois aussi que les électeurs et le personnel politique de l'UDF n'en demandent pas temps."'
Ne va-t-il pas profiter d'une période de mécontentement pour, on le voit en ce moment, "tirer ses billes", comme on dit ?
- "La politique, ce n'est pas l'art de profiter des situations, c'est l'art de corriger les mauvaises, et d'en corriger les bonnes."
J.-P. Raffarin, se dit plutôt favorable à un référendum sur la future Constitution européenne. Cela ne vous fait pas peur, vous, qui êtes élu d'une région qui a voté non au Traité de Maastricht ?
- "Je crois que l'affaire de la Constitution européenne, est une grande affaire, et que, en effet, a priori, il faudrait que les Français soient consultés. Je trouve pas cela anormal évidemment. Il faut toujours se méfier cependant, parce que le référendum, on ne répond pas seulement à la question qu'on vous pose ; on répond à celui qui la pose, dans un contexte particulier. Et il ne faudrait pas qu'un référendum sur l'Europe soit l'occasion d'exprimer d'autres mécontentements. Et qu'éventuellement d'ailleurs, sottement, alors qu'il est si important que la Constitution soit ratifiée, que sottement, ce référendum ne soit pas gagné. Donc, oui au référendum. Mais soyons quand même extrêmement prudents sur les conditions dans lesquelles il s'organise, vu le contexte général actuel."
On ne le choisit pas, ça ?
- "On ne choisit pas. On peut peut-être trouver en tous les cas un moment où l'opinion aura retrouvé son calme, où les Français seront moins tendus comme ils le sont un petit peu actuellement."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 9 octobre 2003)
- "Parce que, comme on l'a vu encore l'an dernier, la question scolaire est une question qui agite toujours l'opinion. Tout le monde est concerné par l'école."
Oui mais là, on généralise beaucoup...
- "Ce que le Gouvernement a pensé, c'est qu'il fallait, comme il l'avait promis d'ailleurs lors de la campagne, qui a conduit à l'alternance politique, partir d'un diagnostic qui soit partagé par les Français ; qu'il fallait que, au fond, tout le monde soit d'accord sur ce qui va et ce qui ne va pas. De sorte de pouvoir proposer ensuite une loi qui fasse consensus, qui soit acceptée, et qui apparaîtra donc dans un an."
Il y a le débat dans le débat, il y a la violence à l'école, dont vous parlez ce matin dans Le Parisien, et puis il y a le problème de ce que l'on appelle pudiquement les "signes distinctifs religieux", essentiellement le port du voile. Vous dites timidement qu'il faudrait peut-être revenir à l'uniforme, c'est cela ?
- "Ce que je sais en tout cas, c'est que c'est un sujet récurrent et obsédant, et qui s'amplifie. [...] Il renvoie non seulement au problème de communautarisme, de conviction religieuse, avec toutes les tensions qu'on imagine. Mais il renvoie aussi à la manifestation de signes discriminants à l'intérieur de l'école. Or, l'école de la République, c'est un lieu qui veut que chaque individu soit accepté pour ce qu'il est et non pas pour les convictions qui l'habitent. Un professeur, un instituteur, ne devrait pas savoir, lorsque les élèves arrivent dans sa classe, quelles sont les convictions de cet élève. Je suis, non pas favorable à l'uniforme, mais je dis que c'est une question qui mérite d'être posée. C'est ainsi d'ailleurs, que beaucoup de pays ont répondu à cette difficulté, je le rappelle. C'est le cas au Canada, en Finlande, en Suisse, c'est le cas dans des départements et territoires d'outre-mer de la République française, où on a décidé, non pas de mettre un uniforme, mais d'obliger les jeunes à avoir des T-shirts de couleur, selon leur classe, en sorte qu'il ne soient pas, d'emblée, dans des tenues qui signalent leurs origines ou qui, au contraire d'ailleurs, d'emblée, installent une sorte d'agressivité. Il y a beaucoup de jeunes qui maintenant s'habillent avec des Rangers, des tenues qui, me semble-t-il, ne correspondent pas à l'esprit d'une classe, où tout le monde doit être respectueux d'autrui."
Vous parlez des "Rangers", il y a aussi le débat sur le string à l'école ? Faut-il l'interdire ?
- "Je crois qu'il est normal qu'on demande aux jeunes filles, surtout lorsqu'elles commencent à être désirables, de faire en sorte qu'elles ne provoquent personne. L'école n'est pas une boîte de nuit."
Pas de nombril à l'air ?
- "Je trouve qu'on pourrait s'en dispenser, en effet. Et que si l'on pouvait avoir des tenues à peu près convenables, ce ne serait pas plus mal. Mais je ne veux pas jouer les "Pères la pudeur" non plus. Je suis content quand je vois une jolie fille passer."
Sans jouer les "Pères la pudeur", ne faut-il pas établir un règlement une fois pour toutes, et pour tout le monde ?
- "Le règlement, sans doute. Ce qu'il faut rappeler c'est que l'école est un lieu où l'égalité n'est pas simplement un principe, c'est une réalité. Et jouer de son charme, jouer de sa force, jouer de sa conviction religieuse, manifester un signe discriminant au plan sexuel, comme l'est, au fond, le voile, c'est contrevenir à l'idéal républicain ; c'est contrevenir à ce que veut faire l'école qui est le creuset de la Nation ; c'est contrevenir au pacte républicain qu'incarne l'école. Donc je crois que tout ce qui va dans le sens d'une lutte contre ces manifestations physiques de ces différences, n'est pas inacceptable dans le cadre de la réflexion scolaire."
Pourtant, ne faut-il pas de loi comme on a l'air de le dire ?
- "Nous verrons ce que nous dira la commission Stasi. Nous avons beaucoup de gens de très grande qualité qui réfléchissent à cette question, qui auditionnent jusqu'à Noël. Pourquoi une loi, si on peut le faire par le règlement ? Ou tout simplement, en donnant des recommandations à nos établissements. Est-ce qu'une loi changera quelque chose en cas de conflit ? Ce n'est pas absolument certain."
Il y a un autre problème qui vous touche, qui sont les deux procès qui ont lieu ces jours-ci, qui mettent en cause des professeurs des écoles, parce que des enfants, dont ils avaient la responsabilité, sont morts dans des accidents. Pour l'une, on a demandé six mois avec sursis, pour l'autre, aucune peine...
- "Il faut voir au cas par cas. C'est un métier très difficile que celui de professeur et d'instituteur. Les élèves sont de plus en plus turbulents, ils sont de plus en plus rapides, on ne fait pas toujours attention à tout, l'accident peut toujours arriver. C'est une loi de la vie, dirais-je, quand on voit les statistiques. Nous avons quand même 13,5 millions d'élèves. Vous parlez de deux cas qui ont touché deux élèves, c'est deux de trop, bien sûr. Mais nous sommes dans des chiffres presque dérisoires par rapport à la masse des élèves concernés. Je pense avec beaucoup de sympathie aux professeurs, quoi qu'il en soit. Car, en l'occurrence, ils sont aussi victimes de leur métier ; peut-être un moment d'inattention, c'est possible, mais victimes de leur métier. Il faut laisser la justice passer. Mais il faut vraiment rappeler que les professeurs font un métier difficile, et il n'est pas convenable de les montrer du doigt."
Je change aussi de sujet puisque vous êtes un ministre en campagne, vous avez été désigné comme chef de file de l'UMP en Aquitaine.
- "Oui."
Vous êtes déjà en campagne...
- "Oui."
Vous avez cependant dit : "Si F. Bayrou veut prendre la tête de la liste de droite, je suis partant". Or, F. Bayrou ne semble pas se décider. Il se montre, ce matin, très critique et il critique notamment le chef de l'Etat, en mettant en cause le fait qu'il ne parle pas, il parle de "la gravité de la situation". Ce sera possible de vous entendre un jour ?
- "Nous sommes toujours dans les mêmes dispositions d'esprit, nous souhaitons l'union. Et nous avons dit à F. Bayrou, pour ce qui est de l'Aquitaine que, s'il souhaitait une liste d'union, il conduirait cette liste. Nous n'avons pas changé d'avis. Mais il va falloir tout de même que l'UDF choisisse. On ne peut pas, à la fois, se porter sans cesse en chef de l'opposition, quasiment, comme le fait actuellement F. Bayrou, qui est extrêmement critique à l'égard du chef de l'Etat ou de J.-P. Raffarin, un Premier ministre courageux, je crois, que personne ne discute, et en même temps dire que nous sommes amis. Si on veut être partenaires, il ne faut pas être dans le conflit permanent. Parlons clair. Est-ce que, F. Bayrou et ses amis, au moment du vote du budget, vont refuser de voter le budget. Vont-ils faire cause commune avec les socialistes et les communistes ? Si oui, qu'ils le disent. A ce moment-là, qu'ils choisissent leur camp. On ne peut pas continuellement être prétendument dans le camp de l'union, dans l'unité par rapport à l'action du Gouvernement, et quotidiennement lui porter des attaques, y compris des attaques quasi personnelles, contre le chef de l'Etat. Je crois que F. Bayrou exagère un peu, et je crois aussi que les électeurs et le personnel politique de l'UDF n'en demandent pas temps."'
Ne va-t-il pas profiter d'une période de mécontentement pour, on le voit en ce moment, "tirer ses billes", comme on dit ?
- "La politique, ce n'est pas l'art de profiter des situations, c'est l'art de corriger les mauvaises, et d'en corriger les bonnes."
J.-P. Raffarin, se dit plutôt favorable à un référendum sur la future Constitution européenne. Cela ne vous fait pas peur, vous, qui êtes élu d'une région qui a voté non au Traité de Maastricht ?
- "Je crois que l'affaire de la Constitution européenne, est une grande affaire, et que, en effet, a priori, il faudrait que les Français soient consultés. Je trouve pas cela anormal évidemment. Il faut toujours se méfier cependant, parce que le référendum, on ne répond pas seulement à la question qu'on vous pose ; on répond à celui qui la pose, dans un contexte particulier. Et il ne faudrait pas qu'un référendum sur l'Europe soit l'occasion d'exprimer d'autres mécontentements. Et qu'éventuellement d'ailleurs, sottement, alors qu'il est si important que la Constitution soit ratifiée, que sottement, ce référendum ne soit pas gagné. Donc, oui au référendum. Mais soyons quand même extrêmement prudents sur les conditions dans lesquelles il s'organise, vu le contexte général actuel."
On ne le choisit pas, ça ?
- "On ne choisit pas. On peut peut-être trouver en tous les cas un moment où l'opinion aura retrouvé son calme, où les Français seront moins tendus comme ils le sont un petit peu actuellement."
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 9 octobre 2003)