Discours de M. François Hollande, premier secrétaire du PS, sur la gestion du temps d'ici les élections présidentielles de 2007, en fonction de la situation internationale (les élections américaines, la guerre en Irak), de la reprise de la croissance, de la stratégie du parti pour une union de la gauche, du débat sur le traité constitutionnel de l'Europe, Paris le 10 octobre 2004.

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Circonstance : Rassemblement des premiers secrétaires fédéraux du parti socialiste à Paris le 10 octobre 2004

Texte intégral

Chers Camarades,
Je sais quel a été votre rôle dans nos victoires de 2004. Pas simplement, d'ailleurs, dans la conduite des campagnes que nous avons partagée avec les candidats et les chefs de file, mais dans la préparation des élections, c'est-à-dire dans l'élaboration de nos listes. Et pour avoir été moi-même premier secrétaire fédéral dans une élection millésimée 92, je sais ce que c'est que de préparer des listes pour des scrutins à la proportionnelle, même en cas de victoire espérée. Il y a toujours des choix difficiles, des arbitrages entre camarades et, en plus, il faut expliquer qu'il faut laisser des places à des partenaires qui, eux-mêmes, ne sont pas marqués par la discipline et le respect. C'est toujours vers le Premier secrétaire fédéral que l'on se tourne pour faire le choix ultime. Vos succès, cas ce sont vos succès, ont permis la victoire du Parti.
Nous sommes aujourd'hui confrontés à la question la plus difficile en politique, c'est-à-dire, la gestion du temps, du calendrier. Nous sommes finalement à un moment où, jusqu'en 2007, nous nous trouvons en face de nous-mêmes, avec les risques, les chances, mais avec les responsabilités. De 2002 à 2004, nous devions faire une double démonstration après l'échec terrible du 21 avril. La première était de savoir si notre défaite marquait une rupture durable ou pouvait être surmontée dès la première échéance. La seconde était de savoir si la droite au pouvoir avait été capable de trouver la confiance du pays ou, au contraire, n'avait été mise aux responsabilités que par un concours de circonstance ou, en tout cas, pas une adhésion.
Sur ces deux points, les scrutins du printemps dernier, c'est-à-dire les régionales et cantonales et les Européennes nous ont donné des réponses utiles. D'abord, la majorité n'a plus la majorité et tous les sondages dont nous disposons depuis les élections du printemps confirment l'impopularité profonde de l'Exécutif. Le premier fait important, c'est que la droite est au pouvoir mais n'a plus la confiance des Français. Ensuite, le Parti socialiste est la seule force crédible, possible, pour l'alternative. Aucune autre force, à gauche, ne peut y prétendre. Le Parti communiste, mieux vaut l'oublier ; les Verts, qui auraient pu être une concurrence pour le Parti socialiste dès ces élections -notamment régionales et surtout européennes- n'ont pas été capables de nous disputer le dynamisme à gauche ; l'extrême gauche, qui nous était présentée il y a encore un an comme une menace sérieuse a été discrédité dans les scrutins du printemps. Cela ne veut pour autant pas dire que rien ne peut nous menacer. La première menace d'ailleurs est l'extrême droite, dont il faut regarder les résultats, et l'autre est toujours et encore l'abstention qui a atteint un niveau très élevé aux élections européennes. Il n'empêche que nous avons ces deux acquis de la période 2002/2004.
Si bien que nous nous retrouvons aujourd'hui dans une situation politique inédite depuis près de 30 ans.
Il y a un pouvoir désavoué et une gauche réinvestie, mais il n'y a pas eu de traduction politique globale des élections du printemps et nous sommes sans capacité d'alternative avant 2007. Cela ne veut pas dire que nous n'ayons pas pris des positions de force -20 Régions, la moitié des Départements ; cela ne veut pas dire que nous n'avons pas été capables de faire reculer le pouvoir -cela a été le cas notamment sur les recalculés, les intermittents du spectacle et encore d'autres sujets ; mais il est clair que nous sommes devant un trouble politique : les Français ont voté, mais ils n'ont pas le sentiment que leur vote a été décisif. Il a été utile, mais il n'a pas été décisif.
Si bien que nous devons gérer le temps, 2004/2007, avec un espoir qu'il faut entretenir, un rapport de forces qu'il faut conforter et avec une influence à gauche qu'il faut renforcer.
Certes, il y a le référendum de l'année prochaine. Mais quelle que soit la réponse que nous donnerons -oui ou non-, quelle que soit la réponse que donneront les Français au référendum qui aura lieu, nous n'aurons pas une victoire pour nous seuls. Si on répond oui, on a bien compris que nous ne serons pas les seuls à le faire ; si on répond non, on ne sera pas non plus les seuls à le prétendre. Dans les deux cas, ce n'est pas une élection qui peut être mise en comparaison avec les scrutins de mars.
Dès lors, nous devons vivre pendant trois ans avec des aléas et une responsabilité qui nous appartient. En effet, comment tenir pendant trois ans et comment préparer au mieux les échéances qui viennent ? Nous devons appréhender tous les aléas, tous les impondérables et, en même temps, réduire les facteurs d'incertitude en affirmant, nous-mêmes, notre propre stratégie, notre propre comportement et notre propre projet.
Il y a ce qui relève de l'extérieur : trois aléas :
1/- La situation internationale :
L'élection américaine au mois de novembre : elle va avoir un effet considérable à la fois sur le plan des équilibres géostratégiques et aussi sur le plan idéologique. Si c'est Bush qui l'emporte, il y aura une confirmation d'un mouvement conservateur, pas simplement libéral, réactionnaire, qui ne touchera pas que les USA. Il y aura une tension avivée au plan international, une poursuite de la guerre en Irak et le projet de guerre de civilisations sera conduit pendant 4 ans, avec toutes les conséquences que cela peut avoir y compris sur nos mentalités en France et en Europe. Je considère que le 11 septembre 2001 a eu une influence sur le 21 avril 2002. Quand, dans un pays se porte un scrutin sur la question de l'insécurité, ce n'est pas simplement la seule insécurité que l'on peut vivre dans son quartier ; c'est une insécurité mondiale qui était, à un moment, posée. Et, il est clair que le fait politique principal était la question du terrorisme international ; les questions économiques et sociales étaient donc placées à un niveau secondaire. Nous sentons bien qu'en cas de victoire de Bush une pression conservatrice s'exercera et, dans une certaine mesure, une bataille idéologique sera à l'échelle mondiale. Si Kerry l'emporte -c'est notre souhait, il y aura un mouvement qui -sans être considérable- donnera au progrès, à l'idée de réforme un certain nombre d'atouts supplémentaires. Mais, il y aura une question qui est de savoir si nous sommes capables de nouer des relations avec le nouveau pouvoir américain. Où en sera l'Europe ? Et comment Chirac, lui-même, pourra utiliser la victoire de Kerry, considérant que cela peut être aussi la confirmation de sa propre stratégie ?
La guerre en Irak : va-t-elle être ou non poursuivie et quelles vont être ses conséquences sur le Proche-Orient ? Plus le terrorisme deviendra prégnant dans les consciences -et quelques fois hélas dans la réalité- plus la question de l'insécurité reviendra en force dans le débat public. C'est en ce sens que finalement Bush est un vrai danger. C'est un danger à l'échelle planétaire et c'est un danger à l'échelle idéologique, puisqu'il fait du clivage des civilisations le clivage principal.
2/- L'économie :
La croissance : elle est là et il ne servirait à rien de nier son retour. Elle n'est pas considérable, mais sans doute plus durable qu'il y paraît. Elle est là parce qu'il y a un dynamisme économique dans toute la zone Asie, Amérique latine, parce qu'il y a un cycle de croissance aux USA et parce que, ayant atteint une récession de quelques mois en France et en Europe, il y a une reprise technique. Néanmoins, la croissance reste molle et fragile à cause du désordre international -dont le prix du pétrole est un élément, parce que le pouvoir d'achat ne reprend pas et le facteur premier de la croissance -la demande, la consommation- est atteint. Mais, cette croissance ne crée pas d'emplois car elle est essentiellement fondée sur la recherche des gains de productivité. Nous avons donc, sans doute pour plusieurs mois, une situation paradoxale où le gouvernement va pouvoir s'enorgueillir d'une reprise de la croissance autour de 2 ou 2,5 et en même temps incapable de démontrer le reflux du chômage. A partir de 2006/2007, il y aura à nouveau baisse du chômage sous l'effet d'une part de la mesure qui a été prise dans le cadre de la réforme des retraites, c'est-à-dire le départ de ceux qui ont travaillé plus de 42 ans et qui n'ont pas atteint l'âge de 60 ans -il y aura à peu près 180 000 personnes qui vont être dégagées des chiffres de l'activité et d'autre part sous l'effet de la démographie ; nous sommes à un moment où il y a plus de départ en retraite que de jeunes qui arrivent sur le marché du travail. Par ce seul effet démographique, il est probable que le chômage baisse à partir de 2006. Il faut donc commencer à avoir un commentaire politique qui soit fondé non pas sur les chiffres du chômage, mais sur les chiffres de créations d'emplois car, elles seront faibles ou nulles ; il y a en effet une conjugaison d'une désindustrialisation réelle -dont les délocalisations ne sont qu'un élément secondaire- et des gains de productivités y compris dans les services. Ce qui fait que le volume des créations d'emplois est faible et celui des destructions plus élevé. Il faut que, dans notre langage politique, nous soyons essentiellement sur les créations ou les destructions.
Les conditions de vie : Sommes-nous dans une séquence où les conditions de vie vont s'améliorer ou se détériorer ? Pour moi, tout est réuni pour une détérioration des conditions de vie :
- Il y a une augmentation des prélèvements qui est certaine à partir du 1er janvier 2005 : sur la sécurité sociale, sur les impôts locaux, sur les fiscalités d'Etat pour réduire les déficits. Il va y avoir jusqu'en 2007 une montée des prélèvements et des impôts.
- Il y a la hausse du prix des carburants : le gouvernement n'en a pas pris l'exacte conscience et mesure. Mais, quand il y a une augmentation pratiquement de 10 centimes du prix de l'essence, il y a des conséquences considérables sur les professionnels et sur les ménages. Il n'y a pas de raison de penser -sauf retrait des forces américaines de l'Irak, sauf l'affaiblissement de la croissance en Asie- que le prix du pétrole ne va rester à un niveau élevé, voire même plus élevé qu'aujourd'hui. Il va y avoir donc, à partir de là, un prélèvement direct sur le pouvoir d'achat des ménages.
- Il va y avoir un retrait de la présence de l'Etat et des acteurs publics dans un grand nombre de fonctions collectives, c'est-à-dire pas simplement le service public postal. Le retrait de l'Etat va être organisé au fur et à mesure que les lois de décentralisation vont être mises en place. Les Français le vivront directement pour l'Education, mais aussi pour des services comme celui de l'électricité où la mise en concurrence va avoir des effets directs en termes de tarifs et de prix.
3/- La politique :
Regardons ce que peut être la situation jusqu'en 2007.
Première question : combien de temps va durer Jean-Pierre Raffarin ? La logique voudrait qu'il ait déjà disparu ; d'ailleurs, si le Président de la République avait été conséquent, dès lors qu'il y avait eu les élections électorales du printemps, Sarkozy à l'UMP, tout aurait dû être réglé à la rentrée. Le choix qui a été fait a été de garder Raffarin le plus longtemps possible et pour se prémunir une autre solution pour les 18 mois qui nous séparent de l'élection présidentielle. Finalement, Raffarin est une question totalement anecdotique aujourd'hui. La vraie question est de savoir si la droite est capable non pas de faire réélire Chirac mais si Sarkozy lui-même, une fois à l'UMP, peut être identifié comme une solution possible à l'intérieur de la droite. Est-ce que Sarkozy arrivera, sortant du gouvernement, à se crédibiliser comme une alternative à la droite ou sera assimilé à la droite. Si nous le laissons apparaître comme en différence de la droite, nous le mettons en situation de nous concurrencer directement. Ce que Bayrou n'a pas été capable de faire, faute de moyens politiques suffisants, Sarkozy peut le faire. Nous avons donc l'absolu devoir d'indifférencier Sarkozy du reste de la droite et de globaliser la droite, y compris l'UDF. Cette stratégie a parfaitement fonctionné pour les élections régionales et cantonales, y compris même par rapport à l'UDF dont on nous disait qu'elle pouvait être éventuellement une concurrence (elle ne l'a pas été). Il est donc très important pour nous d'unifier les droites.
Quant à l'extrême droite, chacun connaît le sort de la famille LE PEN ; quelles que soient les divisions qui sont profondes à l'intérieur de l'extrême droite. Le résultat de l'extrême droite est maintenant, pour une grande part, déconnecté de la personne qui la représente. C'est un socle électoral donc.
Deuxième question : la situation à gauche. Tout laisse penser que le Parti communiste va continuer à vivre son déclin ; pour une raison idéologique : il n'est pas en phase avec la société et il ne le sera plus ; pour une raison stratégique : dès lors que le PC ne dit plus qu'il veut venir au gouvernement avec nous -et il ne le dira pas avant 2007- il ne peut fournir aucune alternative à la nôtre ; pour une raison électorale : nous avons pu être, un moment, troublés par le résultat qu'a pu faire le PC aux élections régionales. Ce trouble n'est qu'apparent car il n'a fait ce résultat que là où il était encore fort et présent. Le PC n'en a pas terminé avec son déclin et cela s'est confirmé lors des élections européennes où il a fait moins que Robert HUE en 1999, alors qu'il participait au gouvernement. Donc, tout devrait nous conduire à abandonner ce partenaire, puisqu'il n'est plus que résiduel. Je vous mets en garde : il n'y a plus d'électorat communiste, mais il y a un électorat imprégné de la culture communiste. Il faut donc s'adresser en permanence à cet électorat, mais pas au PC. La seule façon de capter cet électorat est de tenir, toujours, un discours d'union. Non pas un discours d'union avec le Parti communiste -la culture communiste fait que l'on se méfie même du Parti communiste, mais de tenir un discours d'union de la gauche. C'est notre responsabilité pour les trois ans qui viennent : continuer à marquer le rassemblement de la gauche, pas simplement pour les élections, mais pour gouverner. C'est la grande leçon des scrutins de mars et de juin derniers. Les Français ne veulent pas que la gauche gagne. Les Français veulent que la gauche gagne pour gouverner et pas simplement pour battre la droite. C'est là que le Parti communiste est prisonnier de sa propre stratégie, et c'est là que nous pouvons encore augmenter notre influence.
Sur les Verts : Il va y avoir un congrès des Verts qui va sûrement contribuer, paradoxalement, à les rendre plus cohérents autour d'une direction plus forte qu'aujourd'hui et avec une volonté d'union plus affichée avec nous. Avec les Verts, l'union n'est pas seulement un combat. L'union est un rapt. Le but des Verts n'est pas simplement de nous disputer un électorat captif, c'est de nous prendre notre propre électorat. Quand les Verts vont reconstituer leur cohérence, quand ils vont afficher de bonne foi une volonté d'union avec nous, ils vont retrouver une capacité d'attraction beaucoup plus forte qu'aujourd'hui et dont nous serions la cible. C'est l'électorat qui pourrait venir vers nous qui pourrait être attiré par les Verts. Là aussi, il faudra en appeler vis-à-vis d'eux à une stratégie de rassemblement.
Quant à l'extrême gauche, elle va sans doute réorienter son discours. Puisqu'elle a perdu sa crédibilité dans les élections de mars, elle va faire comme si elle voulait de nouveau retrouver une unité avec nous. Si nous tombons dans ce piège, nous la réinstallons. Car ce n'est pas parce que la LCR va se séparer de Lutte ouvrière qu'elle va pour autant appeler à voter pour nous à l'élection présidentielle ou aux élections législatives. Le Parti socialiste ne doit pas se lancer dans des initiatives communes avec l'extrême gauche, sur quelque sujet que ce soit. C'est à elle de venir sur nos propres initiatives et jamais à nous, grande force politique, de redonner crédit et légitimité à l'extrême gauche.
L'EUROPE
Nous avons d'abord à organiser notre débat sur le traité constitutionnel. C'est un débat que nous devons reconnaître comme nécessaire. Si nous avons peur de ce débat, nous donnerons une image d'un parti qui non seulement est divisé mais aussi incertain sur sa procédure. Nous avons fait le choix du débat, indispensable dès lors que plusieurs positions s'expriment, qu'il y avait un engagement de congrès et que l'on nous le rappelait à de nombreuses reprises. Dès lors que nous avons fait ce choix, il faut l'assumer pleinement pour faire vivre le débat, être respectueux de chacun, des textes, de la procédure que nous avons définie et de montrer, y compris vers l'extérieur, que nous sommes le seul parti qui assume sa fonction démocratique.
Nous pouvons, de là, redonner leurs lettres républicaines aux partis politiques. Si un parti politique n'est là que pour désigner ses candidats et préparer un projet politique sans véritablement associer ses adhérents, nous ne serons pas en situation de répondre à l'ampleur de la crise civique. Si, en revanche, nous montrons que nous sommes capables de délibérer entre nous et de faire des choix responsables et crédibles, nous en tirerons un avantage considérable.
Quelle que soit la réponse que nous apporterons, c'est nous qui déciderons du référendum. C'est de nous que dépendra le cours des choses ; cela nous met en situation de responsabilité et d'assumer notre capacité de première force du pays.
Il ne faudrait pas croire que ce débat occulte toute l'activité du parti socialiste. C'est pourquoi, nous avons les uns les autres à mener le combat contre la droite. Nous devons absolument mettre en évidence la capacité du PS à être une alternative sur quatre sujets :
Sur le budget, notamment sur la question fiscale. Il va y avoir un amendement sur l'actualisation du barème de l'impôt sur la fortune. Si nous ne nous saisissons pas de cette question provocatrice pour en faire un élément de confrontation avec la droite, nous ne serons pas au rendez-vous.
Sur l'emploi : il y a une augmentation de la précarité, il y a des remises en cause de certaines dispositions que nous avions nous-mêmes mis en place. Il faut se saisir de la question de l'emploi et de l'industrialisation du pays. Nous devons porter dans les régions et les départements un projet industriel.
Sur le service public : nous le défendons de manière globale, même si sur les bureaux de poste nous avons lancé une campagne.
Sur les impôts locaux : c'est une question très importante parce que, si la droite arrive à s'exonérer de ses responsabilités et à imputer à la gauche la responsabilité de l'augmentation des impôts locaux, nous aurons perdu la partie. Si, au contraire, devant augmenter les impôts locaux, nous arrivons à démontrer que c'est la conséquence des choix gouvernementaux, alors c'est l'impôt Raffarin qui pourra être compris par les Français comme venant vraiment de lui.
Devoir de débat, de mobilisation, de réflexion.
LE PROJET
Vous avez mis en place, normalement, les commissions fédérales du projet ; il faut que nous commencions à faire l'état des lieux ; il va falloir que nous commencions à rencontrer les syndicats et les forces vives. Et pour l'avoir fait avec la direction du parti au niveau national, je peux vous dire que les syndicats sont extrêmement demandeurs du dialogue avec nous. Ils le sont d'autant plus qu'ils ont énormément de mal à faire vivre les mobilisations aujourd'hui. Et, comme ils vivent une crise syndicale profonde à travers la concurrence entre la CFDT et la CGT, ils ont besoin d'une reconnaissance du politique.
LA PRÉPARATION DES ÉLECTIONS
Les élections partielles vont devenir, en définitive, les seuls éléments de vérification de notre influence et de notre rapport de forces. Faut-il faire de toutes ces élections partielles des événements politiques. Chaque fois qu'il y a une élection partielle, il faut nous en prévenir suffisamment tôt, il faut qu'on alerte les organes de presse, il faut qu'il y ait des déplacements, car nous devons en faire, à chaque fois, des éléments de confrontation avec la droite.
Sur le calendrier :
L'élection présidentielle : c'est pour 2006, après notre projet
Législatives : au moment où je parle nous devons investir des candidats dans toutes les circonscriptions. Nous le ferons en 2006. Il n'y aurait de dérogation à cette règle que si nous avions un accord de gouvernement avec le PC et avec les Verts qui justifierait de laisser des circonscriptions. S'il n'y a pas d'accord de gouvernement, il n'y aura pas d'accord électoral de premier tour. C'est la règle et c'est la seule façon, d'ailleurs, d'arriver à un accord de gouvernement. C'est la seule façon, s'il n'y a pas d'accord de gouvernement, à être majoritaires tous seuls, après une élection présidentielle. C'est sur cette règle et sur cette stratégie que nous travaillons.
S'il doit y avoir redécoupage, et il y aura redécoupage, nous demanderons qu'il y ait une part de proportionnelle, mais il n'y en aura pas. S'il y a redécoupage, cela ne change en rien la stratégie que je viens d'émettre. Sauf que : puisque nous aurons nous-mêmes à faire nos choix des socialistes, nous avons deux responsabilités : la parité et la représentation de toute la société. Ce sera plus facile qu'en 2002, mais un peu moins facile qu'en 1997. Pourquoi ? Parce que nous avons moins de sortant qu'en 2002 mais plus qu'en 1997 et nous avons, normalement, à travers les circonscriptions à regagner, matière à pouvoir remplir les objectifs.
Elections locales : ce n'est pas parce que la droite va renvoyer à 2008 -sans doute- les élections municipales, qu'il ne faut pas garder nous-mêmes notre propre calendrier. Je ne crois pas qu'il sera possible, après les élections de 2007, d'improviser des candidatures. Je ne voudrais pas qu'il y ait une remise en cause de telle ou telle possible désignation à travers des victoires aux élections législatives. Si l'on veut limiter le cumul des mandats, il est donc plus judicieux de faire nos désignations avant les élections de 2007
CONCLUSION
Une nouvelle fois, le rôle du parti va être essentiel, c'est-à-dire votre rôle. Nous avons gagné les élections régionales, cantonales et européennes. Il y a un premier impératif, c'est que nous travaillions étroitement avec nos élus. Cela ne servirait à rien d'avoir un parti d'un côté et des élus de l'autre. Tout doit se faire en coordination, en harmonie, en cohérence. Et c'est le rôle du premier secrétaire fédéral que d'assurer cette solidarité.
Le parti doit travailler avec ses élus, mais ne doit pas se confondre avec eux. Si le sentiment s'installe que le parti socialiste est devenu les conseils régionaux et généraux, alors il n'y aura pas de vie militante réelle.
Le rôle du Premier secrétaire national, celui des premiers secrétaires fédéraux issus du vote des militants, est de faire vivre pleinement le parti ; C'est-à-dire de prendre des initiatives, de nourrir le débat et de contribuer à la réflexion collective. Ne pensez pas que nous vivons par étapes successives. Il faut bien sûr franchir toutes les haies pour arriver sur la ligne d'arrivée en bonne forme, mais il faut avoir l'idée de ce que l'on veut faire en 2007 si l'on veut être capables de franchir toutes les étapes. Ce que je souhaite, c'est que nous n'en rations aucune.

(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 18 octobre 2004)