Texte intégral
Aujourd'hui, ici à Nice, ensemble, nous lançons la campagne référendaire pour le
Quinquennat.
Ensemble nous allons mener cette campagne, première d'une série qui, de municipales, en cantonales et en législatives nous conduira jusqu'à l'électionprésidentielle derrière Jacques Chirac, avec Jacques Chirac.
Rien ne nous sera donné. Rien ne nous sera passé. Les combats seront durs. Les victoires il nous faudra aller les chercher. Il faudra les remporter une à une, à commencer par celle du référendum du 24 septembre. C'est pour cela aussi qu'ils seront passionnants.
Le premier de nos combats sera celui contre l'indifférence et le rejet de la politique.
Notre second combat sera celui pour le renouvellement de la démocratie.
Notre bataille immédiate est celle du quinquennat.
I - Nous avons d'abord à lutter contre l'indifférence et le rejet du politique.
Les Français ne croient plus les hommes politiques. Les Français n'aiment plus la politique.
- Résultats ? L'abstention ou plus significatifs encore les votes nuls, corporatistes, folkloriques, voire extrémistes.
Pour le prochain référendum, dont 85 % d'entre eux approuvent le texte, seuls 40 % des Français aujourd'hui envisagent de prendre ½ h pour aller voter.
- Résultats encore : les débats, les idées, les enjeux politiques ne retiennent plus leur attention.
Journaux, chaînes de télévision et de radios en tirent la conséquence. Ils réduisent d'autant la place réservée à l'information politique, relèguent en page intérieure ou à des heures avancées les articles et émissions qui en traitent.
Moins les Français s'intéressent à la politique, moins les médias en traitent. Moins les médias informent sur la politique, moins les Français s'y intéressent.
- Autre résultat tangible de ce rejet : les jeunes ont envie de s'engager, de donner leur force, leur imagination, leur enthousiasme à de multiples causes, sauf à la politique.
Vous êtes des exceptions. Vous êtes exceptionnels.
Mais que devient un pays quand sa jeunesse dans son ensemble ne s'intéresse pas à lui, à son destin commun, à son devenir collectif ?
Il court de grands risques, plus encore sans doute aujourd'hui qu'hier.
Les risques ? L'un d'entre eux a existé de tout temps. C'est celui de "l'homme providentiel", aventurier du pouvoir, ou aventurier tout court qui, profitant de l'abstention et de l'indifférence, jouant sur les effets de mode et sur les paillettes, utilisant la mobilisation de quelques-uns, récupère dans les urnes délaissées les restes d'une légitimité dont il habille sa seule soif de pouvoir.
L'histoire en porte les traces. Notre passé récent nous a fait frôler de semblables situations. La démocratie n'est jamais garantie. La démocratie n'est assurée que si l'on se bat pour elle, au quotidien.
Plus banalement combien de fois avons-nous perdu qui une mairie, qui une circonscription, parce quelques électeurs, parfois proches de nous, ne se sont pas déplacés ?
Et ce sont les mêmes qui, le lundi matin, se lamentent de la victoire des adversaires de leurs idées.
Hors de cette extrémité, plus insidieux, mais quotidiennement réel, l'indifférence des citoyens conduit au risque de la prééminence de la gestion technocratique sur la décision politique.
Lorsque le politique perd ses repères, lorsque l'électeur ne vient plus clairement légitimer par son vote l'action et les décisions de l'élu, c'est l'expertise qui devient légitime et qui impose sa volonté. Cette dérive est dangereuse pour tous. L'expert scientifique, technique, financier, a pour lui sa compétence. Mais sa logique ne va pas toujours dans le sens de l'intérêt de l'homme, alors que le but de la finalité suprême de la politique, c'est l'Homme, son épanouissement, son bonheur..
Nous en voyons bien les conséquences et c'est le risque le plus nouveau, mais pas le moins grave, de l'indifférence politique, dans certains effets de la mondialisation. Si les politiques baissent les bras devant les excès de la mondialisation, les hommes et les femmes seront écrasés. Les logiques financières et économiques les ignorent, ferment les entreprises, suppriment les emplois, bouleversent les vies au seul motif d'une rentabilité découverte meilleure à quelques centaines ou à plusieurs milliers de kilomètres.
Seul le politique a le pouvoir et le devoir d'introduire une éthique humaniste dans la logique mondialiste.
Si la politique disparaît derrière l'expertise et les exigences économiques et financières, nous aurons collectivement perdu notre pari, nous aurons collectivement notre raison d'être :. permettre à chacune et à chacun d'être plus libre, plus responsable, plus heureux.
Oui, il est temps de réagir ! Oui, il est grand temps d'inverser ce mouvement de la décadence de la politique et du politique. Oui, il est urgent que nous tous, élus, militants du RPR mais aussi médias, qui partageons la conviction que sans politique il n'y a pas de démocratie, nous agissions, chacun dans notre domaine, pour réintéresser les Français à la vie publique.
Pour nous RPR, dans la tradition gaulliste, notre second combat est celui du renouvellement de la démocratie.
II - Comment renouveler la démocratie ?
Quand on est perdu, il faut retourner aux sources, La règle fondamentale de la démocratie c'est celle de la décision par la majorité. Où en sommes-nous aujourd'hui ? A l'inverse !
Depuis un certain temps et surtout ces derniers mois on a l'impression que pour se faire écouter du gouvernement, il faut appartenir à une minorité, si possible violente.
En Corse, le gouvernement Jospin cède aux surenchères de nationalistes qui à chaque concession ou compromission demandent encore plus dans le sens de l'indépendance. La majorité des Corses ne veut pas du corse obligatoire à l'école. Peu importe ! Si les représentants des terroristes le demandent, le gouvernement le leur accorde. Les Corses ne veulent pas d'une délégation du pouvoir législatif à l'Assemblée territoriale ? Tant pis pour eux. Les nationalistes et quelques élus le réclament, on le leur donne. Les Corses veulent majoritairement garder leurs deux départements ? Le gouvernement n'en tient pas compte dès lors que quelques-uns, pour soigner leur égo, ou mieux préparer l'indépendance de l'Ile, le souhaitent.
C'est d'ailleurs dans tous les dossiers que l'on voit des minorités agissantes imposer leurs vues.
Chaque fois le gouvernement cède devant la violence ou devant les chantages syndicaux ou les menaces électoralistes.
La politique est ballottée au gré de ces minorités dont Lionel Jospin espère capter les voix pour l'élection présidentielle.
Des réformes essentielles pour mettre notre pays à niveau, pour simplifier la vie des Français, pour alléger le poids de l'Etat sont différées pour ne pas mécontenter quelques-uns qui risqueraient de ne pas soutenir l'ambition électorale du Premier ministre.
Réforme de l'Education, réforme du Ministère des Finances, réforme des retraites, réforme de la fiscalité sont successivement enterrées. Quand on cherche la mise en uvre des projets de réformes de Jospin, on se trouve face à un vrai cimetière ! avec une épitaphe générale : " avant l'intérêt général, mon intérêt électoral "
Lorsque les mesures sont prises comme en matière fiscale celles annoncées par Laurent Fabius, on cherche en vain une ligne directrice qui préparerait le pays à la compétition internationale ou qui rendrait aux français le juste retour de leurs efforts. Alors que jamais un gouvernement n'a bénéficié de rentrées financières aussi considérables, que jamais un gouvernement n'a profité d'une conjoncture économique aussi dynamique, notre pays continu d'être la lanterne rouge européenne pour le poids de la fiscalité pesant sur les classes moyennes et les plus modestes et les entreprises.
Depuis 1995 le gouvernement a prélevé 400 milliards dans la poche des Français. Les caisses sont plus que pleines. On leur en rend chichement 120. C'est comme si après vous avoir piqué 100 francs, on vous en rendait 28, et en vous demandant de dire merci.
Où sont les promesses des socialistes de baisser la TVA sur la restauration ?
Où est la récompense des français qui ont su répondre aux besoins du pays aux moments difficiles ?
Oui il est temps de revenir aux fondamentaux de la démocratie.
Oui il est temps de rendre la parole à la majorité des Français, sur tous les sujets.
La majorité des Français veut que cesse la violence en Corse, pas que l'on reçoive, sous les ors de la République, ceux qui contestent les principes démocratiques.
Elle veut vivre en sécurité, pas que l'on traite mieux le délinquant que sa victime qui se défend.
Elle veut que les efforts soient récompensés, elle veut que ses valeurs familiales soient reconnues.
Elle veut que la nation soit unie, que les Français soient réconciliés, pas qu'on les oppose les uns aux autres.
Elle veut que les politiques écoutent la voix du plus grand nombre et défendent l'intérêt général.
- La légitimité de l'élu vient du suffrage universel. Sa légitimité morale est issue de son engagement au service de l'intérêt général et de ses idées.
- Oui, à vous qui commencez dans le militantisme, je vous le dis, l'engagement politique est d'abord une exigence, une exigence au service d'un idéal.
Vous serez fiers de faire de la politique parce que vous servirez. Vous servirez vos idées.
Vous servirez les autres.
Vous servirez la France !
Porter les valeurs gaullistes, c'est un honneur, c'est une exigence de dépassement des égoïsmes, un appel à bannir les calculs médiocres ; c'est une volonté tendue vers la réconciliation des Français autour d'un destin commun où chacun se reconnaît et s'épanouit.
Renouveler la démocratie c'est la rendre présente pour chacun. Cela veut dire que chaque citoyen doit régulièrement être associé aux décisions qui le concernent en tant que membre de la Nation.
Au niveau de formation et d'information des Français aujourd'hui, la seule démocratie vivante est la démocratie participative, celle où chacun s'exprime sur une question claire, sur un projet concret et ambitieux.
Comment justifier le refus de laisser les citoyens s'exprimer librement et majoritairement leur opinion?
De quoi a-t-on peur ? Pourquoi vouloir encadrer toujours plus strictement leur volonté ?
Cette méfiance est bien socialiste. Le gouvernement multiplie dans tous les domaines les réglementations. Lorsque les partenaires sociaux s'accordent sur les 35 heures ou sur la nécessité de refonder les relations sociales, il dénie leur liberté en instaurant une 2 ème loi sur les 35 heures ou en rejetant les accords actés.
Lorsqu'il s'agit de réformer la Constitution votée par référendum sur un élément de l'élection du Président de la République au suffrage universel, elle-même votée par référendum, que préconise M. HOLLANDE, sur commande de toute évidence ? Le Congrès, pas le referendum ! Comme si donner la parole directement aux citoyens était une incongruité !
Nous, au RPR, nous avons voulu que la parole soit donnée aux Français. Nous avons souhaité immédiatement un référendum.
Et nous applaudissons Jacques Chirac d'avoir choisi cette voie. Et nous serons et nous sommes les plus dynamiques dans cette campagne. Oui, dans ce siècle qui s'ouvre, la démocratie sera participative ou elle sera menacée.
Ce défi commence aujourd'hui avec cette campagne référendaire.
Notre bataille immédiate c'est celle du quinquennat. Elle ne sera pas facile, non que les Français soient opposés au passage de 7 à 5 ans de la durée du mandat présidentiel, mais parce qu'ils ne sont pas décidés à aller voter.
Quand dans le monde des gens meurent pour avoir le droit de s'exprimer, comment leur expliquer que les citoyens du pays qui est à leurs yeux le modèle de la liberté, boudent les urnes ?
Quand vous ferez tout pour convaincre autour de vous d'aller voter, vous penserez à eux.
Ce referendum, il a une double signification. La première est son contenu : la réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans. Elle ne modifie pas l'équilibre de nos institutions, contrairement à ce que certains voudraient faire croire. Elle ne touche ni à la nomination du Premier ministre par le Président, ni à la répartition des pouvoirs, ni au droit de dissolution, ni à la motion de censure. Elle ne touche à aucune des clefs de voûte de nos institutions ! Elle permet de rapprocher dans le temps le programme présidentiel, élément fondateur de la politique pendant la durée du mandat, de l'évolution de la société et de l'économie.
Elle est donc source d'une légitimité plus forte, parce que plus actuelle, du Président. Elle limite logiquement les risques de cohabitation. La réalité du pouvoir c'est son contenu, c'est la force de conviction d'une majorité, c'est l'autorité de la personne qui l'exerce bien plus que sa durée.
Ces idées ont été développées avec talent par nos orateurs de la matinée : Adrien Gouteyron, François Fillon, Nicolas Sarkozy.
Je n'insisterai donc pas.
En revanche, je voudrais insister sur la seconde signification du référendum et de la réforme du quinquennat. Il s'agit fondamentalement de donner plus souvent la parole aux Français, de les faire participer - au sens fort du terme - aux décisions les concernant, au choix d'un destin commun.
C'est pour cela que le referendum doit devenir une pratique normale dans la démocratie. C'est notre conception de la dignité du citoyen.
C'est Jacques Chirac qui a élargi les sujets qui peuvent être soumis à cette consultation. C'est lui qui, aujourd'hui, sur une question claire, sans ambiguïté, sans enjeu plébiscitaire, leur donne le pouvoir de s'exprimer.
C'est, s'ils le veulent, le point de départ d'un nouveau rapport entre les citoyens et la politique.
Les socialistes ne savent qu'opposer les catégories de Français les unes aux autres. Tous leurs discours le clament : les intérêts des actifs opposeraient les ruraux aux urbains, ceux des salariés les opposeraient aux chefs d'entreprises : relent de lutte des classes ou du vieux principe diviser pour régner.
Pour nous la Nation doit être unie. Chacun y joue son rôle, y voit son identité reconnue mais se sent aussi solidaire de tous les autres.
De là découle une méthode nouvelle d'exercice de la Démocratie où chacun est reconnu, où chacun participe à la définition du destin commun.
A travers la campagne que vous mènerez pour le referendum ; celle que vous mènerez pour faire signer la pétition pour la Corse dans la République, à travers les campagnes que vous mènerez pour les municipales, les cantonales et les législatives, c'est ce message que vous porterez.
Et ce ne sera pas seulement un message théorique. Si l'on veut que les Français nous croient, il faut montrer que l'on s'applique à nous-mêmes ce que l'on dit. La Démocratie c'est la participation aux choix, aux décisions.
La conséquence immédiate je la tire pour vous, pour votre organisation, pour votre place dans le Mouvement, dans la préparation de notre projet pour 2002.
Beaucoup a été fait pour la démocratisation de notre fonctionnement par Alain Juppé, Philippe Séguin , Nicolas Sarkozy. J'ai décidé que les jeunes, tous les jeunes RPR, devraient plus encore être partie prenante. Désormais la nomination du Délégué Départemental à la Jeunesse, à l'instar du Secrétaire Départemental sera soumise à ratification de tous les jeunes du département. Pour que vous participiez plus et mieux à l'élaboration de notre projet, dix commissions nationales sur tous les sujets et pas seulement les questions de jeunesse seront instituées avec des relais départementaux. Je refuse de cantonner l'avis des jeunes. Nous avons besoin de savoir ce que vous pensez sur tous les sujets : la défense nationale autant que l'éducation, la bioéthique autant que le sport, l'environnement autant que les institutions.
J'entends aussi que les Comités départementaux vous soient plus ouverts. Je veux que notre projet de 5000 jeunes dans la compétition municipale soit réalisé.
Oui nous aurons besoin de vos avis et de vos actions à tous niveaux.
Si l'on veut que les Français nous croient, il faut aussi dire clairement quelle est notre
ambition pour notre pays et pour chacune et chacun de nos concitoyens.
Nos Délégués Généraux, Secrétaires Nationaux, Délégués Nationaux et nos Parlementaires ont engagé ce travail de réflexion. Nous nous sommes rapprochés avec nos partenaires de l'opposition dans les conventions de l'alternance pour avancer sur de nombreux sujets qui inquiètent les Français.
Désormais, les choses vont s'accélérer. Il faut à la fois élargir et approfondir notre réflexion pour formuler des propositions. Vous y avez participé avec nos Universités. J'ai apprécié hier et aujourd'hui dans les forum la hauteur de vue de vos analyses. Il faut continuer.
Ces Universités ne sont pas simplement une parenthèse sympathique de vie militante.
Elles sont le point de départ des combats futurs pour la reconquête.
Elles sont le point de départ des victoires futures. La victoire de nos idées, la victoire de nos candidats, la victoire des Français, la victoire de Jacques Chirac, pour la Démocratie, pour la République, pour la France.
(Source http://www.rpr.fr, le 01 septembre 2000).
Quinquennat.
Ensemble nous allons mener cette campagne, première d'une série qui, de municipales, en cantonales et en législatives nous conduira jusqu'à l'électionprésidentielle derrière Jacques Chirac, avec Jacques Chirac.
Rien ne nous sera donné. Rien ne nous sera passé. Les combats seront durs. Les victoires il nous faudra aller les chercher. Il faudra les remporter une à une, à commencer par celle du référendum du 24 septembre. C'est pour cela aussi qu'ils seront passionnants.
Le premier de nos combats sera celui contre l'indifférence et le rejet de la politique.
Notre second combat sera celui pour le renouvellement de la démocratie.
Notre bataille immédiate est celle du quinquennat.
I - Nous avons d'abord à lutter contre l'indifférence et le rejet du politique.
Les Français ne croient plus les hommes politiques. Les Français n'aiment plus la politique.
- Résultats ? L'abstention ou plus significatifs encore les votes nuls, corporatistes, folkloriques, voire extrémistes.
Pour le prochain référendum, dont 85 % d'entre eux approuvent le texte, seuls 40 % des Français aujourd'hui envisagent de prendre ½ h pour aller voter.
- Résultats encore : les débats, les idées, les enjeux politiques ne retiennent plus leur attention.
Journaux, chaînes de télévision et de radios en tirent la conséquence. Ils réduisent d'autant la place réservée à l'information politique, relèguent en page intérieure ou à des heures avancées les articles et émissions qui en traitent.
Moins les Français s'intéressent à la politique, moins les médias en traitent. Moins les médias informent sur la politique, moins les Français s'y intéressent.
- Autre résultat tangible de ce rejet : les jeunes ont envie de s'engager, de donner leur force, leur imagination, leur enthousiasme à de multiples causes, sauf à la politique.
Vous êtes des exceptions. Vous êtes exceptionnels.
Mais que devient un pays quand sa jeunesse dans son ensemble ne s'intéresse pas à lui, à son destin commun, à son devenir collectif ?
Il court de grands risques, plus encore sans doute aujourd'hui qu'hier.
Les risques ? L'un d'entre eux a existé de tout temps. C'est celui de "l'homme providentiel", aventurier du pouvoir, ou aventurier tout court qui, profitant de l'abstention et de l'indifférence, jouant sur les effets de mode et sur les paillettes, utilisant la mobilisation de quelques-uns, récupère dans les urnes délaissées les restes d'une légitimité dont il habille sa seule soif de pouvoir.
L'histoire en porte les traces. Notre passé récent nous a fait frôler de semblables situations. La démocratie n'est jamais garantie. La démocratie n'est assurée que si l'on se bat pour elle, au quotidien.
Plus banalement combien de fois avons-nous perdu qui une mairie, qui une circonscription, parce quelques électeurs, parfois proches de nous, ne se sont pas déplacés ?
Et ce sont les mêmes qui, le lundi matin, se lamentent de la victoire des adversaires de leurs idées.
Hors de cette extrémité, plus insidieux, mais quotidiennement réel, l'indifférence des citoyens conduit au risque de la prééminence de la gestion technocratique sur la décision politique.
Lorsque le politique perd ses repères, lorsque l'électeur ne vient plus clairement légitimer par son vote l'action et les décisions de l'élu, c'est l'expertise qui devient légitime et qui impose sa volonté. Cette dérive est dangereuse pour tous. L'expert scientifique, technique, financier, a pour lui sa compétence. Mais sa logique ne va pas toujours dans le sens de l'intérêt de l'homme, alors que le but de la finalité suprême de la politique, c'est l'Homme, son épanouissement, son bonheur..
Nous en voyons bien les conséquences et c'est le risque le plus nouveau, mais pas le moins grave, de l'indifférence politique, dans certains effets de la mondialisation. Si les politiques baissent les bras devant les excès de la mondialisation, les hommes et les femmes seront écrasés. Les logiques financières et économiques les ignorent, ferment les entreprises, suppriment les emplois, bouleversent les vies au seul motif d'une rentabilité découverte meilleure à quelques centaines ou à plusieurs milliers de kilomètres.
Seul le politique a le pouvoir et le devoir d'introduire une éthique humaniste dans la logique mondialiste.
Si la politique disparaît derrière l'expertise et les exigences économiques et financières, nous aurons collectivement perdu notre pari, nous aurons collectivement notre raison d'être :. permettre à chacune et à chacun d'être plus libre, plus responsable, plus heureux.
Oui, il est temps de réagir ! Oui, il est grand temps d'inverser ce mouvement de la décadence de la politique et du politique. Oui, il est urgent que nous tous, élus, militants du RPR mais aussi médias, qui partageons la conviction que sans politique il n'y a pas de démocratie, nous agissions, chacun dans notre domaine, pour réintéresser les Français à la vie publique.
Pour nous RPR, dans la tradition gaulliste, notre second combat est celui du renouvellement de la démocratie.
II - Comment renouveler la démocratie ?
Quand on est perdu, il faut retourner aux sources, La règle fondamentale de la démocratie c'est celle de la décision par la majorité. Où en sommes-nous aujourd'hui ? A l'inverse !
Depuis un certain temps et surtout ces derniers mois on a l'impression que pour se faire écouter du gouvernement, il faut appartenir à une minorité, si possible violente.
En Corse, le gouvernement Jospin cède aux surenchères de nationalistes qui à chaque concession ou compromission demandent encore plus dans le sens de l'indépendance. La majorité des Corses ne veut pas du corse obligatoire à l'école. Peu importe ! Si les représentants des terroristes le demandent, le gouvernement le leur accorde. Les Corses ne veulent pas d'une délégation du pouvoir législatif à l'Assemblée territoriale ? Tant pis pour eux. Les nationalistes et quelques élus le réclament, on le leur donne. Les Corses veulent majoritairement garder leurs deux départements ? Le gouvernement n'en tient pas compte dès lors que quelques-uns, pour soigner leur égo, ou mieux préparer l'indépendance de l'Ile, le souhaitent.
C'est d'ailleurs dans tous les dossiers que l'on voit des minorités agissantes imposer leurs vues.
Chaque fois le gouvernement cède devant la violence ou devant les chantages syndicaux ou les menaces électoralistes.
La politique est ballottée au gré de ces minorités dont Lionel Jospin espère capter les voix pour l'élection présidentielle.
Des réformes essentielles pour mettre notre pays à niveau, pour simplifier la vie des Français, pour alléger le poids de l'Etat sont différées pour ne pas mécontenter quelques-uns qui risqueraient de ne pas soutenir l'ambition électorale du Premier ministre.
Réforme de l'Education, réforme du Ministère des Finances, réforme des retraites, réforme de la fiscalité sont successivement enterrées. Quand on cherche la mise en uvre des projets de réformes de Jospin, on se trouve face à un vrai cimetière ! avec une épitaphe générale : " avant l'intérêt général, mon intérêt électoral "
Lorsque les mesures sont prises comme en matière fiscale celles annoncées par Laurent Fabius, on cherche en vain une ligne directrice qui préparerait le pays à la compétition internationale ou qui rendrait aux français le juste retour de leurs efforts. Alors que jamais un gouvernement n'a bénéficié de rentrées financières aussi considérables, que jamais un gouvernement n'a profité d'une conjoncture économique aussi dynamique, notre pays continu d'être la lanterne rouge européenne pour le poids de la fiscalité pesant sur les classes moyennes et les plus modestes et les entreprises.
Depuis 1995 le gouvernement a prélevé 400 milliards dans la poche des Français. Les caisses sont plus que pleines. On leur en rend chichement 120. C'est comme si après vous avoir piqué 100 francs, on vous en rendait 28, et en vous demandant de dire merci.
Où sont les promesses des socialistes de baisser la TVA sur la restauration ?
Où est la récompense des français qui ont su répondre aux besoins du pays aux moments difficiles ?
Oui il est temps de revenir aux fondamentaux de la démocratie.
Oui il est temps de rendre la parole à la majorité des Français, sur tous les sujets.
La majorité des Français veut que cesse la violence en Corse, pas que l'on reçoive, sous les ors de la République, ceux qui contestent les principes démocratiques.
Elle veut vivre en sécurité, pas que l'on traite mieux le délinquant que sa victime qui se défend.
Elle veut que les efforts soient récompensés, elle veut que ses valeurs familiales soient reconnues.
Elle veut que la nation soit unie, que les Français soient réconciliés, pas qu'on les oppose les uns aux autres.
Elle veut que les politiques écoutent la voix du plus grand nombre et défendent l'intérêt général.
- La légitimité de l'élu vient du suffrage universel. Sa légitimité morale est issue de son engagement au service de l'intérêt général et de ses idées.
- Oui, à vous qui commencez dans le militantisme, je vous le dis, l'engagement politique est d'abord une exigence, une exigence au service d'un idéal.
Vous serez fiers de faire de la politique parce que vous servirez. Vous servirez vos idées.
Vous servirez les autres.
Vous servirez la France !
Porter les valeurs gaullistes, c'est un honneur, c'est une exigence de dépassement des égoïsmes, un appel à bannir les calculs médiocres ; c'est une volonté tendue vers la réconciliation des Français autour d'un destin commun où chacun se reconnaît et s'épanouit.
Renouveler la démocratie c'est la rendre présente pour chacun. Cela veut dire que chaque citoyen doit régulièrement être associé aux décisions qui le concernent en tant que membre de la Nation.
Au niveau de formation et d'information des Français aujourd'hui, la seule démocratie vivante est la démocratie participative, celle où chacun s'exprime sur une question claire, sur un projet concret et ambitieux.
Comment justifier le refus de laisser les citoyens s'exprimer librement et majoritairement leur opinion?
De quoi a-t-on peur ? Pourquoi vouloir encadrer toujours plus strictement leur volonté ?
Cette méfiance est bien socialiste. Le gouvernement multiplie dans tous les domaines les réglementations. Lorsque les partenaires sociaux s'accordent sur les 35 heures ou sur la nécessité de refonder les relations sociales, il dénie leur liberté en instaurant une 2 ème loi sur les 35 heures ou en rejetant les accords actés.
Lorsqu'il s'agit de réformer la Constitution votée par référendum sur un élément de l'élection du Président de la République au suffrage universel, elle-même votée par référendum, que préconise M. HOLLANDE, sur commande de toute évidence ? Le Congrès, pas le referendum ! Comme si donner la parole directement aux citoyens était une incongruité !
Nous, au RPR, nous avons voulu que la parole soit donnée aux Français. Nous avons souhaité immédiatement un référendum.
Et nous applaudissons Jacques Chirac d'avoir choisi cette voie. Et nous serons et nous sommes les plus dynamiques dans cette campagne. Oui, dans ce siècle qui s'ouvre, la démocratie sera participative ou elle sera menacée.
Ce défi commence aujourd'hui avec cette campagne référendaire.
Notre bataille immédiate c'est celle du quinquennat. Elle ne sera pas facile, non que les Français soient opposés au passage de 7 à 5 ans de la durée du mandat présidentiel, mais parce qu'ils ne sont pas décidés à aller voter.
Quand dans le monde des gens meurent pour avoir le droit de s'exprimer, comment leur expliquer que les citoyens du pays qui est à leurs yeux le modèle de la liberté, boudent les urnes ?
Quand vous ferez tout pour convaincre autour de vous d'aller voter, vous penserez à eux.
Ce referendum, il a une double signification. La première est son contenu : la réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans. Elle ne modifie pas l'équilibre de nos institutions, contrairement à ce que certains voudraient faire croire. Elle ne touche ni à la nomination du Premier ministre par le Président, ni à la répartition des pouvoirs, ni au droit de dissolution, ni à la motion de censure. Elle ne touche à aucune des clefs de voûte de nos institutions ! Elle permet de rapprocher dans le temps le programme présidentiel, élément fondateur de la politique pendant la durée du mandat, de l'évolution de la société et de l'économie.
Elle est donc source d'une légitimité plus forte, parce que plus actuelle, du Président. Elle limite logiquement les risques de cohabitation. La réalité du pouvoir c'est son contenu, c'est la force de conviction d'une majorité, c'est l'autorité de la personne qui l'exerce bien plus que sa durée.
Ces idées ont été développées avec talent par nos orateurs de la matinée : Adrien Gouteyron, François Fillon, Nicolas Sarkozy.
Je n'insisterai donc pas.
En revanche, je voudrais insister sur la seconde signification du référendum et de la réforme du quinquennat. Il s'agit fondamentalement de donner plus souvent la parole aux Français, de les faire participer - au sens fort du terme - aux décisions les concernant, au choix d'un destin commun.
C'est pour cela que le referendum doit devenir une pratique normale dans la démocratie. C'est notre conception de la dignité du citoyen.
C'est Jacques Chirac qui a élargi les sujets qui peuvent être soumis à cette consultation. C'est lui qui, aujourd'hui, sur une question claire, sans ambiguïté, sans enjeu plébiscitaire, leur donne le pouvoir de s'exprimer.
C'est, s'ils le veulent, le point de départ d'un nouveau rapport entre les citoyens et la politique.
Les socialistes ne savent qu'opposer les catégories de Français les unes aux autres. Tous leurs discours le clament : les intérêts des actifs opposeraient les ruraux aux urbains, ceux des salariés les opposeraient aux chefs d'entreprises : relent de lutte des classes ou du vieux principe diviser pour régner.
Pour nous la Nation doit être unie. Chacun y joue son rôle, y voit son identité reconnue mais se sent aussi solidaire de tous les autres.
De là découle une méthode nouvelle d'exercice de la Démocratie où chacun est reconnu, où chacun participe à la définition du destin commun.
A travers la campagne que vous mènerez pour le referendum ; celle que vous mènerez pour faire signer la pétition pour la Corse dans la République, à travers les campagnes que vous mènerez pour les municipales, les cantonales et les législatives, c'est ce message que vous porterez.
Et ce ne sera pas seulement un message théorique. Si l'on veut que les Français nous croient, il faut montrer que l'on s'applique à nous-mêmes ce que l'on dit. La Démocratie c'est la participation aux choix, aux décisions.
La conséquence immédiate je la tire pour vous, pour votre organisation, pour votre place dans le Mouvement, dans la préparation de notre projet pour 2002.
Beaucoup a été fait pour la démocratisation de notre fonctionnement par Alain Juppé, Philippe Séguin , Nicolas Sarkozy. J'ai décidé que les jeunes, tous les jeunes RPR, devraient plus encore être partie prenante. Désormais la nomination du Délégué Départemental à la Jeunesse, à l'instar du Secrétaire Départemental sera soumise à ratification de tous les jeunes du département. Pour que vous participiez plus et mieux à l'élaboration de notre projet, dix commissions nationales sur tous les sujets et pas seulement les questions de jeunesse seront instituées avec des relais départementaux. Je refuse de cantonner l'avis des jeunes. Nous avons besoin de savoir ce que vous pensez sur tous les sujets : la défense nationale autant que l'éducation, la bioéthique autant que le sport, l'environnement autant que les institutions.
J'entends aussi que les Comités départementaux vous soient plus ouverts. Je veux que notre projet de 5000 jeunes dans la compétition municipale soit réalisé.
Oui nous aurons besoin de vos avis et de vos actions à tous niveaux.
Si l'on veut que les Français nous croient, il faut aussi dire clairement quelle est notre
ambition pour notre pays et pour chacune et chacun de nos concitoyens.
Nos Délégués Généraux, Secrétaires Nationaux, Délégués Nationaux et nos Parlementaires ont engagé ce travail de réflexion. Nous nous sommes rapprochés avec nos partenaires de l'opposition dans les conventions de l'alternance pour avancer sur de nombreux sujets qui inquiètent les Français.
Désormais, les choses vont s'accélérer. Il faut à la fois élargir et approfondir notre réflexion pour formuler des propositions. Vous y avez participé avec nos Universités. J'ai apprécié hier et aujourd'hui dans les forum la hauteur de vue de vos analyses. Il faut continuer.
Ces Universités ne sont pas simplement une parenthèse sympathique de vie militante.
Elles sont le point de départ des combats futurs pour la reconquête.
Elles sont le point de départ des victoires futures. La victoire de nos idées, la victoire de nos candidats, la victoire des Français, la victoire de Jacques Chirac, pour la Démocratie, pour la République, pour la France.
(Source http://www.rpr.fr, le 01 septembre 2000).