Déclaration de M. François Baroin, secrétaire général délégué de l'UMP, sur l'action de l'UMP pour la réussite de la deuxième partie du quiquennat, le bipartisme et le renforcement des liens entre le parti, le parlement et le gouvernement, Argenteuil le 28 septembre 2004.

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Circonstance : Journée parlementaire de l'UMP à Argenteuil (Val d'Oise) le 28 septembre 2004

Texte intégral

Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Président de l'Assemblée nationale,
Mes Chers collègues,

"Ce n'est point le futur que j'envisage, c'est le présent même qu'un dieu nous presse de déchiffrer." Si Jacques Barrot présidait encore notre groupe, il s'étonnerait de me voir citer Claudel en introduction de mes propos. Pourtant la question du Où en sommes-nous ? est la seule qui vaille pour être capable de se projeter dans l'avenir politique.
Alors, Où en sommes-nous ?
Nous avons vécu une période de transition délicate à la tête de notre parti ; le vide laissé par le départ d'Alain Juppé a désorienté notre appareil militant, certaines fédérations rencontrent des difficultés qui les empêchent de donner leur pleine mesure. Et vous savez combien l'action militante est essentielle pour défendre nos réformes, relayer nos idées. La perte de nos relais régionaux est, pour nous députés et responsables d'exécutif local, une réalité donc nous savons tous combien elle handicape notre travail quotidien.
Alors aujourd'hui, le climat apaisé pour l'élection à la présidence de l'UMP est porteur d'espoir. Porteur d'espoir car il nous permettra de travailler sur des rapports institutionnels sains et efficaces. Porteur d'espoir car les grandes réformes que nous allons avoir à examiner au Parlement, et le travail de l'UMP à la fois auprès du gouvernement et de nos concitoyens pourront, pour chacun d'entre nous et pour notre pays, être une voie nouvelle vers le succès.
Mes chers amis,
Nous sommes désormais engagés dans la deuxième partie du quinquennat. La réussite des trois années à venir dépend bien sûr de la complémentarité d'actions entre la majorité parlementaire, le gouvernement et l'UMP. La clé de notre succès politique tient en cet équilibre. Et puisque j'interviens ici aujourd'hui au nom des fonctions qui sont les miennes encore pour deux mois au sein de l'UMP, j'aimerais aborder plus particulièrement la question du rôle du parti de la Majorité dans ce temps politique qui est le nôtre.
L'UMP doit continuer de repenser son action en fonction du quinquennat, et certainement beaucoup plus qu'elle ne l'a fait jusqu'à présent. Ayant tiré les leçons de notre échec lors des dernières élections, elle doit mettre en place les améliorations nécessaires qui la rendront, dans ce nouveau contexte, plus efficiente.
Il est évident qu'avec l'accélération de la vie politique, les formations voient leurs fonctions évoluer. La principale interrogation que porte en elle la mise en place du quinquennat concerne l'avenir du bipartisme en France. En théorie, il permettrait de dégager deux grands partis dominants -ceux bénéficiant des meilleurs atouts afin de soutenir les deux candidats les plus susceptibles d'arriver au second tour de l'élection présidentielle. Et c'est là un premier point sur lequel nous devons nous interroger -notamment en abordant la question du mode de scrutin- puisque, chacun peut le constater, le bipartisme n'est pas une réalité dans notre pays.
Ce que sous-tend le bipartisme, c'est l'union des droites républicaines. C'est l'objectif de l'UMP. C'est ce qu'avait souhaité notre électorat, lassé des divisions et des querelles qui nous ont si souvent fait du tort. Lorsque je parle d'union, ce n'est pas l'union non pas dans le monolithisme -elle serait alors vouée à l'échec. Mais l'union respectueuse des diversités qui doivent pouvoir pleinement s'exprimer et influer au sein de notre parti. C'est un travail que l'UMP doit effectuer sur elle-même.
Par ailleurs, le quinquennat impose aussi à un parti politique de se préparer plus rapidement aux échéances électorales. Les partis pourraient apparaître de plus en plus comme de véritables machines de guerres, évoluant dans leur monde politicien, coupées de nos concitoyens. Il est important de respecter le juste équilibre entre combat électoral et projets sociétaux -et donc de ne pas s'éloigner des français. Pour maintenir cet équilibre, il faut que l'UMP renforce sa dimension de " force de propositions ", de " boîte à idées " -pour le gouvernement et, bien sûr, pour elle-même. Il s'agit de se donner tous les moyens pour construire un projet qui réponde aux attentes et aux préoccupations de nos concitoyens. J'ai récemment proposé la mise en place de la " cellule projet " pour approfondir certaines thématiques majeures qui contribueront à nourrir notre projet politique. C'est un premier pas. Il nous faut poursuivre en ce sens. Dans cette perspective, le rôle des parlementaires est bien sûr déterminant.
J'ai aussi mis sur pied à l'UMP une " cellule d'aide " qui a pour objectif de renforcer les liens entre les parlementaires et le parti. Il est en effet essentiel pour l'UMP de soutenir et d'accompagner plus étroitement le travail de chacun d'entre vous.
Je voulais en outre formuler le vu que le parti, tout comme le gouvernement, n'oublient pas les députés. Qu'ils écoutent attentivement ce que chacun d'entre nous perçoit dans nos circonscriptions, ce que nos concitoyens ont à dire. Notre devoir est aussi celui de la vigilance, et, le cas échéant, celui d'alerter le gouvernement. Nous sommes le lien direct entre nos concitoyens et le gouvernement. J'irai même jusqu'à dire que les parlementaires sont les meilleurs conseillers des Ministres. A charge pour eux de veiller à ce que cette interaction ne soit pas univoque.
J'aimerais également souligner l'exemplarité du fonctionnement de notre groupe. Exemplarité dans sa cohésion -et donc dans sa cohérence. Cette cohésion est d'autant plus remarquable qu'elle porte en elle l'expression effective des diverses sensibilités qui composent la droite républicaine. Sensibilités gaulliste, libérale et centriste font vivre et vivent au sein de notre groupe sans que notre unité, lors des votes par exemple, ne soit un seul instant remise en cause. Preuve que la pluralité ne s'inscrit pas nécessairement contre l'union -ni contre l'efficacité. Je voudrais donc rendre ici hommage au remarquable travail effectué par notre Président, Bernard ACCOYER.
Ne pouvant décemment pas évoquer les qualités d'un Président sans immédiatement parler de celles d'un autre, j'en profite pour saluer l'esprit d'équité, d'ouverture, de concertation et de respect avec lequel le Président Jean-Louis DEBRE conduit nos débats à l'Assemblée.
Je voudrais aussi dire un mot sur le travail effectué jusqu'ici par le gouvernement -auquel vous avez naturellement contribué de manière à la fois solidaire et exigeante.
En arrivant aux responsabilités en 2002, le gouvernement de Jean-Pierre RAFFARIN s'est retrouvé face à face avec le bilan du gouvernement JOSPIN. Autant dire qu'il s'est retrouvé devant une France minée par les 35 heures, avec une France qui n'avait pas profité des fruits d'une croissance pourtant forte ; une France pour laquelle le gouvernement JOSPIN n'a pas eu le courage d'entreprendre les réformes de fond, pourtant essentielles pour l'ensemble de nos concitoyens.
Alors, c'est vrai, on peut faire de la politique paillettes sans s'attaquer aux réelles problématiques sociétales, sans avoir la détermination de faire évoluer notre pays en profondeur, en jetant de la poudre aux yeux des français, qui n'ont toutefois pas été dupes, avec des mesures démagogiques et idéologiques. Cette conception de la politique est la plus facile, mais on en paie tous le prix aujourd'hui.
Il est une autre conception de la politique, peut-être moins aisée, mais beaucoup plus efficace : celle qui consiste à prendre à bras le corps les problèmes structurels auxquels la France est confrontée, celle qui consiste à prendre des risques et à les assumer.
Le choix des grandes réformes gouvernementales menées jusqu'à présent a donc été à la fois une volonté et une nécessité. Une volonté de résoudre ce qui a trop longtemps été repoussé ou ignoré par la gauche, au mépris de l'avenir de chacun d'entre nous. Une nécessité, car la France avait besoin qu'on la guérisse de ses maux profonds.
C'est dans cet esprit qu'il nous faut poursuivre nos efforts au service de nos concitoyens pour les trois années qui viennent.
Mes chers Collègues,
En conclusion, je voulais vous dire que je ressens la même fierté mais aussi la même exigence que vous d'être parlementaire. Fierté de la confiance que nous ont témoignée nos concitoyens. Exigence légitime que celle qu'ils nous demandent pour relayer leurs attentes dans nos actions, dans nos votes. Ce sentiment mêlé que nous avons tous en commun est inscrit dans l'intérêt que nous portons à tous ceux qui nous ont élu.
C'est cette particularité qu'il nous faut défendre. Et puisque je parlais du quinquennat, je pense par exemple aux craintes qui se sont fait jour concernant le rôle du parlement qui courrait le risque de s'amoindrir. On a souvent entendu qualifier le parlement de " chambre d'enregistrement ". C'est aussi notre devoir, au regard de la mission que nous ont confié les Français, de veiller à ce que cela ne devienne pas une réalité. Personne ne niera la détermination de Jean-Louis DEBRE à préserver à l'Assemblée toute sa place dans le paysage institutionnel. C'est évidemment une réflexion qu'il faut poursuivre. Il s'agit de continuer à apporter une plus grande complémentarité -et peut-être une amélioration à l'équilibre- entre exécutif et législatif afin de répondre aux exigences fonctionnelles du quinquennat, sans pour autant modifier notre Constitution. Le devenir du parlement ne doit pas être l'oublié des années politiques qui sont devant nous.
Nous ne sommes qu'au début d'un nouveau mode de vie en commun, il faut trouver nos marques. Cela tient. Entre nous d'abord au sein du groupe. Entre nous ensuite au sein du parti ; l'abandon des courants est désormais un choix assumé et partagé. J'ai entendu Nicolas Sarkozy ce matin, je lui fais confiance pour nous proposer un autre mode de débat utile et constructif. Tous ensemble enfin aux côtés du Président de la République. La réussite du quinquennat sera la sienne. Elle sera la notre.

(Source http://www.u-m-p.org, le 29 septembre 2004)